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Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

Les amants maudits de Spirit Lake

Claire Bergeron

De Borée

14 février 2019

449 pages

Polar historique

Chronique

7 mars 2019

Dédicaces de l'auteure

« À ces peuples en marche, à ces ombres sans nom à la recherche d'une terre d'accueil.

Puissent les pays où règne la liberté leur ouvrir les bras. »

De Nelson Mandela

« Que règne la liberté. Car jamais soleil ne s'est couché sur réalisation humaine plus glorieuse. »


Des vœux pieux en ces temps troublés où des migrants en Europe, en Amérique du Nord ne sont pas accueillis avec la bienveillance et l'empathie indispensables, après toutes les épreuves déjà traversées. Oublions-nous que nous sommes tous les descendants de migrants, de réfugiés, que nous sommes tous le résultat d'un métissage bénéfique à l'amélioration de l'être humain, de ses capacités ? Nous vivons tous dans des pays en pleine mutation, à la croisée des chemins entre un passé aux valeurs pour certaines révolues et inégalitaires, et un futur à inventer dans le respect de toute vie, de la multiplicité des êtres, de la Nature.


Ce grand roman d'amour, d'aventure, historique, et policier, a pour toile de fond une bien dramatique et honteuse période de l'histoire du Canada.

À peine croyable !

Y-a-t-il un continent, un endroit sur cette planète où ce genre d'ignominie n'aie pas eu sa place ? J'en doute, et cela est douloureux.


Ainsi en août 1914, l'Angleterre déclare la guerre à l'Empire Austro-hongrois et l'Allemagne. Des ressortissants de ces deux pays, des ukrainiens et turcs également, afin de se mettre à l'abri d'un conflit qu'ils avaient pressenti, ont émigré jusqu'en Amérique du Nord, une grande partie au Canada.

Ils travaillent, font lentement leur place malgré les réactions violentes, racistes de quelques canadiens, ayant peur pour leur travail.


La xénophobie s'accroît au moment de la déclaration de guerre, tous ces migrants deviennent ennemis de la patrie. Afin de calmer les esprits, le gouvernement va alors prendre une décision stupéfiante, ignoble :

Enfermer ces innocents réfugiés dans 24 camps d'internement, avec miradors, barbelés, tirs à vue, gardiens violents pour quelques uns d'entre eux. Les conditions de vie y sont insupportables, la nourriture insuffisante, les protections contre le froid ou les moustiques ridicules, même dans les maisons construites en lisière des camps pour les familles des hommes enfermés dans ces baraquements devenus concentrationnaires.


Moins de deux ans après cette décision inique, inhumaine, le premier ministre canadien, Robert Borden, ordonne la fermeture de ces camps et la libération des pauvres réfugiés politiques innocents de tout crime. Les bâtiments sont rasés, les archives détruites. Ainsi le souvenir de ce qui fut fait à ces ukrainiens, allemands, turcs fut effacé pendant plus de soixante ans dans les brumes de l'Histoire.


Grâce à ce roman, que Claire Bergeron situe au camp de Spirit Lake, en Abitibi, au centre d'une forêt boréale, à 600 km de Montréal, l'écrivaine redonne la parole à tous ces oubliés, retrace leur parcours du combattant, ravive les mémoires pour que plus jamais cela ne puisse arriver. Encore un vœu pieux !


Je ne suis pas du tout romantique, les histoires d'amour, surtout dans la littérature m'ennuient profondément, je trouve cela un peu ridicule tant dans la vie que dans les livres.

Cependant j'ai fini celui-ci avec les larmes aux yeux, touchée par le destin si terrible et romanesque de l'héroïne, symbolisant tous ces migrants, émue par un épilogue où toutes les pièces de la vie de chaque personnage rencontré réel ou fictif prenaient leur place définitive, formant un patchwork multicolore où certains carrés sont plus sombres et d'autres plus lumineux, ayant demandé beaucoup de courage et de travail, pour finalement créer le Canada d'aujourd'hui.


Ainsi en ce 1er juin 1916, nous rencontrons à Amos, dans la chapelle du couvent des sœurs de l'Assomption, Alyona Loveneck, violoniste soliste ukrainienne au talent prodigieux. À dix huit ans, sous les instances de son père Anton, riche industriel, et sous la protection tutélaire de Oleg, son professeur d'anglais en Ukraine, elle a migré au Canada via Southampton avec son jeune frère Vitaly. Les débuts à Montréal en 1914 furent très difficiles, dans l'attente inquiète de l'arrivée de leur père. Deux ans après, une série de catastrophes et d'événements, que vous découvrirez dès le prochain chapitre, se sont enchaînés.


Déportée à Spirit Lake, elle tombe amoureuse de Alexandre, le fils de Edmond Lavallière, épicier enrichi grâce à l'ouverture du camps, marié à Imelda haineuse et raciste. Elle-même a épousé un compatriote lors d'un mariage blanc qui vite a tourné au cauchemar.

Enceinte, sur le point d'accoucher, elle sait que Alexandre et elle sont pour l'opinion publique les amants maudits de Spirit Lake.

Aujourd'hui ils sont accusés du meurtre du mari de la jeune femme, Alexandre a déjà été arrêté et emmené à Montréal.


Qui est le vrai coupable ? Comment vont-ils pouvoir s'innocenter ? Le destin va-t-il enfin leur être favorable après tous ces malheurs successifs ? Alyona Loveneck pourra-t-elle retrouver sa vie consacrée à la musique, à la beauté ?


Je me suis sentie très proche de cette musicienne de par ma profession, et l'ai comprise également dans son désespoir et sa ténacité à tenir le coup vaille que vaille. Un magnifique portrait de femme donc, une galerie complète de personnages attachants ou inquiétants, une fresque aux teintes nuancées et subtiles pour traiter d'un sujet délicat, douloureux et honteux. Sans aucune mièvrerie ou faiblesse, ce roman vous emporte aux confins de cette forêt boréale, au camp près duquel l'Esprit du lac vous attend.


Actuellement en cours de traduction en anglais et ukrainien, ce roman est un best-seller au Canada comme tous les livres de cette auteure

Quatrième de couverture

Contraints de quitter l'Ukraine en 1914, c'est vers une terre de liberté que croyaient voguer la jeune Alyona Loveneck, une violoniste prodige, et son frère Vitaly. Mais à leur arrivée au Canada, la guerre est déclarée et ils se retrouvent parmi les familles des prisonniers au camp de Spirit Lake. Trahie, dépouillée de ses biens, Alyona doit y prendre des décisions qui changeront à jamais le cours de son destin et celui de son frère. Malgré tout, quand elle fait la connaissance d'Alexandre Lavallière, elle est forcée d'admettre que, derrière la guerre qui fait rage, il y a encore des gens heureux. Dans le tourbillon des évènements qui bouleversent sa vie, a-t-elle toujours le droit de rêver ? Son amour interdit, dévoilé à la face du monde, devient source de mépris. Et lorsque son univers s'écroule, entraînant Alexandre dans la débâcle, ils sont désormais perçus
comme des amants maudits ? Au début de la première Grande Guerre, poussé par la xénophobie croissante de la population, le gouvernement canadien érigea vingt-quatre camps de détention à travers le pays, dont celui de Spirit Lake, en Abitibi. Des Turcs, des Allemands, mais surtout des Ukrainiens y furent enfermés. Deux seulement parmi ces camps purent accueillir les familles des prisonniers, et Spirit Lake fut l'un d'eux. C'est autour de ce site peu connu que Claire Bergeron a choisi de camper ce roman captivant, instructif et émouvant.

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