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- Gina
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Gina Maria Climent Huguet Editions des Femmes Antoinette Fouque 2023 175 pages traduites du catalan par Carmen Fernandez Montava Roman Chronique 6 avril 2023 Ce livre est lauréat du prix Amposta 2019 et du prix Setè Cel 2020 : Premier roman réussi pour une autrice talentueuse à la plume vive, faussement enfantine, délicate, qui manie avec élégance l'humour pour ne pas pleurer ou se victimiser. D'une adolescente particulière, mal dans sa peau, à une jeune femme confrontée à l'impensable, Maria Climent Huguet trace un portrait précis oscillant entre impressionnisme et hyper-réalisme. On se retrouve dans ces lignes, on éclate de rire franchement à certains moments savoureux et jubilatoires, on se fige à la lecture de certaines pensées intimes et manifestement universelles. C'est avant tout un livre sur l'Amour, de soi, de l'autre, de l'enfant à venir, de la Vie. Une mise à nu courageuse et frémissante Quatrième de couverture L’énergie et une bonne dose d’humour pour affronter la maladie. Gina découvre à l’aube de ses 30 ans que la vie est sérieuse. Elle n’a toujours pas laissé derrière elle son adolescence alors que le diagnostic d’une maladie grave finit par tomber : sclérose en plaques. Récit à la première personne d’inspiration autobiographique, par une narratrice introvertie et furieusement ironique, Gina est la chronique d’une expérience de passage à l’âge adulte, tissée à partir des évènements plus ou moins truculents qui ont jalonné la vie d’une jeune femme insouciante. De l’enfance dans un village de « deux mille habitants et une centaine de milliers de moustiques », jusqu’aux nuits de fête dans une Barcelone branchée, aux soirées entre copines ou aux expériences amoureuses qui s’analysent auprès d’une thérapeute particulièrement originale. Quand la maladie survient, tout semble s’arrêter dans la vie de Gina. Mais c’est sans compter sur son énergie vitale et le regard qu’elle porte sur elle-même, lucide, drôle, tendre et fort à la fois. La maladie ne fera pas d’elle une victime. Et au bout d’un chemin fait d’un désir d’enfant de plus en plus prégnant, il y a peut-être l’amour d’une autre femme… « Cette année-là, mes parents m’avaient amenée comme toujours le 1er juillet, mais, grande nouveauté, je n’arrivais pas seule : j’avais emporté avec moi toute la stupidité de l’adolescence. J’étais brusquement devenue à moitié idiote : j’avais honte de tout, je n’avais rien à dire à mes grands-parents, je ne voulais rien faire, je voulais tout faire, je ne savais pas m’ennuyer et je regardais bizarrement tout et tout le monde. » M.C.H Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Jeux de miroirs
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Jeux de miroirs E.O.Chirovici Les Escales 2016 308 pages traduites de l'anglais par Isabelle Maillet Thriller Chronique 4 décembre 2017 Cet écrivain roumain est un auteur de nombreux best-sellers dans son pays, et "Jeux de miroirs" est son premier livre traduit en français. " Les souvenirs sont comme des balles de pistolets : certaines vous sifflent aux oreilles et ne font que vous effrayer ; d'autres vous transpercent et vous déchirent. " Kill the Dead de Richard Kadrey. Le postulat du début est alléchant : Peter Katz, agent littéraire reçoit une lettre accompagnée d'un manuscrit intriguant "Jeux de miroirs" d'un certain Richard Flynn. Celui-ci s'y remémore quelques semaines pendant ces études voici trente ans. Une tragédie avait clos cette période, bouleversant et détruisant la vie de l'auteur. En effet il avait été suspecté du meurtre du professeur Wieder, éminent psychologue, tué à la fin des années 80. Richard explique tous les évènements avant cette nuit terrible, évoquant sa belle colocataire, Laura, étudiante de Wieder. Seulement malheureusement ce récit est incomplet, juste 70 pages. Richard propose dans son message, si Peter est intéressé, de lui faire parvenir la suite. Évidemment, il se passionne pour ce fait divers, cherche à contacter Richard. Trop tard. Celui-ci est mort entre temps. Mais le témoin est passé entre les deux hommes, puis sera mis entre les mains d'autres enquêteurs, journalistes, qui tenteront de trouver la suite du livre et surtout la vérité sur cet assassinat. Chaque personnage se regarde dans un miroir déformant, tous commettent des erreurs d'interprétation, parce qu'ils voient les faits au travers d'un prisme lié à leurs propres obsessions. Cela donne le tournis, la réalité n'est pas celle admise par tous, et personne n'a en sa possession toutes les pièces du puzzle. " Un grand écrivain français a dit un jour que le souvenir des choses passées n'est pas nécessairement le souvenir des choses telles qu'elles furent..." . À vous de savoir si cela est juste. Quatrième de couverture Véritable phénomène d'édition, Jeux de miroirs est en cours de publication dans plus de 38 pays. Ce roman à la construction diabolique tient son lecteur en haleine jusqu'à la toute dernière page. LE ROMAN ÉVÈNEMENT DE 2017 Un agent littéraire, Peter Katz, reçoit un manuscrit intitulé "Jeux de miroirs" qui l'intrigue immédiatement. En effet, l'un des personnages n'est autre que le professeur Wieder, ponte de la psychologie cognitive, brutalement assassiné à la fin des années quatre-vingt et dont le meurtre ne fut jamais élucidé. Se pourrait-il que ce roman contienne des révélations sur cette affaire qui avait tenu en haleine les États-Unis ? Persuadé d'avoir entre les mains un futur best-seller qui dévoilera enfin la clef de l'intrigue, l'agent tente d'en savoir plus. Mais l'auteur du manuscrit est décédé et le texte inachevé. Qu'à cela ne tienne, Katz embauche un journaliste d'investigation pour écrire la suite du livre. Mais, de souvenirs en faux-semblants, celui-ci va se retrouver pris au piège d'un maelström de fausses pistes. Et si la vérité n'était qu'une histoire parmi d'autres ? Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- La femme de l'autre rive
