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- La Part des enfants | EvanancesLittéraires
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires La Part des enfants Claire Destriau De Borée Terres d'écriture 6 juillet 2023 272 pages Roman Chronique 7 juillet 2023 « La fuite et la reconstruction d'une femme battue, pour qui s'éloigner sera synonyme de liberté retrouvée. » Sept ans à subir des violences et des abus continuels de la part d'un compagnon pervers et narcissique et soudain le coup de trop, la prise de conscience en une fraction de seconde que l'on doit s'enfuir vite, sauver sa peau. Léna a heureusement ce sursaut de survie et s'organise pour mettre le plus de distance possible entre elle et son bourreau. L'arrivée dans un petit hameau perdu chez un couple de paysans a tout d'un miracle à des centaines de kilomètres du lieu de son martyre. Difficile de faire confiance, en état permanent d'hyper vigilance, peu à peu, grâce à la générosité et la gentillesse de ses hôtes, Léna reprend doucement pied. Mais les cauchemars persistent, le moindre geste refait d'elle une proie aux abois. Elle a raison d'avoir peur car son compagnon, fou de rage, a signalé sa disparition comme inquiétante auprès de la gendarmerie. Elle a raison, car son talon d'Achille est sa mère, hospitalisée en HP non loin de son ancien domicile. La fuite n'a réglé qu'une partie du problème. Ses propres démons intérieurs et l'ombre de son tortionnaire planent sur sa vie. Bientôt, une nouvelle accablante l'oblige à prendre une décision irrévocable... Léna a l'impression d'être maudite et l'attitude du berger voisin de la ferme n'apporte qu'un supplément de douleurs et de colère à la jeune femme en souffrance. Y-a-t-il un futur possible ? Pourra-t-elle reprendre le cours de son existence sans peur ? La petite communauté où elle s'intègre peu à peu sera-t-elle une protection suffisante ? L'étau se resserre sur notre héroïne qui n'est qu'au début d'un long chemin vers la liberté. Roman d'un grand réalisme et d'une grande finesse d'analyse, tout en délicatesse, pour traiter d'un sujet malheureusement et douloureusement toujours d'actualité. Quatrième de couverture Du jour au lendemain, Léna quitte tout, emportant avec elle quelques affaires prises à la hâte. C'est bien loin de chez elle, au Pays Basque, qu'elle trouve refuge pour le fuir, cet homme violent à l'emprise redoutable. Recueillie par Léontine et Gégé, de vieux fermiers, et entourée des quelques habitants du hameau, Léna s'attelle à reprendre son destin en main. Malgré toutes les précautions, la jeune femme conserve un lien toxique avec son passé. Il y a ce qu'elle sait, et ce qu'elle ignore. Ce qui la menace même à distance. Et qui la rattrape. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Le Bonheur de Lucia | EvanancesLittéraires
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Le Bonheur de Lucia René Barral De Borée Terre de Poche 10 février 2022 392 pages Historique Chronique 12 février 2022 « Le bonheur est la plus grande des conquêtes, celle qu'on fait contre le destin qui nous est imposé. » Albert Camus, Lettre à un ami allemand. « Ne te laisse pas faire, petite. Tu ne vaux pas moins que les autres, bien au contraire. » Une des religieuses de l'orphelinat répétait inlassablement cette phrase à la petite Lucia dont la vie depuis sa naissance avait déjà été bien difficile. Des parents républicains se battant contre le franquisme, un père veuf arrêté en 1939 alors, qu'avec sa fille, il survit dans les camps ignobles de Argelès-sur-Mer, la petite envoyée chez les sœurs lui offrant quelques années de douceur pour ensuite être placée comme esclave à tout faire dans un domaine viticole. Lorsque le propriétaire meurt, son fils prend sa suite engageant un régisseur sadique et violent. Au fil des années, la beauté sombre de Lucia s'épanouit, malgré les mauvais traitements et la vie si rude, faisant de la jeune femme de dix huit ans, donc mineure en cette année 1950, une proie facile. Une tentative de viol est le déclencheur à la course effrénée de Lucia vers sa liberté et son bonheur... Le destin semble s'acharner et pourtant toujours une main se tend au bon moment lui permettant de rebondir, de se réinventer. Ce monde est fait de prédateurs mais aussi d'hommes et de femmes de bien qui concourent tous à aider cette héroïne invisible. Car en nous contant l'histoire de Lucia dans le cadre des Cévennes qu'il aime tant, René Barral trace le portrait de milliers de nos aïeules ouvrières, paysannes, et aussi de ces agriculteurs, viticulteurs, industriels dans le domaine de la bonneterie, ou encore mineurs. Nous découvrons par les yeux de la jeune femme les grands bouleversements de la société cévenole, les manifestations des viticulteurs durement réprimées par les CRS de l'époque, l'existence âpre mais aussi riche de camaraderie et de solidarité des ouvrières dans les usines de bas et des mineurs. Nous entrons également dans les salons de la bourgeoisie, de l'élite provinciale où se mélangent les grands propriétaires de domaines viticoles, de manufactures, les banquiers, les politiciens, et fréquentons enfin, pour notre plus grand plaisir, les bals musettes du dimanche après midi où des couples se formaient sur un air de java. La reconstitution de ces années est étonnante, très réaliste. L'on voit les protagonistes s'animer comme dans les films de l'époque. Une lecture passionnante, émouvante, sans temps mort, dans les pas d'une jeune femme en quête de son bonheur, de l'Amour, d'une place dans ce monde. J'ai beaucoup aimé ce récit authentique et détaillé, long parcours d'obstacles et initiatique pour notre Lucia. Quatrième de couverture Recueillie par des religieuses après avoir fui l'Espagne de Franco, Lucia, orpheline, est placée chez des viticulteurs. Entre tâches ménagères et travaux de la ferme, aucune corvée ne lui est épargnée. Elle rêve de s'émanciper, de quitter cette vie de misère. Aussi, le jour où le régisseur du domaine tente d'abuser d'elle, elle décide de partir. Seule au monde, sans famille ni amis sur qui compter, elle va retrouver Claudio, exilé lui aussi. Ce dernier semble avoir eu plus de chance que sa compatriote ; les Favières, industriels à Ganges, dont l'usine de bas Nylon tourne à plein, l'emploient comme chauffeur et jardinier. Et ils vont accepter d'engager Lucia à leur service...jusqu'au jour où Claudio se laisse entraîner par des comparses dans la revente de bas dérobés à l'usine. Immigrée espagnole, orpheline, Lucia a bien mal débuté dans la vie. À 18 ans, elle prend la fuite du domaine où elle travaille comme une petite esclave. Elle débarque alors à Ganges où elle est embauchée dans une usine qui produit des bas en nylon et retrouve un autre exilé, Claudio, qui lui travaille à la mine. Va-t-elle enfin vivre paisiblement ? Le mauvais sort s'acharne pour déjouer ses plans... Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- La Psy | EvanancesLittéraires
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires La Psy Freida McFadden City Editions Le 17 avril 2024 352 pages traduites par Karine Forestier. Thriller Chronique 19 avril 2024 "Elle connaît tous vos secrets. Découvrez les siens..." "Ma mère disait toujours que la seule façon pour que deux personnes gardent un secret, c'est que l'une d'elles soit morte..." Ne cherchez pas à comprendre comment s'articulent réellement les évènements, vous n'y arriverez pas. Comme d'habitude, Freida McFadden, sadique et manipulatrice en puissance, mène la danse et ne dévoile que ce qu'elle veut révéler. Jeu des apparences tout au long de ce thriller psychologique, de ce huis clos étouffant et tortueux, entre hier et aujourd'hui, entre Adrienne la psy disparue depuis quelques années et Tricia jeune mariée. Leur point commun ? La maison gigantesque où trône le portrait de son ancienne propriétaire, celle qui fut la thérapeute star des célébrités, l'autrice de best-sellers. Tout commence par la visite d'une gigantesque demeure isolée par un jeune couple, Ethan et Tricia. Cette dernière est une des deux narratrices. La chute de neige timide se transforme en blizzard, les jeunes gens se trouvent piégés sans espoir de revenir en ville à la nuit. Pas de réseau. Pas de nouvelles de l'agent immobilier. Ambiance Stephen King, sursauts, frissons, ombres, présences et terreurs au programme. Tricia n'en mène pas large pendant que son époux tombe littéralement amoureux de l'endroit. Obligée de rester, elle cherche à s'occuper en attendant que la tempête se calme. Adrienne était heureusement une lectrice passionnée, les multiples bibliothèques le prouvent. Justement "Shining" en fait partie, au moment de prendre l'ouvrage un déclic se fait entendre et.... Adrienne dans le passé, belle femme au sommet