top of page
IMG20230707173456_edited.jpg

Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

Le Stradivarius de Goebbels

Yoann Iacono

Slatkine & Cie

7 janvier 2021

268 pages

Historique

Chronique

31 mai 2021

Imaginez recevoir un jour un paquet contenant les carnets intimes d'une femme que vous avez pistée, poursuivie pendant des années et qui soudain, en fin de vie, vous accorde sa confiance afin de témoigner à sa place de son destin et de sa vérité .... C'est ce qui arrive au narrateur de ce roman.


Une histoire réelle à peine croyable où la musique est utilisée comme arme de guerre et outil de propagande par les nazis, allant même, outre les œuvres d'art, jusqu'à voler les instruments de solistes et musiciens plus ou moins connus.

L'allié de l'Allemagne d'alors est le Japon dont les méthodes, les mentalités, les idées sont semblables. Les moyens abjectes imaginés par Hitler et ses sbires seront les mêmes que ceux utilisés par certains militaires et scientifiques nippons.

Le génocide n'est pas seulement celui des juifs il est aussi celui des habitants des pays Baltes par les soviétiques, et des Chinois, des Philippins etc ...par les Japonais.


Dans ce contexte tout à fait effroyable certains continuent à vouloir créer de la beauté et ainsi transmettre la lumière. Nejiko Suwa, toute jeune violoniste fut une enfant prodige remarquée des autorités nippones. Son excellence fait la gloire du Japon et pour l'en remercier l'ambassadeur lui demande quel serait son plus grand rêve. Elle répond : avoir un Stradivarius


Or sous le contrôle de Goebbels, ministre entre autres de la propagande, un certain Gerigk, instrumentiste raté mais historien de la musique confirmé, bénéficiant de l'écoute du Führer quant à la nécessité d'utiliser la musique pour asseoir l'idéologie et la suprématie allemande sur le monde, a établi une liste exhaustive des musiciens non conformes aux diktats nazis et surtout de leurs instruments. Afin de resserrer des liens encore plus indéfectibles avec le Japon, quoi de mieux que d'offrir un Stradivarius à l'enfant chérie Nejiko Suwa ?


Honneur immense pour la jeune femme qui tremble à l'idée de se le faire voler.... Après être revenue à Paris pour parfaire sa formation auprès de Kamensky, une autre peur prend possession de son esprit jusqu'à devenir obsession : elle ne réussit pas à comprendre son violon, à en faire son partenaire de vie. Le Stradivarius qui s'avère être un Guarneri, a sa propre vie, sa propre histoire, pour être son " ami" pour partager avec lui le plus intime, il faut absolument que Nejiko se renseigne sur l'histoire de cet instrument, sur celle de ses propriétaires précédents. Mais Goebbels, Gerigk et les dignitaires japonais restent vagues.


À la fin de la guerre, une chasse aux objets, oeuvres et possessions juives est lancée par les alliés afin de restituer leurs biens aux vrais propriétaires. Felix Sitterlin, trompettiste de jazz et militaire est mandaté pour retrouver le violon d'un certain Lazare Braun, déporté et assassiné dans les camps

La délégation japonaise entourant l'ambassadeur doit arriver à Tokyo après avoir été retenue en captivité de luxe aux USA. Il attend de pied ferme la jeune prodige à sa descente du cargo. La rencontre est extrêmement violente, maladroite....


Nous allons suivre la soliste tout au long de sa vie de concertiste, découvrant ainsi les coulisses et le microcosme de la musique dans l'Allemagne nazie, la France occupée et tous les lieux où la renommée grandissante de la violoniste va la porter jusqu'à un certain concert où la magie s'invite nous offrant une scène d'une beauté poétique infinie...


Le violon et la musicienne vont-ils se rencontrer enfin ? Le passage de témoin entre Lazare et Nejiko est-il possible ? La musique est-elle plus forte que tout et plus généralement, l'Art est-il toujours vainqueur ? Qui sommes-nous, nous musiciens, quel est notre rôle dans un monde en déroute ? Devons- nous prendre parti, affirmer haut et fort nos convictions ou comme Furtwängler qui continua à diriger des orchestres au nom de l'Allemagne nazie, devons-nous utiliser notre art pour créer la beauté véritable absolue et donc de la lumière dans les ténèbres ?


Une fin bouleversante, un destin exceptionnel et dramatique, des questions existentielles incontournables pour tout artiste en temps de totalitarisme réel ou déguisé...

Très beau premier roman biographique à découvrir absolument.

Quatrième de couverture

Un cadeau empoisonné
Le roman vrai de Nejiko Suwa, jeune virtuose japonaise à qui Joseph Goebbels offre un Stradivarius à Berlin en 1943, au nom du rapprochement entre l'Allemagne nazie et l'Empire du Japon.
Le violon a été spolié à Lazare Braun un musicien juif assasiné par les nazis.
Nejiko n'arrive d'abord pas à se servir de l'instrument. Le violon a une âme. Son histoire la hante.
Après-guerre, Félix Sitterlin, le narrateur, musicien de la brigade de musique des Gardiens de la Paix de Paris est chargé par les autorités de la France Libre de reconstituer l'histoire du Stradivarius confisqué.
Il rencontre Nejiko qui lui confie son journal intime.

bottom of page