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- Les Trois Filles du Capitán
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Les Trois Filles du Capitán Maria Dueñas Robert Laffont 18 juin 2020 560 pages traduites par Eduardo Jiménez Historique Chronique 24 septembre 2021 Fabuleuse reconstitution historique dédiée à la communauté hispanique dans le New York de 1935-36. Somptueux portraits de femmes, également, par le biais de trois sœurs et de leur mère perdues dans cette ville immense, orphelines et veuve de Emilio Arenas brusquement disparu suite à un accident stupide, en longeant un chantier. Elles n'étaient arrivées dans la cité que depuis peu, venues rejoindre un père et un mari qui jusqu'alors n'avait été capable de s'installer nulle part et encore moins de rester auprès d'elles, toujours sur les chemins ou sur les océans. Alors qu'il est depuis quelques temps dans la mégalopole américaine, il décide sur un coup de tête d'acheter une gargote en sous-sol sur la 14e rue entre Chelsea et Greenwich Village à un vieil Espagnol souhaitant retourner au pays. Il est temps de se stabiliser à la cinquantaine. Juste après cette acquisition inconsidérée, il reçoit une lettre désespérée de son épouse. Ni une ni deux, il emprunte de l'argent, encore, afin de payer quatre billets allers pour sa famille. Les liens entre ce père et mari inconséquent et ces femmes sont ténus. Pas le temps pour elles quatre de s'acclimater à ce nouveau pays, à ce quartier, d'apprendre la langue, il faut vite se mettre au travail afin de survivre et rembourser les dettes... Et bam, l'accident mortel de Emilio survient un matin aux abords d'un chantier. Bien vite, la société de construction concernée prend contact avec nos quatre Espagnoles afin de les dédommager et leur permettre un prompt retour en Espagne. Presque aussitôt, c'est un avocat Italien qui se présente à son tour pour les en dissuader et les convaincre d'intenter une action contre cette entreprise. Totalement perdues, ne connaissant personne, c'est auprès d'une de leur voisine qu'elles trouveront de l'aide et un début d'explication quant à l'empressement des uns et des autres. Grâce à cette dernière, voilà nos héroïnes malgré elles, face à une bonne soeur providentielle, haute comme trois pommes, forte en gueule, grande fumeuse devant l'Éternel et avocate. Celle-ci va les assister alors qu'elles sont entre le marteau et l'enclume, aux prises avec la pègre Italienne et les grandes entreprises du bâtiment. Ambiance très " Femmes au bord de la crise de nerfs", les portes claquent, les cris et les pleurs résonnent, on hurle, on sanglote, on menace, mais surtout on s'aime sans savoir se le dire. Victoria l'aînée n'en peut plus d'être raisonnable, Mona veut entreprendre et réussir la reconversion de la gargote en night club ibérique et latin, Luz rêve de paillettes, de sun lights, forte de son talent de chanteuse. Cependant, les hommes rôdent autour d'elles pas tous bien intentionnés. Ne parlant pas un mot d'anglais, étrangères perdues dans cette immense cité sans le soutien paternel, avec une mère nostalgique de l'Espagne d'hier et inconsolable après la mort de leur petit frère, notre trio formé par las hijas del Capitán, va devoir affronter bien des épreuves, relever bien des challenges, trouver des alliés, grandir et faire un chemin initiatique jusqu'à comprendre enfin où est sa place : aux USA ou en Espagne où déjà résonnent le bruit des bottes franquistes...? L'autrice nous réserve des moments drolissimes alors que tout semble s'écrouler, mélange adroitement rires et larmes, dresse un portrait haut en couleurs, cocasse ou critique de ce microcosme hispanique qui reste lové sur lui-même, où monarchistes et républicains s'affrontent, où loterie illégale et banditisme règnent dans une ambiance caliente. Passion, humour, cruauté du destin et drame pour un roman historique épicé qui peu à peu bascule dans le thriller ultra violent, crépusculaire. Nos trois filles du « Capitán » Emilio Arenas vont-elles réussir à survivre à la tragédie, en marche dès l'enterrement de leur père ? Magnifique roman, très intéressant quant à la reconstitution historique de la vie dans ces quartiers latinos ou au sein de la bonne société hispanique vivant retranchée derrière ses murs comme si elle était encore en Espagne. On ressent fortement les tremblements dûs aux métamorphoses du monde en cet entre deux guerres. J'ai été littéralement emportée par le vent de ce récit, heureuse d'en apprendre autant sur ce sujet de l'immigration Espagnole à New York dans les années 1930. Quatrième de couverture Trois sœurs venues d'Espagne prêtes à conquérir New York. New York, 1936. El Capitán, petit restaurant de quartier de la 14e Rue, une des enclaves de la colonie espagnole, peine à être rentable. Le décès accidentel sur les docks de son propriétaire, le casse-cou bourlingueur Emilio Arenas, oblige ses trois jeunes filles au tempérament fougueux à en prendre les rênes. Abattues mais poussées par la nécessité de subvenir à leurs besoins, Victoria, Mona et Luz devront surmonter bien des obstacles pour voir leur rêve se réaliser, celui de transformer la gargote en night-club latino. Aventures, passions, désillusions, vengeances et victoires : avec Les Trois Filles du Capitán, María Dueñas nous offre un roman haletant et envoûtant. Le livre est aussi un hommage aux femmes qui font face à l'adversité et à tous ceux qui ont le courage de vivre l'aventure – souvent épique et toujours incertaine – de l'émigration. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- La trilogie Steampunk
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires La trilogie Steampunk Paul Di Filippo Bragelonne 15 février 2017 335 pages, traduites par Monique Lebailly Historique Fantastique Chronique 11 juillet 2017 « Avec ce superbe ouvrage, Di Filippo se pose en maître suprême du Steampunk. Un brillant mélange de style victorien authentique, d'intrigues baroques et d'art de la narration inventif. Unique. »Voilà ce qu'on lit en début de 4ème de couverture. Je complète un peu : Paul Di Filippo est écrivain et critique de Science-fiction et l'un des initiateurs du mouvement Steampunk. Cette trilogie est en fait trois nouvelles dans un magnifique livre aux tranches or et à la composition du texte et police du XIXE siècle. Immédiatement évidemment par le côté aventure, les connotations scientifiques et le type de personnages, on pense à Jules Verne. Mais alors irrévérencieux, très sexuel, et politiquement incorrect. Beaucoup d'imagination dans les descriptions d'êtres hybrides, les machineries, etc....mais solidement bâti sur une érudition savante et historique de la période victorienne. Bien sûr on peut au premier degré ne voir là qu'un beau délire prodigieux mais le propos est bien plus profond et engagé. Première nouvelle : la jeune Victoria a quelques jours de son couronnement disparaît, le premier ministre est désespéré et demande que Victoria un être hybride de triton et d'humain prenne sa place pour quelques jours. Celle-ci se nourrit de mouches vivantes et est une obsédée du sexe. Cosmo Cowperthwait le créateur de ce sosie donne son accord et se met à la recherche de la future reine. Celle-ci est dans un lieu improbable ou elle parfait sa connaissance du monde et des hommes si je peux dire, avant d'accepter le sceptre et la couronne. Premier récit qui pose donc le décor et l'époque prévictorienne, colorée de digressions imaginaires avec ces êtres mutants. Évidemment ce sont les expériences sur les animaux, les recherches génétiques non morales et l'eugénisme qui sont visés. La deuxième nouvelle est bien plus violente: Sous prétexte de la recherche d'un fétiche ( de caractère sexuel évidemment ) un couple de sud-africains, un blanc avec sa femme noire Dottie, hottentote, se présente chez le scientifique célèbre et reconnu le suisse Agassiz installé à Boston pour poursuivre ses recherches. C'est là matière à dénoncer le racisme, la supériorité supposée des blancs sur les sauvages, à l'heure où bientôt la théorie de l'espèce de Darwin va être connue de tous. Les prémisses de la pensée nazie son racontées, les réalités d'un métissage de tous les peuples sont effleurées. Toujours présents, ces hybrides hommes-animaux, cette fois poissons, insistance aussi sur l'importance des croyances ancestrales sur la science..... Une nouvelle donc transgressive et fort peu légère même si le ton est humoristique, à la Jules Verne. La troisième m'a profondément touchée mettant Emily Dickinson et Walt Whitman en présence l'un de l'autre. Leurs poèmes sous-tendent toute cette très belle partie poétique et onirique concernant la mort et la survivance de l'âme après la mort. Les décors sont ceux créés par les deux poètes. Pour Emily dont j'ai interprété plusieurs fois douze poèmes mis en musique par Aaron Copland, j'ai reconnu Sleep is supposed to be et The Chariot, celui qui nous emmène vers la mort à l'est de l'éternité. Pour se faire l'auteure fait référence aux séances de spiritisme très à la mode à l'époque. Très étonnant livre