Trouverez-vous votre bonheur ?
Résultats trouvés pour la recherche vide
- La Complainte de la grive
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires La Complainte de la grive Daniel Cario Presses de la Cité Terres de France 15 octobre 2020 624 pages Thriller Terroir historique Chronique 4 janvier 2021 En premier lieu cette extraordinaire et bouleversante photographie de couverture : Liliane Mangavelle - cliché issu de la collection du Musée de Bretagne. Magnifique roman de Terroir, l'histoire fabuleuse de Symphorien, kanerien de génie, inspiré, doué d'une voix exceptionnelle et doté d'un coeur, d'une force de caractère et d'une ouïe hors du commun. Cette dernière, qui pourrait être un cadeau de la nature, provoque chez le pauvre enfant, dès sa première prise de souffle, des douleurs insupportables aux oreilles, des migraines invalidantes. Ce qui devait être une force, un avantage, ne sera au début de son existence qu'une source de malheur et de terreur jusqu'à sa deuxième naissance, décrite dès l'introduction magique, inquiétante, onirique, de cette oeuvre.. Plus qu'une naissance, une fuite vers le monde réel, vers d'autres êtres humains, d'autres enfants perdus... De la crypte à la maison au bord de l'océan d'une pauvre femme privée de son fils, de l'orphelinat à un château inquiétant jusqu'à la demeure d'un nouveau tuteur bienveillant, combien de malheurs, épreuves, devra-t-il traverser, combien de belles et mauvaises rencontres fera-t-il ? Daniel Cario nous fait le cadeau d'un texte d'une puissance évocatrice envoûtante, long chant d'amour pour cette Terre de Bretagne, son histoire, son âme, ses traditions, ses artistes d'exception, son particularisme, son courage, son entêtement, sa résistance à tout : envahisseurs qu'ils soient parisiens, français ou allemands, coutumes étrangères, modernité à tout prix, pragmatisme désincarné. Un roman comme une guerz, une complainte , certains disent un blues... Un blues breton se situant en plein centre du pays, dont chaque chapitre est une strophe, et raconte le destin de l'enfant de la crypte de 1920 à la libération de la France. Époque charnière où certains irréductibles continuent à faire vivre la langue, les traditions, le répertoire vocal transmis oralement depuis des siècles. Nous voilà invités à entrer dans la danse, à nous imprégner de l'ambiance bonne enfant, festive, des fest-noz, des bals improvisés en pleine foire, dans les champs : les kanterien entonnent un chant respectant des règles précises de construction, des polyphonies où se répondent les voix fortes et aiguës afin de porter loin le texte, de se faire entendre et comprendre. Celui-ci s'inspire de la vie, des menus incidents plus ou moins cocasses ou tragiques jalonnant le quotidien des spectateurs entourant les deux chanteurs, ou reprennent les légendes et destins fantastiques du répertoire traditionnel. Daniel Cario, à l'instar de ces artistes résistant aux nouvelles modes venues de Paris, à l'accordéon, à la musique conventionnelle composée à partir d'une gamme classique, en tons et demi-tons, ressuscite les voix, fait résonner à nouveaux les mélodies riches de quarts de tons, redonne vie par ce long poème charnel, onirique, dramatique, organique, à ces Bretons, fiers héritiers de toute une tradition, une culture protégée, diffusée, vivante et en pleine évolution grâce à des interprètes comme Denez Prigent. Je vous laisse découvrir la quatrième de couverture. Ce roman fut édité une première fois en 2006 aux Éditions Coop Breizh. Très très beau. Quatrième de couverture Sur les chemins de Bretagne, un jeune garçon, né avec le don d'oreille absolue, en quête d'identité qui en changera plusieurs fois pour les besoins de sa fuite, n'aura de cesse de vouloir retrouver ses origines et l'amour de sa mère abandonnée. 1928, Finistère. Un petit garçon étrange vagabonde seul sur les chemins. Dans sa tête, tout est bruit, tout est son, tout résonne trop intensément. Symphorien a fui la cave où sa mère l'a élevé dans l'ignorance du monde et des hommes. D'aventures en rencontres, c'est un colporteur qui va changer sa vie. Il décèle en lui le don d'oreille absolue, qui lui permet de mémoriser d'instinct toute mélodie. Et sa voix d'exception. Voici le maître et l'enfant prodige allant, de pardons en foires, chanter leurs complaintes alors que gronde bientôt le fracas de la guerre... Mais Symphorien n'oublie pas d'où il vient, ni sa mère qu'il a abandonnée... Un roman magnifique, autour de savoirs ancrés dans la grande tradition populaire bretonne, qui fait revivre le temps des veillées campagnardes et des fêtes des travaux des champs. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Coupable
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Coupable Jacques-Olivier Bosco dit JOB Robert Laffont La Bête Noire 2018 378 pages Thriller Chronique 10 mai 2017 « La soif d'amour aspire à être assouvie, les larmes cherchent des larmes qui leur répondent. » Leonid Andreiev, Sachka Jegouliov ( Jour de colère) Après le premier tome "Brutale" paru et chroniqué en 2017, j'ai eu beaucoup de plaisir à retrouver la lieutenante Anne-Lise Lartéguy, travaillant dans les locaux succédant au 36 quai des Orfèvres, dans les bâtiments du Bastion aux Batignolles, avec sa cheffe Brigitte Lancier, et Paulette Slawy dite Paupiette. Une équipe de femmes efficaces et tenaces, très attachantes. C'est amusant comme dans ce livre, les gangs ou groupes de filles sont des éléments récurrents tout au long de la courte vie de Lise. C'est notable également ce pouvoir presque matriarcal donné aux femmes par l'auteur. " Inapte à la vie en communauté [...] possibilité de schizophrénie [...] impulsive et asociale [...] agressive dans son rapport à l'autorité [...] susceptible d'actes de violence non contrôlés [...] demande d'encadrement, de fichage et d'éloignement [...] pour son propre bien et celui d'autrui [...]" Quelques lignes extraites d'un rapport psychologique qui changent toute une destinée. Au tout début, nous sommes dans les années 2000, deux filles se sont échappées d'une pension psychiatrique pour jeunes délinquantes en rupture avec la société : Linda et Lise. De nos jours : Depuis huit mois après la dernière grosse affaire racontée dans "Brutale", ( une aparté : je trouve dommage de redonner autant de détails sur la résolution de ce 1er tome en début de celui-ci....plus de flou artistique me semblerait judicieux pour que ceux qui lisent d'abord cet opus aient envie de lire le précèdent.... un peu plus cloisonner chaque intrigue serait préférable à mon humble avis), un gros changement est intervenu dans l'existence de notre héroïne : elle est amoureuse de Solveig une infirmière rencontrée lors de sa dernière hospitalisation psy. Pour elle, Lise a fait taire la Bête en elle : celle qui auparavant lors d'opérations punitives sur des pourritures passées à travers les mailles de la justice, dans une décharge hallucinée de haine et d'envie de détruire incontrôlable, lui permettait d'anéantir dans le sang et sous shoot insensé d'adrénaline en fusion, tous ses déchets de la société. Son père également flic, sous la dénomination de La Méthode, n'avait trouvé que ce moyen pour canaliser la violence de sa petite fille de huit ans revenue irrémédiablement changée après trois jours en Espagne avec Maria sa mère, pour devenir à l'âge adulte ce monstre de méchanceté gratuite et incompréhensible. Cependant cela devient très difficile de se maîtriser, elle commence à craquer, à bouillir littéralement. Solveig le sent, le couple en pâtit. Lise est appelée sur une scène de crime, deux victimes retrouvées avec les paupières découpées au scalpel. Un message " puisqu'il faut choisir" gifle la lieutenante. Flashback indésirable, envie de se défouler, et le faux pas sous forme de baston sur un voisin de l'immeuble des suppliciées... d'où convocation chez Pierre Boisfeuras, son supérieur et son parrain, qui la protège depuis la mort de son ami et collègue Paul Lartéguy. Seulement cette fois, elle a dépassé les limites. Au fond d'elle, la Bête se réveille et gronde, elle se fond dans la nuit pour frapper. Le lendemain Pierre Boisfeuras est retrouvé assassiné dans un quartier chaud, non loin de l'endroit où elle s'est réveillée couverte de sang. Est-elle COUPABLE ? Qu'y a t'il dans le passé de Pierre, Paul ou Lise qui explique ces morts et celles qui suivront ? Que s'est-il déroulé en Espagne puis après la fugue de 2000 ? À quoi ont été confronté les deux hommes lors de leurs enquêtes de 1990 ? Enfin