de son art, très sûre d'elle et de ses capacités, vivant seule par choix dans son immense manoir loin de tout, est la seconde voix de ce roman. Elle traite des angoisses humaines, des pathologies les plus complexes mais n'a aucune vie sociale. Elle vient de terminer de rédiger son nouveau livre compilant les cas les plus graves rencontrés ces dernières années. Elle sait que ce sera un succès de librairie. Elle se partage entre son cabinet privé et un centre de santé pour les plus démunis où elle officie gracieusement. Tout semble net et clair mais tout n'est qu'illusion... Thriller de haut vol après les deux premiers succès de Freida McFadden, "La femme de ménage" et "Les secrets de la femme de ménage". Toujours cet art du finale improbable. Toujours cette facilité à nous mener par le bout du nez. Cruel et réjouissant ! Quatrième de couverture Jeunes mariés, Tricia et Ethan recherchent la maison de leurs rêves. Alors qu'ils visitent un manoir isolé ayant appartenu au docteur Adrienne Hale, une psychiatre renommée disparue sans laisser de trace quatre ans plus tôt, une violente tempête de neige les piège sur place. Et la maison n’a rien d’un cocon rassurant... Il y a ces empreintes de pas récentes sur le parquet, ces bruits à l’étage, comme si quelqu’un vivait là. Pire encore : Tricia découvre une pièce secrète qui renferme les enregistrements audio de chaque patient du docteur Hale. La jeune femme les écoute les uns après les autres, tard dans la nuit. La toile de mensonges ayant conduit à la disparition de la psy se dévoile lentement. Mais déterrer de vilains petits secrets est un jeu dangereux, et lorsque Tricia écoute le dernier enregistrement, il est déjà trop tard... Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Le rapport Gabriel | EvanancesLittéraires
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Le rapport Gabriel Jean d'Ormesson Gallimard 1999 426 pages Roman Essai Chronique 23 août 2018 J'avoue que j'avais un peu du mal pour arriver à la fin, mais cette fin est épatante ! Je ne m'y attendais pas du tout. Dieu est hors de lui, furieux contre l'humanité qui ne croit plus en lui, qui ne tourne plus rond.« Le visage fermé, le regard sombre, les mains derrière le dos, il faisait les cent pas dans son éternité. »Le ton est donné, la beauté de l'écriture, l'humour, une douce dinguerie encore et toujours, de l'érudition, l'œil qui frise, l'auto dérision et surtout voici 19 ans déjà l'anticipation de la mort, de sa mort. On passe des larmes de rire de douce moquerie ou de réelle vacherie, à celles de tristesse et du chagrin du deuil ; Marie, l'amante perdue, passe telle une ombre bien-aimée tout au long du récit. Donc reprenons : Dieu peste et décide d'abandonner les humains à leur sort, ni plus ni moins ! Il leur a tout donné, et lui gâchaient sa vie. Que deviendraient-ils si plus rien ne marchait normalement dans l'univers ? Dysfonctionnement total, grève générale, la terre ne tournerait plus, le soleil s'éteindrait, etc..... etc.... Avait-il bien fait de les créer, ces enfants ingrats ? Il fait appeler l'ange Gabriel, le professionnel des messages sur terre, qui doit donc y redescendre pour établir les faits et surtout un rapport afin que Dieu tranche la question. Chez qui atterit-il ? Je vous le donne en mille : chez un Jean d'Ormesson en triste état, déprimé ! Est-ce un bon choix ? À eux deux, ils vont essayer de convaincre l'Éternel que l'humanité vaut le coup d'être sauvée. Pour ce faire, notre académicien va donc raconter sa vie et des moments clefs de l'Histoire universelle. « Les hommes étaient capables, dans leur orgueil, de mettre fin à la planète où ils s'étaient développés, au choix, selon vos repères et selon vos modes de calcul, depuis quarante mille ans, ou depuis deux cent mille, depuis trois millions ou quatre milliards ou cinq milliards ou quinze milliards d'années. Ils étaient capables de se changer eux-mêmes en autre chose, en monstres, en robots, en créatures de rêve ou de cauchemar, en amas de cadavres ou en génies à la chaîne. Ils étaient capables de tout. Et de défier à eux seuls l'Éternel et ses lois. - Eh bien, dit Gabriel, nous y voilà. » C'est bien là le noeud du problème. Ainsi en apprend-on beaucoup sur une certaine France, sur la politique, la presse, le monde de l'édition, sur l'organigramme précis des anges, archanges et autres habitants du ciel, sur l'auteur qui doute toujours ! Comme d'habitude je souris après avoir écouté Jean d'Ormesson avec le regret de son absence. Mais son éternité est toute dans ses livres. Quatrième de couverture Ce n'était pas la première fois que les hommes mettaient Dieu hors de lui. Le visage fermé, le regard sombre, les mains derrière le dos, il faisait les cent pas dans son éternité. Il se disait que sa vie serait meilleure sans les hommes. Il leur avait tout donné. Et d'abord l'existence. Il finissait par se demander s'il avait bien fait de les tirer du néant. La tentation lui venait de les abandonner à eux-mêmes. On verrait bien ce qu'ils deviendraient s'il se refusait tout à coup à soutenir l'univers, si la Terre cessait de tourner, si le Soleil ne les chauffait plus et ne les éclairait plus, si les lois de la physique s'effondraient brutalement, si le temps s'arrêtait. Il fit appeler l'ange Gabriel, qui lui avait déjà, à plusieurs reprises, servi de messager auprès des hommes. Gabriel, une nouvelle fois, descendit sur la Terre. Il s'installa chez moi. Et, pour essayer de fléchir l'Éternel, je rédigeai avec lui le rapport qui porte son nom. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Femme qui court | EvanancesLittéraires
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Femme qui court Gérard De Cortanze Albin Michel 2019 406 pages Biographie Chronique 2 septembre 2019 Roman biographique Beaucoup de chance en ce moment dans mes choix de livres, après "Le Baiser" de Sophie Brocas se situant entre 1910 et aujourd'hui, voici un roman biographique, historique, engagé absolument édifiant et passionnant. Le sujet en est Violette Morris, une de nos plus grandes championnes, pluridisciplinaire, femme libre, violente, fragile, cash, forte, traumatisée, instinctive, amoureuse, compétitrice, caractérielle, généreuse, influençable, faillible, naïve.... Une femme d'un courage hallucinant qui ne va pas prendre toujours les bonnes décisions, trop dans le réactionnel pas assez dans la réflexion et la stratégie. C'est une écorchée vive, mal aimée par ses parents de la haute société qui ne la comprennent pas, harcelée dès l'école car trop différente, violée dans le pensionnat de jeunes filles par le jardinier également cycliste qu'elle retrouvera par deux fois dans des situations dramatiques. Une femme qui aime les sports, qui possède une force phénoménale, qui n'hésitera pas à s'engager comme brancardière dans les tranchées puis messagère sur deux roues au plus près du front. Une femme qui aime les femmes, qui ne déteste pas les hommes, qui se marie même. Une femme qui gêne tout le monde, les culs bénis, les chantres de cette société française corsetée, les autres sportives, les institutions, les féministes même... On lui fera tous les procès d'intention via la presse, la Fédération Féminine des sports, la justice. Elle sera conspuée, insultée, battue, trahie, utilisée, mais malgré tout cela et grâce à ce roman réquisitoire, elle garde la première place en tant que sportive exceptionnelle ayant ouvert la voie à d'autres guerrières, aux championnes d'aujourd'hui. Elle est un phénix qui toujours renaît avec le cœur en lambeau, malheureuse, mais qui ne lâche rien... Après son éviction du monde du sport par une fédération frileuse et hypocrite, l'annulation de sa licence qui revient à une condamnation à mort, elle ouvre un magasin de pièces de rechange pour automobiles, puis à sa faillite, grâce à Joséphine Baker elle monte sur scène pour un tour de chant émouvant, puis devient brièvement comédienne pour Jean Cocteau.... Elle croisera tous les grands noms de cette première moitié du XX ème siècle, elle vivra à pleine vitesse, en pleine lumière, scandaleusement pour certains esprits étriqués, en avance sur son temps. Une fresque fabuleuse qui retrace l'histoire du sport au féminin en France, de l'évolution de la société entre les deux guerres, de la description du microcosme artistique, du petit monde des homosexuels. Tout est trop étroit semble-t-il pour un cœur si grand. Une biographie romancée d'une grande délicatesse d'analyse, d'une honnêteté quant aux défauts et erreurs de ce personnage tour à tour poignant, extraordinaire, tête à claques... Un magnifique plaidoyer nous menant à réfléchir sur le statut d'hier et d'aujourd'hui de la femme dans une société française qui toujours a été bien longue à reconnaître la place