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- Matrices
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Matrices Céline Denjean Pocket 23 février 2023 496 pages Thriller Polar Chronique 7 mars 2022 « Prisonnières jusqu'à ce que la vie naisse dans leur ventre. » Le tout premier opus « La Fille de Kali» m'a fait pressentir que cette autrice serait un grand nom de la littérature noire contemporaine grâce à son talent indéniable, son honnêteté morale, son indignation face à certaines dérives de notre société et du monde, sa capacité à remettre inlassablement l'ouvrage sur le métier dans un souci d'excellence, sa puissance de travail et ses doutes qui désignent le véritable artiste. On retrouve l'obsession de Céline Denjean pour tout ce qui concerne l'embrigadement sectaire, politique, religieux, grâce à la manipulation de l'opinion publique et de psychés fragiles par des êtres narcissiques, pervers, indignes, cyniques. Elle fait alors preuve d'un don pour l'analyse psychiatrique de ces malades, elle les dissèque au scalpel avec intransigeance. Cette dénonciation prend d'autant plus de force qu'elle s'inscrit dans un récit bouleversant sans aucun pathos facile, sans trash vulgaire et indécent. Là où d'autres surjouent leur partition, l'écrivaine préfère le tact, l'élégance, au service de la vérité des faits, des sentiments, par respect pour les victimes réelles, inspirations de maintes fictions sanglantes et racoleuses. L'empathie de Céline Denjean affleure en permanence entre les lignes, elle qui fut éducatrice spécialisée, rendant ce thriller policier des plus réussis, encore plus humain et pertinent. Un polar vif, un scénario parfaitement conduit et bâti à partir d'une documentation solide, des retournements de situation qui nous bousculent, des dialogues ciselés et enlevés, un souci du détail et un besoin de vérité quand tout n'est que mensonge et exploitation des âmes et des corps. Tour à tour émue, choquée, passionnée, haletante, j'ai aussi été bluffée par la beauté de certains passages, où l'amour de l'écrivaine pour sa région explose. Le style littéraire s'est affermi, s'est singularisé. L'autrice traite donc, d'une part, du thème de la manipulation de la pensée sur le plan religieux et politique, en particulier du rapprochement contre nature entre un certain catholicisme intégriste misogyne et patriarcal et des courants néo nazis, phénomène actuel des plus inquiétants jusqu'au Vatican. D'autre part, dans cette lignée, elle aborde le sujet au combien d'actualité du viol de l'intégrité corporelle des femmes, toujours et encore, depuis que les premières religions matriarcales ont disparu remplacées par le règne du mâle dominant, toutes civilisations confondues. La capacité d'enfanter est pour certains hommes un affront à leur supériorité autoproclamée. Ils mettent alors tout en œuvre pour avoir la main mise sur ce miracle de la nature, ce "pouvoir" des femmes. Un marché lucratif s'organise autour des matrices, des ventres, surfant sur le désespoir de certains couples stériles. Un vivier fertile est à disposition dans les pays pauvres, sur le Continent Africain... trafiquants de corps, sur place et en Occident, y trouvent leur bonheur. Mais c'est sans compter avec la colère des femmes, leurs capacités de résilience, de résistance, leur force originelle. Le tandem de gendarmes, Louise et Violaine, en est un parfait exemple, qui ne lâchera rien lors de cette course poursuite contre la montre. Louise y puisera-t-elle le courage d'affronter sa propre histoire ? Un thriller dense, puissant, inspiré, qui ouvre les portes à une réflexion élargie sur ce monde et les moyens de l'améliorer. Sur l'équilibre à trouver, sur les rôles que l'on nous force à jouer, sur ce diktat insupportable de la maternité imposée, seul mètre étalon de la réussite en nos sociétés. Merci à l'autrice pour son engagement et sa passion. Quatrième de couverture Jusqu'où la folie humaine est-elle prête à tendre pour assouvir un désir d'enfant ? Le nouveau thriller de Céline Denjean. En plein mois de décembre, une terrible tempête se déchaîne sur les Pyrénées. Sous la pluie battante, une jeune femme enceinte qui court à perdre haleine est percutée par une camionnette. Avant de mourir, elle murmure quelques mots en anglais : " Save the others. " Qui est cette femme sans identité ? Que cherchait-elle à fuir ? Que signifie la marque étrange sur son épaule ? Et qui sont ces autres qu'il faudrait sauver ? Les gendarmes Louise Caumont et Violaine Menou se lancent alors dans une enquête hors-norme. Au fil de leurs investigations se dessine la piste d'un trafic extrêmement organisé. Dès lors, les enquêtrices comprennent que l'horloge tourne pour d'autres femmes, sans doute prisonnières quelque part, et dont la vie ne tient plus qu'à un fil. Cet ouvrage a fait partie de la sélection pour le Prix de la Ligue de l'Imaginaire. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Femme sur écoute
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Femme sur écoute Hervé Jourdain Fleuve Noir 2017 524 pages Thriller Chronique 17 juillet 2018 Finaliste pour le Prix Ligue de l'Imaginaire-Cultura fin septembre 2018. En 2017, il reçoit le prix Sang d'encre décerné par le festival de Vienne. Voici pour moi, un troisième livre se déroulant au Bastion de Batignolles, le nouveau 36 quai des Orfèvres. Les policiers ont eu du mal à quitter ce lieu mythique. Il semblerait que les écrivains de polars aussi. Mais cette fois-ci le déménagement a bien eu lieu, avec retard, l'ouverture va être un évènement mondain et politique d'importance. Frémissement de couloir, stress des petits fours et des huiles. La visite aux étages ouverts alors du bâtiment, façon Vauban, vaut le détour d'autant plus avec Hervé Jourdain, ancien capitaine de police à la Brigade criminelle de Paris aujourd'hui analyste au sein d'un service spécialisé. Ces deux professions d'exception se retrouvent dans ce roman à travers les personnages de flics. Kaminski, chef de groupe, représente la vieille garde, mysogine aux méthodes très borderline. Efficace, haïssable, vite déstabilisé par la police, nouvelle formule. La pauvre Lola Rivière sous ses ordres souffre énormément, elle fait ses armes, il lui met des bâtons dans les roues constamment. De plus Lola a un secret de taille qui la rend encore plus attachante et admirable pour le lecteur. Enfin très intelligente, l'informatique est son terrain de prédilection, elle est experte en cyber criminalité. Heureusement le patron, le divisionnaire Hervé Compostel a remarqué ses qualités et la prend sous son aile. C'est un homme en deuil qui travaillait avant à la brigade financière. Donc le tournant de carrière à la Crim est un challenge. Deux autres membres vont venir renforcer cette équipe : le brigadier Zoé Dechaume et plus tard son supérieur le commandant Guillaume Desgranges. Tous deux des teigneux, un tandem qui gagne. Tout en haut de l'organigramme le directeur Thomas Andrieux. Tout commence par des retranscriptions de conversations téléphoniques entre une certaine Manon Legendre, dite Monica, dans son métier de lap danseuse, effeuilleuse et prostituée occasionnelle, œuvrant dans le triangle d'or de Paris entre Le Jardin d'Eden une boîte de nuit pour vip et l'hôtel Pierre Ier, une collègue Diana Sangaré, Moussa Sissoko, qu'on devine être le mac, Julie legendre la sœur de Manon, étudiante en philo, ignorante des activités de son aînée, la banque de Manon de mauvaises surprises l'attendent, et enfin et pas le moindre David Ribeiro dit le Bison en préventive, en taule pour braquage, fiancé de Manon, personnage haut en couleurs, une frappe détestable. Manon lui obéit, pourtant c'est une dure à cuire, mais il est le père de son fils tristement baptisé par son paternel Jihad. Entre le strip tease, le bébé et les visites aux parloirs ainsi que quelques rdv organisés par Moussa, elle n'arrête pas. Au Bastion les interrogatoires de Didier Jeanjean qui a retrouvé sa femme assassinée, et dans une autre salle de sa maîtresse Mireille Dunois ne donnent rien. Kaminski est furieux et incrimine Lola. Pour lui la police est un métier d'homme. Le duo n'arrive à rien. Compostel convoque tout le monde dans son bureau flambant neuf. Une nouvelle affaire est tombée : l'overdose de Dalila Toumi dans le coma, fille d'une des politiciennes se présentant aux présidentielles. Kaminski, Lola et