aurons-nous des réponses à toutes nos questions soulevées depuis "Brutale" ? Toujours aussi rapide et cinématographique à la Tarentino, un personnage central en permanence sur le fil du rasoir basculant entre plusieurs dimensions, une urgence à enfin savoir la vérité. Ce thriller pose aussi la problématique, en ces temps de plus en plus violents, où certains s'en sortent toujours malgré le mal à leur actif, de l'inefficacité d'une justice incapable de s'adapter aux méthodes du diable et ses sbires. La Méthode expéditive décrite dans ce récit je l'avoue me séduit beaucoup, en partie, moi qui quelques fois aurais souhaité en terminer en appliquant un bon coup de massue digne d'une femme préhistorique. La civilisation est-elle si civilisée, qui ajoute à la douleur des victimes, la double peine d'une attente insupportable d'une sentence leur rendant justice trop rarement ? Sommes-nous réellement dans un État de droit où chacun est égal et peut prétendre à une réparation ? Enfin les brûlures du passé se rappellent-elles obligatoirement toute notre vie, n'est-ce pas là une excuse un peu facile au passage à l'acte ? À vous d'en juger... Quatrième de couverture Internée à l’adolescence parce qu’elle souffrait de troubles psychologiques, Lise s’est liée à des filles avec qui elle a tout partagé, des « monstres » comme elle. Et elle a rencontré son double. Des années plus tard, Lise est lieutenante à la brigade criminelle de Paris. Quand elle est amenée à enquêter sur la mort de l’un de ses proches, le passé trouble de sa famille réapparaît. Et les secrets de son enfance refont surface. Que s’est-il réellement passé lorsqu’elle avait treize ans, dans cette ferme aux murs recouverts de sang ? Et pourquoi est-elle revenue, celle qu’elle appelait sa « jumelle », son double maléfique ? Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Recettes d'amour et de meurtre, une enquête de Tannie Maria
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Recettes d'amour et de meurtre, une enquête de Tannie Maria Sally Andrew Flammarion Juin 2017 479 pages traduites par Rose Labourie Thriller joyeux Chronique 18 janvier 2018 Recette de meurtre : 1 homme trapu qui maltraite son épouse 1 petite épouse bien tendre 1 dure à cuire de taille moyenne qui en pince pour l'épouse 1 fusil de chasse 1 petite ville du Karoo marinée au secret 3 bouteilles de Brandy Klipdrift 1 poignée de piments 1 jardinier inoffensif 1 new-yorkaise chaude comme la braise 7 adventistes du 7eme jour (parés pour la fin du monde) 1 détective amatrice avec un cœur d'artichaut 2 policiers pleins de sang-froid 1 poignée de fausses pistes et de suspects bien mélangés 1 pincée d'envie Jetez tous les ingrédients dans une grande casserole et laissez lentement mijoter pendant quelques années en remuant avec une cuillère en bois. Vers la fin, ajoutez le piment et le Brandy, puis montez le feu. Afrique du Sud, Mandela vient de disparaitre en ce début d'histoire, nous sommes dans une réserve naturelle le Karoo. Goûteux ! Si vous êtes au régime, bonne chance avec ce livre qui ne parle en grande partie que de nourriture, des bons petits plats africaans ou sud africains, de saveurs, de parfums, d'arômes, de couleurs. Ajoutez à cela la description de la région du Karoo, de sa nature, de sa faune, des us et coutumes, et pour le suspense un bon petit meurtre à élucider. Avant même de débuter, sachez qu'un lexique africaan est à votre disposition à la fin du récit juste après les recettes de cuisine offertes aux lecteurs. C'est un livre humain, généreux, drôle, réjouissant, qui traite de sujets graves avec le sourire et le dosage parfait de tact. Ainsi donc notre héroïne si attachante, Tannie Maria, la jolie cinquantaine moelleuse, tient la rubrique culinaire de la Gazette du coin, mais soudain il est imposé par les investisseurs, qu'une rubrique courrier du cœur soit ajoutée. Qu'à cela ne tienne, la responsable Hattie, grande amie de Maria, décide que les deux rubriques n'en feront plus qu'une. Pour compléter l'équipe journalistique, Jessie jeune femme tatouée et baroudeuse s'occupe des reportages sur la région. Bientôt une lettre met Maria en alerte. Sa rédactrice anonyme y parle des mauvais traitements qu'elle supporte de la part de son mari, jaloux, d'autant plus qu'une amie de la femme, manifestement amoureuse de cette dernière, ne fait qu'envenimer les choses. Maria lui envoie une recette de cuisine pour attendrir l'époux mais aussi des conseils pour ne plus se mettre en danger. Tannie Maria a en effet été battue par son mari, maintenant décédé, et se sent donc concernée par ce cas. Peu de temps après, un nouveau courrier : la victime prépare son départ en secret.... On découvre le corps d'une femme Martine assassinée dans sa cuisine. Le mari violent est arrêté et une amie de la morte Anna est soupçonnée également. L'enquête commence et Tannie Maria ne pourra rester à l'écart. Prenez votre temps, nous sommes en Afrique où tout va à son rythme tant il fait chaud ; laissez vous imprégner des odeurs délicieuses et autres fumets, de l'atmosphère emplie d'amour, de passion et de mystère, et alors vous pourrez faire ce long voyage sud-africain avec joie. J'ai beaucoup souri, été attendrie aussi, et amusée également. Les recettes de la fin sont les cerises sur les biscuits, gâteaux au chocolat et biscottes qui jalonnent cette enquête. N'hésitez pas ! Quatrième de couverture Recette de meurtre : 1 homme trapu qui maltraite son épouse 1 petite épouse bien tendre 1 dure à cuire de taille moyenne qui en pince pour l'épouse 1 fusil de chasse 1 petite ville du Karoo marinée au secret 3 bouteilles de brandy Klipdrift 1 poignée de piments 1 jardinier inoffensif 1 New-Yorkaise chaude comme la braise 7 adventistes du septième jour (parés pour la fin du monde) 1 détective amatrice avec un cœur d'artichaut 2 policiers pleins de sang-froid 1 poignée de fausses pistes et de suspects bien mélangés 1 pincée d'envie Jetez tous les ingrédients dans une grande casserole et laissez lentement mijoter pendant quelques années en remuant avec une cuillère en bois. Vers la fin, ajoutez le piment et le brandy, puis montez le feu Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Regarde
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Regarde Hervé Commère Fleuve 12 mars 2020 320 pages Thriller Chronique 13 mars 2021 Si vous êtes comme moi, qui ne lis qu'à voix haute, la beauté de ce texte vous frappera dès les premières pages... Tout est évident, la musique induite par l'auteur vous envoûte immédiatement, votre interprétation est juste, votre voix posée, votre découverte aisée et votre lecture d'une grande fluidité... L'émotion affleure soudain, noue votre gorge, les tempi se fracturent.... Votre cœur a des ratés... Je vous souhaite d'être aussi chamboulés, émus, admiratifs, bluffés que je l'ai été grâce à "Regarde" de Hervé Commère qui signe là un nouvel opus magistral, puissant et en même temps délicat, terrifiant et en même temps tellement romantique. On tremble de peur, de joie, de passion, d'incompréhension, de fureur, d'envie de tuer, de se venger... Tour de force que d'avoir mener à son terme un tel scénario dont on comprend toute la profondeur et la maestria si l'on prend le temps, si tôt la dernière page tournée, de reprendre la lecture au début. La maîtrise de l'auteur nous saute alors aux yeux. C'est très intelligent non seulement sur le plan intellectuel mais aussi humain, émotionnel. L'identification de l'écrivain à son personnage principal est totale. C'est un texte de Femme, une héroïne impressionnante et fragile, complexe, charismatique ; son genre n'a que peu d'importance, elle n'est pas stéréotypée, avant tout Mylène est un être libre qui a payé le prix fort pour vivre son histoire d'amour jusqu'au bout, sur le rythme endiablé d'un Charleston. Cela n'a pas duré longtemps, un an seulement oui, mais c'est une éternité. Cela a fini très mal, passage par la case prison et la séparation que l'on pense passagère et qui devient définitive... Le milieu carcéral n'est pas tendre, les meurtres sont légion. Paco est poignardé.... Battements du cœur suspendus, irréguliers, proches de cesser... pour Mylène... Comment survivre après ? Sortie, reconstruction, réinsertion sociale... L'amitié est au rendez-vous, heureusement... La vie reprend avec des moments doux, des bonheurs moins vifs mais réels comme ces escapades dans toute la France que s'offre notre héroïne. Elle en est arrivée, suivant l'ordre alphabétique, au Lot. Elle loue pour un weekend une