de ses citoyennes à égalité avec les hommes. Je vous préviens que certaines des attaques contre les femmes ou les sportives, et plus spécifiquement contre Violette, sont d'une violence et d'une cruauté inouïes émanant de toutes et tous, n'étant pas l'apanage de seuls mâles. La mysoginie et la bêtise n'ont pas de sexe ni de limite. Sa fin est terrible, sera à nouveau l'objet de jugements inacceptables... Il était temps de restituer les faits par un travail titanesque de recherche et de documentation inattaquable. Chose faite grâce à Gérard de Cortanze, grand écrivain s'il en est. Je vous le recommande vivement. Quatrième de couverture Elle s'appelait Violette Morris. Sportive de haut niveau, figure des nuits parisiennes et du music-hall, elle fut aussi une grande amoureuse : Joséphine Baker et Yvonne de Bray, grâce à qui elle rencontra Cocteau et Marais, furent parmi ses conquêtes. Inclassable, extravagante, résolument moderne, féministe engagée, lesbienne assumée, elle suscita la crainte et le rejet d'une France corsetée dans son conformisme, dont elle incarna tous les démons refoulés. Il fallait un roman, flamboyant et plein d'humanité, pour retracer le destin d'une scandaleuse qui fut la contemporaine de Colette et laissa derrière elle une légende noire : celle d'une femme libre qui courait trop vite pour son temps. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Civilizations | EvanancesLittéraires
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Civilizations Laurent Binet Grasset & Fasquelle 2019 376 pages SF historique Chronique 27 octobre 2019 Quel livre somptueux ! En couverture, un montage d'après le tableau de Juan Pantoja de la Cruz figurant Charles de Habsbourg dit Charles Quint. Ce roman a aussi été enregistré par Bernard Gabay pour Audiolib. Il a reçu le Grand Prix du roman de l'Académie Française. « L'art donne vie à ce que l'histoire a assassiné. » Carlos Fuentes, Cervantès ou la Critique de la lecture « En raison de cette confusion dans laquelle ils vivaient, sans aucune bonne intelligence, leur conquête fut très facile. » Inca Garcilaso de la Vega Commentaires royaux sur le Pérou des Incas. Prodigieux, ce livre est un tour de force, inclassable, foisonnant, luxueux, jouissif, drôle, passionnant, mêlant faits historiques avérés (mais distordus, transformés à l'instar de la couverture), à des évènements totalement créés par l'auteur grâce à son imagination géniale. Oui, je suis dithyrambique, cela arrive, car j'ai ADORÉ ce roman : d'aventures, d'action, historique, de science fiction, philosophique, politique, une oeuvre littéraire qui nous fait du bien et sous couvert de nous distraire, pose des questions essentielles.... Tout part d'un SI, ET SI.... je vous laisse prendre connaissance de la quatrième de couverture qui elle aussi est parfaite. Le postulat est formidable, ce renversement des évènements, cette bascule des forces en présence, le pouvoir mis entre les mains des Incas envahissant l'Europe, c'est savoureux et drôlement intelligent. Je me demande même si je ne préfère pas cette version délirante... Question : Qui sont les vrais sauvages ? En regardant, en redécouvrant notre monde à travers les yeus des Incas, on peut s'interroger.. Quatre parties : 1/ La Saga de Freydis Eriksdottir, fille donc de Erik le Rouge qui décide un jour de partir pour les terres du Sud, très au sud, avec ses guerriers, ses chevaux, ses armes, ses dieux dont Thor. Elle s'installe sur cette nouvelle terre. La face du monde en sera définitivement changée. Préparez-vous au grand huit. 2/ Le journal de Christophe Colomb.... Le pauvre, il arrive en 1492, enfin, avec deux de ses bateaux, mandaté par son roi et sa reine pour découvrir les Indes.... Au début, les extraits de ce document précieux décrivent une colonisation en bonne et dûe forme : paternalisme, condescendance et prosélytisme catholique au menu. Oui mais... Manque de chance, rencontre avec les descendants de Freydis et sa troupe, dont le sang s'est mêlé à celui des autochtones, d'où des anticorps protégeant les indigènes des maladies pouvant être transmis par les blancs. C'est d'ailleurs plutôt ceux-ci qui ont du souci à se faire, car ce peuple-là va les contaminer, les massacrer grâce à leurs armes, la rapidité de leurs chevaux, leur confiance en leur Dieu, Thor. Et c'en est fait des conquistadors... Reste un Christophe Colomb mourrant dans les bras d'une toute jeune fille héritière de Freydis... et deux bateaux échoués sur la plage.... 3/ Les Chroniques d'Atahualpa : Quarante ans plus tard, Atahualpa et son frère Huascar se font la guerre pour devenir Empereur. En résumé, le premier dans sa fuite se retrouve débarqué sur les terres des descendants de Freydis.... Il rencontre la petite fille devenue une très belle femme, Higuenamota... Les bateaux sont là, échoués ne demandant qu'à être réparés.... Une fois fait, vite, ils embarquent à deux cents sur les nefs, cap vers l'Est. Higuenamota, devenue la maîtresse de Atahualpa, le suit. Arrivée, après bien des lunes, à Lisbonne qui vient d'être détruite par un tremblement de terre. Cette catastrophe naturelle concomitante à l'apparition de ces êtres extraordinaires que sont les Incas, apparaît aux yeux de la population comme un évènement surnaturel, un signe annonciateur d'une nouvelle civilisation... 4/ Les aventures de Cervantès : retour aux sources, le chemin à l'envers. Je souris encore en rédigeant ces lignes... Formidable ! Lisez-le, ne passez pas à côté de ce Bijou... Quatrième de couverture Vers l'an mille : la fille d'Erik le Rouge met cap au sud. 1492 : Colomb ne découvre pas l'Amérique. 1531 : les Incas envahissent l'Europe. À quelles conditions ce qui a été aurait-il pu ne pas être ? Il a manqué trois choses aux Indiens pour résister aux conquistadors. Donnez- leur le cheval, le fer, les anticorps, et toute l'histoire du monde est à refaire. Civilizations est le roman de cette hypothèse : Atahualpa débarque dans l'Europe de Charles Quint. Pour y trouver quoi ? l'Inquisition espagnole, la Réforme de Luther, le capitalisme naissant. Le prodige de l'imprimerie, et ses feuilles qui parlent. Des monarchies exténuées par leurs guerres sans fin, sous la menace constante des Turcs. Une mer infestées de pirates. Un continent déchiré par les querelles religieuses et dynastiques. Mais surtout, des populations brimées, affamées, au bord du soulèvement, juifs de Tolède, maures de Grenade, paysans allemands : des alliés. De Cuzco à Aix-la-Chapelle, et jusqu'à la bataille de Lépante, voici le récit de la mondialisation renversée, telle qu'au fond, il s'en fallut d'un rien pour qu'elle l'emporte, et devienne réalité. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Les villes de papier" de Dominique Fortier paru l aux Éditions Grasset,. Lecture du début de cet essai enregistrée en vidéo sur Éva Résonances littéraires. | EvanancesLittéraires
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Les villes de papier" de Dominique Fortier paru l aux Éditions Grasset,. Lecture du début de cet essai enregistrée en vidéo sur Éva Résonances littéraires. Dominique Fortier Grasset Le 9 septembre 2020 208 pages Essai Chronique 24 septembre 2024 Une merveille encore une fois de la part de cette autrice hautement inspirée par la poète Emily Dickinson. Et je ne peux que la comprendre. Comment ne pas se sentir bouleversée, secouée, ramenée à l'essence des choses par cette silhouette blanche qui de spectrale devient incarnation. J'ai chroniqué "Les ombres blanches" paru en 2022, ouvrage d'une grande beauté. Toujours le mot "splendeur" me vient à l'esprit lorsque j'ai la chance inouïe de lire de tels textes ! Oui, je comprends Dominique Fortier : découvrir ou interpréter un poème de cette femme est un honneur. En 1998, j'ai rencontré Emily, c'est ainsi que j'ai vécu la préparation et le concert donné à la Cité de la Musique de Paris dont j'étais l'interprète principale. Huit des "Twelve poems of Emily Dickinson" orchestrés par Aaron Copland. Depuis j'ai plusieurs fois repris ce cycle avec piano, ce fut même un de mes premiers récitals mis en scène, mêlant chant lyrique et Origami en 2009. Stupéfaction ! Dominique Fortier aussi associe le papier à Emily Dickinson comme cela m'est apparu essentiel pour le spectacle. Centaine de petits morceaux de pages comme autant de parts d'éternité, de vérité absolue, de fragments de lumière aveuglante. Emily Dickinson touche tant Dominique Fortier, intimement, que son texte livre autant de confidences sur sa propre vie que sur celle fantasmée, imaginée de la poète. Leurs destins se mêlent, les décors se superposent, le temps se fige. Dominique Fortier réussit fabuleusement à nous faire toucher du doigt toute la complexité, toute l'intégrité, toute la justesse de cet être