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires La femme de l'autre rive Roger Faindt De Borée 8 avril 2021 392 pages Historique Chronique 2 mai 2021 « Quand l'horreur et l'ambiguïté de la réalité bousculent les idéaux politiques d'un homme sans que ce dernier ne parvienne totalement à y renoncer. » « Ô Nino, je ne peux plus chanter, Si je chante encore, mon cœur sortira de ma bouche Avec les larmes de mon chagrin... Et je mourrai ; Fais maintenant chanter ta guitare pour moi, Elle qui ne dit jamais le nom des femmes. Fais-la rire et danser de toutes ses cordes. Peut-être que mon cœur dans le sonore oubli, Dénouant sa peine amoureuse, Saura de nouveau rire et danser. » « Copla d'une peine fatiguée », Flamenco, Esteban De Sanlúcar La sauvagerie, l'envoûtement charnel, la poésie, l'inéluctabilité du destin habitent ce roman d'amours et historique, comme dans un film de Carlos Saura, dans l'opéra célèbre de Bizet ou le texte de Mérimée. « L'amour est un oiseau rebelle que nul ne peut apprivoiser ; si tu ne m'aimes pas, je t'aime, si je t'aime, prends garde à toi » annonçait Carmen à Don José ; cruelle déclaration qui pourrait être aussi née dans la bouche de Lucien, guitariste inspiré, qui mène sa vie en toute liberté, celle de se battre en particulier pour une cause juste, celle des républicains espagnols luttant contre les nationalistes franquistes. Cette lutte à mort nourrie de convictions politiques et de soif de justice fait de lui un être souffrant, intransigeant, excessif, traumatisé. Il juge, ne supporte aucune zone de gris ou la moindre concession. Cet extrémisme l'isole malgré l'amitié d'Alexandre, luthier, qu'il héberge dans sa maison de Besançon, malgré l'amour et l'admiration d'une jeune guitariste, Estrella, réfugiée avec ses parents en France, des sympathisants de Franco. Il ne peut transiger avec ses croyances profondes, il ne peut trahir ses camarades des Brigades internationales, il ne peut oublier les scènes d'horreur nées des actes perpétrés par les deux camps. Le poids de son chagrin, de sa haine, de sa culpabilité l'empêche de vivre, d'aimer, de s'abandonner. Désirer et coucher avec une femme devient un acte désespéré, une tentative de se sentir toujours vivant. Il multiplie les aventures, les peaux, les odeurs, il collectionne les maîtresses sans s'attacher, juste avant de retourner sur les champs de bataille. Il veut rester insaisissable... Il se transforme en un être sadique et cruel. Il est paumé. Seule la musique reste une amante fidèle et passionnée dont il peut supporter la présence. En ces années d'enfer préfigurant la seconde guerre mondiale, alors que la peste brune s'étend, alors que l'effroi le tétanise, que l'attentisme d'Alexandre et des Français le désespère, furieux il en devient insupportable, obsédé, injuste avec tous et, en particulier, Estrella. Cependant, lors d'une énième mission pour les Brigades, alors que ses camarades exécutent des nationalistes dans un village, le regard d'une jeune femme l'arrête en pleine action, les pleurs de l'innocence, d'un nourrisson, l'obligent à agir selon des principes d'humanité et non plus politiques. Tout se brouille dans sa tête : il revient à Besançon transformé malgré lui. Son intransigeance passée était-elle fondée ? Tous les protagonistes de ce récit en temps de guerre civile et de conflits intimes, sont déboussolés, cherchent dans l'amour, la passion, la musique, des réponses à l'absurdité, des raisons de survivre et d'espérer, mais déjà l'écho des bottes nazis se rapproche... Un très beau texte habité, inspiré, mêlant onirisme, érotisme, sonorités gutturales ou harmonieuses ; on se brûle au soleil de l'Espagne, on se noie dans des torrents de boue et de sang, on rêve d'un autre monde, de fraternité et de paix, on palpite au rythme de la guitare de Lucien et des cœurs bouleversés des personnages. C'est une Tragédie universelle et intemporelle qui nous est contée ; cela nous laisse un sentiment de peur et d'infinie tristesse : effroi de constater que les leçons du passé ne sont pas comprises, désespoir face à toutes ces morts inutiles. Toutes les guerres sont nos guerres, nous concernent... Même au-delà des frontières, car l'enfer est à nos portes et le Diable s'en réjouit. Mais combattre le Mal sans user de moyens condamnables et semblables à ceux utilisés par l'ennemi, est-ce possible ? La barbarie a-t-elle une fin ? L'art, la musique, la beauté, peuvent-ils la contrer ? Lucien pourra-t-il trouver le chemin de la rédemption ? Une réflexion profonde sur l'engagement, une érudition fabuleuse et accessible quant au répertoire Espagnol et Sudaméricain dédié à la guitare, une plume imprégnée de poésie et de passion... Un souffle, une respiration, un silence soudain dans une partition tempétueuse, volcanique. J'ai été subjuguée. Quatrième de couverture 1936. Lucien, guitariste, s'engage dans les brigades internationales pour lutter contre le fascisme en Espagne. Blessé, il revient en Franche-Comté, y retrouve Alexandre, son ami luthier et fait la connaissance d'Estrella, une exilée espagnole d'obédience franquiste. Incapable de l'aimer et de lutter contre son envie de retrouver ses camarades révolutionnaires, Lucien repart. Chargé d'éliminer des civils nationalistes, il épargne alors la vie d'Elena et sauve une fillette de quelques mois. Deux événements qui fissurent ses certitudes... Contraint de fuir, il rejoint clandestinement la France avec le bébé. Elena les y retrouve peu après. Parviendront-ils à composer tous les trois la mélodie de leur bonheur ? Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- La bibliothécaire d'Auschwitz
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires La bibliothécaire d'Auschwitz Antonio G. Iturbe Flammarion 10 juin 2020 504 pages traduites par Myriam Chirousse Historique Chronique 20 avril 2021 Après le Tatoueur, voici la Bibliothécaire d'Auschwitz et à chaque fois, malheureusement on découvre encore des faits inconnus, insupportables, sur ces années noires de crépuscule d'une certaine humanité. Et pourtant, les dieux de l'art, de la musique, de la littérature... veillent sur les déportés et toutes les victimes de dictatures et régimes de la terreur. Que sont les monstres tels Hitler, Staline, Franco, face à l'imagination, le savoir, la curiosité, la soif d'apprendre, face aux livres, partitions, face aux mémoires ? Ce thème passionnant de la victoire de la pensée sur la barbarie fut également traité par Carlos Ruiz Zafón et Ruta Sepetys. Dans un univers carcéral, au bord du gouffre, soudain la beauté la plus extrême, infinie, l'onirisme le plus incroyable, nous subjuguent, tel ce vieil homme souriant, heureux, parti à la chasse aux flocons de neige avec son épuisette à papillons devenue attrape rêves ou espoirs. Comme