roulotte... anonymat exigé, elle ne veut pas savoir qui est le ou la propriétaire des lieux. Arrivée de nuit, option lampe poche du portable pour trouver les clefs puis le lit, sommeil profond dans l'attente de découvrir l'écrin de verdure promis par les photographies du site internet. Mais le lendemain, la sidération, la violence, la stupeur prennent possession de son âme.... Des objets, des indices, des détails, qui se transforment peu à peu en preuves, l'entourent sous la lumière du jour.... tout indique que cette roulotte est habité par Paco... Mais ce n'est pas possible ! Ou alors.... Grand roman d'amour, d'amitié également puisque trois camarades de Mylène vont lui apporter leur aide dans cette chasse aux ombres et à la vérité. Un étonnant thriller psychologique débute alors, qui générera vite chez vous l'impossibilité de lâcher le livre, et, une soif de comprendre urgente et impérative. Très beau roman à mettre entre toutes les mains, que l'on aime la littérature noire ou blanche, tant ce texte est extrêmement bien écrit et mené. Bouleversant et jubilatoire pour le final. Très impressionnée, je suis ! Quatrième de couverture "Jadis, Mylène a aimé un homme. Ensemble, ils ont fait les 400 coups. Jusqu'au braquage raté d'une bijouterie en Espagne, au cours duquel les deux amoureux se sont fait prendre. Mylène n'a jamais revu Paco : il a été poignardé dans sa cellule un soir. Aujourd'hui, Mylène est libre. Elle travaille dans un dépôt-vente en banlieue parisienne, et vit dans une chambre de bonne. Parfois, le temps d'un week-end, elle loue un appartement quelque part, et s'imagine une autre vie. Celle qu'elle aurait pu avoir si elle n'avait pas commis les mêmes erreurs. Elle rêve. Ce week-end pourtant, Mylène ne rêve pas : dans la roulotte qu'elle a louée, tout la ramène à Paco. Les meubles, les objets, il y a même une photo de lui au mur. Cela semble inconcevable, mais on dirait qu'elle est chez lui." Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Zoo Station
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Zoo Station David Downing Cherche Midi 2017 343 pages traduites par Cindy Colin Kapen Thriller Historique Chronique 29 janvier 2018 Premier tome d'une série très originale et passionnante consacrée au journaliste John Russell, qui fut un vrai succès de librairie en Angleterre et aux États-Unis. J'ai ajouté les couvertures des autres opus qui devraient, je l'espère, être édités en France bientôt. Tous portent le nom d'une gare berlinoise. Thriller historique, de guerre, d'espionnage nous menant en ce début de roman à Dantzig lors des deux dernières heures de 1938. La monstrueuse nuit de cristal a eu lieu, les exactions des nazis de cachées deviennent visibles peu à peu, Hitler ne va pas continuer encore très longtemps à jouer le chantre de la paix auprès des autres pays d'Europe. Evgeni Grigorovitch Chtchepkine aborde le journaliste John Russell, ancien communiste, résidant à Berlin mais travaillant pour la presse anglo-saxonne, pour lui commander une série d'articles rendant hommage à la politique nazie. Ces panégyriques sont destinés à la Pravda, tout ceci pour améliorer les relations entre les soviétiques et le Reich avant la signature du pacte de non- agression. D'abord Russell refuse puis y voit un intérêt. Il n'est pas le seul, les allemands, les anglais vont également se mettre sur les rangs. Le voilà en train de tomber dans le monde dangereux du contre-espionnage. Pour le moment, le journaliste n'a pas franchement choisi son camp, car son fils, qu'il a eu voici dix ans avec Ilse remariée à un SA, vit à Berlin et fait partie des jeunesses hitlériennes. S'éloigner de son enfant est trop difficile bien qu'inévitable. John sera obligé de partir dès la déclaration de la guerre car il est anglais par son père, donc un futur ennemi du Reich. Pourtant il aime l'Allemagne, Berlin, les coutumes, la culture, la gastronomie germaniques ; grâce à ce personnage, nous visitons et découvrons tout ce monde de la pré-guerre, dans le quotidien : une façon de créer une empathie avec un peuple qui bientôt suivra bon gré, mal gré le Führer. On comprend leurs opinions, leurs dérives et embrigadements insensés pour certains. Dans cette immense ville cosmopolite, vitrine de l'Allemagne idéalisée, séjournent également des journalistes de tous les pays, dont un américain logé dans le même immeuble que Russell. Ce dernier, grâce aux recherches de ce jeune collègue, en vue d'un scoop phénoménal qui devrait lancer sa carrière, est alerté sur un projet de loi démoniaque et une fameuse liste de noms de futures victimes des nazis.... Le couperet tombe, l'américain fait un plongeon mortel.... La neutralité à laquelle s'était obligé Russell ne va plus être de mise, il va devoir se positionner, et vite, car des proches sont en danger et n'ont plus que lui comme planche de salut. D'une micro bulle d'irréalité dans laquelle se complaisent ceux qui refusent d'anticiper le drame des cinq prochaines années, nous sommes projetés prodigieusement à Berlin, en Pologne, à Londres... Ces retours temporels sont autant de fractions d'un rare réalisme. On pense à l'oeuvre également de Philip Kerr qui écrivit toute une série policière dans l'Allemagne nazie. C'est une plongée dans le passé terrifiante, un suspense nerveux et psychologique nous coupant le souffle. On est John Russell, un homme ordinaire obligé, comme tant de justes, d'accomplir des actes extraordinaires. J'ai vraiment hâte de lire la suite de Zoo Station paru en 2007. Nous avons du retard à rattraper puisque les prochains épisodes vont traiter de toute cette période 39/45. La guerre est inévitable, même si les allemands, croyant en leur Führer et à un retour fallacieux de prospérité économique, ne veulent que la paix avec leurs voisins. Évidemment, la réalité est toute autre, la nouvelle voiture du peuple, le bateau Bismarck, tout cela est de la poudre aux yeux pour rassurer le bon peuple. En revanche l'antisémitisme est une réalité abominable qui s'amplifie chaque jour, et des innocents sont arrêtés, envoyés dans des camps où ils sont torturés sans raison, juste par haine. D'autres populations vont être dans le viseur de Adolf Hitler et de ses chasseurs, pour mettre les fours en activité, pour purifier la terre aryenne de toute souillure, de toute anormalité, anomalie. Et ce fait historique aujourd'hui connu, étudié en cours, nous laissant muet de stupeur, est au centre de ce livre. Beaucoup vont échafauder des plans, vont tuer ou mourir, pour empêcher la vérité d'éclater au grand jour, un bas les masques que les nazis ne peuvent permettre. Note d'introduction de l'auteur : « Ceci est une œuvre de fiction, mais tous les efforts ont été faits pour respecter le contexte historique. Les références aux meurtres de personnes mentalement handicapées planifiés par les nazis sont pour la plupart tirés de l'étude exhaustive de Michael Burleigh, « Death and Delivrance », et, jusqu'aux plus aberrants, les sujets d'actualité mentionnés çà et là sont d'une tragique authenticité. » Quatrième de couverture Berlin, 1939. Ancien communiste, John Russell, travaille pour la presse anglo-saxonne. Lorsqu'un agent russe lui commande une série d'articles élogieux sur l'Allemagne nazie, destinée à la Pravda, dans le but de préparer le pacte de non-agression, Russell se montre d'abord réticent, puis accepte. Ses contacts avec Moscou et Berlin attirent bientôt l'attention des services secrets anglais. Après la mort mystérieuse d'un journaliste, Russell se retrouve possesseur d'un terrible secret. S'il doit protéger sa petite amie, actrice dans les films officiels du régime ainsi que son fils, Russell pourra-t-il rester neutre face à l'horreur qui s'annonce ? Avec un réalisme rare et un suspense soutenu, David Downing interroge l'une des plus sombres périodes de notre histoire : peut-on refuser de s'engager quand le pire est à venir ? Ce premier volume des aventures de Russell, qui ont rendu leur auteur célèbre en Angleterre et aux États-Unis, nous invite dans l'intimité d'un héros en quête d'intégrité, que l'on sera impatient de retrouver. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Les Lunes de Jupiter
