Éva a lu pour vous ..
Chroniques littéraires
Savannah Bay, variations
Marguerite Duras
Editions des Femmes Antoinette Fouque
11 mars 2021
59 minutes
Roman
Chronique
9 avril 2021
Avec les voix de Marguerite Duras, Madeleine Renaud, Bulle Ogier, présenté par Marie-Christine Barrault. Musique : Quintette à cordes en ut majeur, D. 956, opus 163, de Franz Schubert, interprété par le Quatuor Aviv, production Naxos :
Un CD MP3 réalisé avec un soin extrême et beaucoup de respect et d'amour pour l'oeuvre de Marguerite Duras, pour le travail des comédiennes, pour le Théâtre, pour les scénographes, décorateurs et créateurs des costumes...
Un témoignage bouleversant que ces enregistrements, pour les simples amateurs, mais aussi pour les professionnels qui ne pourront qu'être extrêmement attentifs et suspendus aux voix extraordinaires des trois femmes en pleine répétition, en recherche du ton juste, de la musique du texte imaginé par une écrivaine qui peut sembler dure, parfois sévère, en réalité, en pleine transe créatrice, branchée directement sur le cœur des deux interprètes... D'où frictions détectables quelques fois entre l'écrivaine, auteure de théâtre et metteure en scène, et Madeleine Renaud. Un passage obligé pour réussir à transcender les mots. Marguerite Duras a peu d'intérêt pour les déplacements, les postures, seuls lui importent le texte et les idées. Remarquable démonstration d'une démarche artistique jusqu'au-boutiste, sans concession.
Sa collaboration avec le couturier Yves Saint-Laurent est osmose, car elle l'admire. Elle est amoureuse et respectueuse du geste artistique en lui-même, sachant la mise en abîme qu'il suppose, raison pour laquelle, elle réussit à saisir et comprendre le génie des autres, nous offrant ainsi de magnifiques portraits d'artistes.
Cette volonté de les mettre en lumière est illustrée ici par le texte sur son double en peinture, Roberto Platé. Le processus de création de cet homme, ayant imaginé le décor de Savannah Bay, en écho aux robes créées par Yves Saint-Laurent, est exposé ici en dernière plage. Un hommage éblouissant et généreux.
« Si Roberto Platé aime dans le théâtre ce qu'il appelle « L'alchimie de tous les arts », la peinture reste la part intime qui nourrit l'ensemble de son oeuvre. »
Enfin, j'ai été particulièrement touchée en me souvenant que Bulle Ogier, lors de la reprise de la pièce, était en deuil de sa fille Pascale. Le souvenir que j'en ai est toujours douloureux. D'autant plus, sommes-nous bouleversés en relisant le thème de Savannah Bay...
Marguerite Duras écrit :
« On mesure chaque jour davantage à quelle profondeur la mort est allée chercher sa proie. Mais cependant qu'elle frappe, la grâce de la jeune fille se répand encore dans la ville. Rien ne peut empêcher la chose, l'endiguer. »
Marie-Pierre Fernandes ajoute :
« La grâce de la jeune fille de Savannah se transmettait à sa fille. Marguerite Duras avait dit pendant les répétitions : « On peut naître d'une mère morte. » »
Il est indéniable que tous les protagonistes de la création de cette pièce de théâtre furent touchés par la grâce.
Les premiers extraits sont des enregistrements effectués pendant les répétitions au Théâtre du Rond-Point par Philippe Proust en 1983 et 1987 de la pièce de M. Duras, Savannah Bay.
La restauration des archives sonores a été réalisée par Michel Kania et Pierre Rochet. La réalisation est de Francesca Isidori et Marie-Pierre Fernandes qui signe également la rédaction du livret joint, passionnant.
1/En ouverture la présentation du livre audio, véritable témoignage historique ayant trait à Marguerite Duras femme de théâtre répétant avec les deux comédiennes.
2/ Prologue à Savannah Bay, variations par Marguerite Duras.
3/ Répétition, scène III : Marguerite Duras et Madeleine Renaud
4/ Répétition scène III : Marguerite Duras et Bulle Ogier.
5/ L'exposition de la peinture : Marguerite Duras à propos de Roberto Platé.