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- Le huitième livre de Vésale | EvanancesLittéraires
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Le huitième livre de Vésale Jordi Llobregat Cherche Midi 7 avril 2016 624 pages traduites par Vanessa Capieu Thriller historique Chronique 5 avril 2017 Pour un premier roman, c'est un coup de maître, du coup j'attends avec impatience le second ; s'il est de la même facture, quel bonheur ce sera de le lire. Thriller historique, celui-ci a évidemment un double intérêt : Le récit policier génialement construit et l'histoire de l'anatomie et du père incontesté de cette science moderne André Vésale (1514-1564), contemporain de Copernic, à qui nous tous devons d'être soignés correctement au XXIème siècle. Sans lui, son courage, sa ténacité, pendant combien de temps les médecins auraient-ils encore appliqué les dogmes de Galien, faux et dangereux. Je vous laisse vous reporter à la biographie de ce grand homme que j'ai postée sur ma page. Ce livre est une course poursuite après un meurtrier aux méthodes horrifiques, s'appuyant sur le livre d'anatomie de Vésale (comprenant 7 livres sur 700 pages) et surtout un supposé huitième « Octavus Liber » , dans la Barcelone de 1888 et ses souterrains putrides, à quelques jours de l'ouverture de l'Exposition Universelle . C'est très marquant, ce passage entre ce XIXème siècle de l'industrialisation, des grandes découvertes et de l'électricité, de la déshumanisation des masses laborieuses au service du profit de quelques uns, et cet écrit du XVIème siècle d'une modernité et une prescience hallucinante au service de l'humanité. Le vrai plaisir aussi est de lire les descriptions détaillées des lieux les plus célèbres ou les plus inconnus de cette ville voici 127 ans. Un régal pour l'amoureuse de Barcelona que je suis. Daniel Amat revient donc en catastrophe à Barcelone après 7 ans d'absence, ayant reçu à Glasgow où il a refait sa vie, un télégramme lui annonçant la mort soudaine de son père l'éminent et respecté Don Alfred Amat i Roures. Celui-ci s'était converti dernièrement à la médecine des pauvres dans le quartier de la Barcelanota, mais également mettait tout en oeuvre pour retrouver un tueur de jeunes filles modestes de ce quartier, les laissant défigurées, brûlées, en lambeaux. La légende est vite répandue que ce serait une bête immonde la Gos Negra qui serait à l'origine de ces morts. Au sortir du cimetière, Daniel est abordé par un journaliste de faits divers au Correo de Barcelona, Bernat Fleixa, qui lui apprend que son père a certainement été assassiné et qu'il était assisté par un étudiant en chirurgie bien curieux et surdoué, Pau Gilbert. Daniel qui s'est littéralement enfui voici 7 ans de Barcelone après l'incendie de la maison familiale où ont péri sa fiancée et son frère Alec, dont il se sent encore responsable, revoit également Irène la soeur de sa fiancée lors des funérailles.... Daniel va donc devoir affronter sa propre histoire, rechercher la vérité sur ce qui s'est déroulé lors de l'incendie, et traquer avec l'aide de Fleixa et Gilbert un psychopathe monstrueux. C'est un Jules Vernes policier et moderne que vous offre Jordi LLobergat, à dévorer avec enthousiasme. Quatrième de couverture Barcelone, 1888. Quelques jours avant l'ouverture de l'Exposition Universelle, Daniel Amat, un jeune professeur d'Oxford, est de retour dans sa ville natale pour assister aux funérailles de son père. Il y apprend que ce dernier, médecin dans les quartiers pauvres de la ville, enquêtait sur les meurtres mystérieux de jeunes ouvrières. Leurs blessures rappelant étrangement un ancien fléau ayant sévi il y a bien longtemps, la ville est la proie de toutes les superstitions. À l'aide d'un journaliste et d'un étudiant en médecine, Daniel reprend les investigations et découvre bientôt que les crimes sont liés à un mystérieux manuscrit, œuvre d'un anatomiste du XVIe siècle, Vésale. C'est dans les galeries de tunnels souterrains qui courent sous la ville que Daniel mettra à jour l'incroyable secret qui hante Barcelone. Avec cette œuvre monumentale saluée par une critique unanime, véritable labyrinthe de mystères et d'énigmes, Jordi Llobregat signe un thriller historique qui fera date. Au-delà de personnages aux ambiguïtés multiples, et d'une construction diabolique, il nous fait véritablement ressentir l'âme d'une ville, Barcelone avant l'apparition de l'électricité, plus fascinante, sombre et baroque que jamais. Magistral ! Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- L'orphelin des Docks | EvanancesLittéraires
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires L'orphelin des Docks Cay Rademacher JC.Lattès / Le Masque 2018 331 pages traduites par Georges Sturm Thriller Chronique 19 février 2019 Deuxième tome de la trilogie hambourgeoise, « L'assassin des ruines » l'a précédé en 2017. Un livre que j'ai beaucoup aimé, un polar historique, et une course contre la montre pour arrêter au plus vite le tueur qui s'attaque à des enfants de Hambourg en 1947. Une ville incendiée, après les bombes de la RAF, par un soleil brûlant. Paysage d'une cité détruite où soudain apparaît au détour d'une rue des bâtiments épargnés miraculeusement. C'est une zone britannique sous contrôle des Tommies, dont MacDonald, lieutenant qui va collaborer avec l'Oberinspektor Franck Stave. Celui-ci, qui n'a jamais eu de carte du parti national socialiste. Ceci a provoqué la stagnation de sa carrière pendant la guerre et une mésentente avec son fils Karl, d'abord dans les jeunesses hitlériennes puis engagé à 17 ans pour partir sur le front russe. La mort de sa mère dans les ruines de leur maison après un bombardement violent, l'impossibilité pour Franck de l'extraire des décombres, n'ont pas arrangé leur relation. Enfin il ignore où est son fils, mort ou vivant, enfermé dans un camps russe, il espère en son retour avec impatience et inquiétude. Il a également entamé une relation amoureuse avec Anna issue de l'aristocratie allemande, ruinée, très mystérieuse quant à son passé. Deux thèmes très importants dans ce roman : 1/- Les enfants de la guerre, les enrôlés dans le conflit après un bon lavage de cerveau hitlérien, qui reviennent totalement désabusés, épuisés. Les 40 000 enfants sans plus de famille, ayant perdu leur parents sous les bombes ou lors d'autres attaques militaires. 21 000 d'entre eux n'ont pas retrouvé de proches chez qui se réfugier. Mille de ces jeunes refusent de rester en foyer et se débrouillent comme ils peuvent pour survivre dans Hambourg en ruine, grâce au vol de charbon par exemple, ou au trafic de cigarettes, médicaments...au marché noir, jusqu'à se prostituer quelques fois... Leur innocence a disparu, leur méfiance vis à vis des adultes est totale. Des enfants-loups, enfin, venus de l'Est fuyant les troupes russes, les plus jeunes ont six ans, se battant violemment pour se faire un territoire d'action afin de développer toutes les activités déjà citées. Les jeunes hambourgeois sont les ennemis des bandes d'enfants- loups. Guerre de gangs. 2/- Le marché noir pour tout sorte de marchandises auquel s'adonne tout le monde, même notre héros policier, afin de pouvoir se nourrir à peu près correctement, se vêtir, se chausser, s'offrir du vrai café, des médicaments, des objets de décoration, comme des bibelots en porcelaine de Meissen, des tableaux retrouvés au milieu des gravats etc.... Un sport national indispensable pour les hambourgeois, ludique pour les anglais ou américains sur place pendant peu de temps ; Anna la maîtresse de Franck s'y adonne, et fait de sacrés bénéfices. Tout peut être récupéré, volé, subtilisé au risque de perdre la vie, comme ces gamins qui se servent en coke de charbon après avoir bondi sur des wagons en train de rouler. Une découverte donc de cette ville en 1947 par le prisme des enfants et du marché noir. Les anglais ont redonné son travail à Franck Stave avec même une promotion. C'est un homme méticuleux, fragilisé dans son corps et sa tête par le cauchemar qu'il a traversé, comme tous les allemands, bienveillant et juste, ou sévère et sans pitié selon le degré de culpabilité de ceux qu'il arrête. La reconstruction de ce pays en complète allégeance aux forces alliées, ici les britanniques, nécessite une ligne de conduite claire et nette, sans à peu près concernant la légalité, la morale. Il est le premier témoin de la misère, du désarroi des Allemands. Une canicule sans précédent en juin, plus d'eau, pas un souffle d'air, un décor infernal, et la vie criminelle qui s'épanouit dans ce contexte. Quatrième de couverture Frank Stave, tome 2 Hambourg, 1947, l'été est écrasant de chaleur. L'inspecteur principal de la police allemande, Frank Stave, vivote dans une ville faite de privations et de rationnements. Il continue d'attendre des nouvelles de son fils disparu après la guerre dans la débâcle du front de l'Est mais commence à perdre espoir. Dans un entrepôt en ruine, à deux pas du port désormais vide, le corps d'un enfant assassiné est découvert étalé sur une bombe qui n'a jamais explosé. La scène est macabre et le crime odieux. L'enquête va conduire l'inspecteur sur les traces des enfants-loup, ces orphelins de guerre qui vivent à l'écart de la société, sauf lorsque la faim les pousse au trafic ou à la prostitution. Avec l'aide de son ami MacDonald, lieutenant anglais dans la police d'occupation, Frank Stave va mener l'enquête en se risquant dans une ville détruite où la loi est suspendue et la morale perdue. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- La ville de vapeur | EvanancesLittéraires