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Les Lunes de Jupiter Harold J.Benjamin Cohen & Cohen 22 septembre 2022 238 pages Polar historique Chronique 24 novembre 2022 « The heavens declare the glory of God ; and the firmament sheweth his handywork. » « Les cieux proclament la gloire de Dieu ; le firmament raconte l'ouvrage de Ses mains.» Psaulme 19 Pour ceux qui ont eu la chance de lire l'opus précédent de Harold J. Benjamin " Le grand effroi de John Pickett ", vous retrouverez avec joie cette si belle plume, cette ambiance très particulière de l'Angleterre élisabéthaine en 1588, ce plaisir de découvrir encore des détails savoureux, étonnants, stupéfiants sur cette époque, sur l'organisation de la société et les lois qui la régissent. Vous recroiserez John Pickett, dessinateur et peintre portraitiste, mais ferez surtout la connaissance de son fils, jeune homme de loi ou barrister, Tobias. Ce dernier, comme son père quelques années auparavant, sera projeté dans une enquête aux ramifications tortueuses. Réussir à se dépêtrer de cet écheveau serré sera dangereux et mobilisera toutes ses compétences, son courage et son intelligence. En ces temps d'incertitude, de peur, de toute puissance monarchique, où un carcan social, religieux, légal, est imposé à tous dans un climat de suspicion, de paranoïa, la vie peut basculer en une fraction de seconde. Il ne fait pas bon être libertaire, indépendant, curieux, inventif, en recherche de vérité, de progrès. À cette ambiance délétère s'ajoute la menace de l'invasion Espagnole. En effet, le très catholique Philippe Il envoie son " Invincible Armada " contre l'Angleterre de la très protestante Élisabeth 1ère. A priori, les paris sont en faveur des ibères. À Londres, capitale de tous les dangers, personne n'est à l'abri. Tout commence donc par l'enlèvement d'un jeune garçon, fils d'un traducteur et érudit, Matthew Lytton. Celui-ci retrouve la trace de son enfant et engage Tobias pour l'arracher aux griffes de son kidnappeur. Après un dénouement heureux, la famille Lytton est à nouveau frappée par un drame inexplicable, le meurtre du maître de maison. Quels sont les mobiles d'un tel crime ? À priori, rien ne justifie cette exécution et pendant que la menace espagnole se précise au large des côtes anglaises, un deuxième meurtre est perpétré : celui de Humphrey Newman, Master de l'école de droit de Lincoln's Inn, mentor de Tobias. Alice, sa fille, lui demande son aide. Les deux affaires semblent liées. La solution se trouve-t-elle dans les manuscrits du lettré Matthew Lytton ? Que signifie le document intitulé la Sphoera Civitatis ? De multiples pistes vont se présenter au jeune avocat inexpérimenté mais bien décidé à relever le défi pour la justice, la vérité et les beaux yeux d'Alice. Humphrey Newman avait eu assez confiance en lui pour lui confier le dossier Lytton, il se fait donc un devoir, en mémoire de son maître, de trouver son assassin. Mais sera-t-il assez fort pour relever ce défi alors que des ennemis tapis dans les moindres recoins de Londres le guettent ? Voici un roman noir historique d'une érudition accessible, des plus passionnants, tortueux et réjouissants ! Quatrième de couverture Nous sommes en 1588, en plein été. La marine anglaise s’apprête à se mesurer à « l’Invincible Armada », la machine de guerre navale du roi d’Espagne Philippe II qui doit faire débarquer dans le royaume d’Angleterre la meilleure infanterie d’Europe afin de déposer la protestante et hérétique reine Élisabeth. Pendant ce temps, à Londres, un écolier, Oliver Lytton, âgé de 13 ans, est enlevé. Puis survient le meurtre de son père Matthew, un lettré. Puis un second meurtre. Qui donc les signe de manière aussi terrible et énigmatique ? Qui donc s’en prend ainsi à des érudits ? Documents sibyllins, cryptographie, sorcellerie, tout est bon pour brouiller les pistes. À moins que toute cette partition ne se joue sur un instrument à cordes… Tobias Pickett, jeune avocat de l’école de droit de Lincoln’s Inn, a promis à la veuve de Matthew de trouver l’assassin. À moins que ce ne soit l’assassin qui le trouve en premier… Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- L'insoumise
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires L'insoumise Yann Kerlau Albin Michel 4 octobre 2017 416 pages Biographie Chronique 10 janvier 2022 « Trente ans d'une vie où je n'avais rien décidé. Reprise par mes peurs, je vis soudain surgir devant moi le mot haï entre tous : loca. Quand on ne savait pas quoi dire de moi, on jetait juste « loca », qui faisait le bruit glissant d'un seau d'eau déversé sur du carrelage. Mon père, le premier, avait tiré la dague de sa ceinture. Le sang noir de celui qui avait tué Philippe m'avait atteint en plein cœur. Loca, quatre lettres comme quatre permis de tuer. La terreur qu'il m'avait inspirée dans ma petite enfance n'avait pas diminué d'un iota. Pas un jour ne passait sans que je sente encore ses doigts enserrer mon cou. Soudain, porté par des milliers de voix, un cri immense retentit avec l'évidence d'une révélation : « Vive la reine d'Espagne ! » C'était la première fois qu'on m'appelait ainsi. Une déclaration d'amour pour un seul royaume. Une seule reine. Une autre Espagne se dessinait, prête à engloutir l'Aragon." Ce portrait de Jeanne de Castille par Yann Kerlau est la plus incroyable et exceptionnelle biographie que j'ai pu lire depuis bien longtemps. En premier, en raison de l'extrême beauté de l'écriture, en second lieu par l'excellence de la reconstitution historique, enfin par la personnalité extraordinaire de cette insoumise. J'ai le cœur bien accroché d'habitude, mais cette fois je fus horrifiée, révoltée, en larmes à la lecture de ce destin terrible. Comment peut-on imaginer l'enfermement pendant quarante neuf ans de cette Jeanne, à jamais folle pour la postérité, dans des conditions monstrueuses, subissant les pires humiliations, tortures, violences, simplement parce que née héritière de Isabelle la catholique et son époux Ferdinand d'Aragon et potentiellement donc future reine d'une Espagne réunifiée ? Un danger bien trop grand pour le père nommé seulement régent par le testament de sa femme alors qu'il briguait déjà la couronne. Une fille ! Pensez donc. Cette homme fruste, paranoïaque, narcissique, haineux, va poursuivre son œuvre de destruction sur cette enfant qu'il n'a jamais aimée. Il est rempli de fureur, d'ambition immense, d'un esprit de revanche sur tous ceux qui le regardent comme un lourdaud, un inférieur. Jeanne déjà souffre-douleur désigné devient l'objet de l'obsession dévastatrice de son géniteur. Enfant maltraitée sans aucun espoir d'être sauvée ! Avec quel sadisme, il va la torturer mentalement, physiquement, cette fille puis épouse de Philippe de Habsbourg ! À la lecture du testament de son épouse, il doit coûte que coûte trouver le moyen de mettre à genoux celle qui se met entre lui et le pouvoir absolu. Aidé par certains prélats avantagés par Isabelle la catholique en son temps, par des hommes de main sans foi ni loi, il est désigné par l'auteur comme l'assassin de son gendre. Exit Philippe, il ne reste qu'à utiliser à bon escient la fragilité psychologique de Jeanne causée par ses grossesses successives et l'infidélité de son trop bel époux. En effet, tétanisée par des peurs insoutenables, cette jeune femme est également un être volcanique, capable de grandes colères, sûre de son rang, consciente du respect qu'on lui doit. Seule la perte de son mari qui la brise, permet à Ferdinand d'arriver à ses fins. Le caractère emporté de Jeanne est vite considéré comme un symptôme de sa folie, de son hystérie comme on dira quelques siècles plus tard. La bonne excuse pour l'enfermer enceinte de sa dernière fille Catherine dans une forteresse sous bonne garde. Le cauchemar commence et il est effroyable, inenvisageable, insoutenable, car la cruauté du père est sans limite, incompréhensible. Il n'a aucun tabou, aucune conscience, aucune empathie, dans une époque où toutes les horreurs sont commises au nom de l'Inquisition. À la mort du tortionnaire, on espère la libération de Jeanne ; il n'en est rien, son fils Charles Quint reprend le flambeau de son grand père. La folie est bien du côté des hommes qui ne peuvent accepter une femme sur un trône, qui les supplante dans ce qui leur revient de droit de par leur sexe. Un fils qui condamne une mère qu'il n'a jamais connue et pour cause, elle avait été emprisonnée et lui et sa fratrie exilés dans de la famille en Flandre. Et que dire de cette pauvre gamine, Catherine de Habsbourg, née dans cette geôle, condamnée de fait pour rien, jeunesse brisée. Les femmes ne comptent pas dans ce monde d'hommes et l'on comprend mieux les futures Elisabeth 1ere et Catherine de Médicis. C'est une lutte sans merci entre les deux camps, parfois l'amour heureusement permet une accalmie dans certains