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- Le train des orphelins
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Le train des orphelins Christina Baker Kline Belfond 1er octobre 2015 336 pages traduites par Carla Lavaste Historique Chronique 31 août 2017 « Je crois aux fantômes. Ce sont eux qui nous hantent, eux qui nous précèdent. Il m'est souvent arrivé de les sentir autour de moi, observateurs, témoins, alors que personne parmi les vivants ne savait ce qui se passait ou ne s'en souciait." Ainsi parle Vivian 91 ans et cela fait écho dans mon coeur. " Entre 1854 et 1929, des trains sillonnaient les plaines du Midwest avec à leur bord des centaines d'orphelins. Au bout du voyage la chance pour quelques-uns d'être accueillis dans une famille aimante, mais pour beaucoup d'autres une vie de labeur, ou de servitude. " Très beau et émouvant roman écrit et imaginé avec talent et sensibilité par l'auteure, soucieuse de refaire vivre et rendre hommage à tous ces enfants pour certains sacrifiés, pour d'autres chanceux, et enfin d'autres d'un courage et d'une volonté incroyable à se construire un avenir. Telle est l'histoire de Vivian Daly partie avec sa famille d'Irlande pour New York afin de se construire une nouvelle vie. Cependant le destin va s'acharner et Niamh de son vrai nom (prononcé Niv) va être mise dans ce train des orphelins en 1929 pour être l'objet d'une transaction entre de futurs parents ou plutôt exploiteurs et la société d'aide aux enfants. À 91 ans, elle voit arriver chez elle une jeune fille de 17 ans, Molly, placée dans une énième famille d'accueil. A moitié indienne, au look gothique, tel une armure, elle doit effectuer des heures de travaux généraux pour avoir volé Jane Eyre dans la bibliothèque municipale. Car Molly est spéciale et brillante. Elle doit donc ranger, trier les affaires entreposées dans le grenier de Vivian. Contre toute attente la vie de l'une va entrer en résonnance avec celle de l'autre, les deux orphelines vont devenir amies et s'entraider sur le chemin de la résilience et du pardon. La vie de Vivian recèle un secret, Molly doit réussir à l'en libérer. Très beau témoignage joliment et parfaitement romancé sur une histoire intime de l'Amérique. Poignant et porteur d'espoir. C'était mon dernier livre lu ce mois d'août 2017. Belle fin ! Quatrième de couverture De l'Irlande des années 1920 au Maine des années 2000, en passant par les plaines du Midwest meurtries par la Grande Dépression, un roman ample, lumineux, où s'entremêlent les voix de deux orphelines pour peindre un épisode méconnu de l'histoire américaine. Entre 1854 et 1929, des trains sillonnaient les plaines du Midwest avec à leur bord des centaines d'orphelins. Au bout du voyage, la chance pour quelques-uns d'être accueillis dans une famille aimante, mais pour beaucoup d'autres une vie de labeur, ou de servitude. Vivian Daly n'avait que neuf ans lorsqu'on l'a mise dans un de ces trains. Elle vit aujourd'hui ses vieux jours dans une bourgade tranquille du Maine, son lourd passé relégué dans de grandes malles au grenier. Jusqu'à l'arrivée de Mollie, dix-sept ans, sommée par le juge de nettoyer le grenier de Mme Daly, en guise de travaux d'intérêt général. Et contre toute attente, entre l'ado rebelle et la vieille dame se noue une amitié improbable. C'est qu'au fond, ces deux-là ont beaucoup plus en commun qu'il n'y paraît, à commencer par une enfance dévastée.. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Les racines du sang
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Les racines du sang Natacha Calestrémé Albin Michel 2016 324 pages Polar & fantastique Chronique 15 septembre 2017 Tome 3 de la Trilogie consacrée aux enquêtes du major Yoann Clivel dit le basque à la DPJ avenue du Maine à Paris. La médiathèque de la Canopée aux Halles mentionne polar fantastique. Je ne suis pas vraiment d'accord car bien qu'il y ait un peu de surnaturel dans ce policier, certains personnages ont une ultra sensorialité ou des flashs ou des " visions" ou voix, cela ne représente en fait pour moi qu'une épice de plus au plat proposé par l'auteure, on reste dans une réalité de décors et factuelle, on ne passe pas dans un autre monde comme dans le genre Fantastique. Donc c'est un mauvais choix de terme. Je lis donc dans le désordre. J'ai passé un vrai bon moment de lecture, je trouve le personnage principal très "féminin" ou plutôt tel que les femmes voudraient que les hommes soient. A part cela, très bien documenté sur fond de scandale sanitaire, et avec le contexte actuel en France c'est assez troublant et savoureux. Tuer les responsables peut-être pas, mais le temps d'une fiction cela fait du bien. Yoann va donc chasser un serial killer rebaptisé sugar killer car il laisse sur ses victimes du sucre ou du miel ou de la confiture, ainsi qu'une rose, pour certains, glissée dans la plaie laissée par un couteau effilé. Beaucoup de thèmes sont abordés en terme de géopolitique, de santé, de l'intégration des handicapés au monde du travail, et de médiumnité ou ultra sensorialité. Une mention spéciale pour moi concernant le passage au Burkina Faso et la rencontre avec un féticheur. Souvenir d'enfance ! Quant à la transmission de boulets de génération en génération elle est bien illustrée par ce livre. Donc très bon, intéressant, distrayant et maîtrisé tant au niveau de la construction que du rythme. Egalement on retrouve le thème central de cette auteure à savoir la préservation des écosystèmes et de la planète. Une dénonciation et une profession de foi ! Quatrième de couverture Un flic sous l'emprise des fantômes de son passé. Une série de meurtres étrangement sophistiqués. Une histoire à couper le souffle sur fond de scandale sanitaire mondial. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Eugenia
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Eugenia Lionel Duroy Julliard 2018 487 pages Historique Chronique 18 mars 2019 Prix Anaïs Nin 2019 Avertissement : la peste brune est toujours là ! Incroyable, je choisis de lire ce roman vital au moment même où, écoeurée par l'ignorance coupable et la bêtise de certains se réjouissant de la parution d'un premier livre par une excroissance, sous un autre nom, d'une maison d'édition connue pour son catalogue nauséabond, j'envisageais sérieusement de jeter l'éponge devant tant de laideur, de saleté. Eugenia m'a en quelque sorte rappelée à l'ordre. Mais, après une nuit blanche, encore dans la douleur indispensable de la lecture de ce livre, mêlant adroitement faits historiques et fiction, je me dis que la bataille contre le mal et l'obscurité commence par la rédaction de ce retour. Je me suis beaucoup retrouvée dans cette jeune femme sur bien des aspects, pas d'antisémitisme de base dès le biberon, mais d'autres valeurs familiales dont il a fallu me défaire après un sérieux ménage psychologique. Nous assistons ici, en Roumanie, comme partout en Europe, aux ravages d'une haine contre nature du juif, sans justification, que des raisons hallucinantes véhiculées depuis des siècles dans tout l'Occident. Difficile de comprendre, d'envisager que l'on ait pu croire en de telles choses, quelque soit d'ailleurs le niveau d'instruction. De l'insulte banale, journalière, au passage à la violence physique puis aux meurtres et aux massacres de masse, Lionel Duroy, brosse une fresque épouvantable où l'horreur indicible prend toute la place, où l'improbable, l'exceptionnel devient inéluctable. Aujourd'hui, encore, cela recommence en France et partout, s'accompagnant de toutes les autres haines possibles, un cortège macabre qui revient inlassablement. Des questions fondamentales sont posées ici par le biais de Eugenia à sa famille, à son amant Mihail Sebastian, au peuple roumain, aux habitants de Jassy. Pourquoi cet antisémitisme viscéral, pourquoi