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires La ville de vapeur Carlos Ruiz Zafón Actes Sud 18 novembre 2021 192 pages traduites par Maria Vila Casas Roman Chronique 19 février 2022 « Bientôt, formes indistinctes, père et fils se confondent avec la foule des Ramblas, et leurs pas se perdent pour toujours dans l'ombre du vent. » L'Ombre du vent Titres des nouvelles composant ce recueil posthume : - Blanca et l'adieu - Sans nom - Une demoiselle de Barcelone - Rose de feu - Le Prince du Parnasse - Conte de Noël - Alicia, à l'aube - des hommes en gris - La femme de vapeur - Gaudí à Manhattan - Apocalypse en deux minutes C'était une volonté de l'auteur de compiler toutes les nouvelles qu'il avait écrites et fait paraître sur différents supports en un seul ouvrage que voici, après que nous ayons pu découvrir le dernier opus de la tétralogie du « Cimetière des livres oubliés ». C'est un magnifique, touchant cadeau que Carlos Ruiz Zafón nous fait par delà la mort à nous lecteurs orphelins de l'homme, du romancier. Je suis moi-même très étonnée de l'attachement profond que j'ai éprouvé pour lui et de l'immense peine que j'ai ressentie à sa disparition et qui semble avec le temps gonfler encore. Peut-être l'époque délétère que nous vivons, bien proche des univers créés par l'écrivain, provoque en moi le besoin de réponse dans les livres, le besoin de beauté, de Bien face à toute cette laideur, ce Mal qui semble encore gagner. Ce recueil est un condensé de ce qui fait l'univers zafonien : gothique, poétique, mélancolique, crépusculaire, drôle, imaginatif, légendaire, romanesque, tendre, cruel, dangereux, sidérant.... Je pourrais continuer ainsi éternellement. À l'instar des romans, ces textes sont inclassables regroupant des caractéristiques du conte, du roman historique ou d'amour, du thriller, du polar, du fantastique, du fantasy, de l'épique. Cependant une constante reste Barcelone, une cité de tous les dangers, de tous les possibles, une Barcelone fantasmée, fantasmagorique, ténébreuse, qui trouve son pendant à la fin de l'ouvrage, grâce au voyage de Gaudi à Manhattan. Les personnages iconiques déjà rencontrés dans la saga du Cimetière croisent à nouveau notre route ; Carlos Ruiz Zafón remonte même le temps, revient à la genèse de certains d'entre eux ; il nous donne aussi, enfin, les éléments concernant la création de la bibliothèque des livres oubliés. La boucle est bouclée. L'œuvre achevée sur une dernière nouvelle qui ne pourra pas, chers admirateurs de cet homme, ne pas vous bouleverser. J'étais et je suis encore les larmes aux yeux.... Prophétique, magnifique, pur.... Quatrième de couverture Un architecte qui fuit Constantinople avec les plans d'une bibliothèque inexpugnable, un étrange cavalier qui arrive à convaincre un tout jeune écrivain (accessoirement nommé Miguel de Cervantes) d'écrire un roman inégalable... on retrouve dans ce recueil une atmosphère et des thématiques familières aux lecteurs de Zafón : des écrivains maudits, des bâtisseurs visionnaires, des identités usurpées, une Barcelone gothique et certains des personnages phares de la tétralogie du "Cimetière des livres oubliés", tels Semperé, Andreas Corelli ou David Martin. Il se dégage de l'ensemble une unité parfaite et un charme profond et envoûtant, dans un halo de mystère (et de vapeur). Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Mrs Dalloway | EvanancesLittéraires
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Mrs Dalloway Virginia Woolf Editions des Femmes Antoinette Fouque Bibliothèque des voix 20 janvier 2022 7 h 23, lu par Catherine Deneuve Roman Chronique 20 janvier 2022 Texte édité par Gallimard en 1994 et traduit par Marie-Claire Pasquier. Réalisation de Francesca Isidori : « Elle ne dirait plus jamais de personne, il est ceci, il est cela. Elle se sentait très jeune; et en même temps, incroyablement âgée. Elle tranchait dans le vif, avec une lame acérée ; en même temps, elle restait à l’extérieur, en observatrice. Elle avait, en regardant passer les taxis, le sentiment d’être loin, loin, quelque part en mer, toute seule; elle avait perpétuellement le sentiment qu’il était très, très dangereux de vivre, ne fût-ce qu’un seul jour. » V. W. C'est un challenge presque insurmontable que d'écrire un avis sur un tel enregistrement, une telle œuvre, une telle interprétation. Masochisme ou inconscience totale ? Je ne sais pas encore... Folie douce certainement, de celle qui anime chaque artiste, créateur, citoyen engagé... La folie d'exprimer puis de diffuser une pensée libératrice, profondément intime tout en étant universelle. Tant d'analyses éclairées existent au sujet de l'œuvre de Virginia Woolf ou concernant le jeu de Catherine Deneuve, que je ne me sens pas légitime, moi lectrice lambda certes chanteuse lyrique soliste et addict aux mots, (est-ce suffisant ?), à asséner un quelconque jugement sous forme de vérité absolue. Ridicule ! Car ce qu'un roman de Virginia Woolf ou une interprétation de Catherine Deneuve nous apprennent, c'est bien qu'il ne faut être catégorique en rien, que la réalité se pare de multiples apparences, qu'elle est mouvante, changeante d'un individu à l'autre, que sous un sourire de façade peuvent se cacher une violence, un désespoir, une révolte. Choisir Catherine Deneuve, pour ce texte en particulier, semble le seul choix possible, tant elle est passée maîtresse dans l'art d'évoquer bien des sentiments, des réalités, parfois dérangeantes, sous une beauté faussement parfaite, un sourire énigmatique, un regard indéchiffrable.... telle l'hôtesse idéale que sera Clarissa Dalloway pour ses invités d'un soir.Or la maîtrise, chez le personnage ou chez sa créatrice, cache la peur, la conscience de sa propre imperfection, de ses limites.... de son envie soudaine de tout arrêter.... Joue-t-on à être heureux visiblement, où l'est-on ? Tout le jeu social, en cette journée de juin 1923 semble vain, factice, voué à l'échec... On est joyeux, on profite de petits bonheurs puis brusquement tout apparaît inutile, sans consistance... La voix de Catherine Deneuve aujourd'hui mûrie, faillible, illustre parfaitement, malgré ou grâce à la rapidité du débit, cet air de rester en surface, de ne pas creuser, afin de ne pas sombrer dans le gouffre, celui ressenti par une femme de 53 ans sur le fil d'un rasoir.Nous sommes, nous lecteurs, à l'instar de cette société anglaise corsetée du début des années 1920, comme enfermés dans un cadre, celui d'une caméra en plein travelling, sans aucune pause, du matin à la fin de la réception dans la nuit. Nous voyons le décor, nous ressentons tout par le prisme de Clarissa partie acheter des fleurs pour décorer son intérieur. Quartier de Westminster, Arlington Street, Piccadilly, St James's Park, Bond Street... Tout en ayant les images de ce périple sous les yeux, l'esprit de Clarissa Dalloway bouillonne, fait des digressions, remonte le temps, comme le nôtre le fait en permanence, bégayant, beugant, avançant subitement.... Virginia Woolf réussit à rendre cet état d'auto analyse inconsciente, tout en étant en action. Le présent et le passé sont ses compagnons de voyage... Soudain les yeux de Clarissa se pose sur une autre personne et nous voilà projetés dans ce nouveau protagoniste. Ainsi faisons-nous la rencontre intérieure de Lucrezia, jeune épouse italienne, désespérée par l'état de son mari Septimus, victime d'un syndrome post traumatique violent dû à la première Guerre Mondiale qui n'en finit pas de tuer en écho de nouvelles victimes, de Peter Walsh revenu des Indes, ancien amour de Clarissa, de Richard Dalloway, compagnon parfait, de Elizabeth leur fille, de Sally l'amie de jeunesse..... Toute une galerie de portraits contrastés, de la bourgeoisie, de l'élite, de la domesticité, de la classe moyenne.. tous jouant une partition commune avec plus ou moins de bonheur, certains décidant soudain de quitter le groupe, d'arrêter la mascarade, de ne plus essayer d'être celui ou celle que les autres veulent que vous soyez.... Tous fragiles, tous des fragments de l'écrivaine. Si l'un tombe, si le jeu s'arrête et si l'un d'entre eux abandonne la partie, le risque est grand que d'autres veuillent le suivre. Virginia Woolf le sait, Ô combien. Elle sait le désespoir, elle sait l'envie d'en finir, elle sait ce que des mondanités, des apparences peuvent cacher, elle sait le danger que représentent les autres pour une femme essayant de garder difficilement l'équilibre, le sourire, la maîtrise. Son mal-être perceptible sous le maquillage, le savoir vivre, l'application des règles, est celui de chacun au sortir de cette effroyable boucherie que fut la première Guerre Mondiale.Les fondements de la société ont tremblé ; tous en frissonnent encore, par intermittence. On retrouve ici certaines nouvelles écrites auparavant par Virginia Woolf insérées dans ce long Continuum que constitue cette journée de préparatifs à la réception donnée chez les Dalloway.Il n'y a pas de scénario ni d'intrigue à proprement parler, comme toujours avec cette autrice impressionniste qui déroule les heures - The Hours - précédant l'événement du soir en nous plaçant à l'intérieur d'une caméra, s'attachant à nous montrer les autres.... Pour brusquement nous faire devenir ces autres.... C'est brillant, drôle, cruel, juste, bienveillant, d'une acuité psychologique folle. Virginia Woolf n'a pas peur de flirter avec la mort, la détresse, à frôler le précipice. L'interprétation de Catherine Deneuve n'en est pas une, c'est une re-création, et telles certaines divas de l'opéra, change des mots, des respirations, en ajoute d'autres, à l'instar d'une Maria Callas ou d'une Régine Crespin qui savaient que pour respecter l'essence d'une oeuvre, il fallait quelques fois l'adapter. Ce n'est pas trahison, c'est une nécessité afin de, étonnamment, coller encore plus à la vérité exprimée ou suggérée. J'aime, par exemple, la Cassandre de Régine Crespin dans Les Troyens de Hector Berlioz ; pourtant elle change par endroits la partition faisant en sorte d'être Cassandre sans être stoppée par une syllabe maladroite sur une note trop haute. Une oeuvre vit encore, bouge, se métamorphose à travers le temps, bien après la mort de son auteur. C'est en cela qu'elle reste contemporaine, moderne, essentielle, vibrante. Un enregistrement à garder précieusement, à réécouter. Quatrième de couverture A Londres, ce soir, Clarissa Dalloway offre une fête ! La haute société anglaise a intérêt à s’amuser. Or, de vieilles connaissances ressurgissent des limbes et exhument des souvenirs comme on ouvre une boîte de Pandore. Ce mois de juin d’après-guerre n’en est pas moins radieux. Quant à Lucrezia, déracinée de son Italie natale, elle tente de retrouver son mari dans la froide Angleterre. Septimus est là, mais absent. Pâle vétéran décoré, le jeune homme reste hanté par les tranchées et les bombes. Parfois, il entend la voix d’un de ses amis mort au front. Mrs Dalloway fait le récit de la journée d’une femme de la haute société dans l’Angleterre du début des années 1920. Alors que Clarissa Dalloway se rend chez le fleuriste, l’écrivaine profite de l’occasion pour dresser un portrait de la ville de Londres et de ses habitants. Mais le roman permet surtout à Virginia Woolf de déployer la langue virtuose qui l’a rendue célèbre, à mesure que Clarissa Dalloway prépare la réception qu’elle organise et qui aura lieu à la fin du roman. Au fur et à mesure que la focale s’attarde sur tel ou tel personnage et ses souvenirs, c’est le thème de l’altérité qui semble s’imposer comme véritable sujet du texte – l’altérité de soi face aux autres aussi bien que de soi pour soi-même. « Elle aurait de beaucoup préféré être de ces gens qui, comme Richard, faisaient les choses pour elles-mêmes ; alors qu’elle, se disait-elle en attendant de traverser, la moitié du temps, elle ne faisait pas les choses tout simplement, pour elle-même ; mais afin que les gens pensent ceci ou cela ; et c’était complètement idiot car personne ne s’y laissait prendre une seconde. » V. W. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- L'affaire de l'homme à l'escarpin | EvanancesLittéraires