couples mais cela est rare. Une femme n'est qu'un bout de viande, une marchandise que l'on peut vendre grâce à un contrat de mariage. Ferdinand, Charles, disposent ainsi des filles, sœurs, mères au gré de leurs plans, pour servir leur ambition démente. Le grand intérêt également de cette biographie est que Jeanne puis Ferdinand puis Charles vont être tour à tour narratrice et narrateurs de cette destinée qui s'inscrit dans l'Histoire. Cela multiplie les perspectives et points de vue. Cela nous glace d'autant plus car être dans la tête d'un psychopathe comme Ferdinand ou un obsessionnel comme Charles est déstabilisant. La scène finale est bouleversante de beauté et de tristesse indicible. Oui, vraiment, « L'insoumise » est réellement une biographie éblouissante tout en étant un crève cœur. Splendide ! Hommage à toutes les femmes et tous les enfants victimes de violences. Quatrième de couverture Ils s'étaient mariés à dix-huit ans, il était tellement séduisant - on le surnomma Philippe le Beau - et elle était éperdument amoureuse de lui. Ils montèrent ensemble sur le trône de Castille. Mais il mourut très jeune, et elle ne put le supporter : elle perdit le goût de vivre et la raison. C'est du moins ce que prétendirent ses ennemis qui l'écartèrent du pouvoir, et au premier rang son propre père, Ferdinand d'Aragon, et son fils aîné, l'ambitieux Charles, qui allait devenir empereur sous le nom de Charles Quint. Dans ce roman au souffle puissant, Yann Kerlau, auteur de L'échiquier de la Reine et des biographies de Cromwell et des Aga Khans, retrace le destin tragique de Jeanne, fille des Rois catholiques, née pour être reine et séquestrée pendant près de cinquante ans comme folle alors qu'elle ne l'était pas... Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Le rasoir d'Ockham » et « Les cathédrales du vide
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Le rasoir d'Ockham » et « Les cathédrales du vide Henri Loevenbruck Flammarion Thriller 2008 et 2009 456 et 416 pages Divers Chronique 3 avril 2017 Tomes 1 et 2 des Enquêtes de Ari MacKenzie. Pour les titres j'aurais plutôt choisi : - Le Rasoir d'Ockham Tome 1 Le mystère Villard de Honnecourt et - Le Rasoir d'Ockham Tome 2 Le mystère Nicolas Flamel. En effet ces deux livres doivent être lus à la suite, puisque concernant tous les deux 6 pages perdues du carnet écrit au XIIIème siècle par Villard de Honnecourt, sculpteur. Pour ceux qui sont intrigués par La Théorie du Rasoir d'Ockham appliquée par le héros le Commandant Ari Mackenzie, à toutes ses recherches en tant qu'analyste spécialisé dans les sectes, mais là retiré des renseignements généraux, celle-ci énonce : "Les entités ne doivent pas être multipliées par-delà ce qui est nécessaire", principe donc de parcimonie, édicté par Guillaume d'Ockham selon qui, pour résumer, la solution la plus simple est souvent la meilleure. Donc on passe le rasoir pour ne plus voir que l'essentiel. Pas mal d'ailleurs et à adopter aussi dans nos vies. Dans les deux livres, nous allons suivre les aventures de Ari accompagné de Iris Michotte de la DCRI, qui fait toutes les recherches sur internet pour Ari réfractaire aux nouvelles technologies, et Krystov Zalewski, garde du corps dépêché auprès de Ari par le Ministère de l'Intérieur, et ancien de la légion étrangère. Trio donc de choc qu'on retrouve dans le Mystère Fulcanelli le 3ème livre dans cette série de Henri Loevenbruck. Un ennemi retors, mystérieux et bien allumé, se retrouve dans les deux livres, un certain Docteur ou Chevalier Weldon féru d'alchimie évidemment, brassant des thèmes aussi variés que Villard de Honnecourt, le mythe de la Terre Creuse, l'Agartha, Nicolas Flamel écrivain et alchimiste du XVème siècle, ou le mythe de la Table d'émeraude. Le premier tome nous emmène au bout de l'enfer, reprenant les idées hallucinantes prisées en 1918 par une société secrète aux méthodes de secte et qui malheureusement fait encore des émules aujourd'hui, et le second tome nous fait voyager jusqu'au bout du monde, sous une cathédrale gothique détruite, et connaître les actions d'une société scientifique invisible aux ramifications internationales, et au désir de pouvoir absolu sur la planète. L'alchimie, les légendes et mythes, les loges maçonniques ou des compagnons du devoir sont décrits avec brio et précision, et cela est passionnant, car tout ceci fait partie de notre Histoire et nous amène à mieux comprendre notre mode de pensée ou notre philosophie. Mais évidemment, en écrivain fougueux, érudit, surdoué et joueur, ce sont autant de pistes multipliées par Henri Loevenbruck pour aborder la situation catastrophique et inquiétante dans laquelle se trouve le monde aujourd'hui. C'est donc aussi un livre d'alerte, comme les anciens penseurs n'avaient cessé de le faire pour leur contemporains et les générations à venir. En conclusion, c'est environ 850 pages haletantes, cependant je regrette une seule chose : l'avis mis par l'auteur lui-même au début du tome 1 annonçant déjà que celui-ci traiterait de Villard de Honnecourt, car du coups les 115 premières pages, sont bien longues avant que ce nom ne soit enfin évoqué. D'autre part, les quatrièmes de couvertures aussi donnent trop d'éléments et la première fait croire à tort que Ari sera confronté à une secte, alors même qu'il est souligné plusieurs fois dans le livre que ce n'est pas le cas. Je suis peut-être pointilleuse, mais la lecture de ce type de livre thriller historique l'exige. Quatrième de couverture Tome 1 : Ari Mackenzie, analyste atypique et controversé des Renseignements généraux, est confronté à la plus extraordinaire et la plus violente affaire de sa carrière. Dans l'ombre, un groupe occulte est prêt à tout pour découvrir le secret des pages manquantes du célèbre carnet de Villard de Honnecourt, un manuscrit du XIIIe siècle. Ari saura-t-il arrêter ces fanatiques sans scrupule avant qu'ils ne mettent en place leur sinistre dessein ? Quatrième de couverture Tome 2 : Une mystérieuse organisation internationale protectrice de l'environnement s'empare de plusieurs régions du globe, à la recherche d'un secret millénaire, qui pourrait menacer l'ordre géopolitique de la planète. Ari Mackenzie, ancien des renseignements généraux, alerté par une série d'inexplicables disparitions, décide de mener l'enquête. Existerait-il un lien entre les étranges recherches de cette organisation et les occultes découvertes de Nicolas Flamel, célèbre alchimiste du Moyen Âge ? Le commandant Mackenzie va devoir se mesurer aux ténèbres. Une enquête dangereuse, la dernière peut-être... Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- L'Anomalie
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires L'Anomalie Hervé Le Tellier Gallimard 20 août 2020 336 pages Anticipation Chronique 20 mai 2022 Prix Goncourt 2020. « Et moi qui dis que vous rêvez, je suis aussi un rêve. » Tchouang-Tseu « Le vrai pessimiste sait qu'il est déjà trop tard pour l'être. » L'Anomalie, Victør Miesel Roman fantastique dans tous les sens du terme qui mérite amplement sa récompense. J'ai passé des heures réjouissantes, passionnantes, époustouflantes, grâce à Hervé Le Tellier qui, poussant le curseur de l'inimaginable, de l'improbable, à son maximum, ajoute à une ambiance très X files, un humour décapant, une ironie distanciée salvatrice, une analyse sans complaisance de notre époque, de notre société décadente. « Il est une chose admirable qui surpasse toujours la connaissance, l'intelligence, et même le génie, c'est l'incompréhension. » L'Anomalie, Victør Miesel N'avez-vous pas l'impression depuis deux ans et demi que vous ne reconnaissez plus le monde dans lequel nous évoluons, comme si soudain nous étions passés dans une réalité parallèle tragiquement burlesque, folle, effarante. Roman paru en 2020 traitant d'un sujet situé en 2021, déjà cela devrait vous mettre un troupeau de puces à l'oreille. À l'heure du triomphe de l'intelligence artificielle, du tout virtuel, de l'encodage des êtres humains, du numérique omniprésent, ce thriller d'anticipation, mené de main de maître, génial et virtuose, nous oblige à nous poser les bonnes questions. De celles traitant de notre adaptation à l'inacceptable, à la définition juste de nos priorités, à notre aptitude à différencier la vérité du mensonge, de l'apparence ... En sommes-nous encore capables ? Nous faisant mettre nos pas dans ceux de différents personnages très variés, l'auteur nous fait appréhender la multiplicité des réactions possibles à un même évènement catastrophique, unique, à une anomalie. Il nous permet ainsi de nous interroger sur notre propre adaptabilité à l'impensable, sur notre libre arbitre, sur notre réelle liberté de penser et d'agir. Roman phénoménal dont j'ai tourné la dernière page atterrée, bousculée voire bouleversée, et admirative. Waouh ! À mettre dans toutes les mains absolument. Quatrième de couverture "Il est une chose admirable qui surpasse toujours la connaissance, l'intelligence, et même le génie, c'est l'incompréhension. "En juin 2021, un événement insensé bouleverse les vies de centaines d'hommes et de femmes, tous passagers d'un vol Paris-New York. Parmi eux : Blake, père de famille respectable et néanmoins tueur à gages ; Slimboy, pop star nigériane, las de vivre dans le mensonge ; Joanna, redoutable avocate rattrapée par ses failles ; ou encore Victor Miesel, écrivain confidentiel soudain devenu culte. Tous croyaient avoir une vie secrète. Nul n'imaginait à quel point c'était vrai. Roman virtuose où la logique rencontre le magique, L'anomalie explore cette part de nous-mêmes qui nous échappe." Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Une enquête philosophique