d'exception capable de voir l'infiniment grand dans l'infiniment petit, de comprendre le monde en sa grandeur en regardant son simple jardin par sa fenêtre, de l'infime à l'immensité. Emily Dickinson pour moi, c'est un rire, un regard vif et ébloui, c'est un souffle, une ponctuation et un sens du rythme singuliers, c'est une force de conviction, c'est une âme incandescente et transfigurée, invaincue. C'est celle qui écrivit : Sleep is supposed to be, By souls of sanity, The shutting of the eye. Sleep is the station grand Down which on either hand The hosts of witness stand! Morn is supposed to be, By people of degree, The breaking of the day. Morning has not occurred! That shall aurora be East of Eternity; One with the banner gay, One in the red array, – That is the break of day. Traduction : Le sommeil est censé être par Emily Dickinson Le sommeil est censé être, pour les âmes saines, la fermeture des yeux. Le sommeil est la grande station En bas de laquelle de chaque côté Les armées des témoins se tiennent debout ! Le matin est censé être, pour les gens de haut rang, le lever du jour. Le matin n'est pas encore venu ! Cette aurore sera à l'est de l'éternité ; L'un avec la bannière gaie, L'autre dans l'uniforme rouge, - C'est l'aube. Il est difficile de transcrire un poème d'Emily Dickinson même en étant anglophone. Quelle chance donc d'avoir pu, grâce à Aaron Copland dans un premier temps puis à Dominique Fortier et bien d'autres écrivains de grand talent, toucher à la vérité de cette créatrice, capable du geste artistique dans toute sa perfection, sa pureté. La poète vit en nous, nous accompagne toujours. Profonde gratitude ! Quatrième de couverture Qui était Emily Dickinson ? Plus d’un siècle après sa mort, on ne sait encore presque rien d’elle. Son histoire se lit en creux : née le 10 décembre 1830 dans le Massachusetts, morte le 15 mai 1886 dans la même maison, elle ne s’est jamais mariée, n’a pas eu d’enfants, a passé ses dernières années cloîtrée dans sa chambre. Elle y a écrit des centaines de poèmes – qu’elle a toujours refusé de publier. Elle est aujourd’hui considérée comme l’une des figures les plus importantes de la littérature mondiale. À partir des lieux où elle vécut – Amherst, Boston, le Mount Holyoke Female Seminary, Homestead –, Dominique Fortier a imaginé sa vie, une existence essentiellement intérieure, peuplée de fantômes familiers, de livres, et des poèmes qu’elle traçait comme autant de voyages invisibles. D’âge en âge, elle la suit et tisse une réflexion d’une profonde justesse sur la liberté, le pouvoir de la création, les lieux que nous habitons et qui nous habitent en retour. Une traversée d’une grâce et d’une beauté éblouissantes. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Madame Curie | EvanancesLittéraires
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Madame Curie Eve Curie Folio 24 septembre 1981 544 pages Biographie Chronique 8 mai 2022 Un grand "roman" d'Amour, ou plutôt d'Amours. Déclaration à travers le temps d'amour et de d'admiration d'une fille pour sa mère, récit d'une romance devenue passion partagée d'un couple inséparable devant l'éternité, manifeste d'amour de la vérité pure, de la Science, de la recherche, de la compréhension des mystères de l'univers, d'amour de son prochain, d'amour des siens, de la famille proche et de ceux que l'on coopte, d'amour indéfectible pour deux patries, la France et la Pologne..... La liste est infinie .... Un texte de 1938 dont la contemporanéité est stupéfiante, où l'on retrouve le souci du vrai, de l'excellence, de l'exactitude, d'une femme digne de ses parents. Texte élégant, magnifique, bouleversant aux larmes, empreint d'humilité, de pudeur, d'une immense tendresse, d'une nécessité à raconter les faits illustrés de lettres familiales ou personnelles, quelques fois officielles, d'extraits de carnets d'études... Marie, une femme extraordinaire doté d'une force de caractère exceptionnel, d'un altruisme incroyable, d'une résistance chevillée au cœur dès l'enfance en cette Pologne sous domination russe. Elle apprend très tôt à dissimuler ses sentiments, à faire preuve d'un stoïcisme indispensable pour survivre. Une petite Mania devenue Marya puis Marie. Sa force comme son intelligence géniale et sa mémoire hors norme sont des cadeaux de naissance qui la porteront vers un avenir si incroyable, si prodigieux, qu'il en parait presque fictif, imaginé par un écrivain fantaisiste. Sa loyauté, sa fidélité, sa conviction de faire partie d'une famille, d'un tout, d'une communauté d'êtres humains égaux, la poussent à des actes d'une admirable générosité. Pierre Curie est son double en tout, plus qu'une âme sœur. À eux deux, au mépris de leur santé, de leur enrichissement personnel, accumulant les difficultés matérielles, financières, menant une lutte harassante quotidienne, ils ont offert à l'humanité, humblement, librement, un moyen de vaincre le cancer. Ce souci des autres, ce sens des responsabilités poussé à l'extrême, cette conscience aiguisée du Bien et du Mal, ce refus des honneurs, bien loin d'une posture intellectuelle artificielle, cette timidité naturelle, font d'eux des génies d'une profonde humanité, inoubliables et inséparables devant la postérité. Et comme toujours avec les élites artistiques, scientifiques, etc... la France fait la fine bouche au moment même où les plus grandes distinctions Internationales couronnent le couple puis Marie seule. Là où l'on bâtit des ponts d'or à cette héroïne de par le monde, on ne peut comprendre les ergotages insultants français ne serait-ce que pour l'obtention d'un simple laboratoire. Notre pays, corseté, misogyne et paternaliste, ne sort pas grandi à nouveau de tout cela allant même jusqu'à oublier de décerner une médaille militaire à celle qui n'a pas hésité à conduire des ambulances équipées d'un appareil à rayon X sous le feu de la mitraille et des bombes. Les honneurs et des conditions de vie confortables ont enfin accompagné les dernières années de Marie Curie se donnant la tâche de passer le flambeau aux générations suivantes, sa fille Irène et son compagnon, Frédéric Joliot futurs prix Nobel également, mais aussi à Ève dont j'ai copié la biographie exceptionnelle. J'ai été profondément touchée par cet ouvrage singulier, rééditée heureusement chez Folio poche en 2019. L'autrice, avec un immense talent, dresse un portrait d'un grand réalisme tout en nous offrant une fresque historique étourdissante de la Pologne à la France, et à tout les lieux où furent fêtés et accueillis avec admiration le couple Curie puis la veuve inconsolable mais droite et digne. Magnifique biographie d'une femme d'exception que je vais m'empresser d'acheter. Un exemple à suivre, un visage galvanisant dont il faut se souvenir aux moments les plus sombres.... ou lumineux de nos existences. Quatrième de couverture « Elle est femme, elle appartient à une nation opprimée, elle est pauvre, elle est belle. Une vocation puissante lui fait quitter sa patrie, la Pologne, pour venir étudier à Paris où elle vit des années de solitude, de difficulté. Elle rencontre un homme qui a du génie comme elle. Elle l'épouse. Leur bonheur est d'une qualité unique. Par l'effort le plus acharné et le plus aride, Marie et Pierre Curie découvrent un corps magique, le radium. Leur découverte ne donne pas seulement naissance à une nouvelle science et à une nouvelle philosophie : elle apporte aux hommes le moyen de soigner une maladie affreuse. Au moment même où la gloire arrive, son merveilleux compagnon lui est ravi par la mort. Malgré la détresse du cœur et des maux physiques, elle continue seule la tâche entreprise, et développe avec éclat la science créée par le couple. » EC Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- L'étrange destin de Katherine Carr | EvanancesLittéraires