Zoé sont mis sur ce cas et Guillaume sur celui des deux amants. Parallèlement, Compostel remet entre les mains de Lola, en secret, un pc à analyser. Elle comprend vite que cela concerne son fils Alexandre suicidé voici trois ans. Tout est mis en place. On se demande ce que Manon et Bison ont à voir avec les deux enquêtes de la Crim. Patience, l'auteur sait très bien disposer ses pions et construire sa maison. « Sexe, politique, sécurité... Et des morts sans connexions apparentes. Au plus près du réel, en s'appuyant sur le système des écoutes téléphoniques, Hervé Jourdain bâtit une intrigue à l'architecture saisissante, doublée d'un portrait ( à l'acide) de son époque. » Du bel ouvrage, un récit prenant, intelligent, des personnages bien campés, des femmes mises à l'honneur, un divisionnaire qui n'hésite pas à aller au charbon, de l'humanité face à la barbarie et au cynisme ambiant. Et vraiment, cette découverte du Bastion est exceptionnelle. Beaucoup aimé ! Quatrième de couverture Manon est strip-teaseuse et escort girl dans le quartier du Triangle d'or à Paris. Elle vit avec sa soeur, étudiante en philo, et le bébé qu'elle a eu avec Bison, incarcéré en préventive pour un braquage raté. Manon ne mène qu'une bataille, celle de son avenir. Le plan : racheter une boutique sur les Champs-Élysées et par la même occasion, sa respectabilité. Mais ça, c'était avant qu'on pirate sa vie. Pôle judiciaire des Batignolles. Les enquêteurs de la brigade criminelle, tout juste délogés du légendaire 36 quai des Orfèvres pour un nouveau cadre aseptisé, s'escriment à comprendre pourquoi chacune des enquêtes en cours fuite dans la presse. Compostel et Kaminski sont à la tête d'une jeune garde, qu'a récemment rejointe Lola Rivière. Absences répétées, justifications aux motifs évasifs... La réputation de l'experte en cybercriminalité n'est pas brillante. Compostel a malgré tout décidé de lui accorder sa confiance en lui remettant pour dissection l'ordinateur de son fils, suicidé trois ans plus tôt. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- L'enfant allemand
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires L'enfant allemand Camilla Läckberg Actes Sud Actes Noirs 2011 454 pages traduites par Lena Grumbach Thriller Chronique 6 octobre 2017 Cinquième épisode de la série policière suédoise se déroulant dans la petite ville portuaire de Fjallbacka presque à la frontière norvégienne. Enfin nous retrouvons Erica Falck écrivaine de chroniques meurtrières réelles, sur le terrain . En plus Patrik, son mari, a pris un congé parental pour s'occuper de leur fillette Maja de un an. Notre enquêtrice va mettre tout son talent et son expérience à comprendre ce qui est arrivé à sa mère Elsie entre 1943 et 45. Elle a découvert dans un coffre une layette tachée de sang avec une médaille militaire SS et un journal intime. Ainsi retrouve-t-elle une jeune fille tout à fait différente de la femme froide et terrifiante qu'elle a connu. À l'époque, elle apprend ainsi que sa mère faisait partie d'une bande comprenant Brita la bimbo, Erik le littéraire, Frans le coléreux. Le frère d'Erik, Axel , a été arrêté par les Allemands alors qu'il prenait livraison côté norvégien d'un document. Mais c'était un piège. Venu sur le bateau du grand père de Erica pêcheur, qui aidait ainsi la résistance , ce dernier va devoir apprendre cette nouvelle à la famille du jeune homme. Peu de temps après un norvégien de 17 ans caché dans le bateau, Hans, lui demande son aide pour fuir les SS et la Norvège. Il le ramène chez lui, et Hans rejoint la petite bande. De nos jours, deux adolescents en mal d'émotions fortes se faufilent dans la maison des deux frères, Erik et Axel. C'est l'été, il semble qu'elle soit vide.... Mais dans la bibliothèque où Erik garde sa collection d'objets nazis, son cadavre les attend.... Brillamment, Camilla Lackberg va entremêler les deux histoires, celle de Elsie et ses amis pendant la guerre, et celle d'aujourd'hui troublée par la montée des partis d'extrême droite. Le parcours monstrueux que sera celui d'Axel nous rappelle les pires images et témoignages de cette période noire pour l'humanité. C'est un récit lourd et terrible, mais heureusement l'auteur nous ménage des scènes cocasses et légères entre Patrik dépassé par son rôle de père, Mellberg le chef ridicule du commissariat toujours en pleine recherche de l'amour, et l'arrivée de la nouvelle recrue Paula qui réserve aussi beaucoup de retournements de situation savoureux. Il faut bien tous ces moments joyeux pour équilibrer le reste. "Nacht une Nebel", nuit et brouillard qui vont recouvrir toute l'équipe de policiers, Erica et Patrik. Une note spéciale pour Thomas le collègue de Patrik, qui en son absence prend de l'assurance en dirigeant l'enquête. Un des meilleures opus de cette série, la joie de retrouver Erica plus pugnace et attachante que jamais. Une fin toujours aussi bouleversante et soignée. Une conclusion : vous avez intérêt à aimer le café et les sucreries en Suède et à avoir un estomac solide. Le prochain : La sirène. Quatrième de couverture La jeune Erica Falck a déjà une longue expérience du crime. Quant à Patrick Hedström, l'inspecteur qu'elle vient d'épouser, il a échappé de peu à la mort, et tous deux savent que le mal peut surgir n'importe où, qu'il se tapit peut-être en chacun de nous, et que la duplicité humaine, loin de représenter l'exception, constitue sans doute la règle. Tandis qu'elle entreprend des recherches sur cette mère qu'elle regrette de ne pas avoir mieux connue et dont elle n'a jamais vraiment compris la froideur, Erica découvre, en fouillant son grenier, les carnets d'un journal intime et, enveloppée dans une petite brassière maculée de sang, une ancienne médaille ornée d'une croix gammée. Pourquoi sa mère, qui avait laissé si peu de choses, avait-elle conservé un tel objet ? Voulant en savoir plus, elle entre en contact avec un vieux professeur d'histoire à la retraite. L'homme a un comportement bizarre et se montre élusif. Deux jours plus tard, il est sauvagement assassiné... Dans ce cinquième volet des aventures d'Erica Falck, Camilla Läckberg mêle avec une virtuosité plus grande que jamais l'histoire de son héroïne et celle d'une jeune Suédoise prise dans la tourmente de la Seconde Guerre mondiale. Tandis qu'Erica fouille le passé de sa famille, le lecteur plonge avec délice dans un nouveau bain de noirceur nordique. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Le roman vrai de Gorbatchev
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Le roman vrai de Gorbatchev Vladimir Fédorovski Flammarion 10 février 2021 272 pages Biographie Chronique 24 février 2021 Biographie ou roman ? En ces temps où certains dirigeants de pays au bord de l'explosion s'essaient à réécrire l'Histoire, eux-mêmes devenant de facto des personnages de leur roman, de cette réinterprétation des faits, le titre de cet ouvrage est révélateur et répond en quelques sortes aux velléités de fiction d'un Poutine et de certains de ses prédécesseurs. Sans oublier, évidemment, certains présidents occidentaux. Manipuler l'opinion publique est un sport international depuis la nuit des temps. Exercice plus difficile aujourd'hui où des preuves audio, filmées ou testimoniales se multiplient sur ce qui s'est passé depuis les années 40. L'auteur, qui fut sur place en tant que diplomate lors des évènements, et qui est également l'ami d'Alexandre Yakovlev, conseiller de Mikhaïl Gorbatchev, nous rapporte ici les fruits de son enquête sur le personnage insaisissable et déroutant que fut donc Gorbatchev, celui qui, pour les uns, mit fin à la guerre froide et libéra le monde du communisme et qui, pour d'autres, fut traître aux valeurs de son pays. Encensé par les premiers, haï et ridiculisé par les seconds, on peut se demander où est la vérité. Je vous invite à lire la quatrième de couverture des plus claires. Un roman vérité, court et concis, remarquablement écrit, qui brosse en quelques pages la vie de cet homme, tentant de retrouver dans son enfance et sa jeunesse les éléments révélateurs de sa personnalité et de ses futurs choix intimes et politiques, de remonter à la source de ses courages ou ses atermoiements incompréhensibles, de son indépendance et soudain de ses alliances contre nature avec le KGB, menant inexorablement à sa chute, puis à sa déchéance dans la mémoire des Russes d'hier et étonnamment