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Une enquête philosophique Philip Kerr Le Masque 2011 390 pages traduites par Claude Demanuelli Polar thriller historique Chronique 3 mai 2018 En s'inspirant de Descartes, « Je tue, donc je suis. » ... « Je compris... Que les meilleurs choses que je pusse écrire ne resteraient toujours que des remarques philosophiques ; que mes pensées se paralysaient dès que j'essayais de leur imprimer de force une direction déterminée, à l'encontre de leur pente naturelle. - Ce qui tenait sans doute étroitement à la nature de l'investigation même. Elle nous oblige, en effet, à explorer en tous sens un vaste domaine de pensées. " Ludwig Wittgenstein, "Investigations philosophiques » ( traduit de l'allemand par P. Klossowski) . Policier d'anticipation étonnant et terrorisant à la Orvell. L'auteur malheureusement disparu en 2018, père de la très célèbre trilogie berlinoise, a écrit ce texte en 1992, situant l'action en 2013 à Londres. Flippant tant ses descriptions d'une police se perdant dans des méthodes d'investigation de plus en plus complexes, scientifiques et psychiatriques, éloignée des réalités du terrain, démoralisant peu à peu une justice tendancieuse, sont justes et très proches d'une réalité paniquante. Peu à peu, la société s'enfonce dans le virtuel, la violence, ayant trouvé une solution incroyable pour ne pas condamner à mort les assassins les plus féroces sans pour autant les enfermer à vie, le Coma Punitif. L'Europe a également choisi le Royaume-Uni pour l'essai d'un programme Lombroso, du nom de celui qui établit dans un autre siècle, des tableaux et listes des caractéristiques physiques, telle la taille des oreilles, dénonçant à la société un tueur en puissance. On imagine le danger d'une telle ineptie prise au sérieux alors. Ce programme affuble des tueurs en série potentiels de femmes de noms de philosophes. Ce sont des NVM- négatifs. Bientôt certains sont éliminés de six balles dans la tête. L'exécuteur prend de plus en plus de risques dans son duel avec l'inspecteur principal " Jake" Jacowicz, femme de poigne aux multiples talents, détestant la gent masculine, se perfectionnant dans les "gynocides"multiples. Dans ce cadre, elle enquête en parallèle sur la mort d'une jeune femme dont le corps martyrisé présente des injures écrites au rouge à lèvres rouge sombre, laque de chine. Le criminel « Wittgenstein », a réussi à infiltré le programme Lombroso, et exécute ses frères en folie ; en effet, il présente les mêmes anomalies génétiques que ses victimes et fait partie du dit programme.... Incroyable car ce livre n'a pas du tout vieilli, certaines extrapolations sont d'actualité : la dénonciation des dangers de la virtualité, d'une police de plus en plus sécuritaire bafouant la vie privée des citoyens, de la montée du racisme et des risques du tout informatique, etc... Vocabulaire précis, scientifique et philosophique n'empêchant pas de se passionner pour cette enquête futuriste et si contemporaine. Deux autres romans sur le même principe sont parus après celui-ci. Très original, percutant, prodigieusement bien construit, intelligent, plein d'humour cynique sans concession, ménageant un beau suspense, c'est un thriller à découvrir donc. Une réflexion réelle sur les risques que nous encourons aujourd'hui si nous ne veillons pas à garder le contrôle et les pieds sur terre. Quatrième de couverture Un meurtrier sadique s'attaque férocement à des femmes. L'inspecteur « Jake » Jacowicz mène l'enquête. C'est une dure à cuire dont la particularité est de détester les hommes. Son adversaire est à la hauteur : un serial killer qui figure sur une liste ultra secrète de criminels sexuels potentiels, tous affublés d'un nom de philosophe. L'assassin, baptisé Wittgenstein, ayant infiltré l'ordinateur central du ministère de l'Intérieur, entreprend d'éliminer ses compères un à un. Le duel, hautement philosophique et pervers, que vont se livrer Jake et Wittgenstein, oscille entre le cynisme et une extrême drôlerie. L'action d'Une enquête philosophique, écrit en 1992, est située en 2013. Vingt ans plus tard, le texte n'a pas pris une ride : l'auteur avait anticipé les dérives policières et sécuritaires, le racisme banalisé, les risques informatiques, et même la grande sécheresse. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- La fille sous la glace
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires La fille sous la glace Robert Bryndza Belfond Noir 2018 434 pages traduites par Véronique Roland. Thriller Chronique 10 octobre 2018 Quand j'ai vu la couverture en passant, j'étais certaine de l'avoir déjà lu et en fait non ! Il y a un air de déjà vu quant au titre et au visuel, ce serait bien d'être un peu plus original, chers éditeurs. Premier volet d'une série policière qui s'est vendue à plus de deux millions d'exemplaires en Angleterre, ce roman est très bien mené. Robert Bryndza, nouveau venu en littérature noire, après avoir été acteur à Londres aujourd'hui vivant en Slovaquie, a écrit plusieurs comédies romantiques. Ces débuts dans la catégorie Thriller sont vraiment réussis. Je suis bien consciente que tous les ingrédients et choix rédactionnels propres à ce type de fiction sont là comme dans d'autres livres noirs, que l'héroïne correspond à un archétype déjà utilisé ailleurs, que tout commence comme habituellement, mais je ne sais pas vraiment pourquoi, j'ai sacrément accroché à ce thriller, me suis beaucoup attachée à cette détective paumée, malheureuse mais instinctive et tenace ainsi qu'à toute son équipe. L'auteur réussit parfaitement à créer le fameux lien d'empathie avec ses personnages, accentuant le suspens par quelques chapitres intercalés où le tueur s'exprime. L'histoire en elle-même est maîtrisée de bout en bout, très cinématographique, la description de la société anglaise et surtout de l'aristocratie est pertinente, la fin confine à l'horreur, liée à la situation géopolitique actuelle. Le malaise est bien présent tout au long de cette narration, on se révolte avec l'héroïne et on la suit pas à pas.... Un très bon thriller qui laisse présager une suite alléchante. Quatrième de couverture Le froid a figé la beauté de ses traits pour l'éternité. La mort d'Andrea est un mystère, tout comme l'abominable secret qu'elle emporte avec elle... Connue pour son sang-froid, son esprit de déduction imparable et son verbe tranchant, l'inspectrice Erika Foster semble être la mieux placée pour mener l'enquête. En lutte contre ses propres fantômes, la super flic s'interroge : peut-elle encore faire confiance à son instinct ? Et si le plus dangereux dans cette affaire n'était pas le tueur, mais elle-même ? Sur la glace, aucun faux pas n'est permis. Cassandre pour une fois réussira-t-elle enfin à se faire entendre ? Mark son amour disparu lui donnera-t-il la force de continuer ? Une étape de vie délicate où l'on se retrouve face à soi-même alors qu'il était prévu d'être deux pour affronter le Mal et ses adeptes. Des cris assourdissants de victimes s'élèvent sans fin dans le brouillard, de dessous la glace. Erika les écoute et se met en mouvement.... Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Au rendez-vous des pas pareils