donc qui m'a un peu perdue lors de la deuxième nouvelle en raison de la difficulté de compréhension du galimatias du sud-africain à peine intelligible et qui nuit à la fluidité de l'écriture, mais m'a conquise par la troisième partie. Je comprends que ce style hybride de science-fiction victorienne puisse séduire. La beauté aussi de l'objet apporte un plaisir supplémentaire. Je dirais que me concernant l'intérêt de ce média est aussi de faire passer des messages pour le futur en s'appuyant sur le passé. A découvrir donc. Quatrième de couverture À Londres, la jeune reine Victoria a disparu alors qu'elle s'apprêtait à monter sur le trône. Seule solution pour éviter le scandale : la remplacer provisoirement par une étrange créature mi-femme mi-salamandre qui lui ressemble étrangement, fruit des recherches biologiques de Cosmo Cowperwaith. Une créature aux formidables appétits sexuels, qui n'ont pourtant rien à envier à ceux de la vraie Victoria... Ailleurs, dans le Massachusetts, le grand savant Agassiz compte bien prouver scientifiquement et définitivement la supériorité de la race blanche. Sa théorie fumeuse va pourtant être mise à mal par l'arrivée inopinée d'un marin et de sa compagne Hottentote (une aborigène d'Afrique du sud) qui ont besoin de lui pour retrouver les parties génitales de la mère de cette dernière, devenues depuis un dangereux talisman. Quand à la poétesse Emily Dickinson, il fallait qu'elle tombe amoureuse de Walt Whitman pour oser s'aventurer dans le royaume des morts, où elle va rencontrer le jeune Allen Ginsberg. Le courant Steampunk (de steam : vapeur, et punk en référence au mouvement cyberpunk) est un genre bien à part de la SF qui propose une relecture iconoclaste et franchement déjantée du XIXe siècle. Ces trois récits en sont un exemple parfait, à la fois captivants, drôlissimes et riches de références littéraires. --Georges Louhans Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- L'appel du néant
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires L'appel du néant Maxime CHattam Albin Michel Fin 2017 518 pages Thriller Chronique 24 juin 2018 « Tueur en série....traque infernale. Médecine légale. Services secrets.... Terrorisme. La victoire du Mal est-elle inéluctable ? Ce thriller va détruire vos nuits et hanter vos jours. » Ah bon ! Veuillez m'excuser, mais cette quatrième de couverture très américaine pour blockbuster, en imaginant une voix grave et un faible écho pour rajouter dans le pathos, est un peu ridicule et peut, en plus, concerner un autre livre. Pitié ! un peu trop caricatural, franchement, pour un roman qui mérite vraiment beaucoup mieux que cet étalage bling bling. Ce n'est pas ce texte qui m'a fait choisir ce livre, ce sont les retours sur les groupes de lecture où là, la " promotion" du dernier opus de Maxime Chattam est bien faite. NB : Troisième volume avec Ludivine Vancker (après la conjuration primitive et la patience du diable) Je ne suis pas forcément une lectrice de cet auteur, j'ai dû en lire trois ou quatre. J'ai apprécié que dans " L'appel du néant" je n'ai pas eu l'impression de ne pas appartenir au club fermé de ceux qui ont lu toute la série avec cette enquêtrice. Chouette, je suis acceptée à la fête. Les titres sont mentionnés, les traumatismes précédents aussi, sans insister, juste la bonne dose pour comprendre que Ludivine Vancker, lieutenant de gendarmerie a morflé sérieusement, a eu besoin de trois mois de repos mais qu'elle, et son équipe, sont bons au service. D'entrée de jeu, après une description détaillée de notre héroïne, histoire de faire connaissance, nous nous retrouvons dans une cave où cette jeune femme est séquestrée. « Les ténèbres existaient bel et bien. Et pas seulement dans la tête des pires monstres. Elles l'avaient rattrapée et, à présent, elle-même flottait dans leurs entrailles corruptrices. » Nous y sommes, en plein dedans. Parallèlement nous retrouvons Ludivine quelques semaines avant, en compagnie de Guilhem, son adjoint, sur une scène de crime , banlieue sud de Paris : sur des rails, un homme coupé en deux, poignets certainement liés par des liens en plastique. À côté du cadavre, trois pains de résine de cannabis et dans un sachet marqué d'une pieuvre noire, des cristaux blancs scintillants. Un cocktail de drogues terrifiant. Le lendemain le colosse Segnon appelé en renfort vient la chercher chez elle pour l'emmener à la Section de Recherche ou SR. Bientôt un autre mort, et l'affaire prend une toute autre ampleur, avec l'entrée en scène de Marc Tallec de la DGSI, de l'antiterrorisme. Soudain un texte en italique du Djinn, être de vent qui sème le feu et répand la haine et le Mal. Il écrit son histoire, il expose ses théories, il se met en scène. Djinn est le destin, son doigt pointé sur la France. Ainsi toute la première partie va concerner cette chasse au serial killer qui s'en est pris à deux femmes, puis à la victime des rails, et, traitées en parallèle, les heures d'horreurs passés par Ludivine avec son geôlier qu'elle sait, en bonne profileuse, être ce tueur. Elle va jouer alors une partie d'échecs très difficile, délicate pour empêcher que ce fou ne l'achève. Peu à peu les deux espaces temps vont se rapprocher pour n'en faire plus qu'un, et l'indicible se produit, les secondes se suspendent, on se met en apnée, puis reprise avec la deuxième partie de la traque, celle des terroristes à proprement dit Le lien entre les deux parties est bien trouvé, heureusement que dans toute cette obscurité, une tendre histoire débute entre Ludivine et Marc. Ce thriller est un hommage aux forces de police, à la gendarmerie, aux brigades de la DGSI, à tous ceux qui mettent leurs talents immenses de déduction, d'empathie, de connaissances du terrain pour le triomphe du Bien. Prévoir les attentats, les déjouer, réussir s'il est trop tard à limiter les dégâts, rester à l'affût H24 pour la sécurité de cette population qui n'a pas compris que depuis le 11 septembre, une troisième guerre mondiale a commencé, insidieuse, frappant n'importe où dans le monde sous couvert de religion, contre les mécréants. La bête se nourrit de la crise sociale, économique, morale de nos sociétés capitalistes en pleine déliquescence, avec des chefs de gouvernement qui crachent sur le principe de démocratie pour installer peu à peu un état de non droit. La population s'aveugle et des policiers gendarmes, agents, meurent sur le terrain. La guerre est là avec son cortège de terreur larvée au fond du ventre, la perte des valeurs ; des extrémistes s'infiltrent dans les arcanes du pouvoir, à des postes clefs dans les grands entreprises publiques, dans des banques, partout , indécelables. D'autres en souterrain favorisent l'enrichissement du mouvement de EI, ou tout autre organisme du même acabit, par le biais du trafic de drogues, d'armes. Terrifiant, réel, parfaitement documenté, facilitant le message par le biais de l'histoire de ces brigades de gendarmerie et de la DGSI, c'est un thriller sombre qui fut certainement délicat et complexe à rédiger . Difficile de trouver le bon dosage pour un récit équilibré entre dramaturgie fictionnelle et documentaire. Un thriller de guerre comme fut " Entre deux mondes" de Olivier Norek. Des livres capitaux, comme d'autres, d'auteurs de thrillers tout aussi talentueux, qui ont créé, les circonstances obligent, un type de thrillers littéraires engagés dans les domaines géopolitiques, sociétaux, philosophiques. Un thriller donc dédié aux forces de l'ordre, aux enseignants, aux victimes. « Si je diffère de toi, loin de te léser, je t'augmente. » Antoine de Saint-Exupéry, Lettre à un otage « Il y avait une fêlure dans son crâne et un peu du monde des ténèbres s'y immiscait et le poussait vers la mort. » Rudyard Kipling, The Phantom Rickshaw. Quatrième de couverture Tueur en série... Traque infernale. Médecine légale. Services secrets. ... Terrorisme. La victoire du Mal est-elle inéluctable ? Ce thriller va détruire vos nuits et hanter vos jours. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Hollywood Boulevard