d'aujourd'hui. La nostalgie du communisme efface miraculeusement pour certains la réalité de ce système totalitaire, inhumain, coupable de génocide et d'assassinats monstrueux. Certains oublient vite le poids de l'épée de Damoclès qui les empêchait de respirer jour après jour, de la terreur qui vrillait le ventre, de la paranoïa créée dans la société, dans la cellule familiale même. Tout était empoisonné au nom d'un système dictatorial maintenant les plus fragiles, les plus pauvres, à leur place et enrichissant ignominieusement les plus puissants. Rien de nouveau. Alors qu'est ce qui a poussé ce fils d'agriculteurs de la région de Stavropol, du Midi, à vouloir gravir les échelons et à se lancer dans la politique ? Peut-être sa rencontre en 1950, alors qu'il étudie le droit à Moscou, avec son épouse Raïssa Maximovna Titarenko, étudiante en philosophie, future professeure de « matérialisme dialectique ». « Le génie du Sud, celui de Gorbatchev, sensible et fantasque, souvent artistique, s'oppose à un Nord plus cérébral, caractéristique de son épouse Raïssa. » Plus que s'opposer, ils se complètent. C'est une véritable équipe, un réel partenariat qui se forment en même temps que naît une étonnante et rarissime histoire d'amour. Les moments clés sont déchiffrés pour nous par le biais du regard de l'auteur, historien de formation, ancien diplomate, donc témoin et acteur de la pièce qui se jouera dès l'avènement de Gorbatchev au pouvoir jusqu'à son départ forcé. C'est aussi un livre qui, d'une certaine manière, nous met en garde sur les interprétations des uns et des autres, de par et d'autre des frontières, qui tire la sonnette d'alarme quant aux versions fictionnelles que certains gouvernements souhaiteraient nous voir adopter comme vérité historique. L'auteur cherche à tout prix à rester impartial, juste, dans son analyse des réussites et des échecs de Gorbatchev qui pourtant, jusqu'au bout semble rester pour lui une énigme. Restons vigilants, restons informés, ne collaborons pas insidieusement à l'écriture d'une Histoire falsifiée, dépouillée des preuves irréfutables de certaines vérités incontournables et incontestables. Quatrième de couverture Glorifié en Occident pour avoir mis fin à la guerre froide et libéré le monde du communisme, Gorbatchev est aujourd'hui haï par les Russes qui le rendent responsable de toutes leurs difficultés. Alors, qui est-il? Un réformateur visionnaire qui permit la chute du mur de Berlin? Ou un idéaliste qui voulut détruire le système totalitaire, quitte à trahir les intérêts de son propre pays ? Le Roman vrai de Gorbatchev est une enquête nourrie d'archives inédites et de témoignages encore jamais révélés sur l'une des plus grandes figures du XXe siècle et sur les personnages qui ont gravité autour de lui, de son épouse Raïssa à Alexandre Yakovlev, l'architecte de la perestroïka, en passant par son fantasque rival Boris Eltsine. Acteur et témoin privilégié des grands événements qui ont mené à la fin du communisme, Vladimir Fédorovski nous raconte les manipulations, les victoires et les échecs d'un homme au psychisme impénétrable qui a changé la face du monde. 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- La vie secrète d'Emily Dickinson
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires La vie secrète d'Emily Dickinson Jerome Charyn Payot & Rivages 2013 427 pages traduites par Marc Chénetier. Roman biographique Chronique 9 novembre 2018 Ma rencontre avec la poétesse fut un moment charnière dans ma vie tant sur le plan personnel que professionnel. J'étais invitée à chanter les huit pièces orchestrées par Aaron Copland sur les Twelve poems of Emily Dickinson à la Cité de la Musique en 1998. Un sacré souvenir. Sa voix, ses mots sont revenus plusieurs fois ponctuer mon parcours à diverses occasions comme en 1999 à la demande de Philip Roth. Emily est telle une amie lointaine que je revois toujours avec une grande joie, l'interprétant à chaque fois différemment tant les poems offrent de possibilités de couleurs. Dans ce roman biographique, lors des cauchemars ou rêves, apparaissent en filigrane les mots de Emily : "I felt a funeral in my brain" lorsqu'elle se voit enterrée vivante, " The world feels dusty" quand tout d'un coup elle décrit la poussière d'or qui vole dans l'air, visible dans un rayon de soleil. « Fermer les yeux c'est voyager » écrit Emily Dickinson en 1870. Ainsi s'ouvre ce livre, la vie secrète de cette fée réimaginée par l'auteur. Les deux ans au Séminaire de Mount Holyoke puis des décennies revenue dans le manoir familial, dans une relation fusionnelle avec son père, mais aussi avec son Grand Frère Austin, sa sœur cadette Lavinia, sa mère en permanence malade. Le père, le seigneur du village est un homme politique autoritaire autour duquel tout tourne. Un destin exceptionnel d'une femme attachante, peu sûre d'elle, souvent sous influence, avec un vrai cœur d'artichaut, une femme également de tête et de caractère... Ne pas se fier à sa petite taille et sa voix fluette. Celle-ci devient tonitruante et puissante dans ces poèmes ; son choix de solitude, de regarder le monde à travers sa fenêtre de chambre n'est pas une fuite mais au contraire l'ouverture vers un monde d'imaginaire et de fantaisie incroyable. Ce livre n'est pas une biographie, comme pour d'autres personnages célèbres, par exemple" Les mémoires imaginaires de Marylin Monroe", Jerome Charyn mêle vérité et fiction, il " dépasse la légende en lui donnant une voix". Emily Dickinson est la narratrice, elle nous parle, nous touche, elle est vivante et pleine de sensualité exacerbée. Nous sommes très loin des clichés véhiculés faussement sur elle, ce n'est pas une vieille fille excentrique, elle est une âme vibrante, indépendante, contemporaine, transgressive. Elle s'évade du manoir grâce à son pouvoir de création et son imagination. Ainsi, " Charyn rend hommage à la fiction, à l'infini pouvoir de la littérature." Quatrième de couverture "Fermer les yeux c'est Voyager", écrit Emily Dickinson en 1870. C'est par ces mots que s'ouvre La Vie secrète de la grande poétesse américaine, réinventée par Jerome Charyn. Du séminaire de Mount Holyoke à la solitude des dernières années, il retrace le destin d'une femme exceptionnelle. Pourtant ce livre n'est pas une biographie : comme Norman Mailer dans les Mémoires imaginaires de Marylin, Charyn dépasse la légende en lui donnant une voix. Car c'est bien Emily Dickinson que l'on entend, vivante, sensuelle, loin des clichés la réduisant à une recluse excentrique toujours vêtue de blanc. Mais l'héroïne si moderne cache un paradoxe : éprise d'indépendance, elle s'évadera grâce à la force de son imagination, simplement assise à sa table. En célébrant ainsi ce personnage hors du commun, Charyn rend hommage à la fiction, à l'infini pouvoir de la littérature. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Des dentelles de charbon
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Des dentelles de charbon Michel Lacombe De Borée Terres d'écriture 15 septembre 2022 384 pages Historique Chronique 10 octobre 2022 Un très beau roman historique et social où la sensibilité extrême et l'humanisme de l'auteur s'expriment par une plume délicate. La reconstitution du quotidien des mineurs puis des ouvrières en usines textiles, est extraordinaire, tous les personnages nous deviennent proches, tous ces invisibles auxquels Michel Lacombe redonne voix avec affection et admiration. Vibrant hommage à leur courage, leur solidarité, leurs actions et leurs engagements à changer une société injuste. Nous en sommes les héritiers ne l'oublions pas en ces temps où l'impérialisme voudrait encore nous écraser tel le rouleau compresseur qu'il a toujours été. C'est une histoire d'hier, c'est un récit douloureusement actuel de retour en arrière, de régression aux premiers temps de la révolution industrielle. Nous en connaissons les conséquences, nous en souffrons aujourd'hui. Qu'il est troublant de lire des lignes qui semblent décrire notre actualité, notre époque ! Tirons les enseignements de notre histoire et luttons. Quatrième de couverture ● Un récit « conte de fées », de la misère des corons aux sphères de la bourgeoisie ● Le développement de l’industrie minière et textile, les différences de classes sociales ● Une histoire d’amour entre une jeune fille pauvre et un grand bourgeois Chassée par sa mère, Marie décide de partir à Lille pour chercher un emploi dans le textile. Hébergée par Firmin, un vieil homme au bon cœur, elle trouve une place dans une grande filature où, au fil des années, elle se montre une excellente ouvrière. Jusqu’au jour où elle se refuse aux avances d’un contremaître et se voit obligée de quitter cette fabrique. Contrainte de s’ établir à Tourcoing, elle sauve par hasard durant l’hiver 1910 un boiteux ayant trébuché sur le verglas. Ce n’est autre qu’Albert Malerve, un industriel du textile. Ce dernier monte une usine de dentelle mécanique à Caudry, au sud de Valenciennes. Une opportunité pour Marie ? Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Miniaturiste