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires L'affaire de l'homme à l'escarpin Jean-Christophe Portes City Editions 2018 477 pages Polar Historique Reportage Autobiographie Chronique 18 août 2018 Deuxième enquête de Victor Dauterive dans la France révolutionnaire. Peut-être aurais-je dû attendre un peu avant de lire immédiatement la suite de « L'affaire des corps sans tête » ? Du coup j'ai été un peu moins entraînée dans cette histoire qui peu ou prou, que ce soit par sa construction ou le propos, ressemble beaucoup au précèdent tome. Bien entendu, c'est la suite du premier livre me direz-vous : les conséquences de l'énorme bourde de la fuite de la famille royale et son arrestation à Varennes sont traitées avec clarté, l'obligation évidemment de trouver le moyen de sauver le roi vis à vis de l'opinion publique, de la question de son inviolabilité, de son retour sur le trône, également de son cousin d'Orléans attendant peut-être de prendre sa place en tant que régent, etc ... sont au centre de l'intrigue. J'ai adoré la description de Paris de 1791, d'être ainsi télétransportée dans une réalité virtuelle tout à fait bien rendue. Un vrai plaisir pour tout parisien, une visite exaltante. Ce roman est aussi une très belle peinture de tout cet univers pré Terreur : Les salons tenus par des femmes, chacun avec sa particularité et ses sujets de discussion, ce petit monde de révolutionnaires, d'intellectuels, d'artistes, d'utopistes, de bourgeois, de militaires, d'hommes d'état, de mendiants se côtoyant, se frôlant, en accord ou en conflit, comme si on y était. On retrouve Victor Dauterive, notre héros, le 10 juillet 1791 et le suivons pendant 7 jours jusqu'au premier massacre de civils au champs de Mars, lors de la signature de la pétition pour la destitution du Roi par des centaines de parisiens. Concernant les libertés de l'auteur pour servir sa fiction, elles sont expliquées en fin d'ouvrage ; les distorsions de la vérité des évènements, du caractère ou de la vie d'un personnage célèbre, m'ont un peu gênée, je n'en suis pas forcément fan ; je sais que de grands noms de la plume comme Dumas ont pratiqué cette " méthode", mais je me demande s'ils ne serait pas possible tout de même, de respecter l'exactitude des faits historiques entièrement, sans ces aménagements, tout en écrivant un roman de fiction. Un exemple : Madame de Keralio est décrite comme un personnage parfaitement insupportable, antipathique, sans grande moralité, et comploteuse.... C'est un peu ennuyeux quand on sait quelle femme formidable, en avance sur son temps, elle était, dont l'engagement et les actions politiques pour la cause féminine ont encore un impact aujourd'hui, même si le commun des lecteurs ne le sait pas forcément. Idem pour Olympe de Gouges et sa relation à la Reine à qui elle dédie carrément sa Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, ce n'est pas une simple lettre comme dit dans le roman, ( je me permets de recopier la dédicace et d'ajouter en photo une partie des articles de ce document).Également je prend la liberté de signaler la biographie de Marie-Antoinette écrite par Antonia Fraser qui rétablit beaucoup de vérités sur cette femme, sur le rôle réel qu'elle a pu jouer dans les décisions prises, entre autres concernant la fuite désastreuse de Paris, et son impact essentiel, depuis jusqu'à aujourd'hui, sur l'art de vivre français, la musique, la culture de notre pays, dont nous nous vantons tant, tout en égratignant sa mémoire. Nous oublions vite.... Les quelques éléments évoqués quant à la Reine sont toujours négatifs ou mitigés dans ce livre par le biais des regards d'Olympe ou de La Fayette. C'est dommage ! Elle mérite mieux. Toujours est-il que ce roman policier historique et d'action doit rester aux yeux de tous un divertissement, où l'on sent que l'auteur s'amuse réellement tout en s'appuyant sur une bibliographie et une documentation solides. 1791 « Déclaration des droits de la Femme et de la Citoyenne, dédiée à la Reine : Madame, Peu faite au langage que l'on tient aux rois, je n'emploierai point l'adulation des courtisans pour vous faire hommage de cette singulière production. Mon but, Madame, est de vous parler franchement ; je n'ai pas attendu, pour exprimer ainsi, l'époque de la liberté : je me suis montrée avec la même énergie dans un temps où l'aveuglement des despotes punissait une si noble audace.Lorsque tout l'Empire vous accusait et vous rendait responsable de ses calamités, moi seule, j'ai eu la force de prendre votre défense. Je n'ai jamais pu me persuader qu'une princesse, élevée au sein des grandeurs, eût tous les vices de la bassesse... Il n'appartient qu'à celle que le hasard a élevée à une place éminente, de donner du poids à l'essor des Droits de la Femme, et d'en accélérer les succès. Si vous étiez moins instruite, Madame, je pourrais craindre que vos intérêts particuliers ne l'emportassent sur ceux de votre sexe. Vous aimez la gloire : songez, Madame, que les plus grands crimes s'immortalisent comme les plus grandes vertus ; mais quelle différence de célébrité dans les fastes de l'histoire ! L'une est sans cesse prise pour exemple, et l'autre est éternellement l'exécration du genre humain. On ne vous fera jamais un crime de travailler à la restauration des mœurs, à donner à votre sexe toute la consistance dont il est susceptible. Cet ouvrage n'est pas le travail d'un jour, malheureusement pour le nouveau régime. Cette révolution ne s'opérera que quand toutes les femmes seront pénétrées de leur déplorable sort, et des droits qu'elles ont perdu dans la société. Soutenez, Madame, une si belle cause ; défendez ce sexe malheureux, et vous aurez bientôt pour vous une moitié du royaume, et le tiers au moins de l'autre. Voilà, Madame, voilà par quels exploits vous devez vous signaler et employer votre crédit. Croyez, Madame, notre vie est bien peu de chose, surtout pour une reine, quand cette vie n'est pas embellie par l'amour des peuples, et par les charmes éternels de la bienfaisance... Voilà, Madame, voilà quels sont mes principes. En vous parlant de ma patrie, je perds le but de cette dédicace. C'est ainsi que tout bon citoyen sacrifie sa gloire, ses intérêts, quand il n'a pour objet que ceux de son pays. Je suis avec le plus profond respect, Madame Votre très humble et très obéissante servante, De Gouges. » Quatrième de couverture Paris, 1791. Un jeune homme est découvert assassiné dans un quartier populaire. Il est nu, à l'exception d'une paire d'escarpins vernis et cela ressemble à un vol qui a mal tourné. Mais quand on apprend que le jeune homme fréquentait les milieux homosexuels et qu'il travaillait pour un journal politique, l'affaire prend une tout autre tournure. Le gendarme Victor Dauterive découvre que cet assassinat est lié aux intrigues se jouant au plus haut niveau du pouvoir. Depuis la fuite à Varennes, Louis XVI a été suspendu de ses fonctions et, dans l'ombre, le parti du duc d'Orléans fait tout pour s’emparer du pouvoir. Dans les bas-fonds de la capitale, entre aristocrates et révolutionnaires, Dauterive ne sait plus à qui se fier. La corruption, l'avidité et les trahisons sont monnaie courante et le danger est à chaque coin de rue. Surtout quand on s'approche un peu trop près de la vérité... Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Nous rêvions juste de liberté | EvanancesLittéraires