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Hollywood Boulevard Melanie Benjamin Albin Michel 2018 508 pages traduites par Christel Gaillard-Paris Biographie Chronique 3 août 2018 « La formule la plus simple pour construire une intrigue est peut-être la suivante : inventer des personnages hauts en couleur, les embarquer dans des situations apparemment compliquées, avant de trouver un moyen logique et spectaculaire de les sortir de là et de les rendre heureux. » Frances Marion Titre original « The Girls in the picture ». L'auteur dédicace ce roman biographique à Benjamin Drewer qui l'a sauvé en le retirant d'une pile de livres destinés à la poubelle. Incroyable ! Cela aurait été une belle perte pour nous tous. Il est très rare de lire une double biographie parfaitement menée à son terme avec un vrai souci de vérité et un talent incontesté à nous émouvoir, et encore plus à raconter l'histoire d'une amitié de plus de cinquante ans de deux femmes. Là encore ce sont souvent les relations masculines qui sont mises à l'honneur, une injustice corrigée magnifiquement par cet ouvrage. La narratrice est Frances. J'ai fini avec les larmes aux yeux cette fiction réalité après avoir été passionnée, enthousiasmée, chamboulée, énervée, mise en fureur, interloquée, stupéfaite et finalement maintenant admirative. Quelles femmes ! Quels destins ! Quel scénario !!! Je voyais le film de ces vies se dérouler devant mes yeux, me disant que mon Dieu, elles avaient été bénies de pouvoir traverser ces années exaltantes du début du cinéma, de Hollywood, avant que cet Art ne devienne la propriété de banques, de producteurs et d'hommes encore et toujours. Elles ont pu laisser libre cours à leur imagination, à leur aptitude formidable à inventer de nouvelles façons de filmer, d'écrire, d'émouvoir le public, de contrôler toute la chaîne, du premier embryon d'idée à la distribution du produit fini. Elles ont pu être des pionnières formidables en en remontrant à ces messieurs mysogines, paternalistes, insupportables. Elles ont foulé les premières des territoires inexplorés tant aux USA que dans le monde entier (concernant Frances sur les champs de bataille en France et Allemagne lors de la première guerre mondiale. La première femme à avoir franchi le Rhin afin de filmer les femmes dans le conflit ! ), ou grâce à l'exportation de leurs œuvres à l'international. Des féministes convaincues, des grandes amoureuses d'hommes exceptionnels : - Mary Pickford la première grande Star provoquant le délire des foules lors de ses sorties, femme d'affaires intelligente et précurseure en bien des domaines, mais aussi productrice, propriétaire de studio de cinéma avec Charly Chaplin, Douglas Fairbanks entre autres, capable de s'opposer à "papa" Zukor pendant des années, consciente de sa propre valeur marchande, mais aussi une petite fille qui depuis ses huit ans était de fait soutien de famille pour sa mère Charlotte et ses frère et sœur, grâce à ses contrats de comédienne de théâtre puis d'actrice. Oui, une petite fille à jamais dans les yeux de son public, " La pauvre petite fille riche" créée par Frances pour Mary, qui fut un énorme succès au box office mais aussi un piège pour de longues années, car la petite Gladys Smith, pauvre, originaire du Canada a toujours été terrorisée par la probabilité de tout perdre, d'être oubliée, donc s'enfermant dans ce rôle pour ne pas déplaire à ses fans. Frances voulait avec ce personnage, c'est ce qu'imagine l'auteur, offrir à la fillette Gladys devenue Mary une part d'enfance sous les caméras. L'idée est belle mais dangereuse, car du haut de son minuscule mètre cinquante, l'actrice n'en est pas moins à l'époque une femme mariée catholique, n'osant divorcer de son premier mari maltraitant et jaloux de son talent, pour épouser l'amour de sa vie, Douglas Fairbanks. Éternellement elle reste cette Mary, la petite fille de l'Amérique aux boucles blondes. Grâce à cette biographie romancée, certaines vérités sont enfin rétablies pour la postérité. Quant à Frances, déjà une fois divorcée quand elle arrive à Hollywood, en instance de se séparer du deuxième conjoint, elle est, après une sérieuse éducation générale, devenue illustratrice dans la publicité. Ce déménagement loin de la petite bourgeoisie bien pensante de San Francisco est salvateur. Elle sait qu'elle ne peut et ne veut répondre aux exigences imposées aux femmes de ce début du XX ème siècle, et Hollywood est rempli de personnages comme elle, animés d'une énergie fabuleuse et d'une envie de changer le monde. Le cinéma muet est en pleine expansion, Mary Pickford en est un de ses fleurons. La rencontre entre ces deux femmes sera un coup de foudre, une reconnaissance dans l'autre de ce qu'on est. Mary trouvera enfin une amie véritable, Frances une protectrice de ses premiers pas. Cette dernière sera reconnue par la profession, oscarisée plusieurs fois, aura deux fils, et survivra au décès de son mari Fred Thompson. Évidemment l'une choisit l'ombre en devenant scénariste et réalisatrice pour Pickford puis d'autres artistes et studios, l'autre s'épanouit sous les feux de la rampe jusqu'à s'y brûler.... Elles avaient fait un pacte, qu'aucun homme quel qu'il soit, ne les séparerait jamais, qu'elles gagneraient ensemble la première place, malgré les règles de cette société patriarcale. Elles ont réussi même si évidemment pour Mary Pickford vieillir fut certainement plus difficile, ainsi que supporter son éloignement des plateaux malgré son succès à s'adapter au cinéma parlant. Phénoménale fresque du septième Art, de Hollywood, narration bouleversante et passionnante des vies intimes et publiques de deux figures exceptionnelles du cinéma, et de l'épopée des Femmes incontournables de la grande Histoire des Arts. À lire absolument ! Quatrième de couverture Frances Marion a tout quitté pour suivre sa vocation : écrire des histoires pour un nouvel art, qui consiste à projeter des images en mouvement sur un écran. Mary Pickord est une actrice dont les boucles blondes et la grâce juvénile lui valent déjà le surnom de « La petite fiancée de l'Amérique ». Toutes deux vont nouer une amitié hors norme et participer à cette révolution qu'est la naissance du cinéma. Mais, dans un monde dominé par les hommes, on voit d'un mauvais œil l'ambition et l'indépendance de ces deux femmes... Plongée au cœur de l'industrie naissante du septième art, Hollywood Boulevard retrace le destin de deux grandes figures oubliées du cinéma. Avec le talent qui a fait le succès des Cygnes de la Cinquième Avenue, Melanie Benjamin restitue l'atmosphère étourdissante des célèbres studios, mais aussi ses drames et ses injustices. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Le Banni des Hautes-Terres
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Le Banni des Hautes-Terres Alain Delage De Borée 10 juin 2021 363 pages Historique Chronique 17 juin 2021 Se Canta, que canta, S'il chante, qu'il chante, Canta pas per ieu, Il ne chante pas pour moi, Canta per ma mia, Il chante pour ma mie Qu'es al luènh de ieu. Qui est loin de moi. Si vous ressentez le besoin de prendre un grand bol d'air frais, d'authenticité, de simplicité, de camaraderie, de ressentir une bonne fatigue née d'un travail physique, si vous aimez les grands espaces, si vous avez le respect de la nature, de ses rythmes, de ses règles, si vous admirez la mission que ce sont donnée les éleveurs, agriculteurs, paysans, si enfin l'évolution de notre monde actuel vous inquiète terriblement, ce livre sera une halte salvatrice au milieu des vaches, veaux en compagnie des cinq buronniers, ces montagnards chargés de fabriquer des fromages à partir du lait de centaines de bêtes, partis pour cinq mois sur les hauteurs de l'Aubrac. Vous rencontrerez Armand Ligourel qui en mars 1890, venant de réussir son passage au conseil de révision, prêt à faire son service militaire, au lendemain de cette victoire fêtée avec son grand-père maternel Jules, son père Gustave et sa mère, sans oublier Marthe, sa petite sœur, voit avec stupeur au seuil de la ferme familiale deux gendarmes venus pour l'arrêter !!! Et pas pour rien, pour meurtre ! Il est vrai que sur le chemin du retour après avoir bu quelques verres avec ses amis, il a préféré rentrer par les bois profitant de l'occasion pour relever en cachette ses pièges et collets. Quelle ne fut pas sa surprise de tomber sur deux hommes en cariole venus pour enterrer un cadavre ni vu ni connu ! Il a préféré se carapater dans la nuit sans voir que le certificat avec son numéro de tirage obtenu au conseil de révision passé dans le ruban de son chapeau est resté accroché à une branche. Ce document et le numéro ont permis aux gendarmes de remonter jusqu'à lui. L'affaire est vite pliée, il doit être déféré. C'est sans compter sur la pugnacité de son grand-père qui ne l'entend pas de cette oreille et l'aide à s'échapper et rejoindre l'Aubrac plus au Nord, région de son père Gustave. L'oncle de ce dernier pourra le loger en attendant que le véritable coupable soit découvert. Nous voilà sur les routes avec notre jeune ami qui va de déconvenue en déception. À destination, il est trop tard, l'oncle est décédé et son enterrement de déroule sous ses yeux. Que faire ? Il lui faut un toit et un travail ! Le curé va l'aider et de fil en aiguille le voilà engagé pour les estives comme apprenti buronnier. Pendant cinq mois il va partager un masuc ou buron bâti sur les plateaux de l'Aubrac avec : Le cantalès, le chef de groupe, Louis Delcros Le premier pastre, Gilbert Fournier qui avec notre Armand s'occuperont de la traite des vaches. Le vedelièr, Émile Chardaire, ayant la charge des veaux. Et enfin le rol, Sylvain Delcros, le jeune fils de Louis, qui prend soin des vaches et est au service des adultes. Dans ce paysage grandiose, loin de tout, il pense être à l'abri, est heureux d'apprendre un nouveau métier, de partager le quotidien de ces hommes francs et durs à la tâche, de découvrir les us et coutumes de cette région, même s'il ne comprend pas pourquoi le curé lui a conseillé de changer son nom de famille ! Quel