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Miniaturiste Jessie Burton Gallimard 26 mars 2015 489 pages traduites par Dominique Letellier Historique Chronique 14 mai 2017 J'ai eu une grande joie à lire ce premier roman magnifique de Jessie Burton se situant à Amsterdam en 1686 dans le riche milieu des marchands ayant fait fortune sur les mers jusqu'au Surinam pour la VOC ou Compagnie néerlandaise des Indes orientales. J'ai retrouvé cette ville, son ambiance et sa mentalité si particulières qui l'imprégnaient encore en 2010 lorsque j'y ai séjourné. Une cité de vents, de clair-obscur, assujettie aux éléments entre ciel et terre, entre mers et nuages. Magnifique, brillante mais également cruelle et sans concession à la morale. Ainsi inspirée de la vraie maison miniature d'une femme de marchand richissime exposée au Rijksmuseum, l'auteure emprunte les noms de Nella Oortman, qui a dix huit ans venue de son village, se présente à la maison de son nouveau mari Johannes Brandt, commerçant célèbre à qui tout réussit et qui a largement œuvré à l'enrichissement de la cité. Tous les amstellodamois l'admirent, certains l'envient, d'autres lui consacrent un dévouement touchant. C'est ainsi le cas de sa soeur Marin, célibataire hautaine, intrigante et sévère qui accueille la pauvre Nella bien froidement, et aussi de Otto le bras droit originaire du Dahomey et Cornelia ancienne orpheline, qui tient la maison et fait des miracles en cuisine. Car voilà un des prodiges de ce livre, celui de restituer le mode de vie par la description des mets, des parfums, odeurs et couleurs, par celle des vêtements, des meubles, de la maison fabuleuse de Johannes. D'ailleurs celui-ci offre en cadeau de mariage à sa toute jeune épouse un cabinet somptueux, abritant derrière un rideau de velours moutarde la réplique exacte des neufs pièces de la demeure. Une mode de l'époque pour laquelle les femmes désoeuvrées engouffraient des fortunes pour les meubler et les équiper. C'est en faisant donc appel à un artisan maître en miniaturisation que la vie de Nella va basculer. Suivez-la dans le dédale des rues jusqu'à l'atelier du miniaturiste, laissez- vous prendre par son émotion profonde, faites face avec elle aux événements de plus en plus mystérieux et incompréhensibles. Le Miniaturiste lui offre des pièces et des poupées non demandées comme autant de messages et de réponses. C'est un livre magique, bouleversant, un suspense historique étonnant et dépaysant. Peu d'auteurs réussissent aussi bien à faire revivre à travers le temps, les couleurs, les textures, les arômes, les sensations et les sentiments passés. En même temps sont abordés des thèmes encore d'actualité quant à la tolérance, la liberté, la condition féminine, la découverte du monde. Un vrai chef d'oeuvre à l'instar de la maison exposée au musée. Quatrième de couverture Nella Oortman n’a que dix-huit ans ce jour d’automne 1686 où elle quitte son petit village pour rejoindre à Amsterdam son mari, Johannes Brandt. Homme d’âge mûr, il est l’un des marchands les plus en vue de la ville. Il vit dans une opulente demeure au bord du canal, entouré de ses serviteurs et de sa sœur, Marin, une femme restée célibataire qui accueille Nella avec une extrême froideur. En guise de cadeau de mariage, Johannes offre à son épouse une maison de poupée, représentant leur propre intérieur, que la jeune fille entreprend d’animer grâce aux talents d’un miniaturiste. Les fascinantes créations de l’artisan permettent à Nella de lever peu à peu le voile sur les mystères de la maison des Brandt, faisant tomber les masques de ceux qui l’habitent et mettant au jour de dangereux secrets. S’inspirant d'une maison de poupée d’époque exposée au Rijksmuseum d’Amsterdam, Jessie Burton livre ici un premier roman qui restitue avec précision l’ambiance de la ville à la fin du XVIIe siècle. Au sein de ce monde hostile, où le pouvoir des guildes le dispute à l'intransigeance religieuse et à la rigueur morale, la jeune Nella apparaît comme une figure féminine résolument moderne. Œuvre richement documentée et conte fantastique, Miniaturiste est un récit haletant et puissant sur la force du destin et la capacité de chacun à déterminer sa propre existence. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Le Cercle de la Rose Blanche
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Le Cercle de la Rose Blanche V. S.Alexander City Editions 6 avril 2022 413 pages traduites par Marion Boclet Historique Chronique 16 juin 2022 « Un grand roman inspiré par l'histoire vraie des résistants de Munich. » Il est toujours primordial, essentiel, de rappeler que tous les allemands n'ont pas été des sympathisants au régime nazi et que, bien au contraire, certains ont risqué leurs vies et celles de leurs proches ne serait-ce qu'en propageant la vérité sous forme de tracts, de tags, de dessins sur les murs. L'Orchestre Rouge et La Rose Blanche sont deux des plus célèbres mouvements de résistance dont les membres ont été inlassablement pourchassés, torturés, exécutés, guillotinés. Les figures de Hans et sa sœur Sophie Scholl ainsi que d'Alexander Schmorell, de Willi Graf, ou du professeur Kurt Huber sont passées à la postérité pour leur bravoure et leur sacrifice. V. S. Alexander ressuscite donc sous nos yeux ces disparus, nous fait partager leur destin tout en s'attachant, par le biais de plusieurs personnages fictifs mais surtout de Natalya la narratrice, de nous raconter de la Nuit de Cristal à la Libération, le quotidien d'une jeune femme allemande d'origine russe, devenue objet d'obsession morbide d'un certain Garrick Adler, aux intentions incompréhensibles sous le physique d'un parfait arien. Difficile à cerner il reste en permanence dans l'ombre telle une menace... Après avoir été infirmière sur le front russe, avoir revu les terres de son enfance, avoir vu les massacres de civils, elle comprend qu'elle doit œuvrer contre Hitler et le troisième Reich par tous les moyens possibles. Reprenant des études de biologie à Munich, elle incorpore bientôt, grâce à son amie Lisa, le Cercle de la Rose Blanche. C'est un départ sans retour en arrière possible, une mise en abîme pour elle, ses proches, sa famille... Mais a-t-elle le choix ? Peut-on laisser la barbarie gagner ? Ne rien faire pour se donner l'illusion de la normalité n'est-ce pas reculer pour mieux sauter dans un gouffre sans fond ? Mêlant des faits historiques à des péripéties sorties de son imagination, l'auteur nous mène des champs de bataille russes au microcosme estudiantin munichois en passant par la prison de Stadelheim puis le centre psychiatrique de Schattenwald. Ainsi en refermant ce roman édifiant avons-nous une vision globale de la situation à Munich de 1942 à la fin du conflit. Entre roman historique, d'espionnage, d'amour, ces pages constituent une fresque somptueuses et terrible à la fois, un thriller sur lequel plane l'ombre terrifiante du Mal absolu. J'hésitais à lire un énième roman sur le sujet du nazisme, j'ai bien fait d'attendre : cet opus est remarquable et original. Quatrième de couverture « J'avais marché dans leurs pas - et j'en serais toujours fière - en me faisant la promesse de ne jamais laisser le monde oublier. » À l'été 1942, la guerre fait rage en Europe. À Munich, dans le plus grand secret, quelques étudiants allemands rédigent et distribuent des tracts appelant à la résistance contre le nazisme. Natalya, une étudiante qui a été témoin des horreurs de la guerre, s'est engagée à leurs côtés. À chaque instant, les membres du « Cercle de la Rose Blanche », comme ils se font appeler, risquent leur vie, car la Gestapo met tout en œuvre pour démanteler ce groupe de résistants. La moindre contestation, le moindre petit acte de dissidence, sont passibles de la peine de mort. Alors, lorsque Natalya croise la route d'un homme dont elle tombe amoureuse, comment être certaine qu'il ne va pas la trahir ? Poussée par une exceptionnelle rage de survivre, la jeune femme est prête à tout risquer pour l'espoir immense, un jour, de vivre avec ceux qu'elle aime dans un monde en paix... Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- La Belle main