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires L'étrange destin de Katherine Carr Thomas H.Cook Seuil 17 janvier 2013 304 pages traduites par Philippe Loubat-Delfranc Thriller Chronique 3 juin 2018 « Tout dans la nature est art inconnu ; Tout hasard, sens indiscernable ; Toute discordance, harmonie incomprise, Tout mal particulier, bien universel. » Alexander Pope, Essai sur l'Homme. Le titre est prémonitoire, je dirais même qu'il fait de notre vie, en écho à ces lignes par la lecture que nous en faisons avec notre vécu et notre empathie, un moment extra ordinaire. Trois parties, trois histoires qui s'imbriquent l'une dans l'autre, un personnage central, le narrateur, l'écrivain journaliste voyageur George Gates, au début sur un bateau remontant un fleuve entre deux rives où s'étale la jungle. Lourdeur de l'air, chaleur poisseuse, un des passagers Mr Mayawati, vraisemblablement sans patrie, en mouvement constant, vient s'asseoir à côté de lui sur un transat.... Le temps s'étire.... Pour passer plus rapidement les heures de ce long périple, George se met à raconter un sombre mystère.... " Alors comme l'araignée lance le premier fil délicat de sa toile, je m'embarque dans mon récit." Histoire de George donc, inconsolable depuis la disparition de Teddy son jeune fils et la découverte de son cadavre plus tard dans la rivière.... Il travaille depuis pour un journal d'une petite ville , Winthrop, en écrivant des biographies de personnalités locales. Il survit donc, la douleur et la haine au ventre car le coupable n'a pas été arrêté. Pourquoi n'est-il pas allé chercher son fils à l'arrêt du bus comme promis ? Jamais il ne se le pardonnera. Les nuits nombreuses d'insomnie, on le retrouve au bar près de la gare, le O'Shea's. Un ancien flic, Arlo, jadis spécialiste des disparitions, lui rapporte alors un cold case d'il y a 20 ans, Katherine Carr évaporée près d'une grotte non loin de la rivière. Poétesse et écrivaine, elle a laissé derrière elle des feuilles manuscrites remises à George comme un témoin dans une course épuisante et interminable.... Donc après la vie de notre héros, celle de Katherine vient s'y encastrer. Toujours à la recherche d'un angle de vue original pour ses portraits, le journaliste est mis en contact avec Alice, douze ans, en fin de vie, atteinte de progeria, un vieillissement prématuré. C'est une enfant très intelligente, plongée dans les romans policiers dont elle réécrit les fins pour les améliorer. Afin de trouver une connexion entre eux et instaurer un climat de confiance, il lui raconte le mystère Katherine Carr. Tous deux vont donc former un tandem improbable et touchant de non-dits, de pudeur, l'une orpheline, l'autre prêt à être encore un père. Voici donc comment les destins de George, Katherine et Alice vont s'entremêler.... La disparition de la femme résonnera dans le cœur de George, ranimant sa soif de justice. Les écrits de Katherine sont prêtés au goutte à goutte ; peu à peu le brouillard se dissipe, éclaircissant un paysage flou et angoissant. Un thriller à l'atmosphère surnaturelle et troublante. Le thème du Mal incarné par des coupables qui s'en sortent tout de même malgré les crimes commis, la notion de jugement immanent, la croyance en une double perspective des mondes, ne sont peut-être pas nouveaux, mais la construction en poupée russe si je puis dire, " de l'histoire dans l'histoire dans l'histoire", offre à l'auteur toute latitude pour nous perdre. Les burannis pensent que "les choses non visibles de la vie étaient les plus puissantes de toutes. Pour eux, la Vie était invisible, comme la Mort, et on ne voyait pas davantage la force qui permettait à la douleur d'irradier d'une personne à une autre, et qui faisait qu'on ressentait la souffrance et le chagrin d'autrui." Je sais intimement que reconnaître le Mal dans le regard d'un étranger est possible, le fait d'avoir survécu donne une prescience, on lit à livre ouvert dans ces êtres sans humanité, les frissons glacent à nouveau notre échine, on se remet immédiatement en état de dissociation, de repli, pour mieux analyser l'être face à nous et le danger potentiel qu'il représente immédiatement. On sait par toutes les pores de notre peau, de toute notre âme vibrante qui il est .... À partir de là, il faut agir... Un très beau texte à découvrir avec beaucoup de patience, un livre très différent des cinq autres déjà lus et aimés. Celui-ci me trouble infiniment. Pas de pathos, pas de grandes explications, des demies teintes, de la délicatesse, de la pudeur... Quatrième de couverture Il y a sept ans, le corps de Teddy, le jeune fils de l'écrivain voyageur George Gates, a été repêché dans la rivière. On n'a jamais retrouvé le meurtrier. Depuis, Gates rédige des portraits de personnalités locales pour le journal de la petite ville de Winthrop où il s'est retiré. Et passe ses soirées au bar O'Shea's, accablé par le souvenir de cette journée terrible où il n'est pas allé chercher Teddy à l'arrêt du bus... Lorsqu'un flic à la retraite, jadis spécialisé dans les personnes disparues, lui parle de Katherine Carr, poétesse vue pour la dernière fois vingt ans plus tôt, près d'une grotte au bord de la rivière, il sort de sa torpeur. Katherine Carr s'est volatilisée, laissant un texte - fiction, expérience vécue? - qui va amener Gates à reconsidérer le drame de son fils et ses propres interrogations. Récit dans le récit où le surnaturel fait une incursion troublante, roman atmosphérique aux résonnances gothiques: L'Etrange destin de Katherine Carr donne des frissons dans le dos. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- L'Empire n'a jamais pris fin | EvanancesLittéraires
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires L'Empire n'a jamais pris fin Pacôme Thiellement Massot en coéditions avec Blast, le souffle de l'info Le 10 octobre 2024 365 pages essai Chronique 16 novembre 2024 Tome 1 De Jules César à Jeanne d'Arc "Il y a deux histoires : l'Histoire officielle, menteuse, qu'on enseigne, l'Histoire ad usum Delphini; puis l'Histoire secrète, où sont les véritables causes des évènements, une histoire honteuse." Honoré de Balzac "Les faits doivent toujours être au service de la fiction, soumis à elle. En un mot : le roman doit être infidèle à l'Histoire." Mario Vargas Llosa Ces deux citations figurent en exergue du roman de Gérard de Cortanze, "Le roi qui voulait voir la mer", dressant un portrait des plus original de louis XVI si moqué et décrié . Une révolution est aujourd'hui en marche, parfaitement perceptible en littérature, sous forme d'essais, de témoignages ou de fictions, dans le monde entier. Et cette révolution est née d'un désir et d'un besoin irrépressibles de connaître la vérité quant à l'Histoire réelle de l'humanité, afin certainement de mieux visualiser les évènements majeurs s'étant articulés d'une façon très particulière, et dont les conséquences actuelles sont dramatiques. Comprendre à quel point l'opinion publique, le peuple, ont été manipulés, victimes d'une certaine propagande, permettrait peut-être d'éviter de prochaines catastrophes sociétales sur un plan mondial. L'heure est à la déconstruction non systématique et stupide mais ordonnée, méthodique, s'appuyant sur des documents, des archives, des trouvailles archéologiques, la science. Le but n'est évidemment pas de lancer des déclarations complotistes ou en opposition systématique avec le discours en place. Non ! Il est la résultante d'une prise de conscience massive et générale que quelque part, le bât blesse, que les faits, les avancées technologiques dans les domaines de la recherche archéologique, des religions, de l'Histoire, infirment des données que l'on nous a fait apprendre, ingurgiter, intégrer à l'école, à l'université, à chaque fois que nous ouvrons un dictionnaire ou regardons un reportage à la télévision, à chaque fois que nous écoutons les informations. Un réel lavage de cerveau. Comment accepter ce qui nous arrive actuellement sans essayer de chercher par nous-mêmes l'origine du mal ? C'est un droit et un devoir pour nous, pour les générations à venir. Nous sommes à la croisée des chemins, la société change, le patriarcat et l'impérialisme sont aujourd'hui remis en question. Nous sommes à la fin d'un système dépassé, à la fin d'une civilisation, de l'ère du Poisson. L'Histoire telle que l'on nous l'a imposée fut et est encore écrite par les hommes, dignes représentants d'un certain masculinisme systémique et civilisationnel, d'un certain impérialisme. Mais des voix s'élèvent, et non des moindres, sur tous les continents pour raconter une autre Histoire humaine, un autre roman mondial et national. Des femmes réécrivent ce récit mais au féminin ( Pat Barker avec son dytique sur la guerre de Troie narrée par Briseis : " Le silence des vaincues" et "Les exilées de Troie" , par exemple), des hommes reviennent sur des grands mythes grecs à l'origine de notre mode de pensée et de notre société inégalitaire (Benjamin Carteret et son magnifique "Perséphone"). Nous vivons une période anxiogène, terrifiante et en même temps incroyable et passionnante. Nous n'avons jamais été aussi conscients de vivre l'Histoire en live, en direct, nous le peuple. Nous n'avons jamais eu autant de moyens de communication et d'information qu'aujourd'hui, nous avons la possibilité enfin de reprendre les rênes de notre vie, de notre destinée individuelle et collective. La démarche de Pacôme Thiellement s'inscrit dans ce phénomène de recherche de vérité, de déconstruction du roman national, d'une libération des vieux diktats pour enfin revenir aux fondamentaux que tout citoyen ou être humain, n'aurait jamais dû oublier. C'est évidemment une démonstration, une instruction