secret son père a-t-il bien pu lui cacher ? De plus, avant son départ pour les estives, il est tombé amoureux de la fille de son patron Pierre Anglade, la belle Cécile. La trêve sera de courte durée, déjà l'annonce de la mort du frère de Pierre, Paul, apportée par les gendarmes la veille du départ n'est pas de bon augure, et le destin est en marche quoique fasse Armand. Il va bientôt frapper à nouveau. « Ne baisse jamais les bras, petit ! Après un crépuscule dévastateur, il naît toujours une aube régénératrice. » Magnifique roman de terroir, superbement écrit, passionnant, bluffant et touchant quant à la reconstitution des décors, des modes de vie, ce récit est également un "polar" tortueux et retors à souhait ménageant de sacrées surprises et des retournements de situations imprévisibles. J'ai été happée par cette histoire, par cette région, par ce thriller historique prenant racine voici plusieurs générations en amont... De son séjour sur les hauts plateaux, Armand reviendra-t-il plus fort de la vérité, des épreuves traversées, de l'amour découvert, de l'expérience en tant que buronnier ? Somptueux ! Cela me laisse nostalgique ... Quatrième de couverture Mars 1890, Armand Ligourel, tout juste sorti du conseil de révision qui l'a déclaré apte au service militaire, se retrouve injustement accusé d'un assassinat. Il réussit à s'échapper vers l'Aubrac, terre de son père, où il arrive pour la montée aux estives. Il va y découvrir le métier de buronnier, les valeurs de ces montanhièrs et leur sens de l'honneur sous leurs dehors rustres, au milieu d'étendues immenses. Son séjour dans cette petite Sibérie sera l'occasion aussi de percer les secrets de sa famille paternelle, une histoire de vengeance hors du commun qui remonte à plus de deux générations ... Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Lettre ouverte aux animaux ( et à ceux qui les aiment)
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Lettre ouverte aux animaux ( et à ceux qui les aiment) Frédéric Lenoir Audiolib 2017 2 h 50 lu par C. Chêne-Cailleteau Essai Chronique 8 mars 2019 Un essai complet sur la relation de l'homme à la faune, d'un animal pensant et se décrétant supérieur par rapport au règne animal. Philosophe, sociologue, l'auteur de ce texte instructif et engagé est le fondateur de l'association Ensemble pour les animaux et co-fondateur de la fondation SEVE ( Savoir Être et Vivre Ensemble). Ce texte est parfaitement servi par la voix douce et convaincante à la diction parfaite de Christophe Chêne-Cailleteau, qui apporte une proximité et une intimité à cet essai évitant ainsi la sensation d'un possible didactisme dérangeant. L'histoire de l'humanité est retracée depuis les origines, jusqu'à l'abandon de la chasse et la cueillette s'accompagnant de croyances animistes pour une sédentarité de cultivateurs et éleveurs croyant en des dogmes "intellectuels" ; le lien avec la Nature est alors brisé, le respect de l'homme pour la faune, la flore, oublié sauf pour quelques civilisations et peuples encore enracinés dans la Terre. Nous vivons une période de remise en question indispensable de nos modes de vie, de notre rapport à la Vie, et en particulier de nos comportements face aux animaux. Êtres sensibles, ils sont toujours considérés comme des objets, des biens, sans intelligence, sans sensibilité, sans liens sociaux, sans moralité. Rien de plus faux. De Rabelais à Marguerite Yourcenar, de la pensée grecque (à l'origine des droits de l'homme) à une éthique du bien-être de l'animal aujourd'hui, Frédéric Lenoir rappelle les différents courants de pensée au cours des siècles. La nécessité de considérer les droits des animaux, de tout être vivant est urgente. Il en va de leur survie et de la nôtre : notre intérêt est commun, le nier est suicidaire. Bien entendu, en tant que omnivore, consommant de la viande, l'auteur ( moi aussi je dois le préciser) ressent une forme de culpabilité, sans vouloir pour autant sombrer dans un extrémisme à l'instar de certains mouvements vegan ultra violents, spécistes, abolitionnistes ( je vous laisse les découvrir) . Cependant, il est évident que la cruauté envers les animaux est un apprentissage de la cruauté envers l'homme. Que l'une et l'autre sont liées comme le souligne Marguerite Yourcenar. L'auteur insiste sur la création d'un label éthique assurant le respect du bien-être de l'animal, sur la formation d'un Secrétariat d'État à la condition animale. Plusieurs problématiques gravissimes sont abordées et doivent être résolues : En désordre... La maltraitance et l'enfermement des animaux pour notre distraction en zoos ou parcs animaliers où ils n'ont pas leur place, L'abattage des bêtes sans étourdissements préalables. De la création de fermes d'abattage spécifiques ou d'unités mobiles d'abattage dans les règles afin d'éviter toute souffrance intolérable, tant que le régime carnivore d'une partie de humanité est en vigueur, ( Frédéric Lenoir revient en détails sur la nécessité d'un passage à une alimentation vegan, une évidence bien difficile à mettre en pratique au quotidien, mais je pense incontournable pour le bien de la Terre et le nôtre). D'interdire formellement les tests de laboratoire sur les animaux d'une rare cruauté et bêtise crasse. Ce texte est dense, concis, il informe, il ne moralise pas, ne culpabilise pas. Il appelle à un réveil rapide et citoyen des consciences. Quatrième de couverture « Nous assistons probablement, et je le souhaite de tout cœur, au passage à un stade éthique supérieur où la pensée humaniste s'émancipe de son cadre anthropocentrique pour s'étendre à tous les êtres sensibles qui peuplent la Terre. Dès lors, faire preuve d' « humanité » ne signifie pas simplement respecter les autres êtres humains, mais tout être vivant, selon son degré de sensibilité et de conscience. La vie s'est exprimée sur Terre à travers une foisonnante diversité. Puisque l'être humain est aujourd'hui l'espèce la plus consciente et la plus puissante, puisse-t-il utiliser ses forces non plus pour exploiter et détruire ces formes de vie, mais pour les protéger et les servir. C'est pour moi notre plus belle vocation : protecteurs et serviteurs du monde. » Frédéric Lenoir Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Le dernier message
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Le dernier message Nicolas Beuglet XO Editions 17 septembre 2020 398 pages Thriller Chronique 10 janvier 2021 Réjouissant ! Enfin un personnage auquel on peut s'identifier lorsqu'on est une femme normale avec un physique plantureux, des capacités musculaires dans la moyenne, et un sens de la répartie et de l'ironie très à propos face à tous les imbéciles de la terre, hommes ou femmes ne jurant que par le 36 fillette. Elle sait se battre, est très résistante psychologiquement, est empathique, intuitive et puise dans son immense bagage de connaissances diverses, résultant de son addiction à la lecture, les informations et références utiles à son enquête. Et surtout elle a un SECRET caché derrière une porte blindée dans son appartement. Mise au rancard après avoir saborder une affaire, son obésité d'alors lui ayant interdit de courir après le coupable, elle se retrouve pendant des mois à faire de l'insignifiant et à supporter le mépris de ses collègues et supérieur. Et voilà qu'un matin à l'aube, alors qu'elle s'apprête à commencer sa séance quotidienne de sport, condition incontournable pour garder son nouveau physique débarrassé de la majorité de la mauvaise graisse, son supérieur l'appelle pour la mettre sur une affaire très particulière qui demandera du doigté. Son patron n'en a pas en revanche quand il lui demande "de ne pas tout foirer" cette fois ; toute la brigade est occupée ailleurs donc il ne reste qu'elle. Le second choix va se révéler excellent et même exceptionnel, car ce que Grace va réussir tout au long de cette enquête aux ramifications multiples et aux implications mondiales est de l'ordre de l'incroyable. Tout est hors norme dans ce thriller traitant de plusieurs sujets véridiques même si l'auteur choisit de pousser le curseur bien plus loin. On reconnaît dans ces lignes l'immense curiosité de Nicolas Beuglet ainsi que son respect pour les femmes. Teinté de féminisme donc, d'humour, ce texte à la pulsation extrêmement rapide, demande une endurance à tout épreuve aux conditions glaciales et difficiles de voyages et de travail, exige des nerfs solides, de l'empathie et un esprit ouvert, et surtout beaucoup de distance... J'ai trouvé cette première enquête de Grace Campbell réjouissante, nerveuse, intelligente, éclectique dans les sujets abordés. J'ai beaucoup aimé ce roman surtout en ce moment. Vive la prochaine aventure de cette héroïne... Quatrième de couverture Voulez-vous vraiment connaître la vérité ? Le dernier message pourrait vous plonger dans des abysses d'angoisse et de folie... Île d'Iona, à l'ouest de l'Ecosse. des plaines d'herbes brunes parsemées de roches noires. Et au bout du " Chemin des morts ", la silhouette grise du monastère. Derrière ces murs suppliciés par le vent, un pensionnaire vient d'être retrouvé assassiné. Son corps mutilé de la plus étrange des façons. C'est l'inspectrice écossaise Grace Campbell qui est chargée de l'enquête. Après un an de mise à l'écart, elle joue sa carrière, elle le sait. Sous une pluie battante, Grace pousse la lourde porte du monastère. Elle affronte les regards fuyants des cinq moines présents. De la victime, ils ne connaissent que le nom, Anton. Tous savent, en revanche, qu'il possédait un cabinet de travail secret aménagé dans les murs. Un cabinet constellé de formules savantes... Que cherchait Anton ? Pourquoi l'avoir éliminé avec une telle sauvagerie ? Alors qu'elle tente encore de retrouver confiance en elle, Grace ignore que la résolution d'une des énigmes les plus vertigineuses de l'humanité repose tout entière sur ses épaules... Après les succès du Cri, de Complot, de L'Île du Diable... Un thriller époustouflant Avec Le dernier Message, Nicolas Beuglet met en scène sa nouvelle héroïne, l'inspectrice écossaise Grace Campbell, jeune femme solitaire et mystérieuse. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Jolies Filles