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires La Belle main Gilbert Bordes De Borée Terre de Poche 6 octobre 2022 256 pages Historique Chronique 19 décembre 2022 Nouvelle charte graphique et nouveau logo pour fêter les 20 ans de la collection Terre de poche. « La rencontre de deux êtres blessés : Paul, luthier et Solène, étudiante qui ne sait rien de son passé. » 1965. Entre Paris et la Corrèze. Entre présent lumineux et passé ténébreux. Que savons-nous vraiment de nos parents ? Les connaissons-nous réellement ? Si nous faisions abstraction de nos liens filiaux, d'affection ou de détestation, si nous prenions le temps de regarder réellement sans complaisance, en toute honnêteté, ceux qui sont ou furent nos parents, que découvririons-nous de dérangeant, de honteux, d'incompréhensible ? Pouvons-nous, forts de ce que nous concluons de nos recherches, les juger, les condamner ou les absoudre ? D'autant plus lorsque nos parents furent de jeunes adultes au moment de la déclaration de la Seconde Guerre mondiale et pendant l'occupation allemande... Qu'aurions-nous fait à leur place ? Aurions-nous été résistants ou collabos ? Qui sommes-nous pour porter un jugement, me direz-vous ? C'est le dilemme qu'affronte Solène, l'héroïne de ce roman, en quête de vérité absolue, ne se satisfaisant plus d'un silence délétère, étouffant, celui tuant, année après année, sa mère Josette. Le hasard va se jouer des deux femmes : en effet par l'entremise des parents d'une copine de la jeune fille, la Corrèze va revenir dans leur vie et plus précisément cette Sologne si belle sous le soleil, qui peut soudain paraître inhospitalière, dangereuse, venimeuse, avec sa nature sauvage, ses landes stériles, sa population taiseuse, son âpreté. La réaction de la mère à la simple évocation du nom de Breugère par sa fille, d'une violence inouïe symptomatique d'une douleur abyssale, ne laisse aucun choix à la jeune Solène. Elle doit comprendre d'où elle vient, ce qui a détruit Josette alors qu'elle-même est à l'aube de sa vie d'adulte. Alors oui, elle accepte le temps d'un été, malgré le chantage affectif maternel, ce poste de nounou des deux jeunes enfants du docteur Breugère. Ce dernier est un être littéralement brisé, handicapé de corps mais à l'esprit indomptable. La fille joue du violoncelle, elle a besoin d'un nouvel instrument. C'est ainsi que Paul, un vieil ami du châtelain du temps de la Résistance entre en scène. L'attirance est immédiate entre notre héroïne et l'artisan malgré les vingt ans qui les séparent. S'éveillant à l'amour, à la musique, Solène cherche également dans les archives remisées au grenier des traces de sa mère, des preuves qu'un drame s'est déroulé à la fin du conflit mondial emportant la jeune Josette dans la tourmente. Une photographie démontre que Paul la connaissait. Le docteur Breugère et le luthier sont-ils coupables de crimes, de maltraitance à l'encontre de sa mère ? Peut-elle vraiment lier son destin à celui de Paul, alcoolique, encore traumatisé par les évènements passés ? La rédemption est-elle envisageable ? Pourra-t-elle leur pardonner ? Mais si tout ce que les uns et les autres croyaient être la vérité n'était qu'illusion ? Un roman contrasté à l'instar de la très belle couverture, en un jeu subtil de lumières et de ténèbres. Quatrième de couverture Pourquoi Josette s'oppose-t-elle aussi violemment à sa fille, Solène, qui a décidé d'aller au château de Mauret en Sologne pour garder les enfants du docteur Breugère ? Depuis longtemps, Solène a compris que sa mère, qui vit en recluse à Paris, lui cache un énorme secret. C'est au hasard d'un vieux journal trouvé dans le grenier du château que l'étudiante en droit découvre une partie de la terrible vérité, liée à la Résistance en Corrèze... À la faveur d'une réception, Solène rencontre Paul, de vingt ans son aîné. Leurs regards se croisent, s'accrochent avec la force de ces instants qui changent un destin. Paul est luthier, passionné par son métier, mais aussi meurtri. Il a vécu la guerre et la Résistance avec le docteur Breugère. Alcoolique, il a perdu la belle main de luthier. L'amour de Solène pourra-t-il le sauver ? En cet été 1965, Solène réveille les ombres d'un passé trouble, au risque de se perdre elle-même. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Les amants maudits de Spirit Lake
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Les amants maudits de Spirit Lake Claire Bergeron De Borée 14 février 2019 449 pages Polar historique Chronique 7 mars 2019 Dédicaces de l'auteure « À ces peuples en marche, à ces ombres sans nom à la recherche d'une terre d'accueil. Puissent les pays où règne la liberté leur ouvrir les bras. » De Nelson Mandela « Que règne la liberté. Car jamais soleil ne s'est couché sur réalisation humaine plus glorieuse. » Des vœux pieux en ces temps troublés où des migrants en Europe, en Amérique du Nord ne sont pas accueillis avec la bienveillance et l'empathie indispensables, après toutes les épreuves déjà traversées. Oublions-nous que nous sommes tous les descendants de migrants, de réfugiés, que nous sommes tous le résultat d'un métissage bénéfique à l'amélioration de l'être humain, de ses capacités ? Nous vivons tous dans des pays en pleine mutation, à la croisée des chemins entre un passé aux valeurs pour certaines révolues et inégalitaires, et un futur à inventer dans le respect de toute vie, de la multiplicité des êtres, de la Nature. Ce grand roman d'amour, d'aventure, historique, et policier, a pour toile de fond une bien dramatique et honteuse période de l'histoire du Canada. À peine croyable ! Y-a-t-il un continent, un endroit sur cette planète où ce genre d'ignominie n'aie pas eu sa place ? J'en doute, et cela est douloureux. Ainsi en août 1914, l'Angleterre déclare la guerre à l'Empire Austro-hongrois et l'Allemagne. Des ressortissants de ces deux pays, des ukrainiens et turcs également, afin de se mettre à l'abri d'un conflit qu'ils avaient pressenti, ont émigré jusqu'en Amérique du Nord, une grande partie au Canada. Ils travaillent, font lentement leur place malgré les réactions violentes, racistes de quelques canadiens, ayant peur pour leur travail. La xénophobie s'accroît au moment de la déclaration de guerre, tous ces migrants deviennent ennemis de la patrie. Afin de calmer les esprits, le gouvernement va alors prendre une décision stupéfiante, ignoble : Enfermer ces innocents réfugiés dans 24 camps d'internement, avec miradors, barbelés, tirs à vue, gardiens violents pour quelques uns d'entre eux. Les conditions de vie y sont insupportables, la nourriture insuffisante, les protections contre le froid ou les moustiques ridicules, même dans les maisons construites en lisière des camps pour les familles des hommes enfermés dans ces baraquements devenus concentrationnaires. Moins de deux ans après cette décision inique, inhumaine, le premier ministre canadien, Robert Borden, ordonne la fermeture de ces camps et la libération des pauvres réfugiés politiques innocents de tout crime. Les bâtiments sont rasés, les archives détruites. Ainsi le souvenir de ce qui fut fait à ces ukrainiens, allemands, turcs fut effacé pendant plus de soixante ans dans les brumes de l'Histoire. Grâce à ce roman, que Claire Bergeron situe au camp de Spirit Lake, en Abitibi, au centre d'une forêt boréale, à 600 km de Montréal, l'écrivaine redonne la parole à tous ces oubliés, retrace leur parcours du combattant, ravive les mémoires pour que plus jamais cela ne puisse arriver. Encore un vœu pieux ! Je ne suis pas du tout romantique, les histoires d'amour, surtout dans la littérature m'ennuient profondément, je trouve cela un peu ridicule tant dans la vie que dans les livres. Cependant j'ai fini celui-ci avec les larmes aux yeux, touchée par le destin si terrible et romanesque de l'héroïne, symbolisant tous ces migrants, émue par un épilogue où toutes les pièces de la vie de chaque personnage