ce rejet des juifs de nationalité roumaine hors du pays, pourquoi leur déniet-on cette nationalité alors même qu'un bon nombre se sont battus pour la patrie en 1917, pourquoi les juifs ne se révoltent-ils pas, vont à l'abattoir pour certains comme si c'était leur destin, inévitable, pourquoi ce fatalisme ? Plus que tout, comment des habitants de Jassy ou de Bucarest, ont-ils pu soudain se transformer en bourreaux à coups de barres de fer, de haches, de toutes armes sous leurs mains ? Comment ont-ils pu massacrer leurs voisins juifs, croisés tous les jours pendant des années ? Terrorisante quête pour Eugenia que d'essayer d'obtenir des réponses d'un peuple et d'une famille qui joueront ensuite la carte du déni, de comprendre l'origine du Mal. Un pogrom, quel pogrom ? La figure de Malaparte est extraordinaire tout en ambiguïté. Une envie de hurler ne m'a pas quitté, je dois dire, que ce soit face à l'immobilisme du romancier et dramaturge Mihail Sebastian, incapable de s'imaginer ailleurs qu'en Roumanie, restant là donc comme une chèvre à son piquet, de l'ignominie de cette époque, du nazisme, mais surtout parce que certains symptômes annonçant la catastrophe me sont apparus très actuels. L'auteur dresse le portrait de la Roumanie, de personnages célèbres de ces années de chaos, et avant tout de Mihail Sebastian, en tissant une toile faite de ses mots et d'extraits des romans et pièces de théâtre de l'écrivain. Au commencement, nous sommes le 29 mai 1945, la veille Mihail est mort renversé par un camion. Eugenia apprend la nouvelle par son frère. Doucement, grâce à ses souvenirs et le journal de son amant, elle va retracer pour nous tout le chemin parcouru ces dernières années, afin que jamais on n'oublie. On découvre ainsi une femme étonnante, capable d'aller au bout de ses propres limites, de sa propre morale, de sa propre violence, avant de trouver une forme de rédemption. La Roumanie va payer très cher son allégeance à Hitler, la fin du conflit marquera le début d'un effroyable cauchemar. Un livre vibrant, puissant, essentiel quant à la narration de l'intérieur, de ce qui se passa en Roumanie avant et pendant la guerre. Une alerte à ne pas négliger, surtout pas. Une voix qui s'élève à nouveau à travers les années, puisqu'il semble que nous ne comprenions pas. À toutes les victimes, aux justes ! Quatrième de couverture À la fin des années trente, parce qu'elle est tombée sous le charme d'un romancier d'origine juive, Eugenia, une jeune et brillante étudiante roumaine, prend soudain conscience de la vague de haine antisémite qui se répand dans son pays. Peu à peu, la société entière semble frappée par cette gangrène morale, y compris certains membres de sa propre famille. Comment résister, lutter, témoigner, quand tout le monde autour de soi semble hypnotisé par la tentation de la barbarie ? Avec pour toile de fond l'ascension du fascisme européen, ce roman foisonnant revient sur un épisode méconnu de la Seconde Guerre mondiale, l'effroyable pogrom de Jassy. Portrait d'une femme libre, animée par le besoin insatiable de comprendre l'origine du mal, ce livre est aussi une mise en garde contre le retour des heures les plus sombres de l'Histoire Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Au cœur de la folie
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Au cœur de la folie Luca D'Andrea Denoël 2018 442 pages traduites par Anaïs Bouteille- Bokobza Thriller Chronique 19 avril 2019 Collection Sueurs froides. « Lissy, ma douce, ma petite Lissy. » Entre « Hansel et Gretel » des frères Grimm et le livre de l'Apocalypse, un thriller envoûtant, extraordinaire... impossible de ne pas le lire d'une traite alors même que la peur grandit de page en page, nous laissant dans un décor très particulier, le Haut-Adige à la frontière italo-autrichienne, dans les montagnes inhospitalières, entourés de glace, de neige, de sang, de charognes... Une région où planent encore les âmes de toutes les victimes du nazisme, et de certains bourreaux. Une zone tampon hors limite. Luca D'Andrea, comme dans son premier opus, le magistral " L'essence du mal", flirte à nouveau avec le fantastique, le surnaturel, la folie, préférant suggérer l'horreur bien plus effrayante ainsi, que le trash inutile. Un roman grinçant, non dénué d'ironie, d'humour très noir, entre huis clos dans un maso à plus de 2000 mètres d'altitude et une traque lancée par la mafia appelée ici le Consortium. Les chapitres sont aisés à lire car courts, fluides, faisant partie d'une construction générale très réfléchie, favorisant le suspense, la terreur, avant une fin terrible et un épilogue non moins étonnant. Je suis scotchée, je sais que je viens de lire un texte exceptionnel, novateur, campant des personnages fascinants, d'une rare noirceur pour certains, et en même temps très proches, pour lesquels on pourrait ressentir de la pitié, de la peine... Histoire de damnation, de miséricorde, de deuxième chance. Un grand moment littéraire ! Quatrième de couverture Italie, hiver 1974. À bord d'une Mercedes crème, Marlene fuit à travers le Sud-Tyrol. Elle laisse derrière elle son mari, Herr Wegener, et emporte les saphirs qui lui avaient été confiés par la puissante mafia locale. Alors que, devenu fou, il retourne la région pour la retrouver, Marlene prend un mauvais virage et perd connaissance dans l'accident. Simon Keller, un Bau'r, un homme des montagnes, la recueille et la soigne. Marlene se remet petit à petit dans un chalet isolé, hors de portée de poursuivants pourtant infatigables, et fait un jour la connaissance de Lissy, le grand amour de Simon Keller." Si vous aimez les contes ténébreux border line, n'hésitez pas ! Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Les bottes suédoises
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Les bottes suédoises Henning Mankell Seuil 2016 363 pages traduites par Anne Gibson Divers Chronique 18 décembre 2019 Suite des « Chaussures italiennes ». Je vous signale que Marc-Henri Boisse a également enregistré ce roman pour Sixtrid en 2016 pendant 9 heures 30 environ. Postface : Certains lecteurs croiront peut-être identifier un certain nombre d'îlots, bras de mer, rochers, écueils et personnages du présent récit. Pourtant, aucun archipel au monde ne correspond à la carte géographique et humaine que j'ai dessinée dans ces pages. Je pense souvent, quand j'écris, à l'élévation du niveau de la mer, qui se poursuit progressivement, bien que nous puissions l'appréhender par nos sens. Un rivage est chose indéterminée, fluctuante, mobile. Il en va de même pour la fiction. Un récit entretient parfois, de loin en loin, une ressemblance avec la réalité. Cela n'annule pas la différence entre ce qui s'est produit et ce qui aurait pu se produire. Il doit en être ainsi. Puisque la vérité est à jamais provisoire et changeante." Texte bouleversant lorsque l'on sait que c'est le dernier de l'auteur et que, quoiqu'il affirme dans ces ultimes lignes, le personnage principal de Fredrik Welin apparaît en quelque sorte comme son double. Ses interrogations, ses peurs, ses réflexions face à la mort, le corps qui vous lâche, le désir de vivre encore une histoire d'amour ou de sexe, la culpabilité face à ses propres limites ou erreurs passées, la conscience que l'on vit la dernière ligne droite avant le grand plongeon qui devrait être libératoire. Il y a beaucoup de similitudes avec les romans désespérés, et pour moi désespérants de Philip Roth, sauf qu'avec Henning Mankell, tout en étant sans concession et ironique, la poésie s'invite également à chaque page. Les deux écrivains aiment l'un son îlot, la nature suédoise, l'autre Newark, les deux sont des contemplatifs et des hommes courageux regardant en face leur être diminué par la vieillesse. Dans « Les Bottes suédoises », que nous allons attendre pendant