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Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

Massacre des Innocents

Marc Biancarelli

Actes Sud

2018

290 pages

Historique

Chronique

6 avril 2018

En couverture, "Mare incognito" de Dino Valls.


« Allons faire naufrage avec notre roi. »

William Shakespeare, La Tempête acte 1 sc.1


« Une voix dans Rama s'est fait entendre, pleur et longue plainte : c'est Rachel pleurant ses enfants ; et elle ne veut pas qu'on la console, car ils ne sont plus. »

L'Évangile selon Saint Matthieu, chapitre II, 18


Nul besoin de lire des thrillers bien trashs et invraisemblables où l'auteur accumule des scènes horrifiques pour la plus grande joie d'un lectorat hypnotisé par tant de barbarie, étonné de ressentir enfin quelque chose au milieu de tout ce confort et cette sécurité moderne, non ! plongez-vous simplement dans l'Histoire, la vraie ! Au passage vous apprendrez énormément du passé, vous étendrez votre culture et cerise sur le gâteau vous découvrirez un texte éblouissant, d'une beauté sulfureuse et sombre.


Un très beau livre traitant des origines du Mal, de la façon dont il contamine le monde au mépris de toutes valeurs humaines, donnant aussi l'espoir du triomphe du Bien, simplement par le courage, la ténacité, l'entêtement de héros qui ne peuvent se résigner à déclarer forfait; et enfin un roman sur l'amour indéfectible entre deux êtres, naissant dans les profondeurs de l'horreur. Un rayon de lumière toujours ...


Des passages d'une violence qui tétanise, une boucherie incompréhensible, menée par un homme insignifiant, un psychopathe. Un homme à l'esprit faible qui se laisse entraîner par le peintre Johannes Torrentius dans un monde de mystique, de société secrète, de mystères et de danger, que cet être débile n'est pas capable d'appréhender normalement.


Lorsque Torrentius lui montre la toile « Le massacre des innocents » de Cornelis Cornelisz, c'est une révélation pour Jeronimus Cornelisz. La similitude entre les deux noms n'est pas qu'un hasard, c'est un signe !

« Le Massacre des innocents, dit Torrentius. J'en ai obtenu le prêt, moyennant finance auprès de l'Académie. Et vous voulez savoir qui en est l'auteur ? Votre quasi homonyme, Cornelis Cornelisz.

-Cornelis Cornelisz de Haarlem ? C'est de lui ?

-Un pur génie. Influencé par l'art ancien et les écoles italiennes. Mais un génie, oui, incontestablement.

-Vous allez faire une copie de ce tableau ?

-Je m'en inspire. Pour une variante. Mais sans tout ce maniérisme. Une version réaliste, voyez-vous, quelque chose de plus outrageant, de moins baroque aussi. Comme si l'on vivait le massacre de l'intérieur. Je voudrais transformer cela, comment dire, en horreur scandaleuse. »

En horreur scandaleuse, se redit Cornelisz, tout en détaillant, admirant, analysant l'image du massacre ordonné par Hérode.


En 1629, le Batavia, navire affrété par la Compagnie néerlandaise des Indes orientales, échoue au large de l'Australie. Deux cent cinquante rescapés rejoignent des îlots. Jeronimus Cornelisz, l'intendant adjoint, second du subrécargue Pelsaert, l'armateur du bateau, parti chercher des secours au port de Batavia, décide de scinder le groupe sur trois îlots différents afin d'assurer son pouvoir et imposer sa volonté de fou furieux sur ces gens affaiblis et terrorisés.


Le moment est venu, avec un groupe de criminels en puissance il terrifie, oblige des hommes à devenir tueur s'ils veulent survivre à la bestialité ambiante. Tous s'enfoncent dans le sang, les immondices, la violence abjecte, la cruauté impensable. Un immense carnage de plus de cent victimes !


Face à Cornelis, deux résistants : Lucretia, une beauté courageuse partie retrouver son mari à Batavia, et Weybbe Hayes, un ancien militaire ayant déjà eu son compte de guerres et de monstruosités dans la vie.


« De cet épisode sanguinaire, Marc Biancarelli s'empare pour donner vie, corps et âme à des hommes contaminés par le Mal, qui corrompt ceux qui le touchent du doigt en un cercle vicieux dont ils ne peuvent s'extraire. Peinture d'une époque, Massacre des innocents, s'impose comme un roman total, à la fois épique et shakespearien, dont la puissante dramaturgie se soutient de scènes d'un lyrisme et d'une poésie qui travaillent la matière même de l'horreur. Face à l'extrême, quand devenons-nous des résistants, et, à l'inverse, qu'est-ce qui fait de nous des êtres déchus ? »


Tout est parfaitement dit dans cet extrait de la quatrième de couverture, question qu'on peut se poser pour tout conflit, guerre, crime ? Aurais-je été une résistante sous les nazis, suis-je capable de venir en aide à une femme qui se fait violenter devant moi, ou un plus faible qui se fait attaquer ? Qui suis-je vraiment ?


La bascule entre 1629 et le passé en Hollande de chaque acteur de ce drame éclaire la démonstration, toute la société baigne dans la violence, celle des criminels, celle de la justice et ses sentences. Nous irons jusqu'au bout de ce récit accompagnant, hébétés par tant d'inhumanité, les monstres et leurs victimes.

Un très beau travail de recherche et de documentation, des descriptions de Amsterdam et de la vie à bord d'un navire ou dans un comptoir comme Batavia de la Compagnie des Indes orientales très réussies et édifiantes. Un roman noir, historique et d'amour.

Quatrième de couverture

En 1629, au large de l'Australie, les quelque deux cent cinquante rescapés du naufrage d'un navire de commerce néerlandais sont victimes du plus grand massacre du XVIIe siècle. De cet épisode sanguinaire Marc Biancarelli s'empare pour donner vie, corps et âme à des hommes contaminés par le Mal, qui corrompt ceux qui le touchent du doigt en un cercle vicieux interrogeant perpétuellement ses origines.

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