et une enquête à charge contre l'impérialisme et ses effets dévastateurs jusqu'à aujourd'hui que nous offre l'auteur exégète et non historien. L'importante bibliographie présente en fin d'ouvrage ainsi que le ton passionné de Pacôme Thiellement prouvent suffisamment la sincérité de cet ouvrage que l'on soit en accord ou non avec ses déclarations ou affirmations. Le succès phénoménal de son émission éponyme sur la web télé Blast illustre à quel point la nécessité d'éclairer certaines zones d'ombre de l'Histoire, de remettre en question utilement certains préceptes jusque là inattaquables, est indispensable et répond à une demande manifeste ; réel phénomène de société et de civilisation de remettre les choses à plat, de reprendre la copie, avant de continuer le chemin ensemble . J'ai particulièrement apprécié cet ouvrage revenant sur les actes et les existences de Jules César, Jésus, Marie-Madeleine, Clovis, Charlemagne et Cie, des Cathares, de Jeanne d'Arc. Concernant Jésus et Marie-Madeleine, je me permets de vous signaler l'essai, "Les femmes au secours de l'Eglise" de Sylviane Guillaumont Jeanneney aux Éditions Jésuites, complétant certaines informations données dans le présent ouvrage et nuançant le propos sur Saint Paul et sa misogynie. J'espère que l'auteur ne m'en voudra pas. J'ajoute que l'humour, la dérision, le style littéraire de Pacôme Thiellement sont rafraîchissants dans un domaine où l'ennui peut vite nous envahir, lui permettant d'apporter un peu de légèreté à une démonstration d'une grande gravité et importance. Remettre en question intelligemment ce que l'on veut absolument nous imposer de force est le signe d'une bonne santé mentale. Merci à l'auteur pour son engagement et sa passion bienfaisants. Quatrième de couverture " Il n'existe pas de livre qui traite de ce secret, pas d'individus qui fassent autorité en la matière. Il n'en est pas moins là : le Christ contre César. Tel est le récit sous-jacent rapporté à travers les âges, depuis deux mille ans, et qui, en même temps, n'est jamais rapporté. " Philip K. Dick L'Empire n'a jamais pris fin, dont voici le tome 1, De Jules César à Jeanne d'Arc est l'exégèse de l'Histoire de notre vie sur ce territoire que nous nous sommes habitués à appeler la France. C'est un voyage dans le temps et une réponse au roman national. Une Histoire de France perçue sous le prisme de l'anarchie spirituelle, de la mystique révolutionnaire et de la poésie absolue. Une histoire de notre lutte, extérieure et intérieure, contre toutes les formes de pouvoirs politiques et religieux. Une histoire de la reconnaissance au droit de disposer de nous-mêmes et au devoir de ne pas disposer des autres. Une histoire de nos tentatives d'émancipation, de nos combats, de nos échecs et de nos victoires. Comment nous nous sommes battus, Comment nous sommes morts, Comment nous sommes revenus, Comment nous avons continué à nous battre Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Malart | EvanancesLittéraires
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Malart Aro Sáinz de la Maza Actes Sud/Actes Noirs Le 3 avril 2024 432 pages traduites par Serge Mestre thriller policier Chronique 23 juillet 2025 "Et bref, Vladimir Vladimirovich, vous aimez l'abîme ?" Vladimir V. Maïakovski Barcelone, samedi 17 août. Quatre heures vingt-quatre : Une femme court dans la nuit comme pour fuir, fracas de tôle, une voiture encastrée dans un bus, des cris, du sang, des meurtriers hilares, sûrs de leur impunité. Barcelone, jeudi 28 novembre, trois heures douze : Un homme à la mer. Entre évanouissement et conscience hallucinée. Des flashs, des coups d'adrénaline, l'envie d'abandonner, une mère noyant son bébé, un tablier rouge et bleu, mourir enfin, oublier. À huit heures ce même jour, la sous-inspectrice Rebeca Mercader arrive dans l'open space dévolu au GEHME ou Grupo Especial de Homicidios de los Mossos d'Esquadra (Groupe Spécial d'homicides de la police de Catalogne). Fureur, son binôme, l'inspecteur Milo Malart, n'est toujours pas arrivé. Il sait pourtant qu'ils doivent interpeler un criminel ce matin. C'est d'ailleurs grâce à l'aptitude extraordinaire d'empathie de Malart que cette arrestation est possible. Son absence est incompréhensible. Mercader sait, comme tout le groupe, que son collègue traverse une très mauvaise passe depuis qu'un couple de milliardaires, pervers sexuels et violeurs en série, s'en est sorti royalement grâce au pouvoir de leurs familles respectives. Barcelone est une ville plongée dans un long crépuscule, gangrenée par la corruption, les politiciens, les profiteurs multiples et variés. Malart ne le supporte plus. La mort de la jeune Candela Cuadrado victime de ces deux dégénérés, Ivo Parés et Mónica Morera, sa mère Marcela restant seule avec son désespoir abyssal, sont les déclencheurs du mal-être immense et de l'obsession du policier. Personne n'arrive à le joindre, ni Rebeca, ni son amie, la juge Susana Cabot. L'inquiétude monte laissant bientôt place à la peur. Le passé de Malart est tellement tragique que tous appréhendent l'avenir : suicide, dépression, folie comme son père ou son frère ? À quoi doivent-ils s'attendre ? Coup de théâtre : Parés et Morera sont retrouvés morts noyés attachés à leur yatch luxueux au large de Barcelone. Des traces ADN et des menottes appartenant à Malart incriminent le flic. Mercader ne peut y croire. Un compte à rebours et une chasse à l'homme sont lancés : la cible Milo, toujours introuvable. Certains marionnettistes tirent les ficelles en coulisses pour avoir sa tête avec l'aide d'une misérable taupe au sein même du groupe. Rien ne va plus, c'est l'heure de mettre carte sur table, d'assainir une bonne fois pour toute l'atmosphère au sein du GEHME et de Barcelone. J'ai retrouvé l'âme tourmentée et géniale de Milo Malart avec beaucoup de plaisir et d'intérêt, l'écriture tour à tour lyrique ou haute en couleurs de Aro Sáinz de la Maza avec un bonheur presque gustatif, tous les personnages récurrents de la série consacrée à l'inspecteur avec enthousiasme. Barcelone la sombre, la malmenée, la venimeuse, est aussi une actrice à part entière de ce thriller psychologique. L'engagement politique et sociétal de Malart ainsi que son lourd passif en font une figure originale et bouleversante de la littérature noire catalane depuis l'inoubliable Bourreau de Gaudí. Pris dans le brouillard qui recouvre la mer et la cité maudite, nous sommes piégés dans cette ambiance étrange, fascinés par la lutte entre la lumière et les ténèbres, entre Malart et le Mal, entre Malart et ses propres démons. Le saut d'un ange déchu cherchant la rédemption et la vérité. Beauté crépusculaire. Quatrième de couverture À quelques milles des côtes barcelonaises, un somptueux yacht dérive sans équipage. Il traîne à sa poupe deux lins auxquels sont fixés les cadavres de ses propriétaires. À la ville, un couple d’entrepreneurs membres de la jet-set locale ; en privé, deux psychopathes à la perversité sans borne qui hantent les nuits de l’inspecteur Malart. Inculpés puis relaxés à la faveur de preuves falsifiées, ils le plongent, lui qui les traque depuis des années à l’insu de sa hiérarchie, dans une véritable névrose obsessionnelle. Or, le bateau est saturé de l’ADN de l’inspecteur, qui (opportunément ?) reste introuvable. En soixante heures d’une course effrénée, ses coéquipiers adoptent, par un troublant mimétisme, les méthodes peu orthodoxes du policier le plus indigné d’Espagne pour retrouver celui que tout accuse du meurtre infâme, et rétablir une vérité que certains voudraient taire. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Mémoires effacées | EvanancesLittéraires