de long mois, Henning Mankell rajoute une note de thriller sombre, car enfin qui est le pyromane ayant mis le feu à la maison de Fredrik Welin, puis bientôt à d'autres dans l'archipel ? Cette catastrophe va obliger notre héros malgré lui à se bouger, à s'interroger sur la façon dont il souhaite finir cette vie imparfaite mais précieuse. Sa fille Louise va refaire son entrée magistralement, l'obligeant à sortir de sa zone de confort, à repousser ses limites. Le dernier tournant d'une existence bien remplie.... Une fin imprévisible nous déstabilisant. Un très beau texte magnifiquement écrit doux-amer puis lumineux.... Une sortie de scène élégante pour Henning Mankell. Quatrième de couverture Fredrik Welin, médecin à la retraite, vit reclus sur son île de la Baltique. Une nuit, une lumière aveuglante le tire du sommeil. Au matin, la maison héritée de ses grands parents n'est plus qu'une ruine fumante. Réfugié dans la vieille caravane de son jardin, il s'interroge : à soixante-dix ans, seul, dépossédé de tout, a-t-il encore une raison de vivre ? Mais c'est compter sans les révélations de sa fille Louise et, surtout, sans l'apparition d'une femme, Lisa Modin, journaliste de la presse locale. Tandis que l'hiver prend possession de l'archipel, tout va basculer de façon insensible jusqu'à l'inimaginable dénouement. Après l'immense succès des Chaussures italiennes, auquel il fait suite, Les Bottes suédoises brosse le portrait en clair-obscur d'un homme tenaillé par le doute, le regret, la peur face à l'ombre grandissante de la mort - mais aussi la soif d'amour et le désir -, d'un être amené par les circonstances à revisiter son destin et à reprendre goût à la vie. Tél est l'ultime roman de Henning Mankell ; une œuvre d'une sobriété élégiaque et poignante, traversée et portée par la beauté crépusculaire des paysages. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Moi, ce que j'aime, c'est les monstres
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Moi, ce que j'aime, c'est les monstres Emil Ferris Monsieur Toussaint Louverture 2018 416 pages Roman Graphique Chronique 23 novembre 2019 Titre original « My favorite thing is monsters, volume 1 », traduction de Jean-Charles Khalifa, lettré par Amandine Boucher, retouché par Jimmy Boukhalfa de Labogravure.... Et édité par Dominique Bordes, assisté de Claudine Agostini, Sylvie Dossou, Lucile Foucher, Xavier Gélard, Dominique Hérody, Emmanuel Justo, Romain Parrat, Jean-François Sazy, Hugues Skene et Antoine Tanguay. Retour sur Eva Impressions littéraires : « Cette œuvre magnifique mesure 204 MM. De large sur 267 de haut et compte 416 pages. Elle est le résultat d'une expérience de laboratoire composée de 42% de mystère, 18% de fiction historique, 6% de critique sociale mordante, 10% d'humour et de 3% de thriller surnaturel. Elle est aussi faite de nombreux cœurs qui battent et battent encore, de milliers de crocs prêts à mordre, de puissantes sensations souterraines et d'un appétit féroce pour la vie. » Emil Ferris nous dit : « Nous recevons du vaste monde tout au long de notre existence, et de la lumière dans laquelle nous avons baigné est tout ce que nous avons pour créer notre lumière intérieure. » Avant de rédiger mon avis sur l'oeuvre extraordinaire de Emil Ferris, je fais une OLA d'honneur à la maison d'édition Monsieur Toussaint Louverture, à toutes les personnes passionnées et hautement investies qui ont permis que cette merveille paraisse sous nos yeux écarquillés..c'est dit, raison pour laquelle j'ai recopié tous les noms trouvés en fin d'ouvrage. Un éditeur exceptionnel pour une auteure, dessinatrice unique, à part, fantastique. Je pourrais vous recopier la troisième de couverture vous retraçant le parcours incroyable de cette artiste, mais non, à vous d'ouvrir ce roman graphique hommage à Maurice Sendak, dessiné au stylo bille, parfois colorié.... Le trait est énergique, je dirais même énergétique, magique en tous cas.... Si ce livre est le symbole de la guérison fabuleuse de Emil Ferris, je vous le répète à vous de lire sa biographie, il est aussi celui de la pureté gagnant la bataille contre l'obscurité. Les thèmes abordés dans ce scénario, situé dans les années 60 principalement, avec des flashbacks entre 1920 et 1944, entre Chicago et l'Allemagne, sont d'une violence inouïe, d'une gravité extrême... Cependant, comme l'héroïne est une enfant à l'imagination débridée, imperméable à la laideur, se mouvant dans son monde fait de magie, de surnaturel, d'amour infini, de bonté, de pureté, de bienveillance, comme cette gamine s'imaginant elle-même sous les traits du monstre échappé du livre de Maurice Sendak, aimant également tous les autres monstres, ne craignant en rien leur monstruosité, leur défaillances, leurs imperfections humaines, alors grâce à cette guide, cette narratrice, tout passe, tout nous émeut, tout nous émerveille et fait écho en nous. Roman historique, policier, sociétal, familial, politique, poétique, unique, à prendre, laisser, reprendre indéfiniment pour le plaisir des yeux et pour régénérer le cœur... Une petite fille, Karen, double de Emil, déjà tellement différente, qui mettra toute son intelligence et son courage à découvrir la vérité sur la mort de sa voisine Anka Silverberg au destin si cahotique, sur sa famille ; ainsi elle parcoura un chemin initiatique vers l'acceptation d'elle-même Je n'ai pas tout compris à la fin concernant les secrets de famille... Donc je le relirai plus tard. Je vous conseille de tout regarder, tout lire, tout détailler car tout est important.... Magistral... somptueux livre magique et grave... Un magnifique sourire teinté de nostalgie et de tendresse.... Quatrième de couverture Journal intime d'une artiste prodige, Moi, ce que j'aime, c'est les monstres est un kaléidoscope brillant d'énergie et d'émotions, l'histoire magnifiquement contée d'une fascinante enfant au cœur de Chicago en ébullition des années 1960. Dans cette œuvre magistrale, tout à la fois enquête, drame familial et témoignage historique, Emil Ferris tisse un lien infiniment personnel entre un expressionnisme féroce, les hachures d'un Crumb et l'univers de Maurice Sendak. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- La révolte
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires La révolte Clara Dupont-Monod Audiolib 16 janvier 2019 5 h 43 Historique Chronique 30 mai 2019 Lu par Grégori Baquet dans son intégralité et avec la participation de Clara Dupont-Monod, suivi d'un entretien avec l'auteure. Dans ses notes et lors de l'entretien postérieur à cet enregistrement, Clara Dupont-Monod précise qu'elle n'est pas historienne mais journaliste... Cependant son amour du passé et en particulier pour le Moyen Âge et le vieux français qu'elle aurait souhaité enseigner, donne à cette romancière le souci de l'exactitude, de la rigueur, tout en prenant quelques libertés d'écrivain. Elle réussit avec justesse, tact, dans une analyse presque psychiatrique des personnages, très troublante de véracité, à faire revivre Aliénor d'Aquitaine, son fils Richard Cœur de Lion et tous les autres, à leur redonner couleurs, souffles, épaisseur, voix. C'est à partir d'un épisode exceptionnel et incroyable de l'histoire d'Angleterre et de la France, que la romancière bâtit toute cette histoire qui nous est contée par Richard, quelques fois interrompu par Aliénor, Henri Plantagenêt, Adèle fille de Louis VII, promise du jeune homme. Avant tout, au centre de tout, nous avons un couple Aliénor/ Richard, un tandem, où la mère est prépondérante. Une figure féminine à peine envisageable aujourd'hui, alors imaginez au XII ème siècle, revendiquant sa liberté, son royaumes, ses Terres. Se permettant de mettre fin à son premier mariage avec le bien fade Louis VII, pour raison de consanguinité, plus sérieusement pour incompatibilité