cette bibliothèque constituée de huit livres brochés et de six livres vivants ! Ceux-ci étant des déportés racontant aux enfants, grâce à leur mémoire toujours vive, des romans et contes. Ce bloc 31, ancienne étable est un monde enchanté devenue école pour les petits d'Auschwitz sous la direction de Fredy Hirsh, éducateur spécialisé, gymnaste émérite et sioniste intégriste, ayant soif de revanche, rêvant de sa terre promise. L'organisation souterraine du camps nous est parfaitement expliquée, avec ses résistants, ses différentes obédiences, ses quartiers, ses rues, ses braves et ses traîtres. Tout tourne autour de Fredy Hirsh, figure charismatique, magnétique, et énigmatique. Il a un secret inavouable, lequel ? Sa disparition brutale fait d'un coup basculer ce roman historique poignant. Nous sommes, à l'instar de Dita, emportés dans un thriller incroyable sur lequel l'ombre malfaisante de Mengele plane. Récit romancé écrit à partir de la vie de Dita Kraus et d'autres déportés, de l'arrivée des nazis à Prague en passant par la « ville » de Terezin puis Auschwitz Birkenau et enfin Bergen Belsen. Une phrase en particulier, dont l'ampleur et l'impact concerne également les romans de Ruta Sepetys et Carlos Ruiz Zafón résonne en moi intimement : Notre haine serait la victoire des monstres. Le travail de mémoire est essentiel, le désir de vengeance, de prendre les armes, de faire subir aux autres ce que l'on a subi est une défaite dramatique qui peut entraîner le monde dans le chaos. De la connaissance surgit la lumière. Un livre à lire évidemment. Quatrième de couverture À quatorze ans, Dita est une des nombreuses victimes du régime nazi. Avec ses parents, elle est arrachée au ghetto de Terezín, à Prague, pour être enfermée dans le camp d'Auschwitz. Là, elle tente malgré l'horreur de trouver un semblant de normalité. Quand Fredy Hirsch, un éducateur juif, lui propose de conserver les huit précieux volumes que les prisonniers ont réussi à dissimuler aux gardiens du camp, elle accepte. Au péril de sa vie, Dita cache et protège un trésor. Elle devient la bibliothécaire d'Auschwitz. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Le Disparu de l'Hôtel-Dieu
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Le Disparu de l'Hôtel-Dieu Eric Fouassier JC.Lattès 24 janvier 2018 580 pages Polar Historique Chronique 15 février 2018 Tome 3 de la « Saga d'Héloïse, l'apothicaire ». J'avais beaucoup aimé ces thrillers historiques, j'ai encore plus apprécié ce nouvel opus. Plus intense, très intéressant et balayant pas mal d'idées reçues. Si seulement les cours d'histoire avaient pu être aussi palpitants. Évidemment lisez bien les notes de l'auteur où sont précisés les éléments de fiction ou réels. En premier lieu ces lignes : « Chaque matin, le miracle se reproduisait. Tel un songe vaporeux échappé aux lèvres ensommeillées d'un ange, la cité émergeait peu à peu des brumes de la lagune. Le Campanile de San Giorgio Maggiore perçait le premier, vigie solitaire et mélancolique. À sa suite, l'île tout entière dessinait sa nostalgie marine dans des dégradés de bleus et de gris. Puis à mesure que les rayons du soleil dissipaient les nappes de brouillard, le rêve s'affermissait. La ville, à son tour, émergeait du néant.» Tout commence donc en la Sérénissime Venezia, en 1515, un homme s'enfuit poursuivi par plusieurs sbires, il emporte un étrange médaillon d'or, dont va dépendre l'avenir de la France et la légende de son tout nouveau jeune roi François 1er. Celui-ci en agace plus d'un, trop sûr de lui, trop fier, trop bruyant, trop grand, trop .... Et en premier lieu le Pape Léon X et la Sainte-Ligue. Déjà on se doute que le géant voudra récupérer le Duché de Milan, et envisage de mener bataille. Il faut donc saper la belle assurance de ce souverain, le tromper, le faire tomber dans un piège. Un plan machiavélique digne des meilleurs services de contre-espionnage est arrêté. Mais c'est sans compter avec Pierre Terrail, le célébrissime Chevalier Bayard, sans peur ni reproche, héros déjà en 1503 de la bataille de Garigliano (précèdent tome) au service alors de Louis XII, et du destin, qui malheureusement pour les complotistes, mêlera Héloïse Sanglar, apothicaire à l'Hôtel-Dieu depuis douze ans, à cette affaire. En effet, son fils Étienne est témoin du meurtre de Guillaume, le portier du lieu et d'un homme bien mystérieux caché dans les sous-sols du célèbre bâtiment. Le moribond remet au garçon le même médaillon. Pour sauver sa vie, il doit s'enfuir au plus vite et n'a qu'un choix possible plonger dans la Seine... Voilà les évènements vont implacablement s'enchaîner pour Héloïse qui retrouvera son grand amour Bayard. Tous deux vont devoir faire preuve d'un courage incroyable malgré la terreur dûe à la disparition d' Étienne, l'horreur face à la cruauté de ces heures noires, d'un monde ultra violent et sans pitié, de la réalité de la guerre. François 1er ne ressort pas grandi de ce récit, la bataille de Marignan fut un carnage inacceptable de 16000 hommes ce 13 septembre 1515, il ne fut jamais un chef de guerre, et pourtant grâce à une formidable campagne de promotion, son image de héros perdura à travers les siècles. Incroyable ! J'ai particulièrement apprécié aussi toutes les lignes consacrées aux plantes, à la pharmacopée et aux principes de la médecine d'alors. Cela reste un texte très contemporain de par la dénonciation de l'absurdité des guerres. La description du combat de Bayard est un moment incroyable de modernité, par une découpe cinématographique, sans rien édulcorer. Comment ont-ils pu, tous ces hommes, se lancer siècles après siècles dans ces batailles inhumaines, ces monstruosités ? De l'inconscience, de la bêtise ou de la bravoure ? La question reste posée. Très bon livre puissant, épique, éclairant. Un très beau couple également hors du commun... Quatrième de couverture Juin 1515, des hommes vêtus de noir pénètrent, la nuit, dans l’Hôtel-Dieu de Paris et n’hésitent pas à semer plusieurs cadavres derrière eux pour s’emparer d’un mystérieux médaillon. Le jeune Etienne, un enfant intrépide d’une douzaine d’années, hérite par hasard du pendentif. Pris pour cible, il doit se jeter dans la Seine pour échapper à ses poursuivants. Ce qu’il ignore, c’est que le fameux médaillon est en fait une clé permettant de décrypter un code secret vénitien. A la veille de la nouvelle campagne d’Italie projetée par