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Jolies Filles Robert Bryndza Belfond 2020 656 pages traduites par Chloé Royer Thriller Chronique 4 septembre 2021 Titre original : "Last Breath" : J'aime beaucoup les livres de cet auteur qui sait parfaitement nous raconter une histoire, créer un lien empathique presque affectif entre le lecteur et les personnages principaux ou secondaires du récit et en premier lieu avec Erika Foster, toujours aussi entêtée, inclassable et incontrôlable, surdouée en tant qu'enquêtrice, se sentant investie envers les victimes. Celles-ci deviennent son obsession, elle est prête à tout pour faire entendre leurs voix, pour leur rendre justice. Le hic, c'est qu'au début de ce thriller policier Erika ne fait plus partie des brigades chargées des enquêtes criminelles. Ne supportant pas de ne pas avoir eu la promotion qu'elle attendait, elle a purement et simplement pété un câble, donné sa démission et a été reléguée dans un service où elle meurt d'ennui. Lorsque son amant et ex-collègue de la Crim londonienne reçoit le message concernant la découverte d'un corps dans une benne à ordures, c'est plus fort qu'elle, elle s'impose sur la scène de crime, interroge les trois étudiants qui ont découvert le cadavre, bref joue avec les limites et les nerfs de tous et en particulier de celui qui a eu le poste tant convoité. Très vite, une autre victime s'ajoute à la liste, Erika flaire un cas probable de serial killer. Nous faisons connaissance avec celui-ci, nous savons qui il est. Robert Bryndza réussit pourtant à nous faire grincer des dents, à accélérer nos battements de cœur, en menant de main de maître cette course poursuite. Nos nerfs sont à vif jusqu'à la fin, le décorticage de l'articulation de ce récit haletant est passionnant. Un thriller psychologique et d'action magistral, une héroïne "attachiante", un psychopathe détestable à souhait, tous les ingrédients sont là pour que la recette soit réussie. Quatrième de couverture Physique de rêve, longs cheveux bruns, visage en cœur. Sûrement le plus beau cadavre jamais retrouvé dans une benne à ordures. N'étaient les mutilations, le sang. Alors qu'elle accompagne son ex-collègue, et amant, sur les lieux du crime, l'inspectrice Erika Foster rêve de se plonger dans cette affaire. Mais celle-ci n'est plus de son ressort maintenant qu'elle est passée chez les stups. C'est donc clandestinement qu'Erika enquête et découvre un lien avec un autre meurtre non résolu. Même décor, même séduisante victime, mêmes entailles. Des femmes qui utilisaient toutes deux une appli pour célibataires et pensaient avoir rencontré le prince charmant. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- L'Arpenteur de rêves
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires L'Arpenteur de rêves Philippe Lemaire De Borée 10 novembre 2022 326 pages Historique Chronique 14 décembre 2022 Philippe Lemaire a vraiment le talent de nous plonger dans des reconstitutions fabuleuses mêlant les faits historiques à des détails de la vie quotidienne des plus modestes. Nous entrons dans leur intimité, nous devenons eux, nous prenons fait et cause pour les personnages qui ne sont plus tout à fait de fiction. L'héroïne, Clémence est une jeune fille bien courageuse, au caractère affirmé, à la répartie cinglante, toujours sur le quivive, toujours à craindre les coups du sort ou les propos venimeux de sa mère. Mal aimée, elle travaille dans un café près des écluses dans le bourg d'Attigny dans les Ardennes. La population a payé un lourd tribut à la Seconde Guerre mondiale, on commence tout juste à relever la tête, Elisabeth II vient d'être couronnée, les évènements en Algérie se précipitent. Coup de théâtre ! La veuve, patronne de l'établissement, décide d'un coup de partir pour Paris en laissant étonnamment les rênes du bar restaurant à Clémence. Pour cette dernière, cette nomination même temporaire, lui ouvre enfin les portes de la cage maternel. Elle s'installe dans une petite chambre au-dessus du commerce loin des méchancetés de sa mère. Elle respire jusqu'à ce qu'une autre jeune fille se présente, sur les ordres de la patronne, pour aider Clémence en cuisine. Notre amie est méfiante, jalouse de son nouveau pouvoir au sein de l'établissement. Les hommes, éclusiers, paysans... sont bien heureux de cette jeunesse, de cette joliesse nouvelle venue. Surtout l'instituteur ne semble pas insensible aux charmes de Clémence. Celle-ci baisse la garde. A-t-elle raison de le faire ? Ils ne sont pas du même milieu, n'ont pas le même niveau d'instruction, ni le même âge. L'homme est passionné par l'oeuvre et la vie de Rimbaud. Clémence en ignore tout mais cependant se procure un ouvrage du poète afin de se rapprocher de son amoureux. Cela sera-t-il suffisant ? Sans le savoir Clémence vient d'ouvrir une porte sur un nouveau monde, Paris, le cinéma, la lumière, l'espoir enfin de prendre son envol loin d'Attigny. Histoire d'un parcours initiatique au féminin dans les années cinquante des Ardennes à Paris, de la monotonie quotidienne aux sunlights des plateaux de tournage. Quatrième de couverture Une équipe de tournage dirigée par un des plus grands cinéastes des années 1950 s'installe à Attigny dans les Ardennes pour réaliser en extérieur quelques-unes des séquences les plus importantes d'un film, "L'Arpenteur de rêves", qui évoque la jeunesse de Rimbaud et ses amours tumultueuses avec Verlaine. Toute la vie du bourg, rythmée à la fois par les campagnes sucrières et le passage des péniches qui franchissent son écluse, va en être bouleversée comme le sera la vie monotone et solitaire de la jeune Clémence. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Le Suspect
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Le Suspect Fiona Barton Fleuve Noir 9 janvier 2020 504 pages traduites par Séverine Quélet Thriller Chronique 27 décembre 2020 Un bon troisième opus pour Fiona Barton mettant à nouveau en scène Kate Waters, la journaliste ambitieuse et tenace, et l'inspecteur principal Bob Sparkes, déjà suivis dans les deux opus précédents " La Veuve" et " La coupure". "Ne laissez pas la vérité gâcher une bonne histoire ", phrase d'accroche de ce thriller policier et journalistique, qui pourrait être la première leçon que donnerait Kate à Joe, jeune journaliste aux dents longues, impatient d'apprendre, considéré par tous comme son fils adoptif dans le milieu palpitant et parfois malsain de la presse écrite londonienne. Kate sera l'arroseur arrosé dans ce scénario bien pensé et pervers à souhait, nous transportant jusqu'à Bangkok, sa moiteur, ses trafics de drogues et d'êtres humains, sa pauvreté, sa saleté, sa police inefficace et vérolée, ses prisons infernales, ses codes incompréhensibles pour les occidentaux soudainement projetés dans cette mégalopole venimeuse, ensorcelante. C'est cette destination lointaine que choisit pourtant Alex, jeune fille brillante et curieuse du monde, pour voyager sitôt les épreuves du baccalauréat passées. Elle a longuement préparer son périple en vue d'une année sabbatique, a travaillé dur pour financer son rêve, et se réjouit de partir avec son amie d'enfance Mags. Seulement celle-ci se désiste au dernier moment et c'est une autre fille de leur lycée, Rosie, qui partira avec elle. Alex aurait-elle dû écouter sa petite voix intérieure qui lui disait "danger" ? Certainement... Car Alex et Rosie disparaissent soudainement, les parents préviennent les autorités.... Pour Kate, en plein mois d'août pendant lequel aucun événement notable n'est digne d'un article, c'est une aubaine.... et curieusement, cela résonne en écho avec ses propres craintes quant à son fils, Jake, parti voici deux ans à Phuket, soit disant pour sauver des tortues en danger...un fils de plus en plus mystérieux, différent, fuyant et enfin silencieux au cours des mois... Pour Bob Sparkes, dont l'épouse est atteinte d'un cancer récidivant, c'est l'occasion de distraire son