d'humeur entre le feu et l'eau, et ensuite d'aller choisir Henri Plantagenêt, futur roi Henri II d'Angleterre de dix ans son cadet, pour de nouvelles épousailles. Les deux premières années se passent bien, le couple s'aime et d'ailleurs huit enfants vont naître de ces deux êtres si semblables. Peut-être est-ce là que le bât blesse ? La duchesse d'Aquitaine et reine va donc lentement se réveiller, commencer à comprendre que son mari ne veut pas forcément son bien. Le décès de leur aîné Guillaume à trois ans, les maîtresses sans discrétion, et surtout le désir de Henri d'annexer l'Aquitaine à son royaume, vont mettre le feu aux poudres, et l'impensable va avoir lieu : une révolte fomentée par Aliénor avec ses trois fils Henri, Geoffrey et Richard contre le roi, son époux, pour le destituer. Le Plantagenêt, sidéré, va donc devoir se battre contre les siens.... C'est cette guerre familiale, les complots, les trahisons, les accords secrets, les conséquences de cette révolte sur son propre règne jusqu'à sa mort que Richard va nous raconter. Mais plus que tout, c'est cette relation fusionnelle, étouffante, exceptionnelle, entre une femme inclassable, surpuissante et son fils aimant, souffrant, incapable de vivre sa propre existence d'homme hors de ce lien parental, qui est étudiée. Un enfant, un adulte qui adule cette mère dont il ignore si elle l'aime vraiment.... De l'Angleterre, à la France, à l'Italie, à la Sicile jusqu'en Orient lors de la croisade contre Saladin, nous les suivons par les villes, les places fortes, les campagnes, les châteaux, les champs de bataille.... Du sang des soldats, des victimes, du sang bleu d'une lignée, de la fureur, de la passion, de l'insoumission, du désespoir, de l'amour par dessus tout.... Un magnifique texte épique et bouleversant parfaitement servi par Grégori Baquet et pour la voix d'Aliénor, l'auteure. Quatrième de couverture Sa robe caresse le sol. À cet instant, nous sommes comme les pierres des voûtes, immobiles et sans souffle. Mais ce qui raidit mes frères, ce n'est pas l'indifférence, car ils sont habitués à ne pas être regardés ; ni non plus la solennité de l'entretien - tout ce qui touche à Aliénor est solennel. Non, ce qui nous fige à cet instant-là, c'est sa voix. Car c'est d'une voix douce, pleine de menaces, que ma mère ordonne d'aller renverser notre père. Cette œuvre, pétrie de poésie et de cruauté, nous place au centre d'un lien entre une mère et son fils préféré, deux êtres nourris de littérature, d'amour muet, d'honneur et de violence. Le Moyen Âge si proche de nous, sans folklore mais à portée de cœur : moderne et énergisant. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Sorcières - La puissance invaincue des femmes
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Sorcières - La puissance invaincue des femmes Mona Chollet Zones 2018 229 pages Essai Chronique 30 janvier 2019 « Inutile d'adhérer à WITCH, Si vous êtes une femme et que vous osez regarder à l'intérieur de vous-même, alors vous êtes une sorcière. » Manifeste WITCH (Women's International Terrorist Conspiracy from Hell), New-York, 1968. Alors je suis certainement une sorcière ! Je pensais à tort que les bûchers étaient éteints, que nous étions au XIX ème siècle et que le recours au mot de sorcières pour qualifier les femmes indépendantes, instruites, célibataires, libres de penser et de débattre, de procréer ou non, de subvenir seules à leurs besoins, de choisir leurs partenaires sexuels, était passé de mode. Et là stupéfaite, je constate le retour à la Renaissance après un Moyen-Âge éclairé : lors des dernières élections présidentielles pour Hillary Clinton, voilà l'émergence de nouvelles insultes et courants de pensée nauséabonds recréés de toutes pièces par des hommes évidemment ayant peur de perdre leurs pseudo virilité supérieure et, plus grave, par des " femelles" rêvant encore de passer de la tutelle de leur père ou famille à celle de leur mari, totalement dépendantes financièrement, sans réelle formation, ayant pondu plusieurs héritiers du nom paternel puisqu'elles ne sont qu'un ventre à qui on demande seulement d'être le faire- valoir de leur seigneur et maître, de créer et entretenir un foyer douillet pour toute la nichée et surtout de ne pas remettre en cause une hiérarchie immuable, intouchable. Caricatural ? Si seulement ! J'ai passé six ans d'enfer à cause d'une de ces femmes au foyer, sans aucune instruction secondaire, (quelques fois elles sont diplômées mais se sont volontairement mises au service de leurs conjoints, sans penser aux lendemains qui déchantent), cette appelons-la "Odile", pleine de rancoeur sitôt ses quarante ans sonnés, contre son mari, qu'elle émascule régulièrement auprès de ses amies, contre ses trois enfants pour lesquels elle dit s'être sacrifiée, justifiant pendant vingt ans sa débine face aux réalités de la société, victime de tous, elle bien sûr innocente de la moindre erreur de jugement, qui face à une femme de son âge, célibataire, sans enfant par choix, surdiplômée, reconnue de ses pairs, lauréate de concours internationaux, polyglotte et cosmopolite, curieuse, indépendante financièrement et moralement, libre de choisir un compagnon, un avenir, de créer, de chanter, d'être visible et applaudie par un public conscient du travail et de l'abnégation qu'il a fallu pour arriver à un tel niveau d'excellence, oui face à ça, Odile étouffe de haine meurtrière, fomente un harcèlement moral aidée de spécimens de son acabit, de son eunuque d'époux. Cela s'est terminé à la police avec quatre heures d'audition pour chaque harceleur et un procès gagné en janvier 2018. Reste une vie à reconstruire et la connaissance approfondie que certaines femmes sont des ennemies à la cause féminine, même si elles achètent « Causette » dès sa sortie en kiosque, histoire de faire croire que.... Pour une « femelle » qui a décidé d'être enfermée dans un rôle passéiste par fainéantise, par incapacité intellectuelle ou autre, la vue d'une telle Femme est une insulte, une gifle, elle doit la faire disparaitre, l'anéantir. Même si elles ont un travail en plus de toutes leurs tâches de mère et épouse au foyer, celui-ci doit répondre aux critères de féminité acceptables. Journaliste dans des magazines féminins propageant l'image de la pute ou de la mère, entre les deux pas grand chose, incitant les femmes à procréer car voyons, nous sommes des utérus et des ventres sur pattes avant toute autre chose. Dans le cas d'Odile, femme de ménage dans l'immeuble même de sa famille, grâce à la pitié condescendante des siens. Même des intellectuelles sont incapables dans leurs écrits ou leurs déclarations d'imaginer une féminité différente sans obligatoirement cocher les cases du fameux tableau qu'on nous a imposé à notre naissance. Donc je suis une sorcière heureusement pas résidente dans certains régions d'Afrique, d'Inde, où là nos sœurs risquent le bûcher, d'être passées à l'acide, d'être lapidées. Non, je suis en Europe où des femmes meurent tous les jours sous les coups de leurs conjoints. Les bûchers ont simplement été remplacés, le mot" sorcière" réactualisé. Complètement fou. Un autre point est très justement soulevé : nous devons également nous méfier de nous-mêmes, de notre syndrome de Pavlov à répondre à certains stimuli par un comportement d'obéissance à des valeurs paternalistes. Cela demande une vigilance de tous les instants. Oui, ce livre est rude, sans concession, honnête, complet sur la condition féminine d'hier et d'aujourd'hui, sans complaisance pour les autres ni pour nous-mêmes. Un texte remarquable, compact, très détaillé et construit. Respirez, plongez.... ! Que de chemin nous avons encore à parcourir tous ensemble ! Quatrième de couverture Tremblez, les sorcières reviennent ! disait un slogan féministe des années 1970. Image