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Au rendez-vous des pas pareils Jean-Pierre Ancèle Phébus 3 mars 2022 224 pages. Roman Chronique 20 août 2022 "Il y avait autrefois près d'ici un petit café à l'enseigne du Signal d'Arrêt. J'ai dû passer devant des dizaines de fois, je n'y suis jamais entré." Et bien maintenant poussons-en la porte : peut-être le tintement joyeux d'une clochette nous accueille, et regardons, écoutons, replongeons-nous dans un hier pas si lointain où un estaminet était comme une île au milieu d'un quartier, lieu de tous les rassemblements, de tous les partages, les murs imprégnés de l'odeur de cigarettes, de vapeur d'alcool, du parfum réconfortant de café ou de belles comme perdues dans un univers singulier, où chacun déverse pudiquement ou avec emphase et gouaille ses peines et ses malheurs. Une atmosphère, des voix qui émergent d'un brouillard, un sentiment de reviens-y et de "tu as d'beaux yeux, tu sais". Truculence, humour, inventivité de la formule, tendresse, désespoir en filigrane, envie de se réchauffer à la peau des autres dont on ne connait que les surnoms, et l'obsédante prescience d'une catastrophe imminente.... Alors profitons de ces derniers instants de nostalgie poétique redonnant la parole aux modestes, aux invisibles, aux disparus. Un très beau texte bouleversant qui égratigne le cœur. Quatrième de couverture Les habitués du bistro Le Cran d'Arrêt, brochette de personnalités toutes aussi touchantes et attachantes les unes que les autres, trouvent refuge dans ce rade déshérité, en marge de la grande ville. Les pluies diluviennes, la gadoue, l'absurdité de leur condition, tout concoure à leur exclusion. Mais demeure le plus important : l'humanité en partage. Leur rendez-vous quotidien en est la célébration. Réunis autour de Comdinitch, le raconteur d'histoires insensées, ils rient, pleurent, s'entraident. Une comédie douce-amère portée par un style oral autant virtuose que tendre. On respire une ambiance aux influences diverses : Jean-Pierre Jeunet, Simenon, Céline, Beckett, Lemaitre... Un premier roman teinté de noir qui rend hommage à la langue française et célèbre l'altérité et la différence. Il était une fois un petit café-restaurant, entre ville et campagne, refuge d'une poignée de drôles d'oiseaux que le monde moderne n'avait pas encore engloutis. « On boit un coup, on mange un morceau, on écoute des histoires. Toutes activités qui s'accommodent mal du va-vite. Chacun offre son grain de temps au sablier commun, et ça donne qu'on n'est pas obligé de se hâter pour faire les choses ou pour les dire. » Madoval, le patron, Mésange, sa fille, Comdinitch, Failagueule et les accoudés du zinc – braves de comptoir... « Pas des gueules de progrès », ces gens-là, mais de l'amitié, des rires, de l'humanité en partage et un certain talent pour cultiver la différence. Jean-Pierre Ancèle signe un premier roman tendre et perlé comme une gorgée de muscadet, aux accents de Raymond Queneau ou de Marcel Aymé. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- REPÈRES - Récit initiatique
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires REPÈRES - Récit initiatique Astrid-Aimé Auto édition 2021 312 pages. Préface de Pierre Duterte Autobiographie Chronique 7 août 2022 "Le manque du pays fut si grand qu'il cumulait causes et solutions de tous mes maux. Ô Cameroun, berceau de mes ancêtres." La préface signée Pierre Duterte commence par : " S'écrire. Une libération ?" Tout est dit dans cette simple question ; tous ceux qui envisagent ou s'interrogent sur la nécessité ou l'utilité de raconter son parcours, sur le bénéfice ou le danger de remettre en sang les cicatrices que l'on croyait fermées, trouveront dans ces lignes l'expression de leur douloureux dilemme. Vais-je me jeter à l'eau ? Serai-je capable de nager jusqu'à l'autre rive ou vais-je couler, écrasé par le traumatisme ravivé ? Il suffit d'un regard, d'un mot, d'une jaquette de livre ou d'une quatrième de couverture pour que tout remonte du gouffre de nos peines, de nos douleurs, de nos manques. Ce fut le cas pour moi avec "Repères" au dernier Salon du livre de Paris. Entouré d'une multitude de pile de romans et ouvrages aux couleurs explosives, un îlot gris ardoise se distinguait : le portrait d'éléphant en couverture me fit basculer dans un hier lointain et pourtant présent à chaque minute. La lecture du résumé de ce récit initiatique me mit en apnée. La dédicace de l'auteur me rappelle que Oui, nous nous sommes parlé, mais déjà j'étais passée de l'autre côté, en état second. J'ai vite dû trouver la sortie.... Que de bravoure a-t-il fallu au petit garçon caché dans le jeune homme Astrid pour chuchoter à celui-ci que c'était le moment, qu'il allait falloir l'un et l'autre se prendre par la main pour raconter leur histoire, mais aussi celle d'un pays dans la tourmente, pour narrer l'exil, le sentiment d'abandon, le froid, la solitude, la tristesse abyssale ? Aucun son n'a pu s'échapper des lèvres serrées de l'enfant traumatisé, en position de défense constante, de vigie guettant les dangers potentiels, jusqu'à la rencontre salutaire avec un thérapeute, le même qui offre en préface à l'auteur ses mots clés : ainsi nous aussi pouvons-nous, dans le sillage d'Astrid-Aimé, ouvrir les portes de notre compréhension émotionnelle, de notre empathie, et entamer notre propre apprentissage. "Pour moi seul les fous allaient chez le psy. Mais il me rassurait en me faisant comprendre qu'il fallait exactement dire dans son cas "psychothérapeute" et que je ne devais aucunement me croire plus fou que lui. Tous les décors de ce bureau peu commun donnaient l'impression d'être à mi-chemin entre l'Afrique, l'Amérique, l'Asie et le Moyen-Orient. Au cours de nos conversations d'environ une heure, nous voyagions sur une pirogue la nuit auprès d'éléphants en bord de fleuve, sous le hululement des chouettes." Garçon perdu entre deux continents, entre deux parents, entre deux vies, entre deux ethnies, la colère peu à peu de ne pas comprendre les tenants et aboutissants de l'histoire familiale monte et se transforme en fureur. Les cris et les pleurs qu'il ne peut pousser deviennent coups et violence tempétueuse ; écartelé entre une mère déboussolée, dure et défaillante, abdiquant devant des compagnons toxiques, au grand dam de ses enfants, et le souvenir flou d'un père resté au Cameroun que l'on charge de tous les défauts, le petit Astrid puis l'adolescent cherchent dans la castagne à se faire mal, dans la délinquance à tester les limites de ce monde injuste, cynique, intolérant, absurde. Besoin d'un père, de repères.... Mais la société change et l'écrivain en devenir aussi ; les mots l'habitent à travers le rap, les livres, les chansons de variété française, américaine et africaine. Le besoin de coucher sa vérité noir sur blanc devient irrésistible, encore plus depuis sa rencontre avec Pierre Duterte. Se raconter en dehors de cette présence tutélaire se meut en urgence alors que la révolte populaire gonfle et se déchaîne enfin dans les rues françaises. L'espoir d'un changement nous étreint alors, on peut se permettre, peut-être, de penser à un avenir possible, l'horizon s'ouvre... "La vérité n'a de sens que si son récepteur parvient à la comprendre." Earl Simmons (DMX), 18/12/1970 - 09/04/2021 Mais pour bâtir le futur encore faut-il que les fondations intimes soient solides : comment le pourraient-elles alors que le brouillard des mensonges, des secrets, interdit toute clarté. L'hiver approche, rester en France à Goussainville, banlieue parisienne mal-aimée et déconsidérée est inenvisageable. Direction le Cameroun, enfin ! L'enfant doit interroger son père, connaître la/sa vérité, inspirer à nouveau les parfums de son pays, revoir les paysages, le quartier, la maison, retisser les liens avec la famille maternelle et paternelle, rendre hommage à sa grand-mère "véritable sainte" à laquelle cet ouvrage est dédié... La colère et la tristesse du petit garçon doivent laisser place à la paix intérieure et la compréhension bienveillante des actes de chaque intervenant de la pièce qui s'est jouée depuis sa naissance jusqu'à ce retour aux sources. Cette autobiographie, preuve que l'auteur y est parvenu, est aussi une oeuvre littéraire à part entière, singulière, flamboyante, érudite tout en étant familière, qui réinvente la langue, notre langue. Je retrouve le français d'outre-mer lumineux, respectueux de l'étymologie des mots, de leur sens premier, oublié en métropole. Le plaisir de les lire est intense, presque gustatif comme la fameuse madeleine.... Les larmes ne sont jamais bien loin, celles de la mélancolie, du manque, de l'absence mais aussi du bonheur retrouvé. Quatrième de couverture Dans un monde en perpétuel changement, à mi-chemin entre essai et récit initiatique, embarquez pour un authentique retour aux sources. Découvrez le parcours d'exil tumultueux et troublant d'un jeune homme en quête d'identité. Au croisement de ses racines africaines et françaises, Repères lève le voile d'un Cameroun empreint de pudeur et de nondits. Du rire aux larmes et de surprises en déconvenues, sagesse et déraison s'entrechoquent dans une véritable ode à la résilience. L'auteur, par sa plume incisive et sincère, décrypte sans langue de bois l'environnement qui l'a façonné. À travers sa trajectoire saisissante, Astrid-Aimé tente de répondre à une question essentielle : comment comprendre et s'adapter à une société, quand on ne dispose d'aucun repère ? Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- La vallée aux merveilles