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Mémoires effacées Frédérick D'Onaglia De Borée 16 mai 2019 311 pages Polar Chronique 26 mai 2019 Deux éléments de ce polar m'ont plu : - Le fait que cela se passe en Camargue, en partie auprès de la brigade fluviale et nautique de Port-Saint-Louis-duRhône, sur et sous l'eau, et sur les plages de Beauduc. - La découverte de l'archéologie subaquatique. Le rendu de la vie au bord de la Méditerranée, sur un bateau de pêche ou un voilier, dans une caserne de gendarmerie est parfait. On s'y croit et on a très envie de rejoindre le sud et la Camargue. Les interactions entre les personnages sont bien décrites, on se sent inclu dans cet univers. Et évidemment l'histoire d'amour qui débute ainsi que les scènes en famille allègent l'ambiance. Un chalutier en pleine nuit L'Amarok, sous le commandement du capitaine dit " La Massue" aidé de Roberto son employé, se retrouve pris dans une tempête terrible en pleine zone protégée. La Massue n'en démord pas malgré les craintes de l'espagnol.... Il passe et repasse sur un endroit repéré à l'échosondeur, et racle les fonds. Bientôt ils sont bloqués, ils remontent la cage, à l'intérieur un cadavre... Des lumières illuminent la scène, celle de la gendarmerie maritime, venue pour les arrêter en zone protégée. C'est Iris qui est chargée du dossier ; elle dirige la brigade fluviale et nautique de Port-Saint-Louis-du-Rhône. Mère célibataire, ayant réussi à être respectée par son équipe d'hommes, elle peut compter sur sa famille et une de ses amies,Agathe, pour s'occuper de Charly son fils. Au retour de la brigade avec le corps, Iris croise son ancien boss, le capitaine Léo Sarlat, mis à pied par sa hiérarchie : une opération qui s'est terminée avec la mort de son coéquipier Tony et une blessure pour lui. Il ne réussit pas à se souvenir des évènements. Après un divorce difficile et la séparation d'avec sa fille Jade qu'il ne voit qu'en vacances, il est venu à Beauduc pour resserrer les liens avec son père, celui qui est parti soudain lorsqu'il était gamin. Il n'est donc pas au mieux de sa forme, amarré non loin de là. Iris voit en sa présence un signe et lui propose de collaborer avec elle sur sa première affaire de meurtre. Elle fait bien, car tout se complique avec la découverte d'un autre cadavre. Les deux victimes présentent le même tatouage, la lettre Omega. Beauduc, spot prisé des kitsurfeurs et des archéologues spécialisés en fouilles subaquatiques, est maintenant le lieu où semble s'être installé un serial killer. La ténacité de Iris, les intuitions presque surnaturelles de Léo vont être mises à contribution pour mener à bien cette enquête envers et contre tout. Ils vont devoir aller au delà des apparences, affronter certaines vérités sur leur entourage tout en gérant leur vie de parents et leur nouvelle idylle. Le coupable et ses mobiles sont tout à fait insoupçonnables. Un roman que j'ai eu du plaisir à lire, j'aime beaucoup la Camargue et l'archéologie, donc c'était déjà gagné dès le départ. Quatrième de couverture Doué d’une intuition hors du commun, le capitaine Léo Sarlat a été mis à pied par sa hiérarchie après la mort de son co-équipier lors d’une opération où lui-même a été blessé. Ce congé forcé est l’occasion pour lui de rendre visite à son père Jeff qu’il n’a pas revu depuis son départ soudain du foyer, il y a vingt ans. Tout juste arrivé en Camargue, Léo croise Iris, une ancienne collègue de la section de recherches de Marseille qui dirige désormais la brigade fluviale et nautique. Un cadavre a été retrouvé dans les fonds protégés de Beauduc par un pêcheur braconnier. Loin de partager la méfiance de ses collègues à l’égard de Léo, Iris est ravie de pouvoir mettre à contribution ses talents d’enquêteur, d’autant que deux nouveaux cadavres sont bientôt découverts… Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Memento Mori | EvanancesLittéraires
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Memento Mori Mia Lekkson City Editions 9 novembre 2022 365 pages Thriller Chronique 9 janvier 2023 « Souviens-toi que tu dois mourir. » « Une voix souffle dans son oreille : bientôt, j'aurai votre peau, et un à un, vous disparaîtrez de la surface de cette terre. » Thriller policier de belle facture se situant à Paris en 2021 et 2001. Deux flics chargées de dossiers qui se recouperont forcément : les inspectrices Anne Lavelli et Carmen Mazetti, héroïnes de ce roman. Tout tourne autour du Parc de Choisy dans le XIIIe arrondissement. À vingt ans près, le masculinisme et la misogynie dans les forces de l'ordre sont tristement toujours d'actualité. La maison Poulaga, créée par des mecs, des vrais, a un peu de mal encore à accepter des femmes dans ses rangs malgré le phénomène #MeToo . Les violences faites aux femmes en milieu professionnel ou au sein de la cellule familiale sont aujourd'hui dénoncées haut et fort, ce n'est plus un problème de société que l'on puisse glisser sous le tapis. 2021. Une adolescente, Laure Delmas, costumée en sorcière d'Halloween est découverte droguée et évanouie dans le parc de Choisy. De la peinture rouge macule sa robe. Elle est la troisième victime d'un jeu en ligne : Witch Game. Anne Lavelli travaille au sein de la CRMD, la Cellule de Recherche des Mineurs Disparus. Elle connaît parfaitement les ravages que font ces jeux de rôles auprès des jeunes et particulièrement des adolescentes concernant Witch Game. Au même moment, elle apprend qu'une de ses amies, Marina Ferguson, réalisatrice de documentaire reconnue, est morte : au premier abord, un accident stupide. Le sujet du prochain projet de Marina concernant le harcèlement et les violences faites aux femmes pourrait avoir provoqué la fureur d'une personne concernée. On ne peut penser que les deux affaires soient liées mais les apparences sont trompeuses. Quant à Carmen, appelée comme Anne, mais vingt ans plus tôt, dans le même parc au même endroit sous le même arbre, un cèdre bleu de l'Atlas, elle découvre le corps d'une adolescente, Joan Verdier. Les premières constatations laissent à penser que c'est un suicide. Mais l'inspectrice est pointilleuse et sait que le diable se cache dans les détails. Elle enquête, en particulier au Lycée Claude Monet voisin, où était scolarisée la jeune fille comme l'est en 2021 Laure Delmas. Son entêtement à chercher la vérité n'est pas du goût de ses supérieurs et de son commissaire. Une femme doit rester à sa place. Anne découvre que Marina faisait des recherches sur Joan Verdier pour son reportage et, bien sûr, elle se renseigne sur le policier en charge du dossier en 2001. Les deux inspectrices sont donc, à partir de cet instant, liées l'une à l'autre à travers le temps, traquant un même criminel. Celui-ci et ses complices reçoivent des messages inquiétants, des Memento Mori menaçants, sous forme de vidéo très japonisantes façon Manga trash. Manifestement quelqu'un veut se venger et met la pression sur le groupe d'hommes. Une double traque s'engage entre : - l'équipe de Anne Lavelli et les tueurs d'une part et - l'expéditeur des menaces et ses mêmes criminels d'autre part. La tension est à son comble autant en 2001 qu'en 2021. Le danger est extrême, mais les femmes ne sont plus prêtes à accepter d'être sacrifiées sur l'autel du patriarcat. Un très bon scénario, de multiples questions et retournements, un suspense et une tension soutenus, une dénonciation au vitriol de l'hyper sexualisation de notre société, des dangers des jeux vidéos pour les jeunes, du masculinisme encore tout puissant aujourd'hui, un esthétisme digne des films d'action japonais. Un thriller policier et sociétal original donc, du bel ouvrage ! Quatrième de couverture On paie toujours pour ses fautes... Toujours ! Une jeune fille est retrouvée inconsciente dans un parc parisien, droguée et maculée de peinture rouge. Apparemment, elle a été victime d'un jeu qui fait fureur sur les réseaux sociaux : le Witch Game, dans lequel les organisateurs lancent des défis toujours plus dangereux. Peu de temps après, une cinéaste est découverte morte chez elle, victime d'une mauvaise chute. Simple accident domestique ? L'inspectrice Anne Lavelli n'y croit pas. D'autant que la victime préparait un film polémique sur les violences faites aux femmes. Alors que Lavelli enquête en parallèle sur les deux affaires, elle découvre qu'elles sont liées à une vague de suicides de jeunes filles, vingt ans auparavant. Dans l'ombre, un assassin semble tirer tranquillement les ficelles d'un véritable jeu de massacre. Et rien ne semble pouvoir l'arrêter... Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- La Chambre des merveilles | EvanancesLittéraires