repoussoir, représentation misogyne héritée des procès et des bûchers des grandes chasses de la Renaissance, la sorcière peut pourtant, affirme Mona Chollet, servir pour les femmes d'aujourd'hui de figure d'une puissance positive, affranchie de toutes les dominations. Qu'elles vendent des grimoires sur Etsy, postent des photos de leur autel orné de cristaux sur Instagram ou se rassemblent pour jeter des sorts à Donald Trump, les sorcières sont partout. Davantage encore que leurs aînées des années 1970, les féministes actuelles semblent hantées par cette figure. La sorcière est à la fois la victime absolue, celle pour qui on réclame justice, et la rebelle obstinée, insaisissable. Mais qui étaient au juste celles qui, dans l'Europe de la Renaissance, ont été accusées de sorcellerie ? Quels types de femme ces siècles de terreur ont-ils censurés, éliminés, réprimés ? Ce livre en explore trois et examine ce qu'il en reste aujourd'hui, dans nos préjugés et nos représentations : la femme indépendante - puisque les veuves et les célibataires furent particulièrement visées ; la femme sans enfant - puisque l'époque des chasses a marqué la fin de la tolérance pour celles qui prétendaient contrôler leur fécondité ; et la femme âgée - devenue, et restée depuis, un objet d'horreur. Enfin, il sera question aussi de la vision du monde que la traque des sorcières a servi à promouvoir, du rapport guerrier qui s'est développé alors tant à l'égard des femmes que de la nature ; une double malédiction qui reste à lever. 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- Le maître des esprits
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Le maître des esprits Robert De Laroche Editions du 81 2020 Policier Historique Chronique 30 juillet 2020 Collection Romans noirs historiques. Illustration de la couverture : Giovanni Domenico Tiepolo, Le départ de la Gondola, 1760. Une cité entre ciel et eau où le reflet des êtres et des choses dans l'onde deviennent réalité pour tous ceux qui souhaitent se réfugier de l'autre côté du miroir où règnent les esprits des quatre éléments : gnomes, salamandres, ondines et sylphes. Les âmes tourmentées et crédules sont nombreuses en la Sérénissime, tous ceux qui veulent croire en la magie et le surnaturel. Le quotidien n'est que terreur et difficulté, le sol tremble et tous les Vénitiens sont terrorisés. L'Acqua Alta menace de recouvrir la ville et ses habitants... les morts surgissent de leurs tombeaux, tout n'est que peur, boue, lourdeur de l'existence. Alors, comme dans toute l'Europe, en cet automne 1741, on se tourne vers le surnaturel, on tente de comprendre la colère de cette terre, de ces eaux... Le terrain est propice aux charlatans, faux mages, aux adeptes de l'alchimie rêvant d'or et de vie éternelle. Un temps encore dans l'obscurité des superstitions et des croyances folles se dirigeant vers un Siècle des Lumières. Mais Venise est aussi une cité éternelle, intemporelle, un reflet du paradis, étincelante, miroitante où il fait bon vivre, faire la fête, manger, écouter de la musique, aller au théâtre, à l'opéra, débattre, créer, se travestir. L'auteur est amoureux de cette cité et réussit à nous faire partager sa passion au-delà des mots. Nous y sommes transportés soudain... nous faisons alors partie intégrante de ce peuple, sur les marchés, dans les palais, les jardins, sur les places, au sein des alcôves et même derrière des murs où nous attendent des mystères... Tous nos sens sont en éveil, le plaisir est gustatif, sonore, visuel... L'écho de cette ville frémissante de vie nous ensorcelle. La plume est belle, précise, le texte est magnifique, ciselé, de l'artisanat d'art... La joie de suivre la seconde enquête de Flavio Foscarini se double du plaisir d'apprendre mille et un détails des us et coutumes de cette société vénitienne, la grande Histoire se mêlant au destin d'inconnus. Ainsi renaissent des personnages célèbres en leur temps se joignant aux acteurs fictifs imaginés par Robert de Laroche. J'ai énormément aimé ce roman noir historique, découvrant, avec un guide exceptionnel, une cité que je n'ai que traversée brièvement. Les termes italiens spécifiques à Venise épicent le texte et le rendent authentique, lui donne une musique et un rythme particuliers. Nous sommes à un moment charnière de l'histoire entre le monde des superstitions et celui des sciences, des Lumières. Venise est un personnage à part entière, vivant, palpitant qui impose sa loi. Deux affaires vont se dérouler simultanément : - L'une cachée derrière le mur d'une chambre d'un palais va devoir être résolue au plus vite par Flavio Foscarini pour sauver la santé mentale de la maîtresse de maison. - L'autre se présente sous la forme d'une femme de la noblesse française, Madame d'Urfé, piquée d'alchimie et de cabale, bientôt suivie d'une ombre dangereuse qui entraînera la cité dans les ténèbres et la mort. Je vous laisse découvrir la quatrième de couverture copiée ci-dessous. Un texte tour à tour lyrique, dramatique, terrifiant, enlevé, poétique, vif, truculent, joyeux. Un très beau voyage que ce thriller vénitien. Un travail soigné également des Éditions du 81, tant sur le texte que la mise en page. Quatrième de couverture Venise, automne 1741. À quelques semaines de la fête de la Salute, la terre se met à trembler, les flots envahissent la Piazza San Marco, des incendies éclatent et un cimetière s’effondre, libérant en pleine rue, monceaux de boue et squelettes. Une atmosphère de fin du monde s’installe dans la cité des doges. C’est à ce moment qu’arrive à Venise une noble dame française, Madame d’Urfé, alchimiste et cabaliste. Elle fait venir de Prague un certain mage qui affirme pouvoir sauver la Sérénissime grâce à l’aide des esprits élémentaires. Mais qui sont vraiment ces deux personnages ? Flavio Foscarini, un nobiluomo curieux de nature, s’interroge sur leurs intentions et décide d’enquêter, aidé par son épouse levantine, Assin, et son ami l’écrivain Gasparo Gozzi, tandis que les événements les plus dramatiques se succèdent dans une Venise en proie à la peur, aux superstitions et aux morts mystérieuses. Après le succès de La vestale de Venise, le lecteur retrouvera le trio d’enquêteurs dans ce deuxième thriller historique qui tiendra en haleine et passionnera les amoureux de la Sérénissime en pleine glorieuse décadence. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Tant que dure ta colère
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Tant que dure ta colère Asa Larsson Albin Michel 31 août 2016 336 pages traduites par Rémi Cassaigne Thriller polar Chronique 2 mars 2017 Imaginez vous au bord d'un lac gelé d'une beauté presque insupportable. Le soleil brille sur la glace lisse....« Un bijou d'argent au Cœur de la forêt ». Imaginez les sapins et les fins bouleaux « noueux, hirsutes, et courbés comme de vieilles Laponnes, des bouleaux qui guettent le printemps à la lisière de la forêt ». Regardez les rennes, les ours, cherchez les lichens et les buissons de myrtilles. Caressez le pelage doux des chiens. Ecoutez le murmure des ruisseaux, les rivières tumultueuses, le feu crépiter, buvez un café noir, regardez la neige, les flocons lourds, les tempêtes brutales d'avril, à travers la fenêtre d'un chalet ; mais surtout restez ouverts à la voix de Wilma une ombre, un fantôme, entourée de corbeaux à la "robe de plumes moirée au soleil comme un arc-en-ciel" tournant à la cime des arbres ; ils l'accompagnent, gardiens des morts facilitant le passage lors de son dernier vol. Elle vient murmurer à l'oreille de la procureure Rebecka Martinsson, de Anni son arrière grand-mère, de Anna-Maria Mella enquêtrice, de tous les acteurs du drame qui s'est joué lorsque le cadavre de la jeune fille remonte à la surface du lac Vittangijarvi. Un récit prenant racine en 1943 lors de la seconde guerre mondiale. Qui a intérêt à ce que les secrets d'hier restent noyés sous la surface de l'eau?. L'authenticité des livres nordiques entre légendes, pouvoir de la nature, et relations humaines sans maniérisme, n'est plus à prouver. Un beau texte, une histoire remarquable, des personnages vivants ou morts parfaitement dessinés, c'est encore une réussite de l'auteure suédoise Asa Larsson. Entendez-vous la voix s'élever dans un chant d'espoir « comme une magnifique source divine, riche et puissante, profonde et vaste, sont l'amour, la grâce et la vérité dans le Coeur de Jésus...... »? Quatrième de couverture Au nord de la Suède, à la fonte des glaces, le cadavre d'une jeune fille remonte à la surface du lac de Vittangijärvi. Est-ce son fantôme qui trouble les nuits de la procureure Rebecka Martinsson ? Alors que l'enquête réveille d'anciennes rumeurs sur la mystérieuse disparition en 1943 d'un avion allemand dans la région de Kiruna, un tueur rôde, prêt à tout pour que la vérité reste enterrée sous un demi-siècle de neige... Après Le sang versé et La piste noire, Asa Larsson, nous entraine une fois encore dans une intrigue aussi complexe qu'envoûtante, où elle dissèque les recoins les plus obscurs de l'âme humaine. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Marx et la poupée
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Marx et la poupée Maryam Madjidi VDP Voir De Près 2017 408 pages Roman biographique Chronique 18 février 2019 Prix Goncourt du premier roman en 2017, « La patrie n'est qu'un campement dans le désert. » Proverbe tibétain. « La vie n'est pas une plaisanterie, Tu la prendras au sérieux, Mais au sérieux à tel point, Que les mains liées, par exemple, dos au mur, Ou dans un laboratoire en blouse blanche, Avec d'énormes lunettes, Tu mourras pour que vivent les hommes, Les hommes dont tu n'auras même pas vu le visage, Et tu mourras tout en sachant que rien n'est plus beau, que rien n'est plus vrai Que la vie. » Nazim Hikmet Histoire d'un exil vécu et raconté par la petite fille que fut et reste encore Maryam Madjidi ; heureusement cela nous permet ainsi de lire un très beau livre bouleversant, sans fanfreluche ou pathos inutiles, drôle par moment, tragique et insupportable aussi, certes directement lié à la situation désastreuse et terrible de l'Iran, qui pourtant par sa poésie, sa vérité absolue quant aux ressentis des exilés, quels qu'ils soient, est universel. Elle est bien courageuse Maryam, tenace, coriace, têtue et extrêmement intelligente. Une force inouïe l'aide à trouver, instinctivement et aussi après une sérieuse cogitation comme les enfants peuvent en avoir, des solutions, des moyens de résilience, de résistance. Tout lui est imposé, injustement : déjà dans le ventre de sa mère, étudiante en médecine, communiste militante, celle-ci piégée dans la fac menacée par des milices, saute par la fenêtre au mépris de sa grossesse de sept mois. Ça ne va pas non ! Et moi ? Déjà elle pense que sa maman a préféré la cause à elle. Premier sentiment d'abandon in utero. Heureusement la grand mère, figure matriarcale incontournable, aimante, rassurante, aux ongles à la manucure parfaite, ( détail gravé dans la mémoire de la fillette), va remettre de l'ordre dans toute cette folie, et elle n'a pas fini... Comment ? Vous mettez des tracts communistes dans les couches de la petites pour les transporter au nez des autorités ? Comment vous partagez votre enfant, inconsciente du danger, avec d'autres militants inconnus ? Le père banquier est licencié et se tourne vers des petits jobs manuels au noir, mais l'étau se resserre. Fini les poupées, les contes, les copines, les bras de grand mère, les oncles affectueux, le jardin, les bons petits plats iraniens savoureux, liens éternels à l'enfance, fini de parler le persan, fini d'être persane.... Ah oui ! Vraiment ? Arrivée à Paris 18e avec maman, sept mois après papa parti en éclaireur. Immeuble cossu, tapis moelleux rouge dans l'escalier...mais jusqu'au quatrième étage seulement....ensuite le domaine des pauvres commence : sixième étage, un studio sans sanitaire, WC sur le palier. Le coeur des deux exilées dégringole dans leur poitrine. C'est ça la France, liberté égalité fraternité au fronton de toutes les mairies, ce cagibi à trois, cette nourriture dégoûtante, beurk des croissants au petit déjeuner, où sont le pain iranien et la feta ? Ça commence mal ! La candeur et l'analyse très pragmatique de Maryam sur ce qui l'entoure à l'école, dans les parcs, à la cantine, la tristesse de l'éloignement des siens, le manque de sa grand mère qui lui apparaît tout au long de sa vie pour l'encourager à être brave, la mélancolie et les difficultés matériels, l'ignorance de la langue, font de cet exil politique, obligatoire, forcé, un cauchemar, une douleur. La France terre de liberté de penser, d'être une personne moderne et indépendante, impose à l'époque aux enfants émigrés dans les classes CLIN, à prononcer Clean, une intégration effaceuse de mémoire, de culture, de traditions étrangères. Bravo ! Devant tant d'injustices, Maryam traumatisée et seule, décide de ne plus parler, jouer et manger. Elle pose son regard noir acéré sur tout ce qui la cerne, elle se noie dans son chagrin.... Ensuite nous la suivons dans l'enfance et plus tard, jeune femme, dans toutes ses pérégrinations mentales et géographiques ; nous la voyons après la première naissance revenir à la vie par deux fois.... Comment peut on être persane ? Comment être une exilée ? Comment vivre tiraillée entre l'Iran et la France, entre le persan et le français ? Comment être un individu à part entière, dans son essence pur ? Où se situe son point d'équilibre, son noyau ? Comment enfin accepter ce qui nous fut imposé, la déchirure de l'absence d'un pays, des êtres chers, sans plus de colère, de haine, de désespoir ? Tout nous est raconté, dans une chronologie qui semble aléatoire mais qui ne l'est pas. Livre biographique et romancé, entre réalité et onirisme... « Il ne faut pas être moi, mais il faut encore être nous. La cité donne le sentiment d'être chez soi. Prendre le sentiment d'être chez soi dans l'exil. Être enraciné dans l'absence de lieu. Se déraciner socialement et végétativement. S'exiler de toute patrie terrestre. » Simone Weil - La pesanteur et la glace. Quatrième de couverture Depuis le ventre de sa mère, Maryam vit de front les premières heures de la révolution iranienne. Six ans plus tard, elle rejoint avec sa mère son père en exil à Paris. À travers les souvenirs de ses premières années, Maryam raconte l’abandon du pays, l’éloignement de sa famille, la perte de ses jouets – donnés aux enfants de Téhéran sous l’injonction de ses parents communistes -, l’effacement progressif du persan au profit du français qu’elle va tour à tour rejeter, puis adopter frénétiquement, au point de laisser enterrée de longues années sa langue natale. Dans ce récit qui peut être lu comme une fable autant que comme un journal, Maryam Madjidi raconte avec humour et tendresse les racines comme fardeau, rempart, moyen de socialisation, et même arme de séduction massive. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Ca ne coûte rien de demander