rencontré réel ou fictif prenaient leur place définitive, formant un patchwork multicolore où certains carrés sont plus sombres et d'autres plus lumineux, ayant demandé beaucoup de courage et de travail, pour finalement créer le Canada d'aujourd'hui. Ainsi en ce 1er juin 1916, nous rencontrons à Amos, dans la chapelle du couvent des sœurs de l'Assomption, Alyona Loveneck, violoniste soliste ukrainienne au talent prodigieux. À dix huit ans, sous les instances de son père Anton, riche industriel, et sous la protection tutélaire de Oleg, son professeur d'anglais en Ukraine, elle a migré au Canada via Southampton avec son jeune frère Vitaly. Les débuts à Montréal en 1914 furent très difficiles, dans l'attente inquiète de l'arrivée de leur père. Deux ans après, une série de catastrophes et d'événements, que vous découvrirez dès le prochain chapitre, se sont enchaînés. Déportée à Spirit Lake, elle tombe amoureuse de Alexandre, le fils de Edmond Lavallière, épicier enrichi grâce à l'ouverture du camps, marié à Imelda haineuse et raciste. Elle-même a épousé un compatriote lors d'un mariage blanc qui vite a tourné au cauchemar. Enceinte, sur le point d'accoucher, elle sait que Alexandre et elle sont pour l'opinion publique les amants maudits de Spirit Lake. Aujourd'hui ils sont accusés du meurtre du mari de la jeune femme, Alexandre a déjà été arrêté et emmené à Montréal. Qui est le vrai coupable ? Comment vont-ils pouvoir s'innocenter ? Le destin va-t-il enfin leur être favorable après tous ces malheurs successifs ? Alyona Loveneck pourra-t-elle retrouver sa vie consacrée à la musique, à la beauté ? Je me suis sentie très proche de cette musicienne de par ma profession, et l'ai comprise également dans son désespoir et sa ténacité à tenir le coup vaille que vaille. Un magnifique portrait de femme donc, une galerie complète de personnages attachants ou inquiétants, une fresque aux teintes nuancées et subtiles pour traiter d'un sujet délicat, douloureux et honteux. Sans aucune mièvrerie ou faiblesse, ce roman vous emporte aux confins de cette forêt boréale, au camp près duquel l'Esprit du lac vous attend. Actuellement en cours de traduction en anglais et ukrainien, ce roman est un best-seller au Canada comme tous les livres de cette auteure Quatrième de couverture Contraints de quitter l'Ukraine en 1914, c'est vers une terre de liberté que croyaient voguer la jeune Alyona Loveneck, une violoniste prodige, et son frère Vitaly. Mais à leur arrivée au Canada, la guerre est déclarée et ils se retrouvent parmi les familles des prisonniers au camp de Spirit Lake. Trahie, dépouillée de ses biens, Alyona doit y prendre des décisions qui changeront à jamais le cours de son destin et celui de son frère. Malgré tout, quand elle fait la connaissance d'Alexandre Lavallière, elle est forcée d'admettre que, derrière la guerre qui fait rage, il y a encore des gens heureux. Dans le tourbillon des évènements qui bouleversent sa vie, a-t-elle toujours le droit de rêver ? Son amour interdit, dévoilé à la face du monde, devient source de mépris. Et lorsque son univers s'écroule, entraînant Alexandre dans la débâcle, ils sont désormais perçus comme des amants maudits ? Au début de la première Grande Guerre, poussé par la xénophobie croissante de la population, le gouvernement canadien érigea vingt-quatre camps de détention à travers le pays, dont celui de Spirit Lake, en Abitibi. Des Turcs, des Allemands, mais surtout des Ukrainiens y furent enfermés. Deux seulement parmi ces camps purent accueillir les familles des prisonniers, et Spirit Lake fut l'un d'eux. C'est autour de ce site peu connu que Claire Bergeron a choisi de camper ce roman captivant, instructif et émouvant. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Demain
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Demain Damian Dibben Stéphane Marsan 2019 368 pages traduites par Cédric Degottex et Louise Malagoli SF Historique Chronique 4 janvier 2020 « Les gens qui ont des chiens en perdent plusieurs durant leur vie. Moi, je suis un chien qui a perdu des gens. Le temps m'a pris tout ce que j'aimais. Quant à savoir pourquoi j'ai vécu plus de deux siècles, c'est une question à laquelle je n'ai trouvé que de vagues réponses. » Coup de foudre !!!!!!! Je suis très nerveuse à l'idée d'écrire un texte sur ce roman tellement je voudrais être certaine de trouver les mots pour que vous vouliez le découvrir à votre tour. Je l'ai emprunté à la bibliothèque Aimé Césaire Paris 14 mais je sais que je vais l'acheter. Je le veux chez moi, car j'y suis attaché comme je me suis prise d'affection pour le héros de ce récit historique, mêlant thriller au surnaturel, grande histoire d'amour, de loyauté, de fidélité à travers les siècles à une fuite éperdue devant le danger que représente la haine d'un ennemi terrifiant. Je rassure ceux qui aiment les thrillers mais pas forcément la SF ou le surnaturel. Le postulat choisi par l'auteur de l'immortalité du héros et de son maître (qui en réalité n'est pas l'essentiel juste un moyen), lui permet de nous offrir une fresque fabuleuse de 1338 à 1838, de nous faire voyager en Europe, de nous mener dans des palais, des maisons bourgeoises ou plus modestes, jusque sur des champs de batailles célèbres, de croiser le chemin de figures prestigieuses de l'art, de la littérature, de la politique, de la Science.... L'originalité d'avoir choisi un chien comme personnage principal est aussi très intelligente, car nous allons regarder le monde, l'humanité, par les yeux de ce merveilleux "Champion" comme l'appelle son maître, alchimiste, peintre, dessinateur, érudit d'une immense générosité de coeur, d'un parfait altruisme. Ils forment tous deux un tandem merveilleux, attachant, admirable, s'aimant si profondément, si totalement, que l'on peut tout à fait qualifier ce livre de grand roman d'amour.... D'aventures également, car un ennemi les pourchasse à travers l'Europe et les frappera à Venise... Alors une attente interminable de 127 ans commence pour notre ami à quatre pattes. Forcé d'attendre le retour de son maître, il va être témoin de ce qui se déroule dans la sérénissime pendant toutes ces années, va nécessairement devoir tisser des liens avec des humains mais aussi d'autres canidés tel le merveilleux Sporco.... Que je l'ai aimé celui-ci, apportant une fantaisie, une tendresse, une émotion folles à ce récit ! Mais bientôt, notre Champion reniflera à nouveau la piste de son maître. L'ombre du mal plane sur la course poursuite qui s'ensuit.... D'une grande érudition, on sent l'homme passionné, curieux, boulimique de vie et de connaissances sous chaque ligne, tout en offrant un roman parfaitement structuré, organisé, clair. Merveilleux ! « Quel roman ! Ambitieux et incroyablement bien mené. » Michael Morpurgo Extraits : « Les lâches meurent bien des fois avant leur mort ; les vaillants ne sentent qu'une fois la mort. » « Le plus étrange pour moi, c'est que les hommes aient peur, voyant que la mort est une fin nécessaire, qui doit venir quand elle doit venir. » Jules César de William Shakespeare Au delà des faits qui nous sont relatés, l'auteur introduit également une double réflexion sur le désir d'immortalité de l'homme, son refus de vieillir, de ne pas respecter les limites imposées par la nature, et sur la soit-disant supériorité de l'humanité sur les animaux, les chiens en particulier. Dans le prolongement de ses deux thèmes, la question des limites déontologiques, morales de la Science est posée... La Nature est sagesse, équilibre.... Elle nous le rappelle durement, violemment, tous les jours... Allons-nous rester sourds plus longtemps quitte à nous suicider... ? L'auteur « vit à Londres avec son chien Dudley, issu de la noble lignée des chiens du prince Charles. Comédien et scénariste, c'est un fervent explorateur que tout inspire, de l'archéologie à la cosmologie en passant par l'histoire. » Je me sens reconnaissante d'avoir pu lire un tel roman ! Quatrième de couverture Il a parcouru l'Europe du XVIème siècle pendant des décennies en compagnie de son maître alchimiste. Il a visité de lointains royaumes, séjourné dans des palais somptueux, servi des rois. Il a assisté au spectacle merveilleux et déchirant de l'histoire de l'humanité. Mais un jour, hélas, son maître a disparu. Le chien a attendu son retour pendant plus d'un siècle, sur le parvis de la basilique Santa Maria de Venise, avant de partir à sa recherche. Ne perdant jamais espoir, il retournera ciel et terre s'il le faut, car toujours Demain recommence. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Champ de tir