François 1er, sa possession revêt une importance stratégique capitale. Pour retrouver Étienne, son fils unique, Héloïse Sanglar, femme-apothicaire, doit mener sa propre enquête et se mêler aux affrontements souterrains qui opposent les espions des deux camps. Finalement, en désespoir de cause, elle n’aura d’autre choix que de faire appel au chevalier Bayard, son ancien amour, qu’elle n’a pas revu depuis plus de douze ans. Tous deux devront se joindre aux troupes françaises en route pour l’Italie, où la belle Héloïse aura de multiples occasions d’exercer son art auprès des soldats blessés. Alternant les chapitres consacrés aux mésaventures du jeune Etienne et ceux dédiés à la quête d’Héloïse et Bayard, le livre est construit comme une montée crescendo qui culmine avec les retrouvailles des trois héros sur le fameux champ de bataille de Marignan. Disparition de cadavres, enlèvements, vol de documents, trahisons, assassinats, guet-apens, poursuites, batailles rangées, joutes amoureuses, les rebondissements sont multiples. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Deux gouttes d'eau
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Deux gouttes d'eau Jacques Expert Sonatine 2015 321 pages Thriller Chronique 28 mars 2018 Juste avant la confrontation ultime entre les jumeaux Antoine et Franck : « Ce qui va suivre les marquera à jamais. La scène n'aura duré qu'une poignée de secondes, une minute tout au plus, mais ils ne seront plus les mêmes après cela, cette paire de flics inébranlables aux victoires forgées au cœur du mal aura disparu. Leur histoire commune, cette complicité bâtie au fil des ans, aura volé en éclats. » Tout est imaginable pour cette fin explosive, j'avais trouvé la solution et déjà imaginé le prologue. Un coup de chance ! Cela aurait pu être tout à fait différent. J'ai lu ce thriller avec hâte, plus comme un reportage au pays merveilleux de la gémellité parfaite et à mes yeux flippante, que comme un policier. Très délicat comme sujet, déjà tellement traité dans les fictions en littérature et au cinéma. Mais il est parfaitement mené et maîtrisé par l'auteur. Non, ce n'est donc pas ce thème qui m'a le plus intéressée, mais ceux de l'innocence des enfants, et de l'impossibilité de certains parents à aimer leur progéniture. Deux tabous de notre société auxquels s'était aussi attelée, avec énormément de talent, Barbara Abel. C'est un bon livre, en partie un huis clos, avec deux tandems, flics ( le divisionnaire Laforge et le commissaire Brunet) et frères ; sur le plan de la surprise finale, la scène à laquelle je fais référence plus haut est, quant à l'image et la découpe, formidable et percutante. Pour moi pas le même coup au ventre comme dans « Hortense », ce n'est pas grave en même temps. C'est le quatrième roman de Jacques Expert si je ne me trompe pas, on y retrouve selon son éditeur, et je suis d'accord, sa description sans concession et documentaire des faits, je dirais même journalistique, en particulier dans les flashbacks, l'analyse psychologique tout en finesse des personnages détruits ou tout puissants, des innocents et des monstres, dans une construction au plan de découpe cinématographique machiavélique et réussi. Raison pour laquelle, même si je n'ai pas ressenti de suspense quant à la solution, j'ai tenu bon jusqu'à la dernière ligne. Quelques fois, le suspense ou la surprise ne sont pas les points les plus importants d'un thriller, celui-ci en est l'illustration. Quatrième de couverture Une jeune femme est retrouvée morte dans son appartement de Boulogne Billancourt, tuée à coups de hache. Elle s'appelle Élodie et l'enregistrement d'une caméra de surveillance permet d'identifier son ami, Antoine Delaye, sortant de chez elle, l'arme du crime à la main. Immédiatement placé en garde à vue, Antoine s'obstine, malgré les évidences, à nier les faits. Il accuse son frère jumeau, Franck, d'avoir profité de leur ressemblance pour mettre au point une machination destinée à le perdre. Quand Franck Deloye arrive au commissariat central pour être entendu, le trouble est immense : il est impossible de différencier les deux hommes, qui se ressemblent littéralement comme deux gouttes d'eau... Le divisionnaire de la PJ en charge de l'enquête, Robert Laforge, un homme réputé pour sa compétence mais aussi son intransigeance et ses éclats incontrôlés, va devoir résoudre cette incroyable énigme. Lequel des deux frères ment, lequel est le bourreau, lequel la victime ? Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- L'Enfant de Lumières
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires L'Enfant de Lumières Daniel Dupuy De Borée 11 novembre 2021 320 pages Historique Chronique 11 novembre 2021 « Au royaume du fruit confit, les destins liés d'une famille de notables et d'une famille de gens simples sur trois décennies. » De très belles découvertes ! Découverte du monde de la production des fruits confits de leur cueillette à leur mise en magasin, découverte d'un auteur, merveilleux narrateur à la très belle plume sachant nous rendre attachants les personnages de ce récit qui commence le 6 mai 1967 à Notre-Dame-de-Lumières dans le Luberon, Vaucluse. Adam est revenu dans la maison familiale après avoir accompagné sa mère Lucie à sa dernière demeure. Il est maintenant orphelin puisque son père Maurice est décédé voici quelques mois. Le couple n'est pas resté séparé très longtemps. Une enveloppe arrive le lendemain des obsèques. Une lettre de ses parents qui l'avaient adopté lorsqu'il était tout petit. L'occasion pour l'auteur de nous conter l'histoire de ce couple d'amoureux et des habitants de ce coin du Luberon, des plus riches aux plus humbles, depuis la fin de l'année 1937 - début 1938. J'ai lu cette fiction avec un grand plaisir, c'est un beau scénario, les protagonistes sont intéressants, originaux, authentiques, la reconstitution de ces années, alors que le monde bascule dans le fascisme, est précise, détaillée, l'ambiance est parfaitement recréée si je me fie aux souvenirs des moments passés avec mes grands parents. Certaines scènes sont d'une grande cocasserie, d'autres dramatiques et enfin certaines très éclairantes sur le monde restreint de la production de fruits confits, microcosme obéissant à certaines règles, à une hiérarchie et qui, au sortir de la guerre, va se scinder en deux : les artisans indépendants et ceux se regroupant en grande société à l'américaine. Évidemment, le suspense entourant les origines de Adam soutend tout le récit. J'ai vraiment beaucoup aimé ce roman réaliste, superbement rédigé. Un beau cadeau des Éditions de Borée en ce 11 novembre commémoratif. Merci donc pour ces quelques heures réconfortantes. Quatrième de couverture Fin des années 30, Maurice est arrivé en France pour fuir le fascisme montant en Italie. Il rencontre Lucie dans un tout petit village du Luberon, Notre Dame de Lumières, et décide de construire sa vie avec elle. En parallèle, Fernand Notin est l'héritier d'une tradition familiale de maître-confiseur. Sa jeune épouse, Clémence, va rapidement s'imposer comme la clé de la future réussite de la fabrique. Jusqu'à ce que la Seconde Guerre mondiale bouleverse l'ordre établit. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Dans l'ombre du brasier