attention de la terreur qui l'étreint à l'idée de perdre sa compagne depuis 25 ans. L'auteure, journaliste, décide de mettre Kate, sa collègue virtuelle face à la réalité vécue par toute cible déclarée des médias. Elle devient leur proie, cherche à garder la main, à comprendre ce qui s'est déroulé réellement à Bangkok.... Une leçon sévère pour la professionnelle qu'elle est mais aussi pour la femme et la mère qu'elle a été et qu'elle est devenue... pour Kate et Bob, l'heure du face à face avec eux-mêmes a sonné : ils doivent affronter ce qui les terrorise le plus... Ils n'ont pas le choix. Une réflexion sur les épreuves de passage que l'on s'impose peut être inutilement, ou qui s'imposent à nous au moment où nous sommes les plus fragilisés.... Une critique également d'une certaine presse... Une mise en garde pour tous les parents dont les enfants décident de partir soudain au bout du monde, insuffisamment armés et matures.... Un livre construit sur le drame que représentent les milliers de disparitions inexpliquées qui détruisent les familles, sans espoir de connaître la vérité.... Les proches de Alex et Rosie vont-ils faire partie du nombre ou vont-ils retrouver leurs enfants ? Et Kate, pourra-t-elle remonter la piste menant jusqu'à jake ? Du bel ouvrage..... Quatrième de couverture Jusqu'où iriez-vous pour protéger votre famille ? Quand deux jeunes filles de dix-huit ans disparaissent lors de leur année sabbatique en Thaïlande, leurs familles se retrouvent aussitôt sous les projecteurs des médias internationaux : désespérées, paniquées et exposées jusque dans leur intimité. La journaliste Kate Waters, toujours avide d'un bon papier, se charge immédiatement de l'affaire, une occasion bienvenue pour elle de se rapprocher de son fils, parti vivre à Phuket deux ans auparavant. Mais ce qui s'apparente au départ à une simple fugue d'ados qui aurait mal tourné, s'avère rapidement être quelque chose de plus sérieux. Les découvertes alarmantes se succèdent, le nombre de suspects se multiplie et la piste criminelle ne peut plus être écartée. Face à la complexité de l'affaire et au manque de coopération des autorités sur place, Kate ne voit qu'une seule issue : se rendre sur les lieux afin de prendre l'enquête en mains. Mais cette fois elle est loin d'imaginer à quel point elle va être impliquée personnellement ... Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Cyanure
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Cyanure Laurent Loison Hugo Publishing Septembre 2017 400 pages Polar Chronique 24 novembre 2017 J'écoutais très attentivement Charles Aznavour hier sur le plateau de La Grande Librairie, et une de ses réflexions m'a arrêtée net, « je cherche la phrase d'accroche et tant que je ne l'ai pas, je ne peux commencer d'écrire ma chanson. » Juste, très juste, donc modestement et recopiée du livre de Laurent Loison : « Il faut attendre la mort pour bien juger la vie » . Et j'ajouterai « À l'impossible seul l'impossible est tenu ». Ainsi chers amis, votre mission si vous l'acceptez, sera de lire attentivement ce thriller original, et de vous mouiller un peu le maillot pour trouver le CODE et répondre à six questions.... Au delà de quelques minutes, zen, vous ne vous autodétruirez pas et votre livre n'explosera pas non plus telle une grenade dégoupillée. On respire, tout est POSSIBLE ! Pour une fois, vous allez décider, vous allez choisir une fin . Voilà le beau cadeau de Noël de l'auteur, espiègle et rusé, il va falloir vous déterminer, il va falloir JUGER . Ne pas oublier : « Le jugement d'un seul n'est pas la loi de tous « . 22 janvier 2017, le Ministre des Affaires Sociales et de la Santé, Gonzagues Verdine, est assassiné par un sniper posté à plus de 1200 mètres de la cible. Seule une petite cinquantaine de tireurs au monde est capable de réussir un tel tir normalement IMPOSSIBLE. Le Ministre de l'intérieur nommé par le Président Hubert Clarck, Maurice De Quezac, décide de mettre le meilleur flic de France sur cette affaire épineuse à quelques mois des nouvelles élections présidentielles, le commissaire Florent Bargamont. Compagnon de sa filleule , Emmanuelle De Quezac, au tempérament bien trempé, insupportable, toujours de mauvaise humeur, et teigneux comme un pitbull qui refuserait de lâcher le mollet d'un coupable, rebaptisé "L'irascible", au vocabulaire fleuri inspiré des Simenon et autres Audiard, il est l'homme de la situation. Autour de lui son équipe composée de Emmanuelle évidemment, mais aussi du Capitaine Loïc Gerbaud et augmentée du commandant Jean Christophe Hellard se met immédiatement en chasse. Un détail : la balle était recouverte de Cyanure ! Aucune chance pour la victime d'en réchapper. Les tueries vont continuer, une grand mère de 70 ans, un baron de la pègre dans le sud, etc... Mais l'arme va changer pour être remplacée par un carreau tiré par une arbalète. Le Cyanure réapparait, le 36 ne comprend pas le liens entre les victimes. Cela tombe vraiment très mal alors que tout va beaucoup mieux pour cette France qui de moribonde, commence peu à peu à se relever, grâce aux mesures prises par le Président Clarck, alors que Bargamont enfin heureux et amoureux retrouve un équilibre inespéré. Tout ce qui semblait IMPOSSIBLE devient envisageable. Même l'incroyable ! La situation devient urgente, l'ange exterminateur continue le carnage, des messages mystérieux sont adressés à l'Élysée, tout dérape! L'équipe est au bord de l'abîme, le pire arrive. « La vie de l'un des leurs était en jeu. Et entre poulets tous les coqs étaient prêts à se sacrifier pour un poussin. » Tournant en épingle à cheveux, il va falloir aborder les virages à toute vitesse, malgré la douleur et l'envie de hurler..... Comme pour « Charade », on retrouve le plaisir de jouer avec les mots, les textes à énigmes, les dialogues cocasses d'une rare inventivité..... En revanche ici ce thriller nerveux et à 200 à l'heure est ponctué par des citations et des maximes en tête de chapitre concernant cette notion de JUGEMENT. Ce désir de proposer un texte très différent sans scènes de crimes sanglantes et trash comme dans le premier opus, est appréciable, l'interaction avec nous lecteurs en final est piquante et intrigante. Un très bon thriller d'action à lire avec attention, nous posant de bonnes questions et nous interpellant sur notre propre sens de la justice. Sommes-nous aveugles ou non ? Capables de partialité ou faillibles ? À vous de jouer. Quatrième de couverture Branle-bas de combat au 36, quai des Orfèvres. Toujours assisté de sa complice Emmanuelle de Quezac et du fidèle capitaine Loïc Gerbaud, le célèbre et impétueux commissaire Florent Bargamont se trouve plongé dans une enquête explosive bien différente des habituelles scènes macabres qui sont sa spécialité. Un ministre vient en effet d’être abattu par un sniper à plus de 1200 m. Sachant que seules une vingtaine de personnes au monde sont capables d’un tel exploit, et que le projectile était trempé dans du cyanure, commence alors la traque d’un criminel particulièrement doué et retors. Les victimes se multiplient, sans aucun lien apparent et n’ayant pas toutes été traitées au cyanure. Balle ou carreau d’arbalète, la précision est inégalée. Ont-ils affaire à un ou plusieurs tueurs ? Un Guillaume Tell diaboliquement efficace se promène-il dans la nature ? Tandis que Barga doit faire face à de perturbantes révélations et se retrouve dans une tourmente personnelle qui le met K.O., les pistes s’entremêlent jusqu’au sommet de l’État, où le président de la République n’est peut-être pas seulement une cible. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- De Gary à Ajar Le voyage de Romain
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires De Gary à Ajar Le voyage de Romain Valéry Coquant Ex.Aequo Éditeur Militant collection Hors Temps 2019 Biographie Chronique 23 février 2020 Un livre extrêmement émouvant réussissant à nous faire toucher du doigt la vérité de Romain Gary ou quelque soit le nom qu'il s'est donné. Je ne reviendrai pas sur les faits, les évènements, le contexte historique de cette vie extraordinaire, romanesque, intranquille... La quatrième de couverture est parfaite et je n'y ajouterais que des redondances. En revanche, je me permettrais d'évoquer, ce que je pense être évident quant à Valéry G Coquant, lors de la lecture de cette biographie : sa profonde admiration et sa " tendresse" pour Romain Gary. J'ai ressenti fortement son désir de le défendre, de lui redonner ses lettres de noblesse, plus que justifiées, que ce soit en tant qu'artiste, créateur, homme. L'enfant est toujours présent au côté de l'adulte, et j'ai eu la nette sensation que Romain cherchait toujours à consoler celui qu'il fut gamin et qu'il est resté. Les divers changements de noms l'ont été au début par nécessité, pour se protéger étant juif dans des sociétés, polonaise, russe puis française, antisémites. Un garçon à la croisée de plusieurs cultures, plusieurs langues, déjà caméléon, accompagné d'une mère volontariste, envahissante, à l'ambition démesurée pour son fils. Une femme prête à tout pour leur offrir une stabilité matérielle. Roman Kacew serait-il devenu Romain Gary sans la volonté et l'omniprésence, même morte, de sa mère ? J'ai découvert un homme blessé, fragile, faussement mondain, attaché à la France et sa culture, bien plus que certains français de souche, un surdoué, un homme doté de prescience et d'une analyse exceptionnellement fine, dès les années 1960, sur la société, la politique et les futures dérives du monde occidental, dont nous subissons aujourd'hui les conséquences. J'ai découvert son élégance avec Jean Seberg, qu'il a accompagnée jusqu'au bout de sa descente aux enfers... Sa fidélité envers ses principes humanistes et sa loyauté envers les autres.... Quant au pied de nez fabuleux adressé au petit monde littéraire français par la création du personnage de Émile Ajar, un Golem qui se retournera contre lui finalement, c'est tout de même bien plus qu'un simple canular, c'est le geste créateur poussé à l'extrême.... Un beau livre de coeur, mais aussi incontournable car très précis quant à l'Histoire, les faits, les notes en bas de pages instructives, édifiant par le destin même du héros que fut Romain Gary.... Le mieux est encore que vous le lisiez. Pour moi, je vais lire ou relire Gary et Ajar.... Une très belle réussite ! Quatrième de couverture « Si l'on vous dit Romain Gary, à qui pensez-vous ? À l'un des écrivains français les plus brillants du XXème siècle. Auteur, cinéaste, journaliste, diplomate, grand résistant, aviateur, Gary fut aussi l'ami de Malraux, de Kessel, et un grand admirateur de de Gaulle, le général isolé du 18 juin 1940. Surtout, Gary a reçu 2 fois le prestigieux prix Goncourt. Ce succès unique est à l'origine d'un malentendu... Gary aurait tout prémédité derrière le pseudonyme d'Émile Ajar, afin de piéger le monde des critiques et autres experts des belles lettres... Comme s'il n'avait été qu'un écrivain facétieux faisant son dernier tour, avant de quitter la scène par son suicide en décembre 1980. Pendant plus de 30 ans, certains ont réduit Ajar à un simple canular. En revenant à la source de l'œuvre de Gary, Valéry G. Coquant propose le plus simplement du monde, de dévoiler un autre regard sur Émile Ajar. Plus qu'un pseudonyme, Ajar est l'apothéose de Gary. Ajar dynamite les codes et cristallise les valeurs, pour lesquelles s'est battu toute sa vie Gary. Ce fut son grand œuvre ! Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Le Stradivarius de Goebbels
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Le Stradivarius de Goebbels Yoann Iacono Slatkine & Cie 7 janvier 2021 268 pages Historique Chronique 31 mai 2021 Imaginez recevoir un jour un paquet contenant les carnets intimes d'une femme que vous avez pistée, poursuivie pendant des années et qui soudain, en fin de vie, vous accorde sa confiance afin de témoigner à sa place de son destin et de sa vérité .... C'est ce qui arrive au narrateur de ce roman. Une histoire réelle à peine croyable où la musique est utilisée comme arme de guerre et outil de propagande par les nazis, allant même, outre les œuvres d'art, jusqu'à voler les instruments de solistes et musiciens plus ou moins connus. L'allié de l'Allemagne d'alors est le Japon dont les méthodes, les mentalités, les idées sont semblables. Les moyens abjectes imaginés par Hitler et ses sbires seront les mêmes que ceux utilisés par certains militaires et scientifiques nippons. Le génocide n'est pas seulement celui des juifs il est aussi celui des habitants des pays Baltes par les soviétiques, et des Chinois, des Philippins etc ...par les Japonais. Dans ce contexte tout à fait effroyable certains continuent à vouloir créer de la beauté et ainsi transmettre la lumière. Nejiko Suwa, toute jeune violoniste fut une enfant prodige remarquée des autorités nippones. Son excellence fait la gloire du Japon et pour l'en remercier l'ambassadeur lui demande quel serait son plus grand rêve. Elle répond : avoir un Stradivarius Or sous le contrôle de Goebbels, ministre entre autres de la propagande, un certain Gerigk, instrumentiste raté mais historien de la musique confirmé, bénéficiant de l'écoute du Führer quant à la nécessité d'utiliser la musique pour asseoir l'idéologie et la suprématie allemande sur le monde, a établi une liste exhaustive des musiciens non conformes aux diktats nazis et surtout de leurs instruments. Afin de resserrer des liens encore plus indéfectibles avec le Japon, quoi de mieux que d'offrir un Stradivarius à l'enfant chérie Nejiko Suwa ? Honneur immense pour la jeune femme qui tremble à l'idée de se le faire voler.... Après être revenue à Paris pour parfaire sa formation auprès de Kamensky, une autre peur prend possession de son esprit jusqu'à devenir obsession : elle ne réussit pas à comprendre son violon, à en faire son partenaire de vie. Le Stradivarius qui s'avère être un Guarneri, a sa propre vie, sa propre histoire, pour être son " ami" pour partager avec lui le plus intime, il faut absolument que Nejiko se renseigne sur l'histoire de cet instrument, sur celle de ses propriétaires précédents. Mais Goebbels, Gerigk et les dignitaires japonais restent vagues. À la fin de la guerre, une chasse aux objets, oeuvres et possessions juives est lancée par les alliés afin de restituer leurs biens aux vrais propriétaires. Felix Sitterlin, trompettiste de jazz et militaire est mandaté pour retrouver le violon d'un certain Lazare Braun, déporté et assassiné dans les camps La délégation japonaise entourant l'ambassadeur doit arriver à Tokyo après avoir été retenue en captivité de luxe aux USA. Il attend de pied ferme la jeune prodige à sa descente du cargo. La rencontre est extrêmement violente, maladroite.... Nous allons suivre la soliste tout au long de sa vie de concertiste, découvrant ainsi les coulisses et le microcosme de la musique dans l'Allemagne nazie, la France occupée et tous les lieux où la renommée grandissante de la violoniste va la porter jusqu'à un certain concert où la magie s'invite nous offrant une scène d'une beauté poétique infinie... Le violon et la musicienne vont-ils se rencontrer enfin ? Le passage de témoin entre Lazare et Nejiko est-il possible ? La musique est-elle plus forte que tout et plus généralement, l'Art est-il toujours vainqueur ? Qui sommes-nous, nous musiciens, quel est notre rôle dans un monde en déroute ? Devons- nous prendre parti, affirmer haut et fort nos convictions ou comme Furtwängler qui continua à diriger des orchestres au nom de l'Allemagne nazie, devons-nous utiliser notre art pour créer la beauté véritable absolue et donc de la lumière dans les ténèbres ? Une fin bouleversante, un destin exceptionnel et dramatique, des questions existentielles incontournables pour tout artiste en temps de totalitarisme réel ou déguisé... Très beau premier roman biographique à découvrir absolument. Quatrième de couverture Un cadeau empoisonné Le roman vrai de Nejiko Suwa, jeune virtuose japonaise à qui Joseph Goebbels offre un Stradivarius à Berlin en 1943, au nom du rapprochement entre l'Allemagne nazie et l'Empire du Japon. Le violon a été spolié à Lazare Braun un musicien juif assasiné par les nazis. Nejiko n'arrive d'abord pas à se servir de l'instrument. Le violon a une âme. Son histoire la hante. Après-guerre, Félix Sitterlin, le narrateur, musicien de la brigade de musique des Gardiens de la Paix de Paris est chargé par les autorités de la France Libre de reconstituer l'histoire du Stradivarius confisqué. Il rencontre Nejiko qui lui confie son journal intime. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Les mains de Louis Braille
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Les mains de Louis Braille Hélène Jousse JC.Lattès Février 2018 380 pages Biographie Chronique 26 mars 2019 Un livre tout en délicatesse qui trace par petites touches le portrait de cet homme incroyable qui a seize ans changea le monde, offrant aux aveugles le moyen de lire, écrire, accéder aux idées, innover, travailler, faire partie de la société, y apporter leur pierre. On ne sait pas tant de choses de Louis Braille, discret, humble, un héros presque transparent, dévoué entièrement aux autres aveugles, mais on sait de lui le principal, l'invention de la méthode d'écriture et de lecture qui porte son nom. Afin de remplir les blancs, les inconnus, Hélène Jousse imagine un scénario qui lui permettra de mêler la vie de son alter ego à celle de Louis, un personnage qu'elle porte en elle tel un enfant. Elle pressent, elle ressent ce que furent sans doute les affects de ce garçon, de sa famille, de ceux qui l'ont entouré, aidé, aimé. Une trajectoire hors du commun débutée dans la douleur dès trois ans par un accident tragique et stupide, une catastrophe qui donnera naissance à un chef d'œuvre d'intelligence et de beauté. En 1812, Louis joue seul dans l'atelier de son père bourrelier à Coupvray. Accident, il se crève un œil avec un poinçon. Le même outil qui, plus tard, lui permettra de perforer des papiers épais inlassablement pour créer un nouvel alphabet. L'infection touche bientôt les deux yeux, doucement, progressivement, il perd la vue... Magie de l'écriture, l'auteure donne alors voix au père et surtout à la mère de ce petit garçon qui doit tout engranger avant d'être dans le noir. Plusieurs fois, dans ce roman, Hélène Jousse créera des moments de pure beauté, d'évocation d'une réalité passée. À 10 ans, Louis grâce à des appuis, (on notera souvent dans ce texte que seule une chaîne de personnes bienveillantes mène à une réussite exceptionnelle), est accepté à l'Institut royal des jeunes aveugles à Paris près du Jardin des plantes. Les deux premières années sont extrêmement difficiles : maltraitance, vétusté des lieux, malédiction de la tuberculose évidemment, inadaptation des méthodes d'enseignement à ceux atteints de cécité. Louis surdoué, à la mémoire phénoménale, ne s'imagine pas d'avenir, désespère de plus en plus. Les aveugles sont alors traités par la société avec pitié, paternalisme, inutiles bouches à nourrir qui doivent être reconnaissantes de ce que les voyants leur offrent. Insupportable ! Heureusement en 1821 arrive le sauveur de Louis en la personne du docteur Pignier, qui aura la géniale prescience que cet enfant est un être supérieur, qu'il traite en égal, auquel il donne les moyens de sa réussite, sans condition, sûr de la découverte de Louis. Celui-ci a été très fortement interpellé par une méthode utilisée par l'armée, présentée en novembre de cette année à l'Institut par un certain capitaine Barbier, à la retraite, permettant de lire des messages dans la nuit grâce à un code perforé sur du papier très épais. Louis a quatorze ans et sait d'instinct qu'il y a là une solution pour rendre la lecture accessible aux aveugles. Mais il faut tout simplifier, et après des années de travail acharné, il trouve la solution à seize ans... Je vous laisse découvrir la suite, des scènes bouleversantes et passionnantes... Un univers lumineux s'est ouvert à tous grâce à cet homme aujourd'hui au Panthéon... Ce personnage ressuscité par l'auteur et en même temps par l'héroïne du livre, scénariste, imprime toujours sa marque au poinçon sur la vie de tous, non seulement par sa méthode, mais aussi par l'exemplarité de sa vie, par sa ténacité, sa volonté sans faille. Le détail qui donne son titre au roman est très, très particulier.... Un beau livre touchant, délicat... Quatrième de couverture Constance dramaturge à succès, se voit confier l'écriture d'un biopic sur Louis Braille. Fascinée par celui dont tout le monde connaît le nom mais si peu l'existence, la jeune femme se lance à corps perdu dans une enquête sur ce génie oublié. Nous voilà transportés au début du XIXe siècle, au côté de Louis, ce garçon trop vif qui perd accidentellement la vue et intègre à dix ans l'Institut royal des jeunes aveugles avec un rêve : apprendre à lire et à écrire. Mais dans ce bâtiment vétuste, où les petits pensionnaires sont élevés à la dure, les livres restent désespérément noirs, et la lecture réservée aux voyants. Jusqu'à ce que Louis en décide autrement. Cet hommage vibrant à Braille restitue le combat d'un enfant pour inventer le système qui a bouleversé le quotidien des aveugles. Il explore la force de la générosité et célèbre la modestie d'un héros ordinaire, qui a fait de sa vie un destin. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Massacre des Innocents
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Massacre des Innocents Marc Biancarelli Actes Sud 2018 290 pages Historique Chronique 6 avril 2018 En couverture, "Mare incognito" de Dino Valls. « Allons faire naufrage avec notre roi. » William Shakespeare, La Tempête acte 1 sc.1 « Une voix dans Rama s'est fait entendre, pleur et longue plainte : c'est Rachel pleurant ses enfants ; et elle ne veut pas qu'on la console, car ils ne sont plus. » L'Évangile selon Saint Matthieu, chapitre II, 18 Nul besoin de lire des thrillers bien trashs et invraisemblables où l'auteur accumule des scènes horrifiques pour la plus grande joie d'un lectorat hypnotisé par tant de barbarie, étonné de ressentir enfin quelque chose au milieu de tout ce confort et cette sécurité moderne, non ! plongez-vous simplement dans l'Histoire, la vraie ! Au passage vous apprendrez énormément du passé, vous étendrez votre culture et cerise sur le gâteau vous découvrirez un texte éblouissant, d'une beauté sulfureuse et sombre. Un très beau livre traitant des origines du Mal, de la façon dont il contamine le monde au mépris de toutes valeurs humaines, donnant aussi l'espoir du triomphe du Bien, simplement par le courage, la ténacité, l'entêtement de héros qui ne peuvent se résigner à déclarer forfait; et enfin un roman sur l'amour indéfectible entre deux êtres, naissant dans les profondeurs de l'horreur. Un rayon de lumière toujours ... Des passages d'une violence qui tétanise, une boucherie incompréhensible, menée par un homme insignifiant, un psychopathe. Un homme à l'esprit faible qui se laisse entraîner par le peintre Johannes Torrentius dans un monde de mystique, de société secrète, de mystères et de danger, que cet être débile n'est pas capable d'appréhender normalement. Lorsque Torrentius lui montre la toile « Le massacre des innocents » de Cornelis Cornelisz, c'est une révélation pour Jeronimus Cornelisz. La similitude entre les deux noms n'est pas qu'un hasard, c'est un signe ! « Le Massacre des innocents, dit Torrentius. J'en ai obtenu le prêt, moyennant finance auprès de l'Académie. Et vous voulez savoir qui en est l'auteur ? Votre quasi homonyme, Cornelis Cornelisz. -Cornelis Cornelisz de Haarlem ? C'est de lui ? -Un pur génie. Influencé par l'art ancien et les écoles italiennes. Mais un génie, oui, incontestablement. -Vous allez faire une copie de ce tableau ? -Je m'en inspire. Pour une variante. Mais sans tout ce maniérisme. Une version réaliste, voyez-vous, quelque chose de plus outrageant, de moins baroque aussi. Comme si l'on vivait le massacre de l'intérieur. Je voudrais transformer cela, comment dire, en horreur scandaleuse. » En horreur scandaleuse, se redit Cornelisz, tout en détaillant, admirant, analysant l'image du massacre ordonné par Hérode. En 1629, le Batavia, navire affrété par la Compagnie néerlandaise des Indes orientales, échoue au large de l'Australie. Deux cent cinquante rescapés rejoignent des îlots. Jeronimus Cornelisz, l'intendant adjoint, second du subrécargue Pelsaert, l'armateur du bateau, parti chercher des secours au port de Batavia, décide de scinder le groupe sur trois îlots différents afin d'assurer son pouvoir et imposer sa volonté de fou furieux sur ces gens affaiblis et terrorisés. Le moment est venu, avec un groupe de criminels en puissance il terrifie, oblige des hommes à devenir tueur s'ils veulent survivre à la bestialité ambiante. Tous s'enfoncent dans le sang, les immondices, la violence abjecte, la cruauté impensable. Un immense carnage de plus de cent victimes ! Face à Cornelis, deux résistants : Lucretia, une beauté courageuse partie retrouver son mari à Batavia, et Weybbe Hayes, un ancien militaire ayant déjà eu son compte de guerres et de monstruosités dans la vie. « De cet épisode sanguinaire, Marc Biancarelli s'empare pour donner vie, corps et âme à des hommes contaminés par le Mal, qui corrompt ceux qui le touchent du doigt en un cercle vicieux dont ils ne peuvent s'extraire. Peinture d'une époque, Massacre des innocents, s'impose comme un roman total, à la fois épique et shakespearien, dont la puissante dramaturgie se soutient de scènes d'un lyrisme et d'une poésie qui travaillent la matière même de l'horreur. Face à l'extrême, quand devenons-nous des résistants, et, à l'inverse, qu'est-ce qui fait de nous des êtres déchus ? » Tout est parfaitement dit dans cet extrait de la quatrième de couverture, question qu'on peut se poser pour tout conflit, guerre, crime ? Aurais-je été une résistante sous les nazis, suis-je capable de venir en aide à une femme qui se fait violenter devant moi, ou un plus faible qui se fait attaquer ? Qui suis-je vraiment ? La bascule entre 1629 et le passé en Hollande de chaque acteur de ce drame éclaire la démonstration, toute la société baigne dans la violence, celle des criminels, celle de la justice et ses sentences. Nous irons jusqu'au bout de ce récit accompagnant, hébétés par tant d'inhumanité, les monstres et leurs victimes. Un très beau travail de recherche et de documentation, des descriptions de Amsterdam et de la vie à bord d'un navire ou dans un comptoir comme Batavia de la Compagnie des Indes orientales très réussies et édifiantes. Un roman noir, historique et d'amour. Quatrième de couverture En 1629, au large de l'Australie, les quelque deux cent cinquante rescapés du naufrage d'un navire de commerce néerlandais sont victimes du plus grand massacre du XVIIe siècle. De cet épisode sanguinaire Marc Biancarelli s'empare pour donner vie, corps et âme à des hommes contaminés par le Mal, qui corrompt ceux qui le touchent du doigt en un cercle vicieux interrogeant perpétuellement ses origines. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs















