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  • Le sang dans nos veines

    Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Le sang dans nos veines Miquel Bulnes Actes Sud Actes Noirs 2015 827 pages traduites du néerlandais par Isabelle Rosselin Thriller historique Chronique 24 février 2018 Miquel Bulnes est un jeune chercheur en médecine d'origine hispano-hollandaise, ce roman est son premier traduit en français. Une grande réussite pour un thriller historique extrêmement ambitieux et prodigieusement conduit entre le Rif marocain, Madrid et Barcelone, entre 1911 et 1921 à 23, mêlant adroitement l'Histoire espagnole et la poursuite d'un tueur fou, sans morale ni limite. Cette fresque , tel un grand vent d'Afrique qui souffle tout sur son passage, prend son origine en été 1921 dans un petit poste avancé du nom d'Igueriben dans le territoire du Rif sous protectorat espagnol. À son commandement, le capitaine Augusto Santamaria del Valle. Un groupe de Berbères fait le siège de cet avant poste. C'est une débâcle, un naufrage où tous vont périr, dont un lieutenant en particulier, laissant sa toute jeune épouse Helena et son bébé derrière lui. Seul Augusto va réussir à s'en sortir en marchant pendant des kilomètres avec un genou troué d'une balle. La description de la bataille et de la situation des troupes espagnoles terrifiante peut paraître longue mais est absolument nécessaire à la compréhension dans nos fibres du sentiment d'injustice et de culpabilité qui va alors poursuivre Augusto. Il est nommé après une longue période de maladie et en tout cas sur ses deux pieds, dans la police. Invalide, le voilà commissaire de la sûreté à Madrid. À peine en poste, on retrouve le corps d'un inconnu dans une maison close. Les trois prostituées et la maquerelle se taisent, et c'est une mauvaise idée. L'une d'entre elles, a en sa possession un carnet mystérieux à l'origine de bien de morts, chantages et malheurs dans le passé et le futur. En même temps Augusto qui est allé remettre les effets personnels de son mari à Helena, a décidé de l'épouser pour lui apporter sa protection. Grâce à ce personnage de jeune provinciale, nous découvrons cette immense cité en pleine expansion et modernisme où la bonne société n'en a que le nom, où toute la fatuité des familles caciques et riches imposent encore leur soit-disant supériorité. Car en réalité, les grèves se multiplient partout et principalement à Madrid et Barcelone l'indépendantiste ; les communistes, les socialistes, les syndicats libres, les conservateurs, les militaires fomentent des complots pour un coup d'état qui aura effectivement lieu en 1923. La catastrophe du Rif, (10000 morts sur place pour rien), est la raison toute trouvée pour tromper l'opinion publique, faire chanceler le pouvoir, le roi, le gouvernement en place. La trahison de ces victimes au champs de bataille par ceux qui les y ont envoyés, l'invention d'une fausse culpabilité de certains militaires qui seront traduits en justice, afin d'orienter la révolte d'un peuple qui n'en peut plus de souffrir, d'un pays qui sombre dans le chaos vers des boucs émissaires tout trouvés est d'un cynisme Insupportable. Manipulation ! Et pendant ce temps-là, un serial- Killer continue à faire couler le sang.... C'est un immense livre, portrait par le biais de cette âme damnée, de tout un monde de corruption, attiré par le vice et le pouvoir, des politiques, de toute une société moribonde déjà dépassée. Remarquable tant comme fresque gigantesque historique que comme thriller glaçant. Sociopathe ou homme du siècle, qui est encore honnête dans ses convictions, religieuses, morales ou philosophiques ? Qui peut sauver son âme ? Suivez Augusto, lisez son journal intime mis à votre disposition, en souvenir de tous ses frères d'armes, massacrés lors de cette guerre inutile et condamnable sur l'autel du colonialisme du XIX eme siècle . Bluffée ! Quatrième de couverture Eté 1921. Le capitaine Augusto Santamaria del Valle commande le petit poste avancé d'Igueriben, dans la colonie espagnole du Rif. Au terme d'un siège dramatique, il doit se replier devant les forces berbères menées par Abdelkrim. Désormais invalide, rapatrié en Espagne, Santamaria est muté dans la police et nommé commissaire des Services de sûreté dans un quartier de Madrid. Très vite, il doit faire face à un meurtre commis dans une maison close. Au même moment, l'Espagne s'enfonce dans le chaos politique. Le gouvernement cherche à reporter la responsabilité de la cuisante défaite du Rif sur l'armée et traduit certains gradés devant les tribunaux militaires. Après un procès expéditif et orienté, Santa-maria est l'un des rares officiers condamnés. Ce qui ne l'empêche pas, avec un groupe d'ultraconservateurs précurseurs du franquisme, de comploter en faveur d'un coup d'Etat militaire... Immense fresque menée à un rythme d'enfer, Le Sang dans nos veines brosse le portrait stupéfiant de la respectabilité corrompue et de l'attrait du vice. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs

  • Nos vies insoupçonnées

    Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Nos vies insoupçonnées Anaïs Jeanneret Le Masque - Hachette Livre 2001 951 pages Roman Chronique 19 janvier 2022 L'innocence, la maternité, les relations entre enfants parents sont au centre de ce récit qui au début apparaît presque comme un recueil de nouvelles qui peu à peu s'articulent jusqu'à nous offrir une fresque aux multiples facettes et perspectives, en clair obscur, ou le plus petit détail peut orienter différemment notre regard. Tout commence par une petite fille cachée sous une armoire, dont on ne sait si elle est réelle ou ombre .. tout finira avec cette enfant à nouveau dans la lumière. Entre les deux des moments qui paraissent singuliers alors qu'ils forment un tout. Anaïs Jeanneret maîtrise l'art du pointillisme, tout en délicatesse, en minuscules touches de noir ou de couleurs jusqu'à ce que le tableau terminé semble palpiter, vivre. Un roman court et dense qui remet nos propres destins en question sans violence, avec énormément de respect et d'humanité. Quatrième de couverture Une petite fille perdue. Une femme qui a fait le mauvais choix. Un commissaire de police désabusé et romantique. Une institutrice en colère. Une gloire des médias au parcours inattendu. Une mère et son fils dont la rencontre a scellé des liens d'autant plus solides que leurs passés furent chancelants... Autant de vies en apparence banales dont l'écriture d'Anaïs Jeanneret dévoile les subtils décalages et entrelacs : cette part du hasard, de la rencontre, ou encore du désir, qui les fait soudain palpiter et les relie les unes aux autres sous l'effet d'une force insoupçonnée. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs

  • Tous au théâtre

    Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Tous au théâtre Elise Fischer Calmann-Lévy 24 août 2022 320 pages Polar Historique Chronique 12 novembre 2022 Deux citations de Maurice Pottecher : « L'homme a besoin de jeu. Le théâtre lui en fournit un, et des plus captivants. Pourquoi ? Peut-être parce qu'il nous fait oublier la vie réelle, notre vie quotidienne avec ses misères, ses soucis et ses intérêts personnels. » « L'art n'est grand que s'il est libre ; il ne reste libre qu'en s'offrant également à tous. » Entendez-vous les trois coups ? Après avoir lu la liste des personnages réels ou fictifs qui vous attendent dans cet ouvrage, dans cette pièce de théâtre, dans ce drame aux allures de tragédie grecque, vous serez propulsés dans une course effrénée dans la neige et le froid, une fuite éperdue de Sophie entendant son cœur dit "Boubou" battre à toute allure... Dernières minutes d'une vie dont la dernière année a été marquée par la recherche de la vérité quant à ses aïeules... Un terrible secret se cache en ces terres des Vosges remontant au début du XXe siècle. Une âme damnée a imprimé son empreinte diabolique sur la lignée de Sophie. Celle-ci sent qu'elle est bloquée, empêchée de vivre pleinement son existence. Elle ne réussit pas à construire, elle se lance dans des relations toxiques. Seul son travail de journaliste lui permet de garder les pieds sur terre, de chercher dans la trajectoire des autres des réponses à ses douloureuses interrogations. Ainsi suivons-nous d'une part les membres de la troupe du Théâtre de Bussang de 1895 à 1987, et d'autre part Sophie entre Paris et Bussang de mars 1986 à mars 1987. Élise Fischer, grande amoureuse du théâtre, met autant en scène les hommes et femmes passés à la postérité, inscrits dans l'Histoire des lieux et de la culture française, que ceux sortis tout droit de son imagination fertile ; elle tisse ainsi une toile de fond au grain serré pour son intrigue "policière". Étonnant texte mêlant donc une biographie des créateurs et membres de la troupe du Théâtre du Peuple de Bussang de son ouverture à 1987 sur près de cent ans à un thriller mi enquête- généalogique mi-polar. Un roman noir historique enthousiasmant et passionnant par la découverte qu'il nous offre des coulisses de ce théâtre idéal qui de verdure est devenu navire, dédié aux grands textes du répertoire, à la musique, aux mots, aux émotions, mettant dans la lumière les habitants, comédiens amateurs, à des professionnels et autres vedettes. Une équipe d'une centaine de personnes oeuvrant ensemble à créer de la beauté, de l'émotion, par le peuple, pour le peuple, dans une égalité totale sans qu'intervienne une quelconque discrimination sociale ou de genre. Une utopie devenue réalité malgré les pressions, les critiques, le peu d'aide des ministères, malgré les deux Guerres mondiales, la guerre d'Algérie, les attentats, les soubresauts de l'Histoire nationale et internationale que nous revoyons nous aussi par le prisme du regard des protagonistes. En parallèle de cette épopée extraordinaire vécue par Maurice Pottecher, sa femme Camille de Saint-Maurice, leurs enfants, leurs familles, leurs amis, le village entier, et les auteurs, metteurs en scène et interprètes célèbres venus pour quelques mois dans ce lieu enchanteur depuis la fin du XIXe siècle jusqu'à aujourd'hui, Elise Fischer imagine une sombre intrigue, née voici des décennies, empoisonnant encore l'existence de Sophie, une enfant de Bussang partie à Paris tenter sa chance en tant que journaliste. Nous suivons donc ses pas, ses pérégrinations, ses recherches, comprenant peu à peu qu'un mystère entoure un des personnages centraux du théâtre de Bussang, Nadette. Celle-ci est aux yeux de tous une sainte, un pilier de la communauté ayant recueilli une pauvre petite fille muette arrivée un soir avec son chien, bientôt baptisée Mariette. Nadette et la fillette deviennent, avec l'assentiment de tous et celui du Padre, Maurice Pottecher, mère et fille. Une simple petite phrase lancée autour d'un café par Frédéric Pottecher, neveu de Maurice, à Sophie, suffit à faire trembler Boubou et mettre tous les sens de la journaliste, devenue d'investigation, en alerte. Sa rencontre avec un charmant flic la met dans l'urgence de comprendre son histoire si elle veut pouvoir s'abandonner enfin à l'amour sans qu'une ombre puisse à nouveau réapparaître pour tout détruire. Sophie est en danger... Très très beau roman noir, historique et biographique. Quatrième de couverture Mystère dans les coulisses du Théâtre du Peuple de Bussang 1986. Après une rupture amoureuse, Sophie, jeune journaliste dans un grand quotidien parisien, renoue avec Bussang dans les Vosges d’où elle est originaire. Le bourg bruisse encore de rumeurs sur le destin tragique des femmes de sa lignée, sur sa mère et sa grand-mère, tôt délaissées, sur son arrière-grand-mère, Mariette, une orpheline, morte en couches sans révéler le nom du père de son enfant, sur la mère adoptive de Mariette, Nadette, mêlée à un crime jamais élucidé. Une interview que lui accorde Frédéric Pottecher, le fameux chroniqueur judiciaire, donne à Sophie l’occasion de revisiter ce passé. Nadette était gouvernante chez les Pottecher à Bussang. Elle a participé comme beaucoup d’autres habitants du bourg à l’aventure du Théâtre du Peuple, créé en 1895 par Maurice Pottecher, l’oncle de Frédéric, une expérience de théâtre populaire inédite au rayonnement mondial. Tout en se plongeant dans près d’un siècle d’effervescence créatrice qui a fait de Bussang un haut-lieu de la culture, Sophie va peu à peu mettre à jour le drame secret qui emprisonnait sa vie. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs

  • Le baiser

    Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Le baiser Sophie Brocas Julliard 2019 297 pages Historique Chronique 7 septembre 2019 Splendeur ! Plus j'avançais dans cette lecture plus mon enthousiasme croissait au même titre que mon émotion. Je finis bouleversée, pleinement heureuse de ces heures de découvertes, d'enseignement, de beauté, offertes par Sophie Brocas dans cet ouvrage, certes fictionnel, mais également biographique, historique, romanesque, sociétal. Un double portrait de femmes, à plus de cent ans de distance, en parallèle : - La seconde Camille, avocate dans un grand cabinet anglo-saxon, âgée de plus de quarante ans, à la vie si millimétrée, en apnée psychologique, mettant ses pas dans ceux de... - Tatiana, la première, une très jeune réfugiée russe en 1910 à Paris, étudiante en médecine, féministe, ivre de justice sociale, à l'encontre des valeurs de son milieu aristocratique tsariste d'origine. Il suffit d'un incident pour changer toute une existence, pour nous obliger à revoir notre copie, notre échelle de valeurs, nos priorités. À 43 ans, Camille, baptisée par ses parents Vénus, ne sait manifestement pas qui elle est véritablement. Elle se rend invisible, sans corps ni réalité tangible pour son entourage, sauf pour sa meilleure amie Ameline, féministe de gauche affirmée. 8h15, départ de son studio au pied de la Butte Montmartre, elle veut vite s'engouffrer dans le taxi de Hassan, son chauffeur attitré depuis treize ans, et rejoindre rapidement son petit bureau de 12m2 dans l'immeuble de la firme McAnton. Raté ! Un voisin, Marc Comard, directeur des cimetières de la ville de Paris, la bloque afin de lui exposer un problème épineux, incroyable.... En effet, un inconnu souhaite tout simplement procéder à un enlèvement.... celui d'une sculpture célèbre du maître roumain Constantin Brancusi, "Le baiser", ornant la tombe au cimetière du Montparnasse d'une jeune fille, Tatiana, suicidée en décembre 1910. Il lui met de force une enveloppe kraft entre les mains contenant tous les éléments de l'énigme... la voilà ferrée et elle ne le sait même pas. Dès le chapitre 2, Tania prend enfin la parole grâce à son journal. Notre rencontre avec cette héroïne débute le 30 janvier 1910. Nous découvrons une nature bien affirmée, petite nièce de Tolstoï, en ayant adopté les convictions "socialistes", poursuivant des études de médecine mais hébergée par une tante ne programmant pour elle que le mariage et la maternité. Hors de question ! Heureusement, Tania a pour meilleure amie Marthe, ouvrière au franc parler, pragmatique, féministe éclairée, aux jugements et critiques sûrs, tant envers les figures féministes extrémistes de l'époque qu'envers les hommes mysogines et paternalistes. Le Dr Bémard, avec lequel travaille Tania, va la présenter à un homme fabuleux, un berger des Carpates venu à pied à Paris, habité de sa passion, Constantin Brancusi. Le destin est en marche. Ce roman est une merveille de par la visite de Paris en 1910, de Biarritz, du milieu médical, estudiantin, artistique de Montparnasse, du microcosme des Russes blancs, jusqu'à nous emporter en Roumanie de nos jours. Une réflexion sur la définition réelle à donner au " féminisme", sur l'accaparement du corps de la femme par la société, l'Eglise, les parents, le mari, les hommes, un corps spolié aux intéressées qui de fait se retrouvent également muettes, puisque leur voix n'a aucune valeur ; alors elles doivent soit crier, soit abandonner et mourir. Enfin, à l'instar de Brancusi qui intenta un procès aux États-Unis qu'il gagna, l'auteure traite de la question du statut des oeuvres d'art, patrimoine mondial pourtant objets d'estimations marchandes, d'un mercantilisme haïssable. Que ce soit les œuvres ou le corps féminin, des convoitises coupables et intéressées les menacent, les reléguant au rang de simples biens moneyables. Camille, pourtant notre contemporaine, exilée dans la capitale, arrivée de la ferme familiale, n'ayant jamais eu de vraie histoire d'amour, est désincarnée. Seule passion : le tricot. Même le prénom qu'elle s'est choisi est ambigu, asexué. Mais Tania va la prendre par la main pour la ramener vers Vénus, qu'elle deviendra enfin... Camille en s'opposant de toutes ses forces au rapt du Baiser, sculpture scellée à la tombe, donc partie intégrante de Tania, réussira peut être à redonner corps et voix à la jeune morte mutique depuis si longtemps. La réincarner, en luttant pour que Le Baiser reste en place, devient une quête vitale. Camille ressemble beaucoup à Sophie Brocas sur nombre de points de leurs biographies respectives, et l'écrivaine grâce à la rédaction de ce roman splendide réussit le miracle de rendre à Tatiana sa vie, sa réalité, à l'ancrer à perpétuité dans nos mémoires.. Car si ce livre est une fiction, il est basé sur un fait réel : la sculpture Le Baiser est bien au centre d'un procès incroyable entre la France, à qui Brancusi a légué toute son oeuvre, et la Russie, patrie de Tania. La sculpture est même aujourd'hui cachée dans une caisse en bois pour empêcher les promeneurs de l'admirer, tel que le souhaitait Brancusi lui-même. Un feuilleton judiciaire aberrant qui s'éternise. En attendant, grâce à Sophie Brocas, quel que soit le jugement final, Tania et Constantin ont déjà gagné. Si j'avais pu, j'aurais enregistré le livre en entier tant je l'ai aimé. Je vous passe le témoin.... Partagez ! Quatrième de couverture Camille a toujours exercé son métier d'avocate avec sérieux, mais sans grande passion. Jusqu'au jour où on lui confie une affaire inhabituelle : identifier le propriétaire d'une sculpture de Brancusi, Le Baiser, scellée sur la tombe d'une inconnue au cimetière du Montparnasse. Pour déterminer à qui appartient cette œuvre, il lui faudra suivre la destinée d'une jeune exilée russe qui a trouvé refuge à Paris en 1910. En rupture avec sa famille, Tania s'est liée à l'avant-garde artistique et a fait la rencontre d'un sculpteur roumain, Constantin Brancusi. Avec lui elle découvre la vie de bohème. Cent ans plus tard, élucider les raisons de sa mort devient pour Camille un combat personnel : rendre sa dignité à une femme libre, injustement mise au ban de la société. Avec ce portrait vibrant de deux femmes en quête de justice et d'indépendance, Le Baiser questionne aussi le statut des œuvres d'art, éternelles propriétés marchandes, qui sont pourtant le patrimoine commun de l'humanité. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs

  • Les musiques de l’âme

    Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Les musiques de l’âme Annie Cohen Editions des Femmes Antoinette Fouque 12 mai 2022 126 pages Biographie Chronique 24 mai 2022 « On apprend à écrire en lisant ceux ou celles qui laissent accessible l'espace au lecteur. Ne pas emmener voyager. Oh que non ! Et les mots se présentent comme les aplats du blanc de Titane sur le papier ton ficelle. L'expérience de la peinture ouvre les portes pour une écriture abstraite et profonde. Les encres de Michaux sont vues à côté de ses poèmes. De même Artaud qui annonce "refaire corps avec les musiques de l'âme. » A. C. « Ô ma plume si chérie qui s'écrit aux sons des tambours dans la vérité et l'authenticité. Ô bonheur entre tous que de retrouver la musique des âmes. Elle est très particulière. Quant elle est reconnue, elle ne s'oublie plus jamais ; ce serait comme un tatouage. « A. C Hector Berlioz disait également que la musique et l'amour sont les deux ailes de l'âme. Elles sont indissociables. J'ai revu les photographies de Frida Kahlo sur son lit de souffrance trouvant la liberté dans la peinture. J'ai repensé à ma compagne de cœur, Emily Dickinson, qui réussissait à mettre le monde en poèmes, à atteindre l'absolue vérité en regardant par sa simple fenêtre. Deux artistes majeures enfermées suite à un accident gravissime ou une décision de s'isoler.... Et voici Annie Cohen qui nous livre ses pensées, cloîtrée dans son appartement près du Panthéon, condamnée à un confinement médical bien avant qu'une quelconque épidémie ne se déclare. Le corps refuse d'avancer mais l'âme vole toujours vers le ciel, avec les oiseaux, dans le souvenir de la mère à jamais adorée, des amis disparus, dans la continuité des œuvres d'artistes écrivains-dessinateurs-gouacheurs. La création et l'amour sont les ailes de Annie Cohen.... Ce livre n'est pas un bilan de fin de vie, il est une mise à plat de sa vérité avant de se lancer joyeusement dans une nouvelle aventure au musée Pompidou Metz. Toujours actrice, active en ce monde, elle reste l'éternelle fille de sa mère enfantant des oeuvres et non des héritiers... La question de ce qui adviendra de son travail se pose et pourtant nous sommes tous ses héritiers, ses descendants par le cœur et l'âme, nés de la même essence. Ce livre est un hymne, un hommage à la vie, à l'amour, à la tendresse, à tous ceux qui lui donnent tant et reçoivent tellement d'elle. Son mari François Barrat, le compagnon de cinquante ans, les amis, le psychiatre, les aides soignant(e)s si dévoué(e)s, les kinés présentes lorsqu'enfin, après un an d'immobilisation, l'autrice peut refaire un pas et s'asseoir à son bureau, ce bateau qui la mène partout où elle décide d'aller. Ne sont pas bien loin les oiseaux, la chienne fidèle et loyale, l'amoureux de toujours, les disparus. La douleur infinie, indescriptible, peu soulagée par les drogues diverses, l'oblige à aller à l'essentiel, à laisser de côté tout superflu pour rester dans une lumière chaleureuse bienfaitrice de Dieu, du Soleil, de l'Amour encore et toujours. C'est un aveu de force et non de faiblesse, force de vie, force de créer, force de penser et d'apporter encore sa brique à l'édifice commun, force de se retourner sur son oeuvre pour en chercher les imperfections ou incohérences pour finalement être réconfortée et raffermie dans son geste littéraire et graphique. C'est un voyage au bout de soi, au bout de nous. En voici quelques extraits choisis... De la stupéfaction du chemin parcouru : « Je reprends la formule, ça m'étonne toujours qu'elle sache écrire, dessiner, ça m'étonne d'avoir tenu dans l'obscurité de ma chambre, ça m'étonne d'avoir vécu une vie de moniale entre le bureau et les cigarettes. Ça m'étonne toujours d'avoir emprunté le chemin du solitaire, sans rupture de lecture, avec l'amour de la langue. « De l'acte d'écrire, dessiner, gouacher, créer malgré tout : « Ce que je fais avec les rouleaux d'écriture, je tisse des mots, je tricote un texte, je suis à quelques centimètres de mon stylo. Je suis apaisée, je garde une conscience aiguë de ce que je vis, assise à mon bureau. Plus pouvoir marcher, col du fémur cassé et genou pourri d'arthrose. Mais aucune importance, le meilleur est devant. » Créer c'est enfanter.... : « Lorsque j'écris ou dessine, j'ai affaire à l'impossible. Je cherche à genoux, je ressens l'enfantement, la délivrance. Écrire est un acte sexuel, la vulve de l'organe féminin palpite, frissonne. » « Nous sommes des accoucheuses. Et c'est une forme parfaite qui pousse son premier cri. Accoucher concerne l'écriture et la gouache. C'est un moment de silence et d'accompagnement. Ça sort, ça vient, ça s'impose, ça dit que c'est la vie. « Des coups, des bleus sur le corps qui reste cependant instrument de création : « Je suis une artisanale, une manuelle, une ouvrière des mains. Le cerveau est présent, les méninges entourées de la dure-mère ont résisté à l'opération de l'AVC. La tache de l'hématome restera à vie. » « De tout temps, sur une vie entière, la création a caché les affections corporelles. Des blocs de livres, de dessins, de gouaches. Cancer, AVC. Maladie maniaco-dépressive, migraines. Et pour finir, col du fémur, mutilation des jambes. Mais d'où vient la puissance des mains qui veut marquer ces temps de misère, de calamités ? » « Une joie qui m'est donnée. La maladie fait partie de mon corps, mais je l'ai toujours vaincue. Et je le dois à ma foi immense en la création. De la question de la maternité, de l'héritage : « La psychanalyste est douce, elle reste une heure, elle pose la question d'avoir ou de pas avoir eu d'enfant. J'explique que tout a été réservé à la création et que F. B. est arrivé trop tard. Cela devait être ainsi, sans regret, sans remords, sans nostalgie. Je ne me révolte jamais contre le sort. « Du deuil impossible à faire, Annie Cohen reste « l'enfant de » à jamais : « Douce mère qui parlait l'espagnol couramment. Bésame mucho. Douce mère qui aimait avec force l'homme de ma vie. L'avoir abandonnée dans un caveau me scie les jambes. C'est pourquoi je ne marche pas. Je ne peux pas aller chercher un verre de Coca. Madre ! » « Où iront les dizaines de dessins, de gouache, de rouleaux d'écriture, de dessin au Rotring, ou ceux à la plume et à l'encre de Chine avec des feuilles d'or ? Sans enfant, je n'ai pas d'héritier, maman, où irons-nous avec cette vie vouée à l'art et à l'amour. Les deux cohabitent somptueusement. L'un ne va pas sans l'autre. " Ce livre est une porte sur l'âme d'Annie Cohen et sur la nôtre.... Des portes : « Le rapport aux portes est complexe. On peut vivre sans avoir d'autres portes que la sienne. Parfois on en souffre, on voudrait tant être accueilli. Frapper à une porte à l'improviste. Être reçu. C'est ça l'amour. Mais c'est rare. [...] La phrase qui vient devrait ouvrir la porte du souvenir et de son énonciation. Écrire suppose le sens, des perceptions, des souvenirs, gouacher demande le geste, l'impulsion, la valse. [...] La gouache n'est pas de ce temps, elle attend derrière la porte, le moment, l'opportunité. » De l'espoir et de la joie, de l'instinct de vie toujours : « C'est idéal, c'est magique. Dans cette inégalée lumière d'Île-de-France, je retrouve mon corps tel qu'il aime se vivre, enfin ! Devant le clavier et les doigts qui tapent, qui veulent un futur de littérature, un davantage toujours exigeant, Célé fait plus d'une année que j'ai perdu cette position, couchée en deux dans le lit, attendant l'exécution des phrases, des paragraphes, avide, affamée, en prière, Ô mon Dieu ! Merci ! Que le monde est riche ! » Du nouveau projet, présence incarnée dans les oeuvres à jamais. « Metz est à moi puisque je vais exposer cinq rouleaux d'écriture au musée Pompidou Metz dans l'exposition « Écrire, c'est dessiner » à partir du 6 novembre jusqu'au 21 février 2022. Trois mois entre Bataille et Guyotat. Sans moi. » Quatrième de couverture Au cours d’un monologue intérieur, Annie Cohen se livre et revient sur le processus créatif qui a marqué toute sa vie, à la fois pictural et scriptural. Peinture et littérature s’entremêlent dans un geste passionné, véritable pulsion de vie, qui pourrait tenir la mort à distance. La création devient alors éminemment intense, sexuelle, organique. C’est à travers son corps de femme entravé par la maladie qu’Annie Cohen ressent, invente et produit. Différentes thématiques personnelles et artistiques s’interpénètrent afin d’ouvrir une fenêtre sur son intimité profonde et tourmentée. Les souvenirs de jeunesse, l’évocation de sa mère, l’Algérie de son enfance, Paris, se mêlent aux éléments du quotidien de l’autrice, et permettent de mieux comprendre la genèse de ses écrits. La vie est là, toujours, incandescente et inaliénable. Par son écriture magnifique et singulière, Annie Cohen nous emporte dans un passionnant flux de mots et de pensées. Une puissante ode à l’existence. « Nous ne sommes qu’un, acharné à rendre droit ce qui ne demande que cela. Le silence additionné à la quête d’exprimer l’inexprimable. C’est la gouache qui connaît le chemin, qui se fait plus que je ne la fais. Elle soulève des mystères, elle dévoile des formes inédites, elle prend tournure, elle s’impose au point d’éliminer tout geste supplémentaire. L’écriture n’est jamais loin du poignet de celle qui peint. Toujours le noir et le blanc. […] Avec des pinceaux extrêmement fins, comme des plumes. On n’attend rien, on se laisse faire, on jubile à la montée d’une apparence, on voit qu’elles sont solidaires et actives dans la construction d’un dessin autonome toujours prêt à accueillir d’autres apparences. » A.C. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs

  • Adios Carlingue

    Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Adios Carlingue Philippe Fenollosa Nombre 7 12 Janvier 2021 319 pages Historique Chronique 7 mars 2021 Dès le début de ce récit, sans avoir relu la quatrième de couverture, j'ai été grandement étonnée par le ton ironique, sans concession, pour traiter de sujets et d'une période monstrueuse et dramatique, la Rafle du Vel d'Hiv en ouverture... Florent Bloch en grande tenue de zouave, manchot, galériste parisien élégant et un peu barré, accueille vertement les policiers français venus l'arrêter avec sa famille chez lui. Le ton est donné, il ne plie pas, il analyse frontalement ce qui est en train d'arriver, il se permet d'être méprisant et de faire de l'humour. On pense : « il est fou, il est suicidaire ; à cause de sa forfanterie, il met sa femme et sa fille encore plus en danger. À moins que ce ne soit le dernier acte de panache du condamné..." » Et puis... la stupeur : on a cru lire une histoire mais l'auteur a choisi de nous en raconter une toute autre, incroyable, un road-trip nerveux, effréné afin d'échapper aux tueurs mandatés par la Carlingue, nom donné à la Gestapo française. Organisée, celle-ci a des ramifications multiples dans toute la France en zone occupée mais aussi en zone libre et à l'étranger. Grâce à trois amis qui furent, sous ses ordres, nettoyeurs dans les tranchées de la première guerre mondiale, je nomme Aspi le chasseur, Bordier du Génie et Matteotti de la Légion étrangère, la famille est pour le moment sauvée. Direction le village auvergnat de Bordier où le récit se teinte de légendes, où les monstres réapparaissent, où les ogres se réveillent. Les sbires de la Carlingue les pistent, il faut repartir vite, fuir, décider d'une destination, obtenir des papiers, des autorisations de circuler et des visas. Il faut de l'argent, des véhicules, des points de chute jusqu'à rejoindre... l'Espagne. C'est alors que Bordier révèle un secret incroyable à son camarade Florent.... La course poursuite reprend, les morts s'accumulent, la tragédie frappe encore et encore et cependant, Philippe Fenollosa par son ton très singulier fait de gravité et d'humour forcené, usant parfaitement des ruptures de styles, de retournements dramatiques à peine imaginables, réussit à faire peser sur nos épaules le poids de l'inéluctabilité du destin, de l'absurdité des guerres tout en nous faisant frémir, sourire, pleurer. Nous aussi, à l'instar du héros, avons soudain envie de crier que ça suffit, que nous ne sommes pas des moutons à l'abattoir. Il faut se méfier de ceux qui semblent inoffensifs, légers, faibles. Ne jamais réveiller l'eau qui dort, le volcan soit disant éteint, les ombres maléfiques prétendument enfermées dans les livres de conte ou piégées dans nos cauchemars... Un roman historique épique, passionnant sous cette forme de long voyage de Paris jusqu'au Portugal via Barcelone, Valencia et Séville, dans une Espagne franquiste au sortir de trois ans de guerre civile, où les juifs ne sont pourtant pas inquiétés malgré le pacte entre le Caudillo et Hitler. J'ai plongé dans ce récit pour ne plus le lâcher, consciente qu'il n'est pas aisé pour un écrivain de réussir à trouver l'équilibre parfait et délicat entre tragédie et comédie. Je me suis sentie extrêmement concernée par le sort de cette famille, de ce héros hors du commun paraissant de prime abord si peu dangereux, de tous les protagonistes de ce sauvetage désespéré. Peut-on imaginer que seulement vingt ans séparent les deux guerres mondiales ?! Peut-on, par simple effort d'empathie, se mettre un peu à la place de celles et ceux qui ont affronté ces deux épreuves ? Merci à l'auteur pour sa confiance. J'en suis particulièrement touchée. J'ai été heureuse de me retrouver à Valencia, cité que j'aime beaucoup. Quatrième de couverture Florent Bloch est un galeriste parisien de renom, manchot, insouciant, qui a mis son passé d'ancien combattant de la Grande Guerre sous le tapis. La guerre vient le rattraper le 16 juillet 1942, avec la promesse de mener sa famille vers un avenir incertain. Mais une vieille camaraderie issue de 14-18 va venir les sauver in extremis de la « Rafle ». Il s'agit d'anciens « nettoyeurs de tranchées », qui composaient une escouade de tueurs en uniformes, sans scrupules, sous les ordres du jeune lieutenant Bloch. Les survivants de l'escouade vont tenter d'exfiltrer Florent Bloch au moyen de faux papiers et d'un visa de complaisance, en Espagne via la ligne de démarcation, puis vers un continent présumé en paix. Ce serait faire abstraction de la Gestapo française - dite « la Carlingue » - qui va se mettre en chasse, car elle croit le galeriste manchot porteur d'un secret, avec à la clef un trésor, qui attise toutes les convoitises. Un périple sanglant va jalonner son « road-trip » : il sera traqué par des tueurs nazis en zone libre puis à Barcelone, à Valence et à Séville. C'est à proximité de la capitale andalouse qu'une légende née dans la boue du « no man's land » en 1916, pleine de surnaturel, que l'on croyait morte et enterrée, va s'inviter pour mettre un terme final à la course-poursuite. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs

  • Les Chaos de Bréhat

    Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Les Chaos de Bréhat Daniel Cario Presses de la Cité Terres de France Mars 2020 509 pages Thriller Terroir historique Chronique 8 septembre 2020 Nous voici projetés en 1987 au large du Bréhat dans le monde très fermé et particulier des gardiens de phares. Ces hommes sont superstitieux, comme tous ceux qui travaillent avec et par la mer, ce qui inclut les marins. Il existe trois types de phares : ceux construits sur un bout de rocher, on dit alors en enfer, comme celui de ce thriller, appelé " L'oeil du diable". Les phares construits sur une île sont dits du purgatoire et ceux enfin bâtis sur le continent sont paradisiaques. Étonnamment Ambroise, un de nos héros, préfère être en enfer pendant deux semaines d'affilée que de garder un bâtiment sur terre ou dans une île. C'est un personnage authentique, fort et empathique à la fois, ayant eu son compte de douleurs et de drames. C'est aussi un être à l'âme de chevalier blanc, sauveur de pauvres jeunes femmes en détresse dans un univers de magie, de légendes, de surnaturel. Ambroise va devoir affronter des dragons intérieurs et des fantômes du passé pour sa dame, Janet et la fille de celle-ci, Betty. La tâche sera presque insurmontable en ces temps de tempêtes, d'ouragan, de furie, de révolte des éléments et des âmes.... De plus, son fils Florimond et son frère de lai Quentin ne lui facilitent pas la manoeuvre, naïfs et prompts à croire aux revenants, aux murmures des esprits défunts et des sphinx à tête de mort. Dès le prologue, la brume, le mystère, les ombres virevoltantes des papillons de nuit nous entourent au creux d'une maison en ruine... Des gémissements nous parviennent, le vent se lève, les vagues se creusent, la grande faucheuse est arrivée sur l'île pour réclamer son quota d'âmes... La silhouette brisée d'un corps git au pied du phare dont Ambroise et son fils Florimond ont la responsabilité. Dans les chaos pierreux, on distingue une peau blanche, une chevelure rousse, un visage griffé et abîmé, une nudité incompréhensible en cette nuit infernale où les dieux se déchaînent... Serait-ce Betty disparue voici quelques semaines ? Ambroise imagine le soulagement de sa compagne Janet en retrouvant sa fille, enfin ? Mais, la jeune femme amnésique et presque défigurée est-elle la si douce et timorée Betty ? Et sinon, où est cette dernière ? Le passé des deux anglaises réfugiées au Bréhat depuis plusieurs mois les rattrape-t-il ? Entre Côtes-d'Armor et Angleterre, un thriller à l'ambiance de huis clos dans un contexte géographique fermé donnant sur un océan en furie où les déesses archaïques nous guettent. Une voix littéraire unique, reconnaissable entre toutes, entre poésie, lyrisme et dialogues authentiques et rocailleux. C'est un roman policier en terre de légendes, minéral et rugueux. Seul l'amour peut apporter quelques douceurs à ce récit terrible et effrayant. Splendide comme tous les textes de Daniel Cario ! Quatrième de couverture Ile de Bréhat, Côtes-d'Armor. Ambroise est un gardien de phare des plus expérimentés. Et un habitant de l'île très apprécié. Mais un jour il doit faire face à un double cas de conscience qui engage toutes ses responsabilités. Ne rien dire pour protéger ceux qu'il aime ? Seul face aux colères de la mer et à la cruauté des hommes ? Des tempêtes, Ambroise, gardien de phare respecté de l'Œil-du-Diable, au large de Bréhat, en a traversé beaucoup. Dans sa vie personnelle aussi. Il a su, depuis, renouer avec un bonheur simple auprès d'une jolie Anglaise et de sa fille, Betty, qui se sont réfugiées sur l'île pour fuir un passé douloureux. Mais, en septembre 1987, l'adolescente disparaît. Or, un mois plus tard, un ouragan d'une violence inouïe balaie les côtes bretonnes et dépose au pied du phare une naufragée frappée d'amnésie. Prémices d'un drame, tendu comme un huis clos, où se mêlent vengeance et folie, avec en toile de fond la solitude morale d'un homme en proie à un terrible cas de conscience. Un roman à l'ambiance noire et marine. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs

  • Du sang sur le sable

    Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Du sang sur le sable Robert Karjel Denoël Sueurs Froides 2017 499 pages traduites par Lucas Messmer Thriller Chronique 2 septembre 2018 Coup de cœur de la médiathèque Marguerite Yourcenar Paris 15, un polar très dépaysant et punchy de la Suède à la Somalie et au Kenya. Je ne sais pas si écrire une fiction très inspirée de son métier et de ses missions est un moyen pour Robert Karjel de se libérer de ce qu'il a vu ou fait, mais pour nous c'est un gage d'authenticité, de cohérence, d'information sûre sur les situations décrites. J'ai avalé ce roman, passionnée par le propos, par la découverte des vies des soldats sur les bases suédoise, américaine, française à Djibouti, dans le creux de la corne de l'Afrique, une zone de paix relative plus qu'une ville, entourée par les guerres, où expatriés, africains et touristes se croisent sans jamais fraterniser, où la drogue embue les consciences de certains dès 14h, où chacun essaye de s'en sortir dans ce grand chaos. La frégate HMS Sveaborg parcourt les mers pour protéger les bateaux de commerce ou de tourisme des pirates somaliens, par la sortie armée s'il le faut, de son hélicoptère. Également le navire et la MovCon, unité de logistique, opérant d'habitude de la terre, de Djibouti, se charge de l'élimination des ordures des troupes et de la livraison de pièces de rechange, nourriture, eau, matériels militaires aux contingents suédois. Tout commence par une belle journée à bord d'un bateau de luxe suédois, le Martha II, appartenant à une famille richissime, les parents et deux enfants, naviguant dans le golfe d'Aden, réputé dangereux. Le drame survient, des pirates attaquent à deux bateaux, l'un des attaquants est tué par la père Carl-Adam grièvement blessé à la main. Sa femme, Jenny, va alors tout faire pour protéger sa fille adolescente Alexandra et leur fils atteint d'épilepsie, Sebastian. À peu près au même moment, un soldat suédois travaillant pour la MovCon est tué lors d'une curieuse séance d'exercices de tir organisée pour entraîner les Djiboutiens travaillant pour l'armée. Le terrain appartient aux USA. Les services secrets suédois décident donc d'envoyer un de leurs meilleurs agents Ernst Grip, pour enquêter sur cette mort suspecte. Dès son arrivée, il comprend bien qu'il n'est pas le bienvenu ni à Djibouti ni sur le HMS Sveaborg. Une version de l'histoire lui est servie, pas très convaincante. Bien sûr, Grip tête brûlée ayant déjà mené à bien des missions plus complexes dans le monde entier, va user de méthodes très peu protocolaires. Bientôt, son chef lui adjoint un nouveau venu, un peu plus au fait des us et coutumes de la marine et de l'armée dont il a fait partie. Une belle pianiste va également faire son entrée... Donc une mort suspecte, une famille kidnappée par des pirates, avec en fond de décor Daesh, des islamistes, des trafics divers.... Les deux enquêtes vont obliger Grip à user de moyens hors limite pour tenter de sauver des innocents et rendre hommage à un juste. Thriller d'action donc, mais aussi d'espionnage, dans une région du monde peu connue du grand public, très bien mené, écrit, véhiculant finalement des valeurs humanistes incontournables, d'autant plus dans ces zones de non droit. Une vraie belle découverte ! Quatrième de couverture Djibouti, au creux de la corne de l’Afrique : un soldat suédois est tué sur un champ de tir. Les services secrets envoient l’agent Ernst Grip sur place pour faire la lumière sur cette mort suspecte, mais il y est traité en intrus par un personnel qui a déjà décidé quelle serait la version officielle des faits. Pendant ce temps, une famille de quatre Suédois navigant non loin de là, dans le golfe d’Aden, est capturée par des pirates somaliens. Leur vie est en danger, la pression monte pour le gouvernement, et c’est ainsi qu’Ernst Grip se retrouve bombardé négociateur et doit traiter avec les pirates. Pour résoudre ces deux affaires, Ernst Grip comprend qu’il va devoir recourir à des méthodes peu orthodoxes. Mais peut-on se permettre de rester dans les limites de la loi et de la moralité quand des vies humaines sont en jeu ? Pour son deuxième roman, l'auteur s'est inspiré de sa propre expérience, quand il traquait les pirates dans le golfe d'Aden à l'époque où il commandait une unité d'hélicoptères de l'armée de l'air suédoise. Après Mon nom est N., on retrouve l'agent Ernst Grip, froid et méthodique, chargé d'enquêter. Un personnage sombre, flirtant avec la légalité, loin des clichés habituels des agents des services secrets. Du sang sur le sable pointe du doigt l'influence des Américains dans les événements internationaux de façon pénétrante et des questions d'une actualité brûlante sont soulevées au sujet du terrorisme, des loyautés gouvernementales et même du capitalisme. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs

  • L'Homme de Césarée, tome 3 de la série "La reine oubliée"

    Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires L'Homme de Césarée, tome 3 de la série "La reine oubliée" Françoise Chandernagor Albin Michel 17 mars 2021 432 pages Historique Chronique 15 mai 2021 Précédemment ont été édités " Les Enfants d'Alexandrie " et " Les Dames de Rome". Quelle majestueuse et somptueuse reconstitution est ce roman historique, cette grande fresque ! Imaginez un bas relief se mettant soudain par la grâce, le talent, l'érudition et la créativité de Françoise Chandernagor, à s'animer sous vos yeux. Vous n'êtes plus dans un musée, vous êtes soudain projetés sur place. Historienne et écrivaine soucieuse de restituer une vérité vérifiée, magnifiée par sa si belle plume, elle réussit à nous transporter à la cour d'Octave, empereur de Rome, vainqueur de Marc Antoine et Cléopâtre, finalement suicidés, couple maudit alors mais passé à la postérité, laissant dans leur sillage plusieurs enfants, dont Séléné, l'héroïne choisie par l'auteure pour sa série comprenant déjà " Les enfants d'Alexandrie" et "Les Dames de Rome", suivis plus tard d'un quatrième opus, " Le jardin de Cendre". Nom du lieu édifié par Séléné à la fin du présent ouvrage, convaincue que les Dieux sont contre elle et que le destin ne peut que lui être fatal. C'est évidemment sans compter avec Fortune. Mais patience ... Pour le moment, nous découvrons une jeune fille élevée à la cours romaine dans la maison d'Octavie, soeur de l'Auguste, ennemi de ses parents dont les noms ne peuvent même plus être prononcés. De cœur, elle reste égyptienne, helléniste et déteste tout ce qui est romain. Cependant, elle voue une réelle affection teintée de méfiance à sa tutrice, ses demies sœurs et à tous ses " cousins". Elle apprend l'art de la diplomatie, de la rouerie, du secret et surtout de la patience ; l'esprit de vengeance l'anime toujours. Octave, grand manipulateur et pervers narcissique, même pour l'époque, disons-le, très particulière sur le plan moral, utilise les enfants nés des principales grandes familles romaines comme des pions sur son échiquier impérial. Il décide donc de marier Séléné à Juba, Roi "barbare" de Maurétanie, correspondant aujourd'hui à l'Algérie et le Maroc. Elle aurait pu plus mal tomber : beau comme Apollon, c'est un helléniste convaincu, un linguiste, historien, explorateur, géographe, urbaniste, collectionneur émérite, auteur de plusieurs ouvrages célèbres, cité et respecté par de grands philosophes et encyclopédistes futurs, en plus d'être un guerrier courageux et un réel chef d'état. Il a les défauts des hommes de son temps, et leurs qualités aussi : curieux de tout, il va former un couple semble-t-il des plus réussis avec la tempétueuse, volcanique et inclassable Cléopâtre-Séléné, digne fille de ses parents. On comprend que Juba II fut fier de cette alliance : elle lui permettait "politiquement et culturellement de contrebalancer l'influence de Rome : associé certes, mais pas vassal et encore moins, esclave...." Octave l'a nommé à cette charge voici peu de temps après qu'il ait vécu ses premières années en romain. L'autrice aime à imaginer ce gamin, orphelin d'un père tué par César, grandir à Herculanum. Ces deux enfants, Séléné et Juba, qui furent exilés, éduqués chez l'ennemi, viscéralement liés à leurs terres d'origine, à leurs dieux, vont se trouver et se reconnaître. Le respect entre les époux a laissé une trace vérifiable sur les pièces de monnaie bilingues où le latin côtoie le grec, où un animal symbole de l'Afrique - éléphant, lion - côté pile, accompagne la vache Hathor ou le crocodile, issus de l'imagerie égyptienne, côté face... On sait que Séléné fut en charge de certaines responsabilités de régence pendant les longues absences de son explorateur et guerrier époux. Ce sont des êtres cosmopolites, hellénistes, intelligents, fiers de l'autonomie qu'ils réussissent à garder par rapport à Rome, au contraire de nombreux autres rois, amis et alliés de l'Empire, en Orient. Donc, l'auteure nous offre d'une part, une édifiante reconstitution des décors, costumes, us et coutumes de l'époque, mais aussi une explication du mode de penser, de considérer la vie, la mort, l'éternité, les enfants, l'héritage à laisser à la postérité. Nous savons si peu de chose sur cette partie du monde à cette période. C'est une fantastique découverte pour moi. La décadence romaine est encore plus frappante face à la réussite de nos souverains de Maurétanie, car eux vont construire et régner avec fermeté et justice sur une population aux origines, langues, croyances multiples : "nomades et sédentaires, éleveurs et cultivateurs, colons et indigènes, Numides et Maures..." Leur couple est aussi " bigarré" que ce pays : " Un Berbère citoyen romain marié à une Égyptienne d'origine grecque ! ". Savoureux mélange ! Enfin, ce roman est également l'histoire d'une femme qui resta toute sa vie une toute petite fille traumatisée par les évènements qui ont précédé et suivi immédiatement la mort de ses parents. Une adulte toujours enfant qui prendra pour un bon présage le phare qui l'accueille au port de Césarée, copie modeste de celui plus majestueux d'Alexandrie, la bien aimée. Ce mariage qui peu à peu fut d'amour et de passion partagés, à l'origine contrat politique, fait naître aussi en Séléné l'espoir d'une vengeance menée contre Rome si ce n'est par elle, par sa descendance, telle une Didon imaginant déjà Hannibal écraser l'Empire. Un roman historique exceptionnel que j'ai dégusté et suivi sans aucune difficulté et avec infiniment de plaisir même si je n'avais pas lu les opus précédents. Surtout lisez bien les notes finales, elles sont passionnantes. Quatrième de couverture Césarée : un port qui ressemble à celui d'Alexandrie, un phare bâti sur le modèle de Pharos, et, au premier plan, un palais royal aux colonnades de marbre grec. Séléné, la fille de Cléopâtre, peut se croire revenue « chez elle », dans cette Égypte dont les Romains l'ont arrachée à l'âge de dix ans. Mais Césarée n'est pas Alexandrie, et si Auguste l'a libérée, c'est pour la marier en Afrique au prince « barbare » qui gouverne la Maurétanie, immense pays formé par le Maroc et l'Algérie d'aujourd'hui. À la surprise de Séléné, ce roi berbère se révèle aussi beau et cultivé qu'il est riche et puissant. Mais on ne renoue pas la chaîne des temps. Pour la fille des Pharaons, prisonnière de son passé, la nuit de noces tourne au cauchemar... avant que les jeunes époux, tous deux issus de lignées détruites par Rome, ne parviennent peu à peu à s'apprivoiser, à faire de leur capitale un haut lieu de la culture grecque, et à fonder une dynastie capable de venger un jour leurs familles. Après Les Enfants d'Alexandrie et Les Dames de Rome, Françoise Chandernagor déroule un autre chapitre de la vie étonnamment romanesque de l'unique descendante d'Antoine et Cléopâtre. Elle nous transporte d'un souffle puissant dans un monde d'or et de sang disparu depuis deux mille ans. 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  • Le dernier chant

    Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Le dernier chant Sonja Delzongle Denoël 31 mars 2021 480 pages Thriller Chronique 20 juillet 2022 « Actuellement l'humain mène une guerre contre la nature. S'il gagne, il est perdu. » Hubert Reeves « Du chaos naissent les étoiles. » Kim et Alison McMillen Dédicaces : « À l'Australie et à ses millions de morts animaux et humains. Never forget. N'oublions jamais. À Nicola Tesla, dont le génie visionnaire a inspiré le cœur de ce roman. » Être empathique, ultra-sensible, supra-conscient, est considéré par notre société occidentale et par certaines personnes concernées, comme étant une particularité négative, un défaut de fabrication, une tare voire une fragilité ou un handicap. Être capable de pressentir les évènements futurs, tiquer sans pouvoir forcément verbaliser son malaise face à certaines vérités assénées arbitrairement, être capable de se brancher sur les autres, de caler son propre rythme cardiaque sur celui du monde, d'écouter son sixième sens ou son instinct, quelque soit le nom que vous lui donniez, est en réalité des aptitudes qui peuvent devenir pouvoir. Je pense qu'à l'instar de nombre d'artistes, de créateurs, Sonja Delzongle fait partie de cette catégorie. Elle est une vigie dont la lumière tourne à 360°: ce roman en est la démonstration parfaite. En effet, pluridisciplinaire, curieuse de tout, compilant consciemment ou non les informations, elle réussit à restituer ce qu'elle a emmagasiné intellectuellement et émotionnellement pendant des années de façon synthétique mais aussi analytique. Ajouter à ce don celui d'écrire remarquablement et d'être humainement une belle personne, forcément le thriller qu'elle nous offre ici est singulier, hors cadre. Nous retrouvons dans ce récit diverses notions déjà évoquées dans les opus précédents touchant à la géopolitique, à la science, à l'écologie, à la responsabilité de chacun à protéger notre planète et nos semblables. Également, certains clins d'œil à des personnages mis en scène antérieurement inscrivent ce roman dans une continuité : l'œuvre littéraire au complet est ainsi d'une grande cohérence. L'autrice, sacrément courageuse et gonflée, aborde des thèmes épineux, concernant les cinq dernières années particulièrement, sans langue de bois, sans être hypocritement consensuelle, tout en réussissant à ne pas mettre mal à l'aise son lectorat présent et futur. Quoique vous pensiez de ce que nous venons de traverser sur le plan politique, sanitaire, etc..., quelles que soient vos convictions, rien dans ce texte ne vous heurtera, ne vous blessera. Au contraire, il vous portera à aller plus loin dans l'analyse, dans la critique constructive, à aller au-delà des apparences comme son héroïne, Shan. Donc une intrigue « policière » multipliant les pistes, les explications, les personnages, afin de traiter divers sujets sensibles tout en maintenant le cap vers la résolution finale ; le suspense est soutenu, la construction du scénario prodigieuse. D'une grande humanité, souvent poétique, toujours avec ce supplément d'âme qui le distingue, ce roman tout en étant d'une redoutable efficacité est un cri d'alarme. Pour celles et ceux qui sont éveillés, empathiques, informés, ces lignes sont réconfortantes car le sentiment de solitude face aux vérités s'estompe. Pour les autres, elles peuvent être un déclencheur ou simplement être une formidable histoire aux multiples rebondissements. À lire absolument. Gratitude. Quatrième de couverture Et si les animaux n'étaient que de malheureuses sentinelles..."C'est le bruit, qui tue. Le dernier chant. Il apporte la mort." Telle est la prédiction de la vieille Innu devant l'immense cimetière qu'est devenu le fleuve Saint-Laurent en ce matin d'août 2021. A perte de vue, des marsouins, des bélugas, quelques orques, flottent le ventre en l'air. Une hécatombe sans précédent. Deux mois après, dans une réserve du Congo, les gorilles succombent eux aussi à un mal inexpliqué. Et, chose stupéfiante, les survivants, prostrés semblent pleurer... Quel lien entre ces phénomènes qui se multiplient dans le monde ? A qui profite la disparition de ces êtres vivants ? C'est ce que se demande Shan, chercheuse à l'Institut de virologie de Grenoble, en découvrant le dossier déposé sur son bureau par un stagiaire. La voilà décidée à mener l'enquête, seule. Mais déjà, des yeux la surveillent, quoi qu'elle fasse, où qu'elle s'envole... Et à l'approche de la vérité, Shan mettra en jeu non seulement ses convictions, mais aussi sa propre vie. Entre peurs ancestrales et angoisses de fin du monde, une plongée vertigineuse aux confins de l'humanité. Un thriller intense et bouleversant. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs

  • Un hiver pour s'écrire

    Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Un hiver pour s'écrire Angeles Doñate Calmann-Lévy Novembre 2019 334 pages traduites par Catalina Salazar Roman Chronique 16 mars 2021 Un très très beau roman d'amour et d'amitié, profondément touchant, émouvant sans être mièvre, humaniste et inspirant l'espoir en l'entraide et l'action de groupe. On finit ce texte très bien écrit, malgré les erreurs de frappe et les coquilles, avec le cœur plus gros, rempli d'envie.... « Impossible » est un mot à rayer définitivement de votre vocabulaire. À l'origine de cette fiction, une réalité sociale dans les petites localités, touchant également maintenant les villes : la fermeture des bureaux de poste, un peu partout, que nous vivons très difficilement au quotidien et qui peut, vraisemblablement, mener à la mort d'un village et à la désertification d'une région. Un phénomène des plus néfastes sous le fallacieux prétexte que les gens ne s'écrivent plus. Je ne sais pas comment cela fonctionne en Espagne où se situe l'action, mais cela signifie en fait que toute personne n'ayant pas un ordinateur se retrouve démunie, sans moyen de communiquer, en danger de fracture sociale. Cela signifie aussi que la distribution du courrier n'est faite qu'une à deux fois par semaine puisqu'il n'y a plus de facteurs. Enfin, cela induit que sans bureau de poste, plus d'accès direct, en France, aux comptes bancaires postaux pour une grande partie des personnes les plus âgées, non équipées informatiquement. Une aberration et une injustice totale en matière d'égalité des droits de tous, quelque soit le niveau social ou l'âge, et concernant l'accès à l'information et à son courrier, rapidement. Les facteurs perdent leurs emplois, les usagers sont mis en difficulté sans possibilité de s'opposer à cette régression que l'on dit faussement induite par le progrès des moyens de communication. J'ai eu un grand plaisir littéraire mais aussi un véritable émoi en lisant cette si belle histoire au scénario complexe, étonnant, où les fils des différentes destinées s'entremêlent pour finalement constituer une étoffe à la trame solide et à l'aspect moiré tout en nuances. Un roman qui fait du bien psychologiquement et je le répète qui n'a pas une once de mièvrerie, préférant mettre en avant la tendresse, la solidarité et l'amour avec délicatesse, justesse et humour. Une analyse également sans concession de l'évolution de notre société, accumulant souvent les aberrations dans une course effrénée au rendement et à l'efficacité. Toute une philosophie de vie à revoir. Gros soupir de contentement !!!! Vivement conseillé ! « Toutes les lettres d'amour sont ridicules. Ce ne serait pas des lettres d'amour si elles n'étaient pas ridicules. Moi aussi, à une époque, j'ai écrit des lettres d'amour Ridicules, comme les autres. Les lettres d'amour, si amour il y a, Doivent être ridicules. Mais au bout du compte, seuls ceux Qui n'ont jamais écrit de lettres d'amour Sont vraiment ridicules. Si seulement je pouvais retrouver le temps où j'écrivais Sans le savoir des lettres d'amour ridicules La vérité, c'est, qu'aujourd'hui mes souvenirs De ces lettres d'amour sont ridicules. ( Tous les mots accentués comme les sentiments accentués sont naturellement ridicules.) » Fernando Pessoa, Poèmes d'Álvaro de Campos, Éditions Christian Bourgeois, 2001, Traduit du portugais par Patrick Quillie Quatrième de couverture S’écrire pour mieux s’aimer… L’hiver arrive dans le petit village de Porvenir et, avec lui, une mauvaise nouvelle : le bureau de poste va fermer. Comme partout, la technologie a pris le pas sur les lettres et les gens ne s’écrivent plus. Sara, mère célibataire de trois enfants, est la seule factrice du hameau. Elle s’apprête donc à quitter sa terre adorée pour la capitale. C’est compter sans la détermination de sa voisine et amie de quatre-vingts ans, Rosa, dont le cœur se brise à l’idée de son départ. La vieille dame concocte alors un plan pour sauver la poste de Sara en encourageant tous les habitants à se remettre à écrire des lettres! Déclarations d’amour, règlements de comptes et secrets enfouis sont soudain couchés sur le papier, bouleversant d’émotion tous les villageois. Un roman charmant, qui nous parle du pouvoir des mots et des petits gestes qui apportent le bonheur dans nos vies. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs

  • Grand café Martinique

    Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Grand café Martinique Raphaël Confiant Folio 15 avril 2021 320 pages Historique Chronique 28 mars 2020 Un roman historique fabuleux, où le vent claque dans les voiles et souffle sur le monde entier suivant le destin d’une petite baie rouge pour laquelle des hommes et femmes mourront, qui permettra à d’autres de construire des empires, à des pays de prospérer. Lorsque vous prenez votre petit noir le matin au comptoir d’un bistrot, imaginez-vous le périple incroyable que ce café a parcouru depuis l’Abyssinie pour finir dans votre tasse ? Non, bien sûr ! Ainsi, Raphaël Confiant, avec un art consommé, passion et talent, vous invite à suivre ce café depuis son apparition jusqu’à nos jours, mais également à mettre vos pas dans ceux d’un de ces aventuriers, Gabriel-Mathieu d’Erchigny de Clieu, dieppois, qui en ce début du XVIIIème siècle ne rêve que d’une chose : partir aux Antilles pour devenir planteur de tabac. En effet, la graine de ce destin extraordinaire a été plantée par son oncle et tuteur : la famille étant ruinée, le capital presque inexistant et l’avenir en France compromis, partir pour les Îles semblent être la seule et unique échappatoire. Direction l’Ecole des gardes de la marine de Rochefort afin de se former et, dès les galons acquis, se faire engager sur un bateau devant faire la traversée de la mer des ténèbres vers le nouveau monde. L’auteur vous plonge ainsi dans une fresque historique foisonnante, passionnante, habitée de pirates, békés, planteurs, esclaves, nouveaux riches, petits nobliaux, prostituées, mondaines et bourgeoises, créoles et blancs pure souche… l’existence en Martinique n’est pas paradisiaque, l’île étant inféodée aux décisions arbitraires et stupides de la France en guerre avec tout le monde. Les planteurs grondent, la canne à sucre et le tabac ne suffisent pas à les faire vivre correctement et sans possibilité de commercer avec l’Espagne, le Portugal et l’Angleterre, l’horizon semble bien bouché. Cependant, le café devient un breuvage à la mode, source sûre d’enrichissement, et certains martiniquais prennent le risque d’introduire des plants de caféiers en secret. En effet, la France jusqu’alors doit accepter les prix pratiqués par les producteurs étrangers. Ce monopole est insupportable, il est temps que les Antilles deviennent à leur tour des terres d’exploitation de la graine fabuleuse. C’est cette épopée extraordinaire de Dieppe à Paris, puis vers la Martinique en ce début de règne de Louis XV, sur terre et sur les océans, que vous conte Raphaël Confiant. Suivez le guide ! Vous ne boirez plus votre petit noir de la même façon ! Quatrième de couverture De quelque côté que l'on se tournât, on ne voyait qu'une étendue bleu nuit, irisée d'écume, qui semblait s'ingénier à repousser l'horizon. Ce voyage n'aurait jamais de fin. Ou plutôt il conduirait le navire aux Enfers."À la Martinique, au début du XVIIIᵉ siècle, le jeune et riche noble Gabriel-Mathieu d'Erchigny rêve de parcourir le monde. Lorsqu'il découvre l'existence du café, il décide d'implanter ce breuvage à la mode chez lui, aux Antilles. Or, le Jardin royal des Plantes à Paris conserve quelques caféiers, sous étroite surveillance. Comment faire pour les dérober ? Si le hasard des rencontres jouera en la faveur de l'ambitieux aventurier, son odyssée ne fait que commencer... Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs

  • Lettres d'un inconnu

    Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Lettres d'un inconnu Marie De Palet De Borée Terres d'écriture 5 mai 2022 270 pages Terroir Historique Chronique 23 juin 2022 24ème roman de l'autrice mettant à l'honneur la Lozère des années 40 à 60. « Lorsque Paul découvre des lettres adressées à sa mère, il n'a plus qu'une idée en tête : savoir qui en est l'auteur... » Amour du terroir, authenticité, secret de famille, valeurs humaines, amitiés et recherche de l'amour, romantisme et un sacré coup de pouce du destin presque magique font de ce roman débutant en Lozère pour continuer à Paris et à Orléans, un très joli texte réconfortant où simplicité rime avec solidarité. De très jolies descriptions des paysages, des us et coutumes, des doutes et tourments des personnages vous attacheront à ce récit nostalgique d'un certain art de vivre, d'une certaine France sans être pour autant triste. Il nous rappelle au contraire ce pour quoi nous devons continuer à nous battre : la liberté, l'égalité des chances, la fraternité entre les citoyens. Ce roman est un très bel album souvenir de nos aïeux quelles que soient leur origine et leur date de naissance. Il forme un lien entre nous tous insistant sur ce qui doit rester essentiel, l'amour et la bienveillance. Quatrième de couverture Un jour de pluie et d'ennui, le jeune Paul, fils de paysans lozériens, trouve au grenier un petit tas de lettres adressées à une certaine Marie, prénom porté par sa mère. Mais qui est ce Marcel qui lui a écrit autrefois et dont Paul n'a jamais entendu parler ? Aidé de son frère Louis, il décide de retrouver la trace de ce mystérieux expéditeur. Les années passent et Paul s'éloigne vers la capitale où un travail l'attend tandis que Louis reprend l'exploitation familiale. Les moments partagés, désormais bien rares, les ramènent toujours vers leurs recherches. Leur persévérance finira-t-elle par porter ses fruits ? Quels secrets de famille les deux frères exhumeront-ils ? Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs

  • Nos années sauvages

    Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Nos années sauvages Karen Joy Fowler Presses de la Cité 21 avril 2016 368 pages traduites par Karine Lalechère Roman Chronique 16 avril 2020 Karen Joy Fowler obtient le prix PEN/Faulkner Award 2014 pour ce roman (« We Are All Completely Beside Ourselves »). Trois raisons pour lire ce livre : - Un retour à l’enfance lumineux et bouleversant qui nous rend ce récit très personnel. Il touche à un intime universel. - Une écriture sensible, magnifique, drôle et bouleversante. - Une sensibilisation à la cause animale et un appel à la responsabilité citoyenne. Il était une fois deux soeurs, un frère et leurs parents qui vivaient heureux tous ensemble. Mais...... la grande soeur de Rosemary, Fern, disparaît quand elle a cinq ans, et dix ans plus tard son frère Lowell s'en va sans explication, et elle reste seule avec les parents. Que s'est-il passé? Rosemary nous fait partager son parcours qui fera d'elle un être humain ou plus justement comme l'a dit Fern surtout un ÊTRE ; elle va avec brillance, humour, ironie, pudeur nous illuminer par ses souvenirs encore si présents de ces moments avec son frère et sa soeur, à cinq ans, quinze ans, 22 ans. Quelque fois nous avons le privilège, la chance inouïe de découvrir un livre qui certes, raconte l'histoire d'un personnage, mais qui surtout nous raconte notre propre histoire et nous permet de suivre un chemin initiatique nous menant à la connaissance, ou la reconnaissance plutôt, de nous-mêmes. Nous en sortons bouleversés, émus aux larmes, renoyautés. Trois rendez-vous avec le destin à 3 âges d'une femme, Rosemary, en acceptation d'elle-même. Je pleure rarement en lisant, mais là je fus chamboulée pour mon plus grand bien, car c'est un texte si bien écrit, si juste, le ressenti de la petite fille, dont tous les sens sont en éveil, m'étant si personnel. Tout le monde peut être concerné par ce retour à l'enfance. Sa parfaite honnêteté se traduit par le fait qu’elle s’embrouille et nous perd un peu au début dans l’ordre des chapitres courts, car tout lui revient en vrac. De plus, elle crée le suspense en ne dévoilant pas qui est réellement sa sœur. Elle joue aussi avec brillance sur la confusion entre animalité et humanité. C'est aussi la description de faits, de réalités que l'humanité dénaturée préfère ignorer, pour pouvoir, avec toute son absence de modestie, continuer à se regarder dans un miroir l'avantageant. Grâce à Fern, Lowell, le père scientifique, la mère et évidemment Rosemary, nous ouvrons les yeux sur une histoire intime universelle, et un secret tragique et inacceptable qui, heureusement, est montré du doigt avec force et courage aujourd'hui. Ce texte est également une dénonciation de l’ingérence criminelle des humains dans la nature, des animaux cobayes en laboratoires dans l’indifférence et l’ignorance coupable des consommateurs. Ce livre restera dans ma bibliothèque comme essentiel, à côté du chef d'oeuvre de Lee Harper « Ne tuez pas l'oiseau moqueur ». Ils se ressemblent. Ils traitent magnifiquement de l’enfance, de la fratrie, et défendent une cause. Un des plus beaux livres concernant ce que signifie ÊTRE humain Quatrième de couverture « Je n'avais que cinq ans lorsqu'elle disparut de ma vie, mais je me souviens d'elle. Je me souviens d'elle avec précision : son odeur, son contact, des images morcelées de son visage, ses oreilles, son menton, ses yeux. Ses bras, ses pieds, ses doigts. » Il était une fois deux sœurs, un frère et leurs parents qui vivaient heureux tous ensemble. Rosemary était une petite fille très bavarde, si bavarde que ses parents lui disaient de commencer au milieu lorsqu'elle racontait une histoire. Puis sa sœur disparut. Et son frère partit. Alors, elle cessa de parler... jusqu'à aujourd'hui. C'est l'histoire de cette famille hors normes que Rosemary va vous conter, et en particulier celle de Fern, sa sœur pas tout à fait comme nous... " Il y a eu beaucoup de livres écrits sur l'amour et la rivalité fraternels, mais peu, j'en suis sûre, capables de vous déchirer le cœur et de vous bouleverser comme celui-ci... Préparez-vous à être enchanté et traumatisé. " The Times " Un portrait touchant d'une famille américaine qui soulève en vous des questions et des sentiments inattendus : sur l'humanité, la psychologie et l'amour sous toutes ses formes. " Psychologies " Cela fait des années que je ne me suis pas sentie autant passionnée par un livre. Quand je l'ai terminé à 3 heures du matin, je pleurais, puis quand je me suis réveillée, j'ai relu la fin et je me suis remise à pleurer. " Ruth Ozeki, auteur d' En même temps, toute la terre et tout le ciel. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs

  • De la vie des poissons en eaux profondes

    Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires De la vie des poissons en eaux profondes Katya Apekina Flammarion 6 janvier 2021 416 pages traduites par Pierre Ménard Roman Chronique 3 juin 2021 J'ai d'abord pensé que ce livre était vénéneux, dangereux, créant une ambiance délétère et malsaine, capable de nous faire basculer dans la folie, de mettre notre âme en incandescence. Attention aux brûlures contrairement à ce que la couverture pourrait laisser à penser. Et pourtant après des pages crépusculaires, d'une infinie tristesse, d'une sourde mais réelle violence, une lueur fabuleuse jaillit au bout de cette longue plongée en eaux troubles et sales. Une histoire familiale racontée par les protagonistes de ce récit sous des angles très différents. De cette multitude de reflets changeants de la vérité comme lorsque l'on regarde attentivement les ondes d'un fleuve tumultueux, naît la sensation de perdition, d'instabilité, d'irréalité... C'est également le récit impressionniste de l'enfance meurtrie par la folie, l'égoïsme, l'irresponsabilité, l'incapacité d'adultes à être parents. Comment ces deux jeunes filles vont elles réussir à surmonter les évènements, à ne pas se perdre l'une l'autre et individuellement : la question de la loyauté dûe à leurs père et mère n'est-elle pas un filet dans lequel elles vont s'entortiller pour finalement se noyer ? Sont-elles d'ailleurs armées pour faire face aux gouffres existentiels que les adultes n'ont su affronter ? Bien des épreuves les attendent avant de trouver le moyen d'être enfin fidèles à elles-mêmes, mais sont-elles pourtant sauvées ? Peut-on se remettre d'une telle enfance ? L'auteure réussit à nous déséquilibrer en permanence, à nous mettre en état d'insécurité exténuant. C'est un roman extrêmement juste et bouleversant, qui n'est pas là pour vous rendre les choses faciles. Courage, il est temps d'apprendre à plonger en apnée et surtout à remonter à la surface... Quatrième de couverture Peut-on identifier avec certitude le moment où une vie bascule ? Pour Edie et Mae, c'est peut-être le jour où elles doivent aller vivre à New York chez leur père, qui a quitté le foyer familial dix ans plus tôt. Car si l'une prend fait et cause pour cet écrivain tourmenté, l'autre ne souhaite qu'une chose : retrouver leur mère, la fascinante mais si fragile Marianne. Face aux errements et à l'égoïsme des adultes, pourront-elles les sauver d'eux-mêmes sans se perdre en chemin ? Leurs récits discordants s'entremêlent à ceux de leurs proches et témoignent d'une vision si différente des événements que l'on en vient à douter. Qui croire parmi les divers acteurs du drame qui guette à mesure que chacun, enfermé dans ses propres convictions, plonge dans les eaux troubles de la mémoire familiale ? Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs

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