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Dans l'ombre du brasier Hervé Le Corre Payot & Rivages Rivages/Noir 2019 492 pages Thriller historique Chronique 2 juin 2019 Un épisode de l'histoire de France qui n'est pas souvent traité, encore moins dans le cadre d'un thriller policier, celui de la Commune peu après la guerre contre la Prusse en 1870. Dix derniers jours de ce soulèvement populaire des parisiens au printemps 1871, afin d'obtenir une plus grande égalité de droits, une vraie République. Dans les premiers temps pas de réaction des gouvernants puis une répression terrible dans le sang et la barbarie par Versailles. Pendant ces dix petites journées, la capitale va palpiter de l'espoir de tout un peuple en quête de respect des valeurs de liberté-égalité-fraternité. Une police de proximité est organisée dans chaque quartier par cette Commune, et celle-ci va être mise à rude épreuve, car dans ce contexte explosif, un monstre kidnappe des jeunes femmes, les séquestre et on ne les revoit plus jamais. La population est paniquée, non seulement par une situation politique de plus en plus dramatique, mais aussi par cette ombre qui plane sur la ville. La description de cette cité, avec un grand souci de vérité et de détails par l'auteur, est tout simplement remarquable : on y est, et effectivement on redécouvre certains lieux, jusque dans les faubourgs proches, avec de nouveaux yeux. Le sang a coulé partout, nous marchons aujourd'hui en toute ignorance sur ce qui fut un charnier à ciel ouvert. Nous sommes invités à suivre trois Communards, (le Rouge, Nicolas Bellec et Adrien), puis des jeunes femmes enfermées dans une cave nous menant à faire la rencontre terrifiante avec leur tortionnaire et un mystérieux cocher, Caroline la fiancée de Nicolas et enfin Antoine Roques nommé commissaire depuis peu par la Commune. Tous vont se croiser sur les champs de bataille, sur les barricades, dans les rues et lieux sombres, dans les estaminets, dans les postes de secours médicaux, dans les appartements abandonnés ou les refuges de la dernière chance. Une fresque historique de grande envergure où souffle le vent de la folie mais aussi de l'espérance la plus pure, la plus innocente, où la rédemption n'est pas un vain mot. Une enquête également haletante et unique, car se déroulant dans des conditions exceptionnelles de soulèvement et de révolte populaire. Et enfin un grand roman d'amour, car celui-ci reste le moteur de chaque acteurs de ce drame face au Mal incarné par le serial killer et ses comparses. La menace de la répression du pouvoir ajoute à l'urgence, et évidemment on ne peut s'empêcher de faire un parallèle entre cette société de la fin du XIX ème siècle au bord du gouffre, en pleine mutation, et la nôtre. La question de savoir si nous vivons l'Histoire actuellement n'est plus à se poser, et l'existence de criminels opportunistes trop heureux de cet état de "guerre civile" est une évidence. Hervé Le Corre est incontestablement un très grand romancier, lauréat de tous les prix de littérature policière. À lire absolument ! Quatrième de couverture À Paris pendant les dix derniers jours de la Commune. Dans les rues de la ville bombardée où se dressent des barricades, le mal rôde. Des jeunes femmes disparaissent, enlevées par un personnage aussi pervers que repoussant. Parmi elles, Caroline la bien-aimée du sergent Nicolas Bellec qui combat dans les rangs des Communards. Antoine Roques, promu au rang de « commissaire » de police par la Commune, enquête sur l'affaire. Mu par le sens du devoir, il se lance à la recherche de la jeune femme, bravant les obus, les incendies, les exécutions sommaires... Et tandis que Paris brûle, Caroline séquestrée, puis "oubliée" dans une cave parmi les immeubles effondrés, lutte pour sa survie. C'est une course contre la montre qui s'engage, alors que la Commune est en pleine agonie. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Nouvelle Babel
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Nouvelle Babel Michel Bussi Presses de la Cité 3 février 2022 446 pages Thriller divers Chronique 12 octobre 2022 « Le territoire est Janus, précieux et dangereux. Manquer de repères, d'ancrages, de prise, est risquer de perdre son identité ; cela fait des moutons, des prophètes, des démagogues et des risque-tout. À l'inverse, s'accrocher aux racines et au pré carré natal pour n'exister que par et dans le groupe territorial, pur de toute intrusion, fait les haines et les guerres tribales. Le résultat est le même, toujours inquiétant. » Roger Brunet, Mondes nouveaux, Géographie universelle, 1990 « [...]En ce temps-là, les hommes dans le monde parlaient tous la même langue, ne formaient qu'un seul et même peuple, et comme symbole de leur union, ils décidèrent de construire une tour, la plus haute possible, dont le sommet toucherait le ciel. C'était un projet démesuré, une utopie, mais puisque tous les hommes et toutes les femmes sur terre s'associaient autour du même dessein, aucun rêve n'était impossible à réaliser. La Bible raconte que Dieu, vexé que les hommes puissent le défier, se contenta de brouiller leur langue. En se réveillant, un matin, les hommes furent incapables de se comprendre. On croit souvent que Dieu, dans sa colère, a détruit la tour de Babel. On se trompe, ce sont les hommes, empêchés de communiquer entre eux, qui ont abandonné leur projet et se sont dispersés. Chaque peuple recroquevillé autour de sa langue, s'est approprié un coin de la Terre [...] » Excellent Polar futuriste où naissent toujours des moments de pure poésie comme toujours avec cet auteur inspiré et brillant ! À l'heure où le nouvel ordre mondial imaginé par un certain Klaus Schwab et des individus richissimes est instauré peu à peu avec la complicité de certains chefs de gouvernement et de grandes entreprises, où une concentration des pouvoirs et des décisions vitales pour notre survie est imposée par une Commission européenne et une certaine Ursula au mépris des particularismes de chaque nation et de leur souveraineté, où la mondialisation à outrance comme tout rouleau compresseur efface, écrase, nivelle tout vers le bas, où l'on retrouve les mêmes enseignes partout rendant impossible tout dépaysement lors des voyages, au moment crucial où nous prenons de plein fouet les conséquences de l'ultralibéralisme, du capitalisme le plus effréné sur la vie sociale, économique, sur la démocratie, sur l'état de la planète, après qu'une partie de la population mondiale ait été discriminée, interdite de voyager, de bouger, où enfin les raffineries françaises se mettent en grève l'une après l'autre rejointes dans la lutte par d'autres professionnels de la chaîne de production et de diffusion de l'essence immobilisant peu à peu le pays, ce récit vient à point nommé, sous forme de thriller policier nerveux, décoiffant, nous projeter aux quatre coins du monde pour nous mener à nous poser une question essentielle : la démocratie, le respect des droits de l'homme, le retour à un monde non polluant, seraient-ils garantis par un nouvel ordre mondial, une centralisation des pouvoirs, une vision de la Terre à l'échelle de la planète entière, l'espagnol comme unique langue de communication, et la technologie comme nouvelle religion ? L'écrivain pousse le curseur au bout et évidemment, au fil d'une enquête inaugurée par dix meurtres, menée par trois représentants des forces de l'ordre, il nous guidera dans les coulisses du pouvoir central jusqu'au noyau d'où toute vie sur terre est régie, contrôlée pour le bien de tous. Face aux policiers, une jeune institutrice et un journaliste pris au piège d'un plan qui les dépasse et menace de les détruire. Un système véritablement démocratique est-il possible, garant du respect des droits des hommes, de leurs différences, de leurs opinions ? Les inventions technologiques et scientifiques sont-elles vraiment synonymes de liberté et de communication entre les humains accrues, de sauvegarde de notre santé, de notre espèce, de notre âme ? Un Polar futuriste, philosophique et politique au sens noble du terme, nous alertant, sous la forme d'un récit palpitant, très imaginatif, presque ludique, des conséquences de ce qui peu à peu nous est imposé par une poignée d'hommes et de femmes aux intentions troubles et dangereuses. Nous sommes au point de bascule, trouvons le juste équilibre. Jamais déçue par Michel Bussi et sa capacité à traiter de sujets difficiles, délicats, avec originalité, finesse et ouverture d'esprit. Un très beau roman. Quatrième de couverture Jouant avec les codes du suspense, de la manipulation et du roman d'anticipation, Michel Bussi ne vous aura jamais autant fait voyager. La méthode, calme et systématique, du tueur terrifia les trois enquêteurs. Qui était cet assassin progressant à visage découvert ? Déjà, leurs tabletas se connectaient aux bases de données planétaires de reconnaissance faciale. Plus personne ne pouvait rester anonyme dans le monde actuel. Dans quelques secondes, ils connaîtraient l'identité de ce monstre. La suite du film fut plus sidérante encore. 2097. Sur une île privée paradisiaque inaccessible, de paisibles retraités sont assassinés... Trois policiers, un journaliste ambitieux et une institutrice nostalgique s'engagent dans une folle course contre la montre pour préserver l'équilibre d'un monde désormais sans frontières, où la technologie permet aux humains d'être à la fois ici et ailleurs. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- La guitare magique de Frankie Presto
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires La guitare magique de Frankie Presto Mitch Albom Kero 2016 430 pages, traduites par Michelle Cremnitz SF historique Chronique 22 janvier 2019 « Un roman foisonnant et plein de charme qui donne envie de fredonner sa chanson préférée ! » Rien que pour la phrase suivante, ce roman est une merveille : « Le talent est une part de l'ombre de Dieu, or les destins des hommes s'entrelacent à cette ombre. » Je ne sais si la guitare du héros est magique mais ce roman l'est sans aucun doute. Enthousiasmant, bouleversant, honirique, drôle, un texte de vérité absolue quant à la musique et ses serviteurs. Tout est beau, original, et fait écho à notre propre vie. Il aborde tant d'événements historiques, tant d'anecdotes de la musique du XX ème siècle, de 1936 jusqu'à l'enterrement de Frankie Presto de retour dans sa ville natale de Villareal en Espagne. Du totalitarisme de Franco, de la fuite aux USA jusqu'à Detroit via l'Angleterre puis cap sur la nouvelle Zélande... Un long voyage autour du monde et intérieur pour ce petit garçon Francisco né une nuit d'orage et de furie dans une église mise à feu par les rouges, jeté à l'eau tel Moïse, sauvé par un patron de sardinerie qui détectera en l'enfant un don extraordinaire pour la musique... C'est cet homme bon, ce père d'adoption, qui permettra la rencontre majeure du garçonnet avec son destin et El Maestro. Ce professeur lui offrira un cadeau inestimable, en plus d'une guitare ancienne et d'un chien sans poils : six cordes magiques devenant bleues lorsque Frankie sans le savoir, par son don, par sa musique, change le destin de six vies. Ses cordes symboles de ce que la musique, l'art, peuvent réussir à produire sur l'auditeur. Maestro Harnoncourt disait que la musique reliait tel un cordon ombilical l'homme à Dieu... La narratrice est très particulière, elle sait tout, elle a une très bonne mémoire et vous racontera en détail la trajectoire de Frankie Presto, une star du rock'n'roll, ayant joué et partagé la vie ou la scène de tous les grands noms du jazz, du Rock et bien d'autres.... Une fresque intimiste et grandiose à la fois, un grand roman d'aventure, d'amour, de passion, de SF, de poésie... Un des plus beaux textes sur la Musique que j'ai eu la chance et l'honneur de lire, avec deux autres titres de Richard Powers « Le temps où nous chantions » et « Orfeo ». « Here's to all the boys who came along Carrying soft guitars in cardboard cases All night long And do you wonder where those boys have gone ? » Paul Simon - Jonah Quatrième de couverture Frankie Presto, né dans une église en feu et vite devenu orphelin, est élevé dans une petite ville d'Espagne par son professeur de musique aveugle. Puis la guerre bouleverse sa jeune vie... À neuf ans, il embarque sur un bateau pour l'Amérique, accompagné de ses seuls biens : un chien sans poils, une vieille guitare et six cordes dont il ignore la mystérieuse puissance. Au cours de son irrésistible ascension comme le plus grand musicien de son temps, il découvre petit à petit l'immense pouvoir que lui confèrent ses six cordes de guitare magique. Mais ce don sera aussi son fardeau... Frankie réussira-t-il à trouver sa propre voie, et à retrouver Aurora, l'unique femme qui avait su toucher son cœur ? Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Les corps brisés