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Champ de tir Linwood Barclay Belfond 19 mars 2020 480 pages traduites par Renaud Morin Thriller Chronique 20 août 2020 Linwood Barclay a vraiment le chic pour réinventer le genre Thriller policier alors même qu'il utilise les mêmes procédés littéraires que ses collègues. On se laisse porter, on est capable d'être conscient que c'est un classique du genre qui pourrait nous ennuyer et puis... Non ! On se fait prendre à son jeu, il nous retourne les méninges, les frontières entre bien et mal son floues, c'est un monde Ô combien imparfait se cachant derrière le brouillard des apparences. Promise Falls est vraiment la cité des fausses promesses et de la chute des anges. Chacun veut se faire connaître, reconnaître, atteindre la célébrité, crier sa vérité sur les réseaux sociaux, à la télé. Tout est images avec un certain angle de prise de vue qui fausse la perspective. La folie et la psyché de tous sont parfaitement décrites, comprises... La fin n'est pas du tout soupçonnable.... Une ambiance anxiogène, âpre, la cruauté, la vénalité et la perversité règnent dans cette ville mais heureusement l'inspecteur Duckworth et le privé Cal Weaver veillent et travaillent en parallèle à faire éclater la vérité... "Vengeance aveugle ou justice" est le thème central de ce très bon thriller, suite d'opus précédents, qui peut se lire sans aucun problème, comme un indépendant. Bienvenus sur le Champ de tir qu'est devenu Promise Falls. N'oubliez pas votre gilet pare-balles. Quatrième de couverture Quand des citoyens justiciers sèment la terreur dans une petite bourgade américaine... Meurtres, complots et coups tordus : à Promise Falls, on ne badine pas avec le crime ! D'habitude si paisible, la petite ville de Promise Falls est en ébullition. C'est d'abord un type ahuri qui débarque dans le bureau de l'inspecteur Duckworth en prétendant avoir été kidnappé et passé à tabac. Sur son dos, un tatouage l'accuse d'être un meurtrier. Et puis il y a l'affaire Jeremy Pilford. Ce gosse de riche arrogant, soupçonné d'avoir écrasé une jeune fille, vient d'engager le privé Cal Weaver pour assurer sa sécurité. Acquitté au tribunal pour irresponsabilité, l'adolescent se retrouve lynché dans les médias et harcelé par une meute d'anonymes. Qui sont ces bons redresseurs de torts, ces social justice warriors rassemblés sur les réseaux sociaux, déterminés à faire payer les supposés criminels ? Quelles sont leurs intentions ? Et sont-ils toujours bien informés ? Alors que la ville ressemble à un champ de tir, Duckworth et Weaver ne seront pas trop de deux pour lutter contre cette chasse aux sorcières des temps modernes... Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Notre part de nuit
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Notre part de nuit Mariana Enriquez Editions du Sous-Sol 19 août 2021 768 pages traduites par Anne Plantagenet Historique Chronique 29 novembre 2021 Traduit avec le concours du Centre National du Livre. « Who is the third who walks always beside you ? « T. S. Eliot, The Wasteland « Je crois que nous perdons l'immortalité parce que la résistance à la mort n'a pas évolué ; nous insistons sur l'idée première, rudimentaire, qui est de retenir vivant le corps tout entier. Il suffirait de chercher à conserver seulement ce qui intéresse la conscience. » Adolfo Bioy Casares, L'Invention de Morel I cried : « Come out of the shadow, king of the nails of gold ! » W. B. Yeats, The Wandering of Oison Illustration de couverture : Alexandre Cabanel, L'Ange déchu. Dès que votre regard croisera celui furieux et désespéré sur la couverture, vous serez ferré, intrigué, envoûté. Un roman somptueux, un thriller fantastique, historique et politiquement engagé, une métaphore adroite de notre époque anxiogène sous couvert de récit hallucinant, basculant entre esthétique à la Jérôme Bosch, poésie à la Emily Dickinson, air saturée de relents fétides et ferreux.... L'obscurité vous guette, son gardien, celui qui en ouvre les portes vous attend. Les frontières temporelles et géographique se diluent, les convictions et croyances communes explosent, des corps disparaissent happés par les ténèbres, le sang gicle, vous recouvre... Des vortex existent entre notre réalité illusoire et un autre monde d'où émerge une puissance immense, crépusculaire. Mais pour que ces portes s'ouvrent, il faut impérativement un Médium. Les membres de l'Ordre regroupant familles richissimes et fidèles recherchent inlassablement, depuis la création de la secte, des êtres singuliers dotés du pouvoir de détecter les portes, les zones de contact entre les deux univers, le nôtre et la Nuit. Croyance ancestrale, rituels sanglants, cérémonies sacrificielles, sont autant de secrets à cacher. Les morts et disparitions se multiplient sans que personne ne puisse en deviner l'origine. Dans cette Argentine où règne une dictature impitoyable, un cadavre de plus ou de moins, l'évaporation soudaine de quelques infortunés, ou la prolifération d'hommes, de femmes, d'enfants amputés, handicapés, n'étonnent personne. Il en est ainsi depuis des siècles. Le respect des rites et règles de l'Ordre asséné par quelques membres de l'élite sectaire ne souffre aucune pitié, aucune empathie. Mais que se passerait-il si la fille d'une des prêtresse tombait amoureuse du Medium ? Qu'adviendrait-il s'ils avaient un enfant ? L'amour des parents pour leur fils serait-il plus fort que l'entité noire vénérée par la secte ? Nous voici donc témoin de la lutte d'un père, Juan, homme aux pouvoirs extra-sensoriels utilisé par l'Ordre depuis son enfance en Argentine pour détecter les zones d'ouverture, et permettre à l'ombre d'apparaître dans toute sa puissance. La noirceur a faim des âmes des fidèles, elle choisit quelques élus chargés d'accompagner le Médium tout au long de sa mission pendant une vie de souffrance, épuisante pour l'organisme. Sentant ses forces diminuer, Juan, veuf de la mère de son fils Gaspar, sait que le temps est compté et qu'il doit rapidement trouver le moyen de protéger l'enfant de la convoitise malsaine de sa grand mère et des autres membres éminents de l'Ordre. Ceux-ci envisagent en effet de transmuter l'âme de Juan à son décès dans le corps du jeune garçon. Ce dernier manifeste dès ses six ans les mêmes pouvoirs que son père. Juan fait tout son possible pour empêcher le développement de ses dons, pouvant condamner Gaspar à une existence aussi misérable que la sienne. Ainsi, nous accompagnons Juan jusqu'à sa mort, puis revenons grâce à un flashback à la genèse de l'histoire d'amour donnant naissance à Gaspar, pour enfin découvrir le parcours de l'enfant devenu jeune homme. Le danger, la cruauté, l'implacabilité du destin, empoisonnent l'existence de millions de malheureux argentins. Leur calvaire nous est conté à la façon, soudain, d'un documentaire, d'un reportage. L'implication criminelle des familles de l'ordre n'est pas détectée, les journalistes qui approchent de la vérité disparaissent soudain. La junte, les dictateurs, et la secte sont liés par un pacte digne du diable et se protègent mutuellement. Ils sont intouchables, ou plutôt ils croient l'être. Mais tout n'est que cycle, recommencement, renaissance.... Un roman historique donc mais aussi fantastique qui diluent les limites entre les styles littéraires et les mondes. Un très beau récit poignant, percutant, ensorcelant. Les personnages restent longtemps des compagnons de nos vies bien après avoir refermé le livre. Inoubliable ! Lumineux malgré les ténèbres, porteur d'espoir. Hommage vibrant à toutes les victimes des dictatures. Quatrième de couverture Un père et son fils traversent l'Argentine par la route, comme en fuite. Où vont-ils ? À qui cherchent-ils à échapper ? Le petit garçon s'appelle Gaspar. Sa mère a disparu dans des circonstances étranges. Comme son père, Gaspar a hérité d'un terrible don : il est destiné à devenir médium pour le compte d'une mystérieuse société secrète qui entre en contact avec les Ténèbres pour percer les mystères de la vie éternelle. Alternant les points de vue, les lieux et les époques, leur périple nous conduit de la dictature militaire argentine des années 1980 au Londres psychédélique des années 1970, d'une évocation du sida à David Bowie, de monstres effrayants en sacrifices humains. Authentique épopée à travers le temps et le monde, où l'Histoire et le fantastique se conjuguent dans une même poésie de l'horreur et du gothique, Notre part de nuit est un grand livre, d'une puissance, d'un souffle et d'une originalité renversants. Mariana Enriquez repousse les limites du roman et impose sa voix magistrale, quelque part entre Silvina Ocampo, Cormac McCarthy et Stephen King. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Impasse Verlaine