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires La Chambre des merveilles Julien Sandrel Audiolib 2018 5 h 13, lu par Sophie Duez Roman Chronique 2 janvier 2019 Comme d'habitude, je n'ai pas pris connaissance de la quatrième de couverture avant de me plonger dans ce texte afin d'être dans les mêmes conditions d'audition qu'une personne malvoyante.Mon avis rédigé sur ma page Eva Impressions littéraires est également enregistré en vidéo sur ma nouvelle page Eva Résonances littéraires. Pourriez- vous en parler à vos proches qui pourraient être concernés et heureux d'écouter ma chronique, SVP ? Merci infiniment : Un très beau couple que celui de Thelma, la bien nommée, et son fils Louis 13 ans. Un tandem formé par l'adversité et l'horreur d'un accident un samedi matin, pourtant si banal, en 2007. Une équipe soudée par l'amour, le lien indestructible entre ces deux êtres se renforçant au fur et à mesure que les semaines passent et que le décompte s'accélère. Renversé par un camion, Louis à pleine vitesse sur son skate, sa musique à fond dans les oreilles, Thelma derrière lui en pleine discussion professionnelle au téléphone. Elle le regarde vaguement, une présentation importante devant le Big Boss se profilant le lundi. Et puis...... L'impensable.... la chambre 504 de l'Hôpital Robert Debré, un garçon sous respirateur dans un coma stade 3. Faire comme si, jouer l'évitement, se présenter tout de même au travail pour la réunion, et soudain le craquage, s'accrocher à ce boulot de merde apparaît dérisoire. Tout apparaît secondaire, tout est remis en question par la jeune mère. Louis ne s'accroche plus qu'à un fil ténu, car oui, il est toujours là, mais personne ne le sait. Chacun à son tour, ils vont être les narrateurs de cette histoire si universelle, si insupportablement atroce et exceptionnelle. Envisager que son enfant puisse mourir, non ! Donc quatre petites semaines avant de débrancher son fils, Thelma doit à tout prix trouver le moyen de ramener son gamin à la vie. Un miracle survient lorsqu'elle découvre le carnet des merveilles de Louis contenant les rêves qu'il aimerait vivre.... Voilà le début d'une formidable course contre la montre, elle va les accomplir pour lui, tout filmer et enregistrer d'abord à Tokyo, puis sur un terrain de foot....mais surtout elle va devoir aller jusqu'au fond d'elle-même, sans plus être une autruche face à l'existence.... L'auteur dresse toute une galerie de personnages émouvants, drôles, sans concession, offrant à Sophie Duez, à sa voix si touchante et colorée du murmure au cri, une performance artistique formidable pour une comédienne émérite. Un drame sans pathos inutile, une écriture directe, fluide, une lectrice qui vit le texte totalement, une comédie où les larmes sont de rire ou de désespoir. Un très beau roman humaniste qui a su trouver son public dans le monde entier. Cela fait beaucoup de bien de le savoir. " ...il n'est pas facile de vivre les rêves d'un ado, quand on a presque quarante ans... " Et pourquoi pas ? Quatrième de couverture Bouleversant et drôle, le pari un peu fou d'une mère qui tente de sortir son fils du coma en réalisant chacun de ses rêves. Louis a 12 ans. Ce matin, alors qu'il veut confier à sa mère, Thelma, qu'il est amoureux pour la première fois, il voit bien qu'elle pense à autre chose, à son travail sûrement. Alors il part, fâché et déçu, avec son skate, et traverse la rue à fond. Un camion le percute de plein fouet. Le pronostic est sombre. Dans quatre semaines, s'il n'y a pas d'amélioration, il faudra débrancher le respirateur de Louis. En rentrant de l'hôpital, désespérée, Thelma trouve un carnet sous le matelas de son fils. À l'intérieur, il a dressé la liste de toutes ses « merveilles », c'est-à-dire les expériences qu'il aimerait vivre au cours de sa vie. Thelma prend une décision : page après page, ces merveilles, elle va les accomplir à sa place. Si Louis entend ses aventures, il verra combien la vie est belle. Peut-être que ça l'aidera à revenir. Et si dans quatre semaines Louis doit mourir, à travers elle il aura vécu la vie dont il rêvait. Mais il n'est pas si facile de vivre les rêves d'un ado, quand on a presque quarante ans... Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Oublier nos promesses | EvanancesLittéraires
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Oublier nos promesses Elsa Roch Calmann-Lévy Noir 2018 345 pages Thriller Polar Chronique 16 juillet 2018 Deuxième tome après " »ce qui se dit la nuit » édité en 2017. Prix Polar INFINIMENT QUIBERON 2018 et le Prix des lecteurs BLOODY FLEURY 2019. Prix Plume de bronze Du Thriller Francophone 2019. (Plume-Libre). En premier lieu, un style, une écriture superbe, une vraie signature immédiatement reconnaissable, un texte magnifique pour une histoire désespérément belle et douloureuse. « Sa gorge se noua. Il se leva sans savoir comment il y parvenait, en pilotage automatique, et parcourut l'appartement, à la recherche de traces de leur passé commun. Pas grand-chose. Deux photos sur le frigo, celles où ils s'embrassaient en riant. C'était le temps de l'insouciance, de la magie de la rencontre, celui où le réel n'avait pas encore effracté le rêve, celui où son job n'était pas devenu un problème. Un gouffre, pour elle, pour lui. Leurs deux mondes devaient rester hermétiquement clos, c'était compliqué, et pas uniquement parce qu'elle était journaliste, elle aurait été danseuses étoile que cela n'aurait rien changé. » Simple, efficace, sans fioriture, avec le sens de la formule tout d'un coup, ou un mot étonnant qui éclate. Elsa Roch choisit de raconter sur quelques jours en août 2010, l'histoire d'hommes et de femmes tous en rupture, borderline, devant faire le deuil d'un amour, d'une relation, d'une vie perdue, d'un passé à oublier ou supporter. L'absence indicible est partout présente dans ce récit, l'absence de réciprocité des sentiments, l'absence d'écoute, l'absence des disparus. C'est également un roman de guerre, intime contre ses propres limites, mais aussi en Afghanistan qui vous laisse en retour d'opex en puzzle, en SPT comme on dit, en apnée interminable, et enfin celle sur le terrain, dans Paris transfiguré, zone de non droit, d'ultraviolence, de barbarie, de folie, où une vie ne vaut rien, mais où la chair a un prix. Trafic d'humains, prostitution nouvelle formule, asiatique et albanaise, la pire, celle qui n'a aucune limite dans l'abominable, où une gamine vierge dans ce cloaque immonde est un luxe. Des irréductibles se battent pourtant remisant leur propre malheur dans une partie du cerveau pour agir contre le Mal, pour redonner à l'existence un sens ici, là-bas, dans le futur. Le déclencheur sera Emma Laury, bien malgré elle, journaliste freelance au courage dangereux, ultralimite, animée d'une puissance de persuasion hors du commun, d'une énergie sans fin qui épuise ceux qui l'entourent, l'aiment. Car il y a ainsi des êtres d'exception, solaires, charismatiques sans le chercher, qui attirent tous les regards, qui emprisonnent tous les cœurs, qui forcent l'admiration. Un soleil qui va s'éteindre, monstrueusement. Seul un inhumain a pu perpétrer un tel crime, à la machette, s'acharnant sur le corps, les yeux, arrachant le fruit de l'amour d'Emma pour son beau militaire. Sa mère l'a retrouvée au retour de sa garde à l'hôpital au petit matin, pour leur café rituel. Terminée, reléguée dans le coffre du salon comme un pantin désarticulé, le cœur maternel éclate après avoir donné l'alerte. On retrouve Marsac chef de groupe à la Crim du 36, Raimbauld le bras droit, le confident, Vincent Cassem le cœur d'artichaut , Grégoire Narci et Hervé Vigier les geeks, Hélène Weber la médecin légiste très fragilisée, et la dernière arrivée Lise Bruegguer qui doit encore faire ses preuves. En parallèle, le fiancée de Emma, le militaire d'élite Jérôme Pieaud revenu des zones de guerre très éprouvé et traumatisé. Il se remet en mouvement en état second, aidé de son pote le Kid, un ancien militaire reconverti dans l'informatique. Un Tandem de choc qui compte bien prendre de vitesse le groupe des six policiers d'élite de la Crim. Je salue l'exactitude et la précision des informations quant au fonctionnement militaire et policier, la description des flashbacks hallucinatoires des scènes de guerre, l'empathie de l'auteure traduisant au mieux les affects de chacun. J'insiste encore sur la beauté de l'écriture, le style très personnel et inventif ; ce thriller sombre répond à tous les codes d'un vrai Polar mais revisité et transcendé, la fin était pour moi évidente, mais là n'est pas l'essentiel. Je ne regarderai plus certains quartiers de Paris de la même façon après cette lecture. Les conflits lointains se jouent aujourd'hui sur notre territoire, ne nous leurrons pas. Un livre essentiel pour le réveil de nos inconsciences ! Quatrième de couverture Emma Loury aimait les causes perdues et dangereuses. Emma vient d’être découverte, sauvagement assassinée, dans son appartement du IVe arrondissement. Son amant, un officier français de retour d’Afghanistan, s’est enfui. Le coupable idéal. Le commissaire Marsac se plonge dans cette enquête avec rage : de l’avis de tous, Emma était une personnalité solaire et une excellente journaliste indépendante, qui se battait pour les femmes et contre la traite des êtres humains. Marsac se demande si la vraie raison de sa mort ne serait pas là. Mais alors pourquoi son compagnon a-t-il fui ? Jérôme a fui parce qu’Emma était toute sa vie, son dernier lien avec ce monde qu’il ne comprend plus. Il a fui parce qu’il est malade, plongé dans un syndrome post-traumatique, flirtant avec la folie. Il veut massacrer l’assassin comme Emma a été massacrée. S’engage alors une double chasse à l’homme dans un Paris insoupçonné, en proie aux trafiquants. Jérôme combat le mal par le mal et Marsac par la loi. Qui retrouvera le meurtrier d’Emma ? Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs