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Les corps brisés Elsa Marpeau Gallimard Série Noire 2017 236 pages Thriller Chronique 9 septembre 2018 Un texte époustouflant de beauté et de lyrisme pour évoquer la barbarie, l'inhumanité, la résilience, la force de vie. Une écriture puissante, organique ou onirique, une voiture de course lancée à toute vitesse pour rejoindre l'autre dimension , celle où rien ne peut nous atteindre. Colorer son monde intérieur, le peupler de beauté pour ne pas voir la laideur, l'indicible, ne pas entendre les cris, les plaintes, les mots injurieux ou blasphématoires. Rester une et entière, sauver son âme, garder ses forces, croire seulement en soi et en l'impossible. Une histoire dédiée aux survivants, inspirée de faits réels, survenus dans l'Yonne durant les années 80. Les victimes sont surnommées les « Torturées d'Appoigny ». « Le monde brise les individus et, chez beaucoup de gens, l'endroit brisé devient plus fort ; mais ceux qui ne brisent pas, le monde les tue. » Ernest Hemingway, L'adieu aux armes Récit d'enfermement pour Sarah, dans son rêve obsessionnel de pilote de course, dans sa voiture accidentée en feu, dans son corps paraplégique, dans son fauteuil roulant, dans sa tête, sous terre. Récit de libération, de fuite, par l'imagination, guidée par une voisine de chambre peintre, un ange qui ouvre les limites, crée un horizon, un lendemain, qui sort Sarah du métal pour la ramener vers la chair, le cœur, le sentiment. Délivrance par la pensée, le rêve, puis par la force primitive, primaire, reptilienne, qui lui permet de planifier à nouveau... de voir plus loin, de viser l'infini. Des mots magnifiques pour un roman terrible et terrifiant. Toujours croire en son instinct, sa force, l'esprit est puissant et peut tout. À tous les survivants ! Quatrième de couverture Sarah est une coureuse de rallye dans un milieu hautement macho. Un jour, lors d'une « spéciale », elle sort de route. Son équipier meurt sur le coup et elle se retrouve plongée dans le coma, avant de se réveiller paralysée des deux jambes. Elle intègre un centre hospitalier perdu en haute montagne, où rayonne un médecin que tout le monde surnomme le « docteur Lune ». Brisée physiquement et psychologiquement, Sarah développe une dépression paranoïaque, qui atteint son paroxysme quand la patiente qui partage sa chambre disparaît. Pour le personnel, il ne s'agit que d'une fugue, mais Sarah est convaincue qu'il n'en est rien... Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Les heures indociles
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Les heures indociles Eric Marchal Anne Carrière 2018 597 pages hors bibliographie Historique Chronique 16 mai 2019 J'ai retrouvé cet auteur tel que je l'avais aimé lors de ma lecture de son opus " Le soleil sous la soie". À nouveau un vrai plaisir pour la lectrice, la citoyenne, la femme, adorant l'histoire, le polar, l'action, l'humour, l'érudition sans fatuité, le mélange de faits réels incroyables à des personnages et événements totalement imaginaires. J'aime le souci de cet auteur pour l'exactitude, la précision, la restitution de la grande Histoire, afin de perpétuer la mémoire et nous obliger évidemment à tirer les conséquences de ce qui fut fait, en bien ou en mal ; ainsi il nous permet d'avoir un jugement beaucoup plus nuancé sur toute notre société, son évolution, sa dérive, mais surtout et avant tout, il nous rend capables de pressentir les dangers, de faire le tri entre le grain et l'ivraie dans les informations qui nous sont distillées par des autorités, toujours heureuses de manipuler l'opinion publique. Deux axes principaux dans ce récit d'action, d'aventure, policier flirtant avec le thriller pour certaines scènes difficiles à supporter, également romantique, drôle et déjanté : La lutte des suffragettes au début du XXe siècle à Londres pour obtenir le droit de vote et l'univers de la médecine en pleine révolution des techniques et de l'acceptation des méthodes asiatiques de soins. On penserait que le sujet du féminisme est un peu éculé, rabâché, que nous savons tout. Il n'en est rien, je suis restée abasourdie par les violences, tortures, moyens perpétrés par un gouvernement d'hommes paniqués en réalité à l'idée de perdre sa prédominance de mâles supérieurs. Et je suis du coup, très admirative de ces femmes qui ont tout sacrifié pour notre liberté d'aujourd'hui, à nouveau mise à mal partout dans le monde. Stupéfiant ! Quant à notre visite des urgences hospitalière à la suite du personnage du médecin annamite elle est édifiante.... Le XX ème siècle a été calamiteux en terme de guerres mondiales modernes et d'émergence de pensées et doctrines inhumaines et vomitoires poussant l'horreur à l'extrême, mais également riche d'avancées extraordinaires sur tous les plans. Et là je salue à nouveau le travail de recherche et de documentation opéré par Eric Marchal. Enfin, l'humour et la douce folie sont aussi présents grâce au personnage de l'aristocrate irlandais complètement barré, à l'imagination débridée, toujours en cogitation extrême afin de créer un " happening" inoubliable, préfigurant les courants futurs de l'Art événementiel dénonçant les injustices sociales, les politiques malsaines et dictatoriales, l'establishment .... Je pourrais continuer très longtemps ainsi, tant ce livre est riche, dense, merveilleusement bien écrit, très contemporain malgré son côté historique. Une grande réussite ! À lire absolument.... Le final n'est pas soupçonnable, ce que j'apprécie particulièrement. Quatrième de couverture Été 1908. En Angleterre, l'heure n'est pas à la révolution, mais à une révolte de moins en moins feutrée. Alors que le vieux monde se fissure sous l'impulsion de groupes d'avant-garde, une suffragette, un médecin anticonformiste et un aristocrate excentrique mènent une lutte à mort pour leurs idéaux dans le Londres de Virginia Woolf et Conan Doyle. Olympe Lovell, la guerrière dont personne ne connait le passé, s'est mise au service d'Emmeline Pankhurst, figure de proue des suffragettes. Thomas Belamy, l'Annamite, médecin aux urgences du plus vieil hôpital de Londres, dirige un département de médecine non conventionnelle dont le but est d'unifier les pratiques occidentales et chinoises. Enfin Horace de Vere Cole, le plus extravagant des aristocrates britanniques, poète et mystificateur, est à la recherche de son chef-d'œuvre, le plus grand canular de tous les temps. Chacun d'eux est un rebelle. À deux, ils sont dangereux. À trois, ils sont incontrôlables et deviendront la cible du pouvoir et d'un mystérieux personnage se faisant appeler « l'Apôtre ». Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Les Cendres d'Angela
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Les Cendres d'Angela Frank McCourt Belfond 1997 429 pages traduites par Daniel Bismuth Autobiographie Chronique 12 juin 2020 Titre original : Angela's Ashes Les Irlandais ont un talent fou pour réussir à nous faire rire et pleurer en même temps dans les situations les plus indicibles, catastrophiques ou extraordinaires. C'est un petit garçon qui s'adresse à vous en employant le présent et le Je.... Et vous allez grandir avec lui, si courageux, si patient, si conscient, si fragile, jusqu'à ses dix neuf ans où enfin sa rage et sa colère vont s'exprimer face aux injustices de cette enfance misérable, face à la faiblesse et la résignation de sa mère Angela, mariée à un irlandais du Nord alcoolique et grotesque dont elle accepte trop, au détriment de ses enfants. Et finalement le retour espéré, fantasmé vers New York, où il est né, et dont il avait été exilé à quatre ans afin de rejoindre cahotiquement la terre natale de sa mère. Il respire avec joie et soulagement l'air de l'Amérique en cette fin de biographie composée chronologiquement d'anecdotes et d'histoires truculentes ou terribles, qui nous font éclater de rire ou nous brisent le cœur, racontant sa vie à Brooklyn puis Limerick avec ses yeux d'enfant. Des yeux qui à force de voir ce qu'ils ne devraient pas voir sont malades, infectés de cette poussière de charbon, de misère, de malheur. Si Angela avait repris sa vie en main sans plus intégrer son époux au tableau, que de souffrances auraient été évitées. Mais cependant pas une fois, sauf brièvement à la fin, Frank ne tombe dans le piège de l'aigreur, de la haine, du désir de revanche et de faire mal. Au contraire, il est présent auprès de sa mère et ses frères, il endosse des responsabilités qui ne sont pas de son âge, même à cette époque. Son combat contre la pauvreté, les problèmes d'alcool de son père et les tentatives de sa mère pour garder la famille unie, sont à l'instar de l'existence de tous les irlandais pauvres sous domination anglaises pendant plus de huit cents ans. Le désespoir du père se noyant dans l'alcool tout en braillant des chansons du pays trouve son origine dans cette colonisation ignominieuse par les anglais qui considèrent les irlandais comme des inférieurs. Malachy n'arrive pas à surmonter sa honte, sa colère, mais son fils, lui, va pouvoir le faire. Ce fils exceptionnel ne va pas le condamner et gardera en mémoire les instants, au petit matin, partagés avec son vrai papa, le gentil, le bienveillant. La saga familiale ici retracée pendant les premières années de vie de Frank McCourt dresse ainsi le portrait d'un monde disparu, d'une société irlandaise dans une petite ville catholique avec brio, humour, ironie, tendresse, précision. l'Eglise omniprésente est bien peu miséricordieuse, ajoutez au tableau les queues pour obtenir de l'aide auprès de personnes qui vous rabaissent, le chef de famille qui tente de garder un travail, réussissant pour peu de temps à garder le bateau à flot, mais qui soudainement est repris par sa dépression et son envie irrépressible de se noyer, d'oublier... Et puis la Mort en permanence présente, fauchant les enfants, les miséreux, les hommes à la guerre lointaine... J'ai d'ores et déjà trouvé le deuxième opus de cette trilogie, " C'est comment l'Amérique ?" ainsi que le troisième " The teacher, un jeune prof à New York". Nous allons donc pouvoir découvrir la suite des aventures de Frank et des siens écrites alors qu'il avait plus de 66 ans ! Ce livre a remporté le prix Pulitzer de la biographie ou de l'autobiographie et fut adapté au cinéma en 1999 par Alan Parker sous le même nom. La suite du livre, « C'est comment l'Amérique? », a été publiée en 1999, et a été suivie par « Teacher Man, un jeune prof à New York » en 2005. Quatrième de couverture « Quand je revois mon enfance, le seul fait d'avoir survécu m'étonne. Ce fut, bien sûr, une enfance misérable : l'enfance heureuse vaut rarement qu'on s'y arrête. Pire que l'enfance misérable ordinaire est l'enfance misérable en Irlande. Et pire encore est l'enfance misérable en Irlande catholique. » « Ainsi débutent les incroyables Mémoires de Franck McCourt, né à Brooklyn en pleine Dépression, de parents irlandais récemment immigrés : sa mère, Angela, vient du Sud, et son farouche patriote de père, Malachy, du Nord. Leur première rencontre, un "tremblé de genoux", annonce une longue série de grossesses pour Angela. Mais il n'y a pas d'argent pour nourrir les enfants, et les rares fois où Malachy travaille, il boit son salaire aussitôt après. Quand meurt la petite sœur de Franck, Angela et Malachy, accablés de chagrin, décident de retourner en Irlande. Mais les ruelles crasseuses et humides de Limerick font rétrospectivement paraître Brooklyn comme une sorte de paradis. Avec des pièces de pneus de bicyclette clouées à ses chaussures en guise de semelles, une tête de cochon pour le repas de Noël et du charbon ramassé sur le bas-côté des routes pour allumer le feu du foyer, Franck supporte la plus misérable des enfances - mais survit pour raconter son histoire avec exubérance et, chose remarquable, sans la moindre rancune. L'inoubliable récit de