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Impasse Verlaine Dalie Farah Mon Poche 4 juin 2020 264 pages Roman Chronique 5 juillet 2020 « Sur le bateau, dans les yeux épuisés ma mère, je vois les bottes françaises, les tirailleurs français, les soldats de la pacification ; dans ceux de mon père silencieux, la traîtrise d’avoir manqué à son pays pour survivre en France. Ils sont vivants et veulent être heureux là-bas, là-bas d’où venaient ceux qui les ont mis à genoux au pied des Aurès. » Un premier roman terriblement beau, une plume magnifique, une justesse et une analyse foudroyante, un coup de poing dans le plexus solaire, qui m'a laissée aphone, subjuguée de lire dans ces pages ce que ma fratrie et moi-même avions vécu. Ici s'ajoute l'origine ethnique, berbère, de la mère mariée et exilée de force en France, à Clermont-Ferrand, loin de ses montagnes bien aimée. Ce qui est le plus dramatique c'est de constater de l'universalité de ce roman, de l'absence d'originalité quant à l'origine du mal qui se transmet en héritage de génération en génération, de cette nécessité irrépressible de se détruire entre femmes, au lieu de resserrer les rangs face au monde des hommes. Djemaa en arabe, Vendredi en français, comme sa mère avant elle, si forte, si libre dans sa tête, courant dans les montagnes après le troupeau dont elle est la fière bergère naît et grandit au moment de l'histoire où l'Algérie brise ses liens avec la France. Sa mère l'a eue très jeune et semble vouloir lui inculquer tout de suite que être femme signifie souffrir. Qui aime bien châtie bien. Alors elle doit énormément aimer sa fille car elle martyrise Vendredi, fait tout pour casser sa si grande et prétentieuse volonté. Une fille ça doit plier. Tant que le père est vivant, la gamine est plus ou moins protégée, mais c'est la guerre avec son cortèges d'horreurs et d'exécutions sommaires. Le père n'y coupe pas. La mère devient toute puissante et décide du destin de sa fille. Mariage avec un homme de vingt ans plus âgé puis exil en France, chez les ennemis, ceux qui ont mis l'Algérie à terre. Vendredi est pleine des larmes qu'elle n'a pu laisser couler, du chagrin inexprimable de la perte du père puis de la terre, de l'effroi de devoir suivre un mari qui lui fait mal toutes les nuits, et rejoindre un pays étrange et mal accueillant. Comble de malheur, elle qui a grandi avec l'idée qu'une femme est mauvaise, sale, inférieure aux hommes, elle apprend qu'elle attend déjà, alors qu'elle-même est encore une gamine analphabète, un enfant. Pire c'est une fille ! Une rescapée de cet utérus hostile, née prématurée et qui s'accroche.... Alors, Vendredi va perpétuer les gestes de sa mère avec la petite, lui apprendre ce que cela signifie d'être une femelle, et la prendre pour bouc émissaire de tout le malheur qu'elle a dû traverser jusque là. L'amour de Vendredi est corrosif, nocif, il laisse des bleus, des griffures sur la peau et dans l'âme de la petite qui grandit malgré tout dans cette tour de HLM de l'impasse Verlaine qui se referme sur elle comme un piège. Cependant une issue de secours existe pour la fille de Vendredi, l'école et surtout la littérature..... Vous allez assister aux chemins de croix de ces deux fillettes en parallèle. L'auteure analyse avec clairvoyance et intelligence l'origine de ce mal qui laisse les enfants battus à terre avant de pouvoir pour certains se relever et fuir. Vendredi n'a pu s'échapper mais sa fille le pourra-t-elle ? Il faut une âme forte pour écrire et lire ce roman qui interroge sur l'identité des femmes et précisément ici des femmes Berbères en France. Qui met en lumière les raisons de la maltraitance sur enfants, pour lutter contre. Comprendre pour ensuite effacer, éradiquer. Attention, ce n'est ni larmoyant, ni facilement complaisant ou victimaire. C'est le récit d'une guerrière non dénuée d'un sacré sens de l'humour, d'ironie qui regarde et analyse ce qu'elle voit, subit, et nous conte son histoire sans filtre. Et si vous avez du mal à prendre connaissance de ce qui va lui arriver, pensez qu'elle a tout affronté petite. Ayez le même courage, lisez ! Texte couronné de Prix Dubreuil du premier roman 2019 par la Société des Gens de Lettres. Quatrième de couverture Dans ses montagnes berbères, Vendredi, l’effrontée, cabriole parmi les chèvres pour faire rire son père adoré et subit à la maison l’œil redoutable et la main leste de sa mère. Jusqu’au jour où on la marie à un homme qui lui répugne et l’emmène vivre de l’autre côté de la Méditerranée. A seize ans, désespérée d’être enceinte, elle accouche d’une petite fille à qui elle portera un amour étonné et brutal. Impasse Verlaine, en Auvergne, la fille de Vendredi remplit les dossiers administratifs pour la famille et les voisins, fait des ménages avec sa mère, arrive parfois en classe marquée des coups reçus chez elle. En douce, elle lit Dostoïevski et gagne des concours d’écriture, aime un Philippe qui ne la regarde pas et l’école qui pourtant ne veut pas voir la violence éprouvée. C’est l’histoire de deux enfances cruelles et joyeuses, l’histoire d’une mère et de sa fille liées par un amour paradoxal. Un récit unique et universel où l’humour côtoie la poésie dans un élan d’une vitalité impérieuse et magnifique. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Les amours d'un fantôme en temps de guerre
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Les amours d'un fantôme en temps de guerre Nicolas De Crécy Albin Michel 2018 roman illustré de toute beauté de 211 pages Roman Historique illustré Chronique 12 mars 2019 Trouvé à la bibliothèque Aimé Césaire Paris 14, il n'était pas classé dans la littérature jeunesse, un choix qui n'est pas forcément celui de tous. La seconde guerre mondiale transposée dans l'univers très particulier des fantômes, où des fantômes résistants s'opposent à des fantômes acides des plus dangereux. Notre héros est un petit fantôme, jeune, isolé en ce début de récit dans sa maison familiale sans ses parents. Il ne sait pas du tout où ils se trouvent, il ne comprend pas pourquoi il est là... On ne sait rien de sa vie d'avant et des circonstances de son décès. Tout commence quelques années avant le début du conflit entre alliés et nazis, car au pays des fantômes, les évènements importants et tragiques précèdent toujours ceux qui arriveront plus tard en écho chez les vivants. Un soir, Boris, le cousin fantôme de la maman du petit fantôme l'emmène loin de la maison natale désolée pour le mettre à l'abri dans une grande ferme dans la montagne où réside Lili, jeune fantomette un tout petit peu plus grande que lui. Et là tout change pour le petit fantôme, il n'est plus seul, il devient même ami avec Boulette une chienne.... Mais les fantômes acides étendent leur ombre sur le monde des trépassés, un choix difficile va se présenter pour Lili et notre héros.... Illustrations magnifiques à regarder, admirer longuement et en détails, de vraies œuvres d'art, récit poignant et intelligent, un très beau roman illustré pour jeunes et plus âgés.... À lire, relire, tourner les pages inlassablement... Un gros coup de cœur. Quatrième de couverture J'ai perdu la trace de mes parents très tôt, je n'avais pas quinze ans. J'étais encore ce que l'on pourrait appeler un bébé fantôme, un bout de chiffon blanc moins large qu'un mouchoir. Un soir, je me suis laissé porter par le mistral, j'ai vu une vallée, des lumières, la mer. J'ai croisé des animaux que je n'avais jamais vus auparavant, et quelques humains qui ont pris peur. Je n'aurais jamais dû m'échapper ce soir-là." La destinée d'un jeune fantôme au cours d'un siècle guerrier, qui le mènera à s'engager dans la résistance avant d'éprouver ses premiers émois sentimentaux. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs