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires La vallée aux merveilles Sylvie Deshors Editions du Rouergue Jeunesse Janvier 2020 175 pages Jeunesse Chronique 14 septembre 2020 Un roman court humaniste, social, politique forcément, traitant de la difficile question de l'accueil des migrants en France et particulièrement, près de Nice dans les montagnes à la frontière italienne. Nous parcourons ces terres devenues d'accueil et de chasse à l'homme dans les pas de Jeanne, envoyée pour quinze jours de vacances dans une vallée magnifique, celle de la Roya, afin de reprendre son souffle après une première rupture amoureuse et ses conséquences désastreuses. Cette escapade dans ce village escarpé chez Miette, sa tante, va avoir valeur de remise à l'heure des pendules : à l'heure d'une planète en mutation sur laquelle commence juste une migration de tous les peuples pour raison de guerres, de pauvreté, de sécheresse, de réchauffement climatique. Ce n'est que le début d'un phénomène qui va prendre de l'ampleur. Ce roman jeunesse offre aux adolescents et jeunes adultes un moment de réflexion sur le monde qu'ils vont devoir habiter, améliorer, protéger. Une plongée dans le système parallèle des aidants de toutes origines et tous milieux, conscients qu'il faut agir vite et mettre en pratique les valeurs républicaines souvent mal comprises voire oubliées ou bafouées : " Liberté Égalité Fraternité" ou plutôt dans un souci de parité et de justesse pour ce dernier mot : "Solidarité". Également la question de la bonne utilisation des réseaux sociaux et les répercussions du mouvement Meetoo sont évoqués avec délicatesse, tact, engagement réel ; l'écrivaine s'exprime clairement, simplement, sans violence. C'est un texte très bien écrit, très respectueux des fragilités, peurs et questionnements des plus jeunes à qui l'auteure s'adresse honnêtement, sans dérobade. Je serais mère, je ferais lire ce texte à mes enfants. Quatrième de couverture Après une rupture amoureuse douloureuse, Jeanne, 16 ans, est envoyée chez sa tante dans la vallée de la Roya. Elle y découvre, stupéfaite, que cette dernière est une militante active, venant en aide aux migrants qui tentent de passer la frontière italienne pour entrer en France. Sylvie Deshors a su romancer son propos avec talent pour donner un livre intelligemment documenté, sensible sur la question des migrations et juste dans les émotions. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Quand la neige danse
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Quand la neige danse Sonja Delzongle Denoël Sueurs Froides 2016 430 pages Thriller Chronique 31 mars 2018 « Les monstres existent vraiment, les fantômes aussi.... Ils vivent en nous et parfois ils gagnent... » Stephen King. Parfois mais pas toujours si Hanah Baxter fait son apparition à la demande d'un père désespéré. « Dans cette neige qui danse, elle voit une métaphore de la vie. Une formation - la naissance -, un parcours - la trajectoire et la façon dont il tombe -, puis la dissolution ou la fonte - la mort. La libération. Elle n'y échappera pas non plus. Elle aimerait être un de ces cristaux à la structure parfaite avant de mourir. » Quatre fillettes âgées de quatre à onze ans ont disparu à Crystal Lake, Illinois, et sa périphérie, entre le 7 et le 28 janvier 2014 à environ une semaine d'intervalle. Lieserl Lasko, Amanda Knight, la petite Vicky Crow et Babe Wenders. Février 2014, la police n'a pas avancé dans son enquête. La petite ville est prise dans la neige et le Blizzard. On atteint les -30°C. Joe Lasko, jeune médecin fraîchement divorcé, survit comme il peut depuis la disparition de Lieserl, sa fille de quatre ans, lors d'une sortie avec ses nouveaux patins sur le lac gelé sous la garde d'une jeune fille, Ange Valdero. Celle-ci la perd de vue un court instant ! Envolée ! Depuis trois autres gamines ont eu le même sort, Joe a créé une association afin de financer les recherches, les battues. Personne ne relâche son attention malgré le froid et les intempéries. En cette matinée, Joe reçoit un paquet suspect. Il a toujours pensé que les ravisseurs prendraient contact. Dans une boîte, il a la vision macabre d'une poupée, miniature de sa Lieserl, jusqu'aux vêtements qu'elle portait le jour du rapt. Chacune des familles va recevoir le même étrange et inquiétant paquet. Le chef de la police Stevens les réceptionne. Une des anciennes amies de Joe, dont il était secrètement épris, Eva Sportis, lui propose son aide de détective privée, à l'insu de la police. Il accepte, soulagé, conscient que la course contre la montre est pour le moment mal engagée. Elle lui conseille, car l'affaire est complexe, d'engager une des plus grandes profileuse du pays aux méthodes particulières mais efficaces, Hanah Baxter et son pendule Invictus. Celle-ci est à New-York, dans son loft, sous une tempête de neige, elle se remet de sa dernière mission au Kenya, un an et demi plus tôt, tout doucement (Dust précédent opus), elle a réussi à se sevrer de la coke, mais les cauchemars liés à son passé et ces derniers événements raccourcissent sérieusement ses nuits. La prochaine libération de son père de la prison de Rennes, et une douleur persistante sous son omoplate créent en elle une angoisse latante. Donc lorsque Eva la contacte pour cette affaire, elle l'accepte heureuse de cette diversion, bien que cette mission soit sur le territoire américain. Normalement elle n'accepte que les dossiers à l'étranger. La disparition d'enfants la touche particulièrement. Elle espère que ses dons médiumniques vont l'aider à les retrouver. Elle doit vite tout organiser surtout avec ces intempéries, trouver un vol, prévenir Karen son ex pour qu'elle prenne en garde le chat Sphinx, Bismarck ; elle décide de faire une petite séance de pendule au dessus de la carte de la région, Invictus indique clairement une zone dans la forêt, premier lieu donc de recherche dès son arrivée. Rdv est pris deux jours plus tard à l'aéroport de Chicago. Mais le sort en a décidé autrement. Pour ne plus perdre de temps, Hanah mandate Eva et Joe dans la zone qu'elle a repérée. L'horreur s'invite alors dans ce récit..... Nous sommes nous aussi dans le brouillard et la tempête tout au long de cette enquête tortueuse, le chemin mène sur de fausses pistes, des pièges. Nous sommes glacés face aux découvertes horrifiques qui jalonnent le parcours du trio, terrorisés à l'idée du sort réservé aux petites. Un thriller dans le Blizzard des sentiments exacerbés et de souvenirs terrifiants. Les flocons tombent, la neige danse, les petites filles espèrent et pleurent. Bouleversant ! Quatrième de couverture Février 2014, au nord de Chicago. La neige et le blizzard semblent avoir pétrifié la petite ville de Crystal Lake. Un matin, le médecin Joe Lasko reçoit un paquet. Y repose une magnifique poupée aux cheveux longs et roux, sosie de sa fille Lieserl disparue depuis plusieurs semaines. Comble de l'horreur : la poupée est vêtue exactement comme Lieserl le jour où elle s'est volatilisée. Ce n’est pas tout. Depuis un mois, quatre fillettes ont été enlevées, et chacune des familles va recevoir une poupée. Joe, jeune divorcé, décide de mener sa propre enquête, aidé par une détective privée dont il était secrètement amoureux des années plus tôt. Conscients que l'affaire les dépasse, tous deux appellent à l'aide Hanah Baxter, la célèbre profileuse, et son inséparable pendule. Quelque part dans Crystal Lake, depuis très longtemps, quelqu'un s'en prend aux enfants. Les détient-il prisonnières ? Sont-elles encore en vie ? Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs