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Ca ne coûte rien de demander Sara Lövestam Robert Laffont La Bête Noire 2018 380 pages traduites par Esther Sermage Polar Chronique 21 octobre 2018 Le premier volet de cette tétralogie sous le titre « Chacun sa vérité » a reçu le prix de l'Académie suédoise des auteurs de polars 2015 et le Grand Prix de la littérature policière 2017. « Née en 1980, considérée comme l'une des nouvelles voix littéraires suédoises, Sara Lovestam est l'auteur de trois romans parus aux éditions Actes Sud : Différente (2013), Dans les eaux profondes (2015) et en route vers toi (2016). Grâce à des personnages souvent en marge ou en quête d'identité, elle réussit à mettre subtilement en lumière les enjeux actuels de notre société, et amène ses lecteurs à questionner l'ordre établi. « J'ajoute car cela est tout de même central dans ce policier, que Sara Lovestam est très engagée dans la cause LGBT, et prête sa voix et sa notoriété à la lutte contre l'exclusion et l'homophobie. Donc certes ce livre décrit la société suédoise mais s'attache aussi à mettre en scène principalement des lesbiennes et un trans. Ne pas le mentionner me semble bien dommage d'autant plus que ces éléments sont centraux afin de comprendre les tenants et enjeux de ce récit. « Si la police ne peut rien pour vous, n'hésitez pas à faire appel à moi » Annonce de Kouplan, détective sans-papiers. Une sacrée trouvaille que ce héros borderline, à Stockholm, se cachant de la police sa demande d'asile de réfugié iranien en danger chez lui ayant été refusée. Ancien journaliste, il est au début de ce roman au bout du bout, rendu à récolter des canettes vides pour se faire quelques argent. Un jour, il entend alors qu'il fouille dans une poubelle du quartier chic de Lidingo la conversation téléphonique d'une femme, riche vraisemblablement et autoritaire, en rage de s'être faite arnaquée. Kouplan n'ayant rien à perdre, ose le coup de bluff et se présente à elle comme détective privé. Il lui propose ses services. D'abord méfiante et réticente, Jenny Svard, conseillère municipale ambitieuse, fuyant toute forme de mauvaise publicité, l'engage. Son amante depuis dix mois a disparu, lui escroquant au passage 200 000 couronnes. Je dois dire que j'ai trouvé le montage du scénario très intelligent et futé, la découverte de la vie des immigrés clandestins ou non en Suède frappante, l'analyse psychologique de chacun et particulièrement de Kouplan très fine et pertinente. Enquêter tout en devant se cacher des forces de l'ordre, et faire un travail considérable sur soi-même quant à sa propre vérité n'est certes pas commun. Tous dans ce roman mentent, présentent un certain visage, sauf un finalement notre héros touchant, honnête, en quête d'authenticité. Je suis en revanche déçue de la fin, j'attendais une conclusion plus « remarquable » à l'image de ce polar atypique tout du long. Je ne sais plus du coup si j'ai lu un policier ou un roman sociétal. Un peu des deux certainement, mais j'aurais souhaité un peu plus de frissons. C'est dommage, il aurait vraiment fallu un coup d'éclat pour couronner un livre par ailleurs brillant et passionnant sur bien des plans. Quatrième de couverture « Si la police ne peut rien pour vous, n’hésitez pas à faire appel à moi. » Kouplan, détective sans-papiers. Ça y est, l’autoproclamé « détective » Kouplan, immigré iranien à Stockholm, n’a plus un rond. Il en est réduit à collecter des cannettes vides pour les revendre contre quelques pièces. En fouillant dans les poubelles du quartier huppé de Lidingö, il croise le chemin de Jenny Svärd, conseillère municipale aux dents longues, dont il surprend la conversation : Jenny vient de se faire escroquer par son amante, qui a disparu dans la nature avec deux cent mille couronnes. Puisque ça ne coûte rien de demander, Kouplan saute sur l’occasion pour lui proposer ses services d’enquêteur… Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Le brouillard de l'aube
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Le brouillard de l'aube Christian Laborie De Borée Essentiels 11 novembre 2021 402 pages Historique Chronique 12 novembre 2021 « L'aube se lève à peine, C'est peut-être celle de l'espérance. » Geneviève de Gaulle-Anthonioz Roman dont la rédaction a été achevée en décembre 1997, déjà édité plusieurs fois, qui pourtant résonne particulièrement en ces temps de ténèbres et de discrimination ignominieuse. Quelle que soit la raison invoquée pour réduire une fraction de la population d'un État au statut de sous citoyens, de sous humains, (race, religion, santé, etc. etc.), les méthodes fascistes utilisées sont toujours les mêmes, appliquées dans un silence assourdissant d'une grande partie du peuple du pays concerné. Dès les premières pages, les premiers mots, j'ai été frappée par la triste actualité de ce roman historique débutant par la rafle du Vel' d'Hiv. Sitôt le calvaire traversé par les parents et la fratrie de l'héroïne décrit, la deuxième partie intitulée La Révélation commence par ces lignes : « Saint-Julien, Lozère, 1957. Après une courte période de profond désarroi, pendant laquelle le monde ressentit un véritable traumatisme, une terrifiante peur du futur, à la suite de la découverte de la barbarie nazie et de la prise de conscience du danger nucléaire, on se remit vite à espérer en un avenir meilleur. Partout on commença à rebâtir, à redresser les obélisques abattus, à faire disparaître les champs de ruines, à ériger de nouvelles chapelles. Peu à peu, les ruches humaines refirent le monde, un monde meilleur d'où il fallait expurger, pour l'avenir, toute idée de discrimination, toute doctrine totalitaire qui risquait encore d'enfermer l'homme dans un nouvel univers concentrationnaire. » L'humanité a-t-elle compris la leçon donnée par ces années d'horreur ? Malheureusement NON, et ce roman extraordinaire, édifiant, contenant en un seul ouvrage plusieurs thèmes essentiels traités généralement individuellement dans maints livres, est d'une densité, d'une richesse infinies, tout en nous présentant clairement les évènements. Utilisant le procédé du flashback avec art, l'auteur nous permet, dans une langue magnifique, élégante, quelques fois acérée, de découvrir, en même temps que notre héroïne Célia, le passé de sa famille, ses origines. Débute alors pour elle une longue quête de la vérité quant au destin de ses parents, de sa fratrie, mais aussi un parcours d'obstacles lui permettant finalement de se situer dans ce monde, de se définir en tant qu'individu. Ce roman de guerre et de paix intranquille, est aussi une très belle histoire d'amour à travers l'espace et le temps, amour filial, amour entre époux, amour pour son prochain jusqu'à mettre sa propre vie en danger. Nous mettons nos pas dans ceux de Célia, de Franz-Jacob, de tous les protagonistes de ce récit et, se faisant, sur près de cinquante ans en France, Allemagne, Pologne, Bolivie, Union soviétique... Des vérités sont enfin clairement énoncées, aucune victime n'est oubliée, les 20 millions de morts déportés par Staline par exemple souvent omis, seule la shoah étant longuement contée. L'auteur s'attache à rester impartial en tout, raconte les actes posés par les Justes pendant la guerre mais également après dans le cadre de la chasse aux nazis. J'avais très peur au départ de ce roman de ne pas être capable de supporter cette lecture tant ce que nous traversons aujourd'hui me terrifie, forte de toutes mes connaissances, de mes recherches et des témoignages récoltés directement auprès de survivants de cette époque crépusculaire tout aussi apeurés que moi par les derniers événements. Heureusement, dès la deuxième partie, le passage vers le personnage de Célia jeune fille adoptée ignorante de ses origines, permet de souffler. La bascule entre la guerre et les temps de paix est salvatrice et nous donne la possibilité de respirer. C'est un très beau roman où la lumière filtre en permanence à travers l'obscurité. Il sonne aujourd'hui comme un avertissement contre notre inaction, notre manque de vigilance, notre lâcheté, contre tous les régimes poussant à discriminer des êtres humains au mépris de leurs droits les plus élémentaires. Il lève également le voile sur le destin de milliers de déportés disparus dans le brouillard après la libération des camps, un brouillard qui aujourd'hui se lève enfin. N'oublions jamais, continuons notre travail de mémoire et soyons dignes de ceux qui ont oeuvré dans le passé pour le bien de l'humanité. Quatrième de couverture Célia a toujours su que le pasteur Henri Muller et sa femme Marie étaient ses parents adoptifs. Mais, à la faveur d'une dispute entre les deux époux, elle découvre un jour ses origines juives. Dès lors, sa vie prend un nouveau sens et sa quête d'identité la pousse à retrouver la trace de ses parents naturels. Aidée en cela par Vincent, un jeune pasteur stagiaire aux idées généreuses, elle dissipera petit à petit le brouillard qui recouvrait jusque-là son existence ... Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- La fin d'où nous partons
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires La fin d'où nous partons Megan Hunter Gallimard Du Monde Entier 2018 167 pages, traduites par Aurélie Tronchet Roman poétique Chronique 28 juillet 2018 « Ce que nous nommons le commencement est souvent la fin. Faire une fin c'est commencer. La fin est là d'où nous partons. » T. S. Eliot quatre quatuors Très particulier, entre poésie, haïku, une histoire en fragments, des passages en italique tels des extraits de l'ancien testament. Un grand cataclysme en sourdine, Londres sous l'eau peu à peu, une femme accouche d'un nouvel enfant quand l'ancien monde disparaît, noyé. Fuite dans la campagne, chez la grand mère paternelle G de l'enfant baptisé Z. Puis après disparition de l'aïeule, la femme et R reprennent la route avec leur fils. Arrivée à un camps de réfugiés, le compagnon R supporte un temps puis repart pour ne plus revenir. Que faire ? La narratrice et une réfugiée O poursuivent seules le chemin avec Z. Bateau, île. Une parenthèse. Attente que l'eau redescende, que les incendies cessent, que les hommes reviennent. Et pendant ce temps étiré, incertain, z grandit, on suit toutes les étapes normale de son évolution. Il est la seule certitude dans un monde d'inconnus. La Femme se réfugie en son enfant... Tout est suggéré, en filigrane, sentiments, émotions, et terreurs. Celles liées à la catastrophe presque atténuées par la découverte de l'état de mère. On est dans une bulle de sensualité, de toucher, d'odeurs. Ailleurs la civilisation est en danger, la Nature martyrisée, les peuples fuient. Mais Z grandit. Très, très particulier. À lire à haute voix tant les mots sont réinventés. Une grande innovation et originalité dans la forme, une mise en page soignée, un joli livre objet, une photo de couverture qui interroge, dans l'eau, très charnelle et féminine. Une narratrice, des initiales, un enfant espoir. Quatrième de couverture Une femme s’apprête à accoucher au moment où Londres est menacée par une inquiétante et mystérieuse montée des eaux. Elle et R, son mari, doivent fuir avec leur nouveau-né, qu’ils ont baptisé Z. R et la narratrice sont rapidement séparés. Cette dernière prend la mer avec Z et O, une autre femme poursuivant seule son chemin avec son tout jeune enfant. À l’abri sur une île, elles attendent. Que l'inondation et les incendies cessent, que leurs compagnons réapparaissent, que leur vie retrouve son ancien cours. Pendant ce temps, les premières dents de Z percent dans sa bouche espiègle et le lien de plus en plus profond qui le relie à sa mère devient très vite, parmi la confusion et l’incertitude environnantes, le havre le plus sûr. Megan Hunter excelle dans l’expression des sensations, des émotions et des angoisses liées à la découverte de la maternité. Au-delà de cette sphère intime, elle fait également écho aux questionnements actuels sur l’écologie, les migrations de populations et l’effondrement de notre civilisation. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Le pouvoir au féminin - Marie-Thérèse d'Autriche 1717-1780, l'impératrice reine
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Le pouvoir au féminin - Marie-Thérèse d'Autriche 1717-1780, l'impératrice reine Elisabeth Badinter Flammarion 2016 332 pages hors annexes et notes Biographie Chronique 2 décembre 2018 J'étais totalement persuadée que ce livre venait de sortir et je suis toute étonnée. Quoiqu'il en soit, il est tellement d'actualité pour nous toutes, femmes d'aujourd'hui, que s'en est troublant. Je ne connaissais cette figure illustre qu'à travers sa fille Marie-Antoinette ayant dû mener énormément de recherches et récolter beaucoup de documentations sur la dernière reine française dans le cadre de mon travail. Par deux fois, en 2006 puis en 2015, je repris ma copie, d'autant plus que de nouvelles correspondances avaient été mises en lumière. Un nouvel éclairage indispensable pour ne pas juger sans savoir de la vie d'un personnage historique qui, de par cette spécificité, tombe presque dans le domaine public, objet de toutes les interprétations fausses, pas forcément avec de mauvaises intentions d'ailleurs. Mais enfin, doit-on pour autant ne pas respecter leur vie privée et leur réputation sous prétexte que morts, ils ne peuvent plus répondre. Déjà pour Marie-Antoinette, cela me fut très pénible, c'est pourquoi j'aime particulièrement que dans ce récit, Elisabeth Badinter précise bien immédiatement les limites de son ouvrage, qui n'est pas une biographie telle qu'on l'entend. Du coup, je l'ai trouvé passionnant, aisé à lire, clair, juste, et tout à fait éclairant sur les évènements de ce temps, et ce qui advint ensuite sur le plan européen. Quelle femme !!!! Quelles force, énergie, intelligence et modernité ! Elle préfigure tout à fait la femme contemporaine mais à un paroxisme rarement atteint. J'ai adoré l'épisode où est expliqué comment, en fin stratège et parfaite comédienne, elle passe du rôle de la femme d'état "virile" à celui de pauvre victime ayant besoin de protection, afin d'obtenir les appuis et alliances indispensables à son règne, à son empire. Image du matriarcat parfaitement assumé, gestion des affaires de l'état, de politiques intérieures et extérieures avec une clairvoyance et une sûreté de jugement étonnantes, seize maternités menées à terme en même temps que toutes les batailles et guerres, un amour hors norme pour un mari adoré mais disons-le, pas vraiment à sa hauteur, des méthodes d'éducation avancées, un sens de la communication autour de la famille en son ensemble, filles et garçons à égalité, dans une représentation presque bourgeoise.... Je pourrais continuer longtemps.... Une fin de vie qui fait tout de même monter les larmes aux yeux, et une figure illustre qui devient simplement une femme de chair et de sang grâce à Elisabeth Badinter. D'ailleurs je préfère lui laisser la place. Quatrième de couverture " Les français connaissent mal celle qui fut la mère de Marie-Antoinette. Pourtant, Marie-Thérèse d'Autriche (1717-1780) est une des grandes figures tutélaires de son pays. Je l'ai découverte par sa correspondance privée, mère tendre et sévère. Mais cette mère-là n'est pas n'importe laquelle, c'est une femme au pouvoir absolu, hérité des Habsbourg, qui régna pendant quarante ans sur le plus grand empire d'Europe. Et, ce faisant, elle eut à gérer trois vies, parfois en opposition les unes avec les autres : épouse d'un mari adoré et volage, mère de seize enfants, souveraine d'un immense territoire. Cette gageure qu'aucun souverain masculin n'eût à connaître, j'ai voulu tenter de la comprendre : qui fut cette femme et comment elle put - ou non - concilier ses différents statuts. Prendre la mesure, en somme, de ses forces et faiblesses, de ses priorités et inévitables contradictions. Ce portrait, qui puise à des sources abondantes et souvent inédites, ne saurait être exhaustif : Marie-Thérèse garde bien des mystères. Cette femme incomparable en son temps, qui inaugure une nouvelle image de la souveraineté et de la maternité, ressemble, sous certains aspects aux femmes du XXI ème siècle. " E. B. À lire absolument... Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs