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Nous rêvions juste de liberté Henri Loevenbruck Flammarion Avril 2015 432 pages Divers Chronique 6 décembre 2017 Un écrivain que j'apprécie vraiment, un artiste complet qui m'intrigue, me voilà repartie dans une nouvelle aventure en toute confiance... En ces jours de tristesse et de deuil, je me souviens d'une question très justement posée : « Si toi petit garçon ou fillette tu revenais te voir aujourd'hui adulte, que voudrais tu que tu te dises » . J'avais répondu immédiatement : « merci tu ne m'as pas trahie, tu as réalisé presque tous mes rêves et tu ne m'as pas oubliée. Nous sommes restées libres. » L, H& R : Loyalty, Honor and Respect. Les fondamentaux d'une vie d'Homme et de Femme dignes de ces noms, et la Liberté. Mais laquelle ? Tous le livre de Henri Loevenbruck tente de répondre à cette question. Peut on séparer les trois qualités premières de tout à chacun, et des bikers de ce roman, de la liberté. Celle-ci a un prix, être entièrement soi-même dans l'honneur, la loyauté et le respect ce n'est pas donné à chacun. C'est ce que va découvrir Hugo dit Bohem, en référence à la roulotte dans le jardin de ses parents où il se réfugie et à Queen. « Nous avions vingt ans et nous rêvions juste de liberté ». Drôle d'explication lorsqu'on se retrouve devant un juge. C'est le début du récit par la fin.... pourquoi comparaît il devant un tribunal ? Qu'est-ce qui s'est mal passé ? Providence, ville sur le déclin, lycée catholique où vont se rencontrer quatre garçons, paumés, rêvant d'ailleurs, cumulant les conneries pour qu'on sache qu'ils existent. Freddy le chef de bande un castagneur au grand cœur, le chinois en fait vietnamien, toujours défoncé pour ne pas voir la misère où se trouve sa mère et ses petits frères et sœurs, Alex, le calculateur chétif et dingue de livres et enfin Hugo en mal d'amour et de reconnaissance, ses parents lovés sur leur deuil de leur fille, incapables de voir la souffrance de leur gamin de seize ans. Une immense histoire d'amour- amitié naît entre Freddy et Hugo. Freddy lui fait découvrir le monde de la mécanique, des motos.... Le virus est attrapé et bientôt , le départ sur les routes pour rejoindre Vernon à l'autre bout du pays est envisagé. Après un passage de six mois en centre de redressement, la question ne se pose plus... Mais Freddy refuse de partir.... La quête amputée d'un de ses membres débute pour le groupe, la découverte des bikers, de leurs règles et hiérarchies, des guerres de gangs, des trafics de tous genres, de la dope, des filles.... Une fureur de vivre, pour certains de mourir, un road movie, le voyage de chevaliers en armures sur leurs beaux destriers, des gamins qui poursuivent leur enfance, qui se cherchent des racines, des codes de vie. L'absence de Freddy est insoutenable cependant Bohem continue jusqu'au bout de lui-même et trace son chemin..... Mais sa liberté va faire des envieux, un évènement tragique va tout remettre en question, les plus faibles vont se perdre et se faisant trahir la cause..... Épique, sublime, poignant, dans un style parlé inventif et imagé, je suis très touchée à la fin de cette aventure, métaphore de ce qu'est la vie, la vraie, selon des critères d'humanité, de Loyauté, d' Honneur et de Respect. À part ! Quatrième de couverture «Nous avions à peine vingt ans et nous rêvions juste de liberté.» Ce rêve, la bande d'Hugo va l'exaucer en fuyant la petite ville de Providence pour traverser le pays à moto. Ensemble, ils vont former un clan où l'indépendance et l'amitié règnent en maîtres. Ensemble ils vont, pour le meilleur et pour le pire, découvrir que la liberté se paie cher. Nous rêvions juste de liberté réussit le tour de force d'être à la fois un roman initiatique, une fable sur l'amitié en même temps que le récit d'une aventure. Avec ce livre d'un nouveau genre, Henri Loevenbruck met toute la vitalité de son écriture au service de ce road-movie fraternel et exalté. » Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Les Suprêmes | EvanancesLittéraires
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Les Suprêmes Edward Kelsey Moore Actes Sud/ Babel 2014 414 pages traduites par Cloé Tralci avec la collaboration d'Emmanuelle et de Philippe Aronson Roman Chronique 23 août 2018 Un roman historique rythmé bouleversant, drôle, incisif, percutant, entre les années 60 et 2005, qui reste en tête comme une chanson des Suprêmes, ou le fameux « Respect » de la grande Aretha Franklin ; une écriture musicale sur le fil des sentiments : les larmes au bord des cils de rire ou de douleur, un premier livre en clair obscur sur une amitié de Femmes et le destin de leur entourage vivant ou encore hantant gentiment les lieux. Edward Kelsey Moore est violoncelliste professionnel à Chicago, cela explique cette mélodie toujours présente, celle de la Vie toute puissante traversant les années malgré les joies extrêmes et les drames indicibles. La suite de ce best-seller s'intitule « Les Suprêmes chantent le blues » en 2018. Je le lirai bientôt.... De vraies scènes d'anthologie presque cinématographiques irrésistibles, des personnages qu'on adore, auxquels on s'attache vraiment, des thèmes forts, le racisme, la ségrégation, la violence familiale, la maladie, la mort, le souvenir des disparus, la résilience, la bravoure quotidienne pour simplement réussir à respirer, l'amitié et l'amour indéfectibles, le deuil du conjoint ou de l'enfant, la vengeance, le meurtre.... Des moments inoubliables qui nous rappellent de profiter de chaque instant, chaque minute.... Être conscient du bonheur actuel n'est pas si facile. Quatrième de couverture Elles se sont rencontrées à la fin des années 1960 et ne se sont plus quittées depuis : tout le monde les appelle “les Suprêmes”, en référence au célèbre groupe de chanteuses des seventies. Complices dans le bonheur comme dans l’adversité, ces trois irrésistibles quinquas afro-américaines aussi puissantes que fragiles ont, depuis leur adolescence, fait de l’un des restaurants de leur petite ville de l’Indiana longtemps marquée par la ségrégation leur quartier général où, tous les dimanches, entre commérages et confidences, rire et larmes, elles se gavent de nourritures diététiquement incorrectes tout en élaborant leurs stratégies de survie. Née dans un sycomore, l’intrépide Odette, qui mène son monde à la baguette, converse secrètement avec les fantômes et soigne son cancer à la marijuana sur les conseils avisés de sa défunte mère, tandis que la sage Clarice endure les frasques de son très volage époux pour gagner sa part de ciel. Toutes deux ont pris sous leur aile Barbara Jean, éternelle bombe sexuelle que l’existence n’a cessé de meurtrir. D’épreuves en épreuves, l’indissoluble trio a subsisté contre vents et marées dans une Amérique successivement modelée par les ravages de la ségrégation raciale, l’insouciance des années hippies, la difficile mise en route de “l’ascenseur social”, l’embourgeoisement, sous la houlette des promoteurs immobiliers, des quartiers naguère réservés aux Noirs et les nouveaux catéchismes de la modernité mondialisée. Invitation à une lecture aussi décalée que féconde de la problématique raciale aux États-Unis, ce formidable et attachant roman de l’amitié et de la résilience emmené par d’époustouflants personnages et porté par l’écriture imagée et subversive d’Edward Kelsey Moore, s’affirme avant tout comme une exemplaire défense et illustration de l’humanisme conçu comme la plus réjouissante des insurrections. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Apnée noire | EvanancesLittéraires
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Apnée noire Claire Favan Pocket 12 février 2015 384 pages Thriller Chronique 5 mai 2022 Un thriller policier très « américain » et cinématographique à la Linwood Barclay, efficace, vif, loin de la violence et du côté trash de « Le Tueur intime », tout aussi passionnant et haletant, mettant en scène un tandem improbable formé d'un flic en perdition alcoolique et suicidaire et d'une agente du FBI, véritable star des médias, glaçante et intrigante. Le postulat de départ n'est pas en soi original, mais son traitement l'est. On lit ce roman très vite, de plus en plus intrigués par le développement et les retournements que nous a concocté avec délectation l'autrice. Tous les ingrédients indispensables à la réussite d'un polar sont là avec un petit supplément spécial signé Claire Favan : des révélations surprenantes de dernière minute absolument imprévisibles nous emmenant bien loin du chemin balisé que nous pensions suivre. À noter l'humour omniprésent et un sens de la psychologie aiguisé. Le passage au Salon de l'occultisme est un moment réjouissant... Claire Favan s'amuse et ose, et cela fonctionne très bien. Un très bon policier. Quatrième de couverture Tout est là, comme avant. Une jeune femme, noyée dans la baignoire. La cordelette bleue qui lui attache, dans le dos, les poignets aux chevilles. Jusqu'au pendentif en forme de trèfle à quatre feuilles – un détail jamais révélé à la presse... La signature du serial killer Vernon Chester. Sauf que... Voilà plus d'un an que Chester a poussé son dernier souffle dans le couloir de la mort. Alors ? Un imitateur ? Une erreur judiciaire ? Pour Megan Halliwell, du FBI, et Vince Sandino, flic au passé trouble, la plongée en eaux profondes devient aussi perverse qu'irrespirable.. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- La Ballade du café triste et autres nouvelles | EvanancesLittéraires
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires La Ballade du café triste et autres nouvelles Carson McCullers Editions des Femmes Antoinette Fouque 2022 5 h 30, traduction de Jacques Tournier Classique Chronique 9 juin 2022 Réalisation Francesca Isidori. Ce livre audio a été publié avec le soutien de la SCPP. Musique : - Scènes d'enfants, op. 15, n°1 : « Gens et pays lointains » et « Scènes de la forêt », op. 82 ; « L'Oiseau prophète » de Robert Schumann, exécutés au piano par Ronan O'Hara. - Musique originale de Chris Lancry interprétée à l'harmonica par le compositeur : L'écriture de La Ballade du café triste, longue nouvelle ou court roman commença pendant l'été 1941. Carson McCullers voulait ajouter deux autres nouvelles de taille identique mais elle prît du retard, en pleine rédaction de Frankie Addams. Elle repousse donc le projet de deux ans. La Ballade paraît dans le magazine Harper's Bazaar en 1943. Ce n'est qu'en 1951 que le texte est édité avec l'ajout de 6 autres nouvelles déjà parues dans divers magazines. Titres des Nouvelles : 1 à 7 La Ballade du café triste 8 Wunderkind 9 Le Jockey 10 Madame Zilensky et le roi de Finlande 11 Celui qui passe 12 Un problème familial 13 Une pierre, un arbre, un nuage Ce sont des portraits d'êtres en perdition, en recherche continuelle et obsessionnelle d'amour souvent pas ou mal partagé, de chaleur. Ils veulent mettre fin à leur solitude mais ont de telles difficultés à communiquer aux autres leurs sentiments que cela est peine perdue. Carson McCullers est incroyable de justesse d'analyse sans jamais aucune concession avec la réalité, dans un refus total d'enjoliver le tableau. La Ballade du café triste met en scène un trio amoureux des plus improbables. La figure dominante est Amelia, la femme hommasse aux manières brusques, sur laquelle des rumeurs courent... Elle a le don de soigner ses semblables et de savoir distiller de l'alcool. L' ambiance Sud profond de cette petite ville est très bien rendue. Arrive un matin un curieux personnage, un bossu qui dit être le cousin de Amelia. Est-il sorcier, elle l'accepte chez elle, lui fait vraisemblablement une place dans son lit. Il est joyeux, communiquant, il a l'idée de transformer la maison en café qui ne désemplit plus. Cependant un fantôme du passé d'Amelia ressurgit qui va rebattre les cartes du destin. Une courte trêve offerte par la météo déréglée, "douceur rêveuse de la neige qui tombe. Le silence de la ville, l'avez-vous connu si profond ?", et déjà les évènements se précipitent vers le drame.... Wunderkind : Cincinnati Ohio, vers 1930, en cet après-midi d'hiver, Frances, jeune fille de 15 ans se rend à sa leçon de piano chez son professeur depuis 12 ans Mr Bilderbach. La musicienne, enfant prodige d'où son surnom, ne réussit plus depuis quelques semaines à atteindre le même niveau d'exécution que d'habitude. Elle est donc extrêmement nerveuse, se motive intérieurement mais l'arrivée du maître ne fait que renforcer le malaise. Pourra-t-elle dépasser la simple perfection technique pour atteindre les sommets de l'interprétation personnelle d'une œuvre ? En a-t-elle envie ou les capacités ? N'est-ce pas plutôt le tandem formé par cet homme et cette jeune fille s'éveillant à sa féminité qui est dépassé ? La Solitude de l'instrumentiste est parfaitement rendu, sentiment d'impuissance, d'être nul en cela peu aidé par le professeur paternaliste et égocentré. Violent souvenir pour moi mais passage obligé pour tout artiste. Le jockey : Après une grande course, un jockey est invité à rejoindre son entraîneur, un bookmaker et le propriétaire du cheval pour prendre un verre. Pour le bookmaker, Bitsy aussi appelé le Kid, est dingue. Le jeune homme est furieux, déboussolé, il vient d'apprendre qu'un de ses amis ne pourra plus jamais remonter sur un cheval de course. Il boit de plus en plus, les autres, formant une sorte de trio en antagonisme avec lui, adoptent une attitude infantilisante, non empathique. Le jeune homme est totalement seul pour gérer sa peur de l'avenir si lui aussi faisait une mauvaise chute, sa tristesse, sa colère. Il se sent utilisé..... Madame Zilensky et le Roi de Finlande : Une nouvelle particulièrement cruelle et bouleversante mettant en scène une femme pathétique et certainement profondément malheureuse qui s'enfonce peu à peu dans des mensonges des plus abracadabrants. Lorsqu'elle est mise face à ses dérives, entre autres qu'elle connaît le Roi de Finlande, elle perd pied.... Celui qui passe : Un homme retrouve celle qui fut sa femme, aujourd'hui heureuse, remariée, mère d'un petit garçon adorable. Il se sent de plus en plus intrus dans cette image de la famille idéale, va jusqu'à mentir sur sa propre situation personnelle... Un problème familial : Tragédie de l'alcoolisme d'une jeune mère Emily et ses répercussions sur toute sa famille. Tout est vu par le regard du mari totalement désespéré, tiraillé entre son amour pour elle et son devoir de protéger ses enfants. Cette nouvelle est particulièrement émouvante. L'interprétation de Anouk Grinberg m'a fracassée. Une pierre, un arbre, un nuage : Un homme tente d'expliquer dans une sorte de monologue, à un jeune garçon de 12 ans, ce qu'il sait de l'amour. Une science qui lui est venue trop tard selon lui. "- Sais-tu par où l'homme devrait commencer à aimer, fils ? Le garçon était attentif tout petit sur son tabouret. Il remua doucement la tête. Le vieil homme se pencha et murmura Une pierre, un arbre, un nuage." Anouk Grinberg utilise toute la palette de couleurs, d'intensités, de puissance jusqu'au murmure pour interpréter ces sept nouvelles. Adoptant un rythme très ralenti pour la Ballade sudiste, elle réussit à faire naître un sentiment de malaise, de danger y apportant une ambiance très Thriller, chronique d'un drame annoncé.... Elle m'a profondément touchée dès qu'un enfant intervenait dans l'histoire. Et plus elle parait froide dans sa lecture, plus cela renforce l'impression d'implacabilité du destin. Du sur mesure. Quatrième de couverture « Quand la gigantesque Miss Amelia accueille un gringalet bossu qui se prétend son parent, les rumeurs s’enflamment. Va-t-elle l’abattre pour le détrousser? Son magasin rouvre, transformé en café. Il devient un lieu incontournable pour la clientèle que Cousin Lymon distrait de sa vie misérable. Les deux êtres que tout oppose s’associent corps et âmes, pour le meilleur et pour le pire. « La ballade du café triste », « Wunderkind », « Un problème familial »… Carson McCullers a élaboré de 1936 à 1951 ce recueil de sept nouvelles où l’alcool et la musique coulent à flots. » « Il serait faux d’affirmer que la ville entière participa à cette fête satanique. Quelques personnes sensées estimèrent que Miss Amelia était suffisamment riche pour ne pas se donner le mal d’assassiner un vagabond qui transportait de la camelote. Il existait même dans la ville trois âmes charitables qui refusèrent d’instinct de croire à ce crime, malgré l’intérêt et l’immense scandale qu’il susciterait. » C.McC. Anouk Grinberg monte pour la première fois sur les planches à 13 ans sous la direction de Jacques Lasalle. Elle tourne avec Olivier Assayas et Philippe Garrel, puis Bertrand Blier la révèle au grand public. Ils collaborent à trois films dont Mon Homme, qui lui vaut l'Ours d'argent de la meilleure actrice à la Berlinale de 1996. Également artiste plasticienne et autrice, elle expose depuis 2009 et signe plusieurs livres, dont en 2021 l'essai Dans le cerveau des comédiens aux éditions Odile Jacob. Elle remporte deux Coups de cœur 2020 de l'Académie Charles Cros et le Prix du livre audio France Culture - Lire dans le noir 2021 pour ses lectures de Colette pour « La Bibliothèque des voix ». Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Les Vendanges du Loubiac | EvanancesLittéraires
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Les Vendanges du Loubiac Michel Giard De Borée 22 août 2019 456 pages Historique Terroir Recueil Chronique 20 août 2019 « Dieu n'avait donné que l'eau, Mais l'homme a fait le vin. » Victor Hugo, Les Contemplations. « En Bordelais, tous les chemins du coeur et de l'esprit conduisent à un pressoir, à une vigne, à une maison remplie par l'âme du vin. » Une affiche fixée sur le panneau devant toutes les mairies reprend en 1914 l'appel du Président du Conseil René Viviani aux femmes de France : « ..., Debout, donc, femmes françaises, jeunes enfants, filles et fils de la patrie ! Remplacez sur le champ du travail ceux qui sont sur le champ de bataille. Préparez-vous à leur montrer, demain, la terre cultivée, les récoltes rentrées, les champs ensemencés ! Il n'y a pas dans ces heures graves, de labeur infime. Tout est grand qui sert le pays. Debout ! À l'action ! À l'œuvre !... » Un appel auquel va répondre l'héroïne de ce roman historique, Léonie, jeune femme brisant ainsi le carcan de son éducation, épouse de Philippe Marciac, propriétaire d'un domaine viticole au Loubiac. Les femmes, depuis la révolution française ont tenté d'obtenir une égalité de droits en tant que citoyennes, en vain ; elles ont été de toutes les guerres, mais cette fois-ci, lors de ce premier conflit mondial de l'ère moderne ouvrant véritablement le XX ème siècle, elles refusent de se taire. Des journaux confidentiels comme La Voix des Femmes ou L'Equité, des livres tel Une voix de femme dans la mêlée de Marcelle Capy paraissent au moment même où les anglaises et les américaines, très en avance, se battent pour le droit de vote. Avec l'aide de son beau père, André Marciac, et du maître de chai, Lucas Drion, Léonie va donc apprendre son nouveau métier mais bien vite l'élève va dépasser ses instructeurs, projetée dans un avenir où de nouvelles méthodes de publicité, de communication, de commerce international vont voir le jour. Mais, malgré tous ses efforts, dans l'ombre, des profiteurs de guerre attendent patiemment la mort du patriarche et celle de son fils. Celui-ci, en vrai professionnel, se rend rapidement compte, sur le front, que le vin servi aux soldats est de qualité inférieure et que la distribution est anormalement irrégulière. Manifestement certains s'enrichissent sur le dos des guerriers avec un cynisme insupportable. Son courrier d'avertissement à son père est détourné, la censure joue son rôle, Philippe devient l'homme à abattre. Sa mort est programmée, sa carrière au sein de l'armée stoppée, afin de le laisser en première ligne et favoriser son trépas. La piquette est rebaptisée "pinard", des chansons à boire sont écrites, mais celles-ci ne peuvent couvrir les cris et la fureur. Un roman de terroir situé de 1914 à l'aube de la seconde guerre mondiale n'est pas forcément unique ; cependant celui-ci l'est par la vision que l'auteur nous offre, par le biais du regard des viticulteurs, producteurs ou ouvriers agricoles, sur cette guerre dont on a tant débattu. Ils nous révèlent des vérités incroyables quant à ce vin, enjeu commercial et économique énorme, en ces temps de conflit barbare. Des fortunes se sont construites sur le sang des victimes, des propriétés ont été rachetées après guerre, pour rien, par des vautours qui ont attendu leur heure ; des assemblages de plusieurs cépages ont commencé à être imaginés pour baisser les coûts, ainsi que l'importation de vins étrangers. Aujourd'hui, où la consommation d'alcool est limitée, nous ne pouvons imaginer que ce vin était sur toutes les tables, même celle des enfants. Que cela allait de soi bien mieux que l'eau, et qu'il devait impérativement faire partie du paquetage des poilus. Que son absence a fait gronder la révolte, que certains soldats, considérés comme des contestataires dangereux, ont été fusillés ou mis en première ligne. Un roman qui fait froid dans le dos... L'arrivée des américains et d'un des leurs, Alexandre Noisette va changer le destin de Léonie et de l'entreprise familiale. Une fiction passionnante, extrêmement bien écrite, foisonnante de détails et précisions amusants ou sidérants sur la petite et la grande histoire de notre pays. À ne pas rater en cette rentrée littéraire. Quatrième de couverture Rien ne prédestinait Léonie Marciac à diriger le domaine viticole familial en Bordelais. Pourtant, tout change avec la mobilisation de son mari en août 1914. Visionnaire, habile et décidée, Léonie se révèle une remarquable femme d’affaires et s’émancipe, au grand désespoir de son époux. Des foires aux vins à l’Europe des palaces, des beaux jours de l’été 1914 à ceux de 1939, quel sera le destin de Léonie, femme de tête et de cœur ? Saveurs des huîtres du bassin d’Arcachon et soupe amère, passions et déchirements, jeunesse et déclin, grands malheurs et petits bonheurs alternent sur les rives de la Gironde et au bord de la mer. Extrait : « Au Loubiac, le 30 juin 1914, la pluie avait cessé dès l'aube. Le ciel resplendissait et l'air chargé de senteurs estivales poussait la porte du domaine. de la terrasse, la vue sur l'admirable perspective du fleuve. La Gironde indolente glissait entre les rives comme un ruban plissé par le sillage des voiliers et des vapeurs qui gagnaient le large. Vers l'amont, après les îles, à la hauteur de Saint-Julien et de Margaux, on imaginait les fumées des usines et des ateliers, l'agitation du port et de la ville de Bordeaux. Pour arriver à la molle ondulation du relief où s'étendait la propriété, la route gravillonnée dessinait quelques lacets, ponctués de maisonnettes qu'occupaient les ouvriers du domaine. » Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Prince d'orchestre | EvanancesLittéraires
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Prince d'orchestre Metin Arditi Actes Sud 2012 373 pages Thriller Chronique 17 février 2019 Ce roman m'a terrassée, quel cauchemar ! Celui de Alexis Kandilis, un des plus grands chefs d'orchestre qui pourtant va tout perdre, chuter au fond du gouffre, souffrir de panique, perdre pied au moment où tout semble lui sourire. Un regard, une silhouette connue dans le public d'une salle de concert, des souvenirs qui explosent brutalement dans sa mémoire, les premières notes Des Kindertotenlieder- Les chants des enfants morts de Gustav Mahler qui envahissent son esprit.... Tout s'efface, il est au bord du précipice le grand homme que tous aiment, admirent, exploitent, craignent, jalousent.... La construction d'une vie est longue, elle peut être détruite en une fraction de seconde... Un regard, une silhouette, un enfant foudroyé.... Lorsqu'on est musicien de haut niveau dans ce cadre très élitiste et anxiogène des théâtres et salles de concerts de musique classique, d'Opéra, on apprend à jouer la comédie comme dans le monde diplomatique des ambassades, afin de ne surtout pas montrer ses failles, ses fragilités. Ce sont des métiers où l'on peut atteindre des sommets ou s'enfoncer dans la terreur. Si on perd de vue l'essentiel, la Musique, on se condamne soi-même à s'égarer dans l'illusion, les apparences, le désir des autres, dans sa propre image tel un Narcisse pitoyable. " Les déboires d'Alexis avaient fait le tour du monde symphonique. Depuis trente cinq ans qu'il faisait ce métier, Ted avait appris à connaître les chefs. Tous à des degrés divers, étaient difficiles. Mais tous aimaient la musique. Ils étaient portés par elle, nourris d'elle. Ils vivaient à travers elle. Les grands plus encore que les autres. Sans doute était-ce là ce qui faisait leur marque : la vénération qu'ils avaient devant la grande musique. Alexis n'était pas dans ce cas. Lui avait été aimé de la musique, plus sans doute qu'elle n'avait aimé personne. Elle s'était offerte à lui dans toute son intimité. Il n'avait eu qu'à tendre la main pour connaître d'elle le mystère de chaque instant. Le secret de chacun de ses replis intimes. Mais dans sa frénésie de gloire, il n'avait pas imaginé qu'elle pourrait attendre de lui quelque chose en retour. Il s'était comporté avec elle comme un homme qui exploite l'amour d'une femme sans vergogne, tant il est persuadé qu'elle lui restera attachée toujours et quoiqu'il fasse, au point de tout accepter. Jusqu'à ce qu'un jour elle se dise que la plaisanterie a assez duré et le quitte." Tout commence par une découverte macabre de trois corps : deux dans une cuisine, le dernier écrasé sur le trottoir devant l'immeuble. Tout commence par une soirée mémorable où Alexis dirige un grand orchestre à Genève comme toujours, avec presque trop de facilité et de détachement, tout en jouant l'émotion, blasé du triomphe qui déjà avant l'entracte éclate ; au moment de saluer il repère au balcon sa femme Charlotte issue de la bonne société genevoise, au physique ingrat, à l'intelligence limitée, sa mère qui a tout sacrifié pour lui et ne cesse de le lui répéter inlassablement, de son agent Ted et son assistante Sonia, de deux amies Tatiana et Pavlina en couple, d'un biographe, et puis soudain de Lenny, un revenant, une ombre du passé, qui fut avec lui dans le même pensionnat. Alexis vacille, et si Lenny parlait ? Et le biographe qui pourrait apprendre ce qu'il cache depuis toujours.... Un thriller psychologique absolument terrorisant. Tout est disséqué, tout est analysé, un monde de beauté qui devient celui de la cruauté la plus abjecte. On hésite entre prendre dans nos bras le petit garçon innocent que reste Alexis, et le fuir au plus vite car toxique. Et des Kindertotenlieder tournent en boucle... Et Alexis tombe toujours inexorablement. Monstrueux ! Des morts encore et toujours.... De quoi est donc coupable Alexis ? Il se croyait au sommet, béni des dieux, il va comprendre qu'il est seul ! Quatrième de couverture Alors que chaque concert lui vaut un triomphe et qu'il se trouve au sommet de sa gloire, le chef d'orchestre Alexis Kandilis commet une indélicatesse dont les conséquences pourraient être irrémédiables. Sa réputation est ébranlée. Aux déceptions et revers qui s'ensuivent il oppose la certitude de son destin d'exception. Mais les blessures les plus anciennes se rappellent à son souvenir. L'insidieux leitmotiv des «Kindertotenlieder» - «Les chants des enfants morts» - de Gustav Mahler lui chuchote sans répit le secret qu'il voudrait oublier. La chute est inexorable. Seules l'amitié ou la confiance de quelques proches semblent l'ouvrir à une autre approche de son talent, susciter en lui un homme nouveau, dont la personnalité glisserait de la toutepuissance à la compassion, de l'arrogance à l'empathie profonde. Se dessine peut-être une métamorphose... Roman haletant, parcours exalté, bouleversé par les véhémences de la musique, « Prince d'orchestre » est aussi une réflexion sur la part d'imprévisible que contient toute existence, sur la force du hasard et les abîmes de la fragilité humaine, sur les souffrances que convoque, apaise, et souvent transcende l'inépuisable fécondité de l'art. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- L'Anglaise d'Azur | EvanancesLittéraires
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires L'Anglaise d'Azur Gabrielle De Lassus Saint-Geniès Erick Bonnier Août 2018 299 pages Biographie Chronique 19 octobre 2020 « Most of her personal records have regrettably been lost. » « La plupart de ses archives ont malheureusement été perdues. » Larry Schaaaf, au sujet d'Anna Atkins La remarquable vie romancée d'Anna Atkins, première femme photographe de l'histoire et botaniste . « Je suis née à la fin d'un siècle qui présageait des ombres et des lumières, au crépuscule des royaumes et à l'aube des empires. Tandis que l'Angleterre allait voir s'agrandir ses territoires outre-mer, j'ai bâti mon univers, ma nation intérieure. Tandis que le tumulte des guerres agitait les esprits, ignorée de tous je cueillais en silence mes fleurs et hantais les plages désertes pour y ramasser des algues. J'observais les splendeurs du vivant dans mon microscope et regardais le firmament dans mon télescope, contemplant l'effroi du macrocosme. » Splendeur ! Un très beau roman biographique qui dès les premières lignes vous capte et vous enchante tant sa musique intime est harmonieuse, tant l'écriture est magnifique, remarquable. Évidemment on pense à Jane Austen... Je n'ai recopié qu'une de ces phrases qui m'ont suspendue, soudain... Et en lisant la biographie de l'auteure je comprends pourquoi. La poésie est entrée ainsi chez moi et la passion de Anna Atkins et de sa biographe pour la Vie, la Botanique m'a emportée. Deux hommes sont au centre du parcours de cette éternelle contemplatrice et curieuse du monde, de sa faune et sa flore : son père John George Children et son mari John Pelly Atkins. Des êtres d'exception tant dans leur vie professionnelle que dans leur engagement "féministe", leur amour total, et leur présence désintéressée afin de permettre à cette femme de passer de l'état de chrysalide prometteuse à celui de papillon magnifique, pour reprendre La si belle formule paternelle, mais aussi pour qu'elle puisse vivre en son Art selon les désirs de son époux. Derrière tout grand homme il y a une femme dit-on, et cette fois-ci l'inverse est réel. Magnifique histoire de tendresse, de passation de témoin, de générosité, d'amour entre ces trois êtres alors même que la vie ne les épargne pas. La mort, la maladie frappent inéluctablement, sans pitié, et on en arrive à trembler pour eux, attendant les faire-parts de décès à leur courrier, terrifiés qu'une grossesse ne s'annonce alors même que tant de femmes meurent en couche ou des suites d'une naissance, telle la mère de l'héroïne. Et pourtant cette dernière est désespérée de son infertilité. Mais peut-être celle-ci lui a-t-elle permise de réaliser son grand oeuvre, en y mettant toutes ses forces, toute l'attention qu'elle ne pouvait donner à un enfant. Héroïne : ce mot est des plus justes car il en a fallu du courage pour mener cette existence malgré tout, pour poursuivre un travail gigantesque de recherche, d'essais scientifiques et chimiques multiples, d'élaboration d'un catalogue d'espèces animales et végétales sans précédent grâce à ses dessins et à ses tirages, ses cyanotypes. Elle aurait pu se laisser vivre comme tant de bourgeoises de l'époque, mais non ! La technique particulière de cyanotype est parfaitement décrite en page 243, car en plus d'être beau, poétique, ce roman est également extrêmement précis quant aux domaines scientifiques et les découvertes extraordinaires de l'époque. Une période d'avancées spectaculaires, de progrès, qui touchent la vie quotidienne de tous : du premier timbre postal à la première ligne de chemin de fer, à la photographie, à la médecine...... On meurt beaucoup, on peut être atteint de Spleen, se laisser dépérir, mais on peut aussi voyager par monts et par vaux, traverser les océans ou imaginer l'impensable dans son laboratoire ou son atelier ; que de milliers de kilomètres ses êtres de ce début du XIXe siècle parcourent, c'est incroyable.... ! Bouger est le maître mot tant au réel qu'en esprit.... La poésie et les belles lettres sont très présentes et nécessaires pour supporter les malheurs et les incessantes guerres ; j'ai vraiment été amusée du regard de cette anglaise royaliste sur la France qui ne cesse de changer de régime politique, toujours insatisfaite et en révolte ! Enfin les questions essentielles des conditions de travail des femmes et des enfants, de la présence de toutes les classes sociales au parlement et pour finir, stupéfaction, de la liberté de culte des catholiques interdite depuis Henri VIII puis sa fille Elisabeth 1ère ( !!!! ) sont toutes traitées. Donc un roman biographique magnifique tant par sa forme que pour ce qu'il réussit à nous dépeindre. Vous aurez une vision complète de cette époque et de cette société anglaise grâce à ces lignes écrites avec talent, élégance, délicatesse et passion sincère Quatrième de couverture Artiste, botaniste, dessinatrice, première femme ayant publié un ouvrage avec des illustrations photographiques, Anna Atkins (1799-1871), fille du grand chimiste John George Children fait partie des pionnières de la photographie à l'instar de Constance Fox Talbot, Clémentine Hawarden et Julia Margaret Cameron. Fille unique et chérie d'un grand savant trois fois veuf qui habite avec elle au British Museum, elle reçoit une éducation scientifique hors du commun, aussi bien en chimie, en botanique qu'en zoologie. À l'âge de 25 ans elle produit deux-cent cinquante dessins pour illustrer la version anglaise du classement des coquillages de Lamarck, traduite par son père. Contemporaine de John Keats, de Lord Byron et de Jane Austen, elle vit au cœur du cercle des amis et collègues scientifiques de son père, en ayant accès aux travaux des pionniers de la photographie comme John Herschel qui lui enseigne la technique du cyanotype. Son époux John Pelly Atkins Henry est ami de William Fox Talbot qui brevète le calotype à la même période. De quarante à cinquante ans, Anna Atkins effectue plus de quatre-cent cyanotypes, afin de reproduire sous forme de dessins photogéniques à fond bleu les familles des algues, des fougères et des fleurs essentiellement britanniques. À la mort de son père, elle rédige une émouvante biographie sur la vie de ce dernier. Moderne par sa liberté de créer, volontaire par sa puissance de travail et exemplaire par son inlassable curiosité scientifique, Anna Atkins a laissé des œuvres d'art inoubliables dont les bleus azuréens éblouissent encore aujourd'hui ceux qui les contemplent. Cette fiction inspirée de faits réels raconte le destin d'Anna Atkins, « l'Anglaise d'Azur « , une femme d'apparence ordinaire qui va rendre sa vie quotidienne extraordinaire grâce à l'art et à la science dans une Angleterre victorienne emportée parla révolution industrielle et la tourmente romantique. Héroïne inconnue qui traverse son siècle avec passion, Anna Atkins a été remise à l'honneur par Google sur son moteur de recherche le 16 mars 2015 pour commémorer le 216e anniversaire de sa naissance. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Agatha Raisin enquête : La quiche fatale | EvanancesLittéraires
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Agatha Raisin enquête : La quiche fatale M.C.Beaton Albin Michel 1er juin 2016 320 pages traduites par Esther Ménévis Polar comédie Chronique 30 juin 2017 Réjouissante cette quinquagénaire en préretraite, femme d'affaire avisée et pugnace dans la Communication à Londres, qui se retrouve face à elle-même dans le village des Costwolds dans son cottage où elle s'ennuie terriblement et ne sait pas du tout comment se faire des amis. Un comble ! Alors comme dans toute l'Angleterre friande de concours multiples et variés, son village organise un concours de tarte. Mais Agatha ne sait pas cuisiner, elle est une pro du micro onde et du café instantané. Qu'à cela ne tienne, elle va faire passer une quiche aux épinards achetée chez son traiteur londonien préféré pour son oeuvre. Il faut ce qu'il faut ! Mais l'arbitre de la compétition s'effondre chez lui après en avoir mangé, mort ! Il y a mieux pour se faire des amis qu'être tout d'un coup une criminelle potentielle. Réjouissant, truculent, inventif, c'est un livre humoristique et sans prétention qui fait passer un très bon moment. Elle va vite Agatha, elle nous essouffle tant elle court, se démène dans tous les sens. Elle est attendrissante car elle est totalement paumée dans cette nouvelle vie dont elle ne connait pas les codes. Joli portrait d'une héroïne hors norme, agaçante et touchante, mais aussi de la province anglaise entre inspecteur Barnaby et Miss Marple. Le pire c'est que ce n'est même pas exagéré. Donc oui je le recommande pour s'alleger et s'amuser. Très réussi. Quatrième de couverture Sur un coup de tête, Agatha Raisin décide de quitter Londres pour goûter aux délices d'une retraite anticipée dans un paisible village des Costwolds, où elle ne tarde pas à s'ennuyer ferme. Afficher ses talents de cordon-bleu au concours de cuisine de la paroisse devrait forcément la rendre populaire. Mais à la première bouchée de sa superbe quiche, l'arbitre de la compétition s'effondre et Agatha doit révéler l'amère vérité : elle a acheté la quiche fatale chez un traiteur. Pour se disculper, une seule solution : mettre la main à la pâte et démasquer elle-même l'assassin. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Brèves de solitude | EvanancesLittéraires
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Brèves de solitude Sylvie Germain Editions des Femmes Antoinette Fouque 17 juin 2021 4 h 31 mn, lu par l'autrice Roman Chronique 14 septembre 2021 Texte édité en 2021 chez Albin Michel, la musique est une création sonore de Vincent Henquinet, la réalisation toujours très soignée est de Francesca Isidori : J'avais un peu peur d'écouter ce texte quant au sujet traité, en raison de mon extrême sensibilité concernant la détresse, partout visible et choquante nous entourant hier comme aujourd'hui, et la gravité des évènements actuels. Je pensais ne pas sortir indemne, prendre le risque de remettre certaines cicatrices à vif. Et puis, pas du tout. Au contraire même, l'autrice réussit, grâce à sa finesse d'analyse, son regard acéré mais toujours bienveillant, son empathie et bien évidemment son talent de narratrice et d'écrivaine, à nous faire sortir de notre confinement intellectuel et psychologique, à nous faire sourire voire carrément rire de certaines situations totalement ubuesques et savoureuses nées de cette période folle, à nous émouvoir aux larmes à l'évocation des gestes mêmes infimes de profonde humanité, d'amour, de tendresse, de solidarité. Le cauchemar covid 19 commence juste au début de ce récit, il n'y a pas si longtemps et pourtant cela nous paraît soudain si lointain, quelques mois qui semblent des années tant ils furent denses, tant nous retrouver face à l'impensable, face à nous mêmes, a semble-t-il allonger les minutes. Pour certains la conscience de l'avènement d'un changement de société gravissime en marche est immédiate pendant que d'autres continuent leurs vies comme si de rien n'était. C'est le temps où parler, exprimer ses opinions après des mois de réflexion et d'analyse de la situation n'est pas encore venu. C'est le temps de la sidération post choc. La porte d'entrée qui se ferme, qui nous emprisonne tout en nous protégeant, enfin pour ceux qui ne sont pas à la rue... L'occasion pour certains aussi de faire une pause forcée mais en réalité bien venue dans la course poursuite qu'était devenue leur vie, et puis tous ceux seuls qui se prennent tout dans la face, qui ne sont pas armés pour affronter un tel isolement, un tel abandon. Sylvie Germain nous offre, et c'est véritablement un cadeau, une galerie de portraits très contrastée lui permettant d'aborder tous les aspects de cette crise sanitaire des premières heures et ses répercussions négatives mais pas seulement sur : Joséphine, Guillaume, Magali, Anaïs, Xavier, stella, Serge, Émile, Émir, Merlin, Yllka, Garou, Bobby, Ehtnaca, Véronique, un inconnu.....nous finalement. Ce roman est une respiration construit en deux parties, Autour d'un silence et Lune solitudes, une suspension, un moment pour intégrer et faire le point sur ce que nous avons déjà traversé avant d'affronter la suite des événements. « Brèves de solitude » réussit à recréer le lien entre nous, à briser notre isolement. Le témoin est passé, merci à l'autrice qui réussit en outre une très belle lecture de son texte. Quatrième de couverture Ils ne se connaissent pas et se regardent en chiens de faïence dans le square parisien où quotidiennement ils se croisent. Joséphine, Guillaume, Anaïs, Xavier, Stella, Serge, Émir… Ils entendent d’une oreille l’arrivée lointaine d’un fléau au nom baroque. Mais ils ne s’en préoccupent guère, si ce n’est Magali qui vient de retrouver le goût de vivre, ou lorsqu’ils plongent leurs pensées dans les yeux fiévreux d’un vagabond. Bientôt les voici enfermés, à regretter la présence irritante et rassurante des autres. « Ah, qu’on lui en donne les moyens, c’est à-dire du temps, et il écrira son Odyssée, sa Divine Comédie, son Guerre et Paix, son Moby Dick, sa Légende des siècles, son Désert des Tartares, son Crime et châtiment, son Frankenstein, son Bruit et la Fureur, son Vie et destin, son Pavillon d’or… Oui, du temps, du temps rien qu’à lui, et le magma d’images qui couve et bout dans sa tête, le plasma de mots qui gronde et chuinte dans son sang, entreront en éruption, en explosion. Du temps et du silence où laisser résonner toute cette haute clameur. » S.G. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Tu me vertiges | EvanancesLittéraires
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Tu me vertiges Florence Marguier-Forsythe Le Passeur Éditeur Mars 2017 405 pages Biographie Chronique 31 décembre 2017 Dernier livre de l'année 2017 pour ma plus grande joie, une histoire d'amour, une vraie.... « Tu me vertiges » et Albert Camus répond à ce message de Maria Casares « Tu es mon unique ». Tout est dit. Lors d'une lecture organisée dans une librairie du XIVe arrt intitulée « Eros ou la passion amoureuse », Florence M. Forsythe a interprété un extrait de ce « roman biographique », celui où Albert annonce à Maria que sa femme Francine va venir le rejoindre à Paris. Dans un état de sidération soudain, Maria focalise son attention sur une lame du plancher du studio que son amant loue à Gide, afin de ne pas sombrer dans le gouffre vertigineux qui s'ouvre sous ses pieds. La justesse psychologique et la qualité de l'écriture m'ont immédiatement poussée à me procurer au plus vite ce livre. Chose faite, j'ai encore dû finir des ouvrages empruntés, avant de pouvoir enfin m'y replonger. J'ai donc relu les soixante premières pages puis la suite sans m'interrompre. La première impression qui me reste quelques heures après la fin de ma lecture est celle d'entendre encore les rires des deux amoureux filant en bicyclette dans les rues de Paris, ce 6 juin 1944, juste avant de passer leur première nuit ensemble. Date incontournable de l'histoire mondiale puisque c'est celle du débarquement en Normandie. Déjà, cette passion née pendant la guerre dans un certain contexte de danger, est en péril par la paix annoncée et tant espérée, et le retour probable de la femme de Camus. Mais cela, Maria ne peut le savoir. Trois mois plus tôt, en mars 1944, elle le remarque lors d'une Fiesta organisée chez les De Leiris afin de créer une pièce de Picasso absurde, mise en scène par Camus. Toute l'intelligentsia et le gratin parisien est présent, tout ce microcosme d'intellectuels, d'artistes, de créateurs géniaux, transgressifs, quelques fois désespérés, rescapés pour certains d'une première guerre mondiale monstrueuse, s'étant jetés à corps perdu dans les ivresses et les débordements des années folles pour conjurer le sort. En cette année 44, ils se retrouvent à nouveau le ventre criant famine, comme en état second lors de fêtes, où grâce au marché noir, ils peuvent se nourrir et se donner l'illusion que le monde tourne encore normalement. Tous ne se leurrent pas, certains résistent et se battent, d'autres font le dos rond, enfin malheureusement certains vont se révéler condamnables à la libération. Pour le moment, Maria a 22 ans, elle travaille au Théâtre des Mathurins sous la direction de son mentor Marcel Herrand. Elle se fait une très jolie place de comédienne grâce aux premiers rôles que lui offre son protecteur, et aussi d'actrice, elle vient de jouer dans « Les enfants du paradis ». Albert, à 31 ans, a déjà fait paraître « l'étranger », et vient de terminer la rédaction de la pièce le « Malentendu ». Il vient d'ailleurs de déposer un exemplaire à l'attention de Herrand afin qu'il la lise et peut-être la monte. Ce dernier est enthousiaste, une première lecture en présence de l'auteur est organisée. La vraie rencontre a donc lieu entre Maria et Albert. Au fil des répétitions, les liens se noueront peu à peu pour ne plus se défaire pendant quinze ans, sauf les deux ans de séparation qu'impose Maria à bout. En effet, après avoir enfin avoué à la jeune femme qu'il est marié, que sa femme arrive, Albert en rajoute une couche en l'informant de la naissance de jumeaux. Pour Maria, c'est une couleuvre impossible à avaler, son honneur, sa liberté de femme et d'artiste sont en jeu. Elle se sent justement en péril. Elle stoppe tout. Cependant le hasard ou le destin, ou Eros, remettent le 6 juin 1946 exactement, les amants en présence aux jardins du Luxembourg. Après une valse hésitation, tout recommence. Ils doivent se rendre à l'évidence que ces deux années, où chacun a vécu d'autres aventures, n'ont rien changé. On s'étonne déjà depuis la soirée chez les Leiris de l'attirance inexpliquée de Maria pour Albert. Et pourtant peut-être parce qu'elle est douée d'une prescience et d'un instinct fabuleux, elle sait inconsciemment que cet homme est le sien. Ils ont de nombreux points communs mais également des différences qui loin de les éloigner, les lient encore plus. Ainsi tous les deux sont en exil dans cette France raciste, élitiste, donnant la part belle à certains, issus de la grande bourgeoisie, de Normale Sup et des grandes écoles. Maria est née en Galicie, et dès ses onze ans déménage avec douleur à Madrid avec ses parents, membres de la très haute société, Gloria femme volage et fragile, et Santiago. Celui-ci vient d'être nommé ministre, c'est un homme d'une grande érudition, aux principes moraux de droiture et de devoir envers l'Espagne profondément chevillés en lui, engagé en politique comme en mission, critique mais juste, qui va éduquer sa fille dans les mêmes principes de fierté, d'honneur et de respect des aïeux, en plus de lui donner l'amour des lettres et du théâtre. Il lui offrira des exemplaires de pièces incontournables du répertoire. En 1936, il se voit contraint, compte tenu de la gravité des événements liés à Franco et la guerre civile espagnole, de mettre ses deux femmes dans le premier train pour Paris. Ce deuxième exil, après celui de Galicie à Madrid, va transformer Maria en guerrière et en protectrice de sa mère. L'enfance est terminée, l'attente après le père commence . Albert est né en Algérie, dans une famille modeste comprenant un père caviste, une mère d'origine espagnole sourde pratiquement et analphabète et un frère aîné Lucien. Malheureusement le père et le frère vont disparaître emportés par la guerre. La mère a trouvé refuge dans sa famille. Ainsi Albert grandit dans la pauvreté chez sa grand mère maternelle, recevant l'appui primordial d'un oncle très engagé politiquement et un professeur, tous deux conscients de la grande intelligence et du talent d'écrivain du jeune garçon. Adulte il devient journaliste, se marrie une première fois, c'est un échec, puis une seconde fois avec Francine, professeur de mathématiques, qui restera chez la grand-mère de son mari quand celui-ci doit rapidement s'exiler, ses écrits et articles n'ayant pas été appréciés par le pouvoir en place. Ce sont donc bien deux exilés, apatrides, qui se trouvent. Ils vont traverser les années ensemble, tout supporter, car leur foi en leur amour est inébranlable. Egalement aussi parce que Maria va faire beaucoup de concessions et d'efforts pour Albert, tout en réussissant à poursuivre sa brillante carrière. Et elle a bien du courage, car Camus est certes un homme brillant pragmatique, engagé, pur dans ses luttes contre le marxisme et le stalinisme, contre la peine de mort lors de l'épuration de l'après-guerre, contre l'existentialisme de son ancien ami Sartre et sa complice de Beauvoir, qui ne sortent pas glorieux de ce livre, cherchant une solution à l'absurdité de la condition humaine, oui tout cela est beau et grand ; mais c'est aussi un lâche dans sa vie privée, un Don Juan entouré de son harem, un égocentrique tête à claques il est vrai toujours à protéger sa femme dépressive, dépassé par son rôle de père, d'une possessivité et jalousie maladives et ridicules, fragilisé par la même maladie que le père de Maria, (troublant !) la tuberculose, émotionnellement toujours à bout. Maria sera sa maîtresse, son amour unique, sa mère, sa psy, sa muse. Albert sera son éducateur, son Pygmalion, il reprendra en quelque sorte le flambeau laissé par le père, Santiago. En 1960, un accident de voiture emporte Albert..... Maria peu à peu recommencera à vivre, travailler, créer, sans jamais oublier son vertigineux amour. Je les imagine très bien aujourd'hui danser jusqu'à la fin des temps sur un air de jazz..... Ce roman est aussi une description fabuleuse et réussie du microcosme intellectuel et artistique de Saint-Germain-des-Prés, et nous donne le plaisir de retrouver avec émotion certaines figures célèbres qui ont bercé nos jeunes années : Gérard Philip, Alice Sapritch, Juliette Gréco, Mouloudji, Piaf, Django Reinhardt, ..... Bravissima maestra ! Quatrième de couverture En 1944, Maria Casarès et Albert Camus se croisent à une soirée chez les Leiris. Elle est Espagnole, ardente et comédienne en vue ; il a publié récemment son roman L'Étranger, fréquente Sartre et Beauvoir à Saint-Germain-des-Prés, lieu où se retrouvent les figures intellectuelles et culturelles de l'époque. Tous deux sont des exilés que le théâtre réunit dans une passion partagée. L'Espagne, la " seconde patrie " revendiquée par Camus les relie aussi. Très vite, ils deviennent amants. Nous sommes le 6 juin 1944, la nuit du Débarquement. Mais la guerre se termine et la femme de Camus le rejoint à Paris. Maria décide de rompre. Ils se retrouveront deux ans plus tard. Leur histoire reprend et devient un amour véritable. Dans ce roman rythmé et virevoltant, construit autour des trois phases de l'histoire amoureuse de Maria et Albert (la rencontre, la rupture, l'amour vrai), le lecteur suit la trajectoire passionnelle des deux amants dans les hauts-lieux fréquentés par l'intelligentsia parisienne férue l'existentialisme, au théâtre et dans les les boites où l'on danse. Pour Camus, Casarès sera l'Unique ; et il restera, par-delà la mort, le seul homme qu'elle ait véritablement aimé. Florence M.-Forsythe est metteur en scène, comédienne, productrice d'émissions pour France Culture. Elle a bien connu Maria Casarès avec qui elle avait une amitié profonde et complice. Elles ont collaboré ensemble autour d'un projet de film sur l'actrice. Elle est notamment l'auteur de Maria Casarès, une actrice de rupture (2013) et de Jacques Lacarrière, passeur pour notre temps (2015). Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs















