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Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

Brèves de solitude

Sylvie Germain

Editions des Femmes Antoinette Fouque

17 juin 2021

4 h 31 mn, lu par l'autrice

Roman

Chronique

14 septembre 2021

Texte édité en 2021 chez Albin Michel, la musique est une création sonore de Vincent Henquinet, la réalisation toujours très soignée est de Francesca Isidori :


J'avais un peu peur d'écouter ce texte quant au sujet traité, en raison de mon extrême sensibilité concernant la détresse, partout visible et choquante nous entourant hier comme aujourd'hui, et la gravité des évènements actuels. Je pensais ne pas sortir indemne, prendre le risque de remettre certaines cicatrices à vif.


Et puis, pas du tout. Au contraire même, l'autrice réussit, grâce à sa finesse d'analyse, son regard acéré mais toujours bienveillant, son empathie et bien évidemment son talent de narratrice et d'écrivaine, à nous faire sortir de notre confinement intellectuel et psychologique, à nous faire sourire voire carrément rire de certaines situations totalement ubuesques et savoureuses nées de cette période folle, à nous émouvoir aux larmes à l'évocation des gestes mêmes infimes de profonde humanité, d'amour, de tendresse, de solidarité.


Le cauchemar covid 19 commence juste au début de ce récit, il n'y a pas si longtemps et pourtant cela nous paraît soudain si lointain, quelques mois qui semblent des années tant ils furent denses, tant nous retrouver face à l'impensable, face à nous mêmes, a semble-t-il allonger les minutes. Pour certains la conscience de l'avènement d'un changement de société gravissime en marche est immédiate pendant que d'autres continuent leurs vies comme si de rien n'était. C'est le temps où parler, exprimer ses opinions après des mois de réflexion et d'analyse de la situation n'est pas encore venu. C'est le temps de la sidération post choc. La porte d'entrée qui se ferme, qui nous emprisonne tout en nous protégeant, enfin pour ceux qui ne sont pas à la rue...

L'occasion pour certains aussi de faire une pause forcée mais en réalité bien venue dans la course poursuite qu'était devenue leur vie, et puis tous ceux seuls qui se prennent tout dans la face, qui ne sont pas armés pour affronter un tel isolement, un tel abandon.


Sylvie Germain nous offre, et c'est véritablement un cadeau, une galerie de portraits très contrastée lui permettant d'aborder tous les aspects de cette crise sanitaire des premières heures et ses répercussions négatives mais pas seulement sur : Joséphine, Guillaume, Magali, Anaïs, Xavier, stella, Serge, Émile, Émir, Merlin, Yllka, Garou, Bobby, Ehtnaca, Véronique, un inconnu.....nous finalement.


Ce roman est une respiration construit en deux parties, Autour d'un silence et Lune solitudes, une suspension, un moment pour intégrer et faire le point sur ce que nous avons déjà traversé avant d'affronter la suite des événements.


« Brèves de solitude » réussit à recréer le lien entre nous, à briser notre isolement. Le témoin est passé, merci à l'autrice qui réussit en outre une très belle lecture de son texte.

Quatrième de couverture

Ils ne se connaissent pas et se regardent en chiens de faïence dans le square parisien où quotidiennement ils se croisent. Joséphine, Guillaume, Anaïs, Xavier, Stella, Serge, Émir… Ils entendent d’une oreille l’arrivée lointaine d’un fléau au nom baroque. Mais ils ne s’en préoccupent guère, si ce n’est Magali qui vient de retrouver le goût de vivre, ou lorsqu’ils plongent leurs pensées dans les yeux fiévreux d’un vagabond. Bientôt les voici enfermés, à regretter la présence irritante et rassurante des autres.

« Ah, qu’on lui en donne les moyens, c’est à-dire du temps, et il écrira son Odyssée, sa Divine Comédie, son Guerre et Paix, son Moby Dick, sa Légende des siècles, son Désert des Tartares, son Crime et châtiment, son Frankenstein, son Bruit et la Fureur, son Vie et destin, son Pavillon d’or… Oui, du temps, du temps rien qu’à lui, et le magma d’images qui couve et bout dans sa tête, le plasma de mots qui gronde et chuinte dans son sang, entreront en éruption, en explosion. Du temps et du silence où laisser résonner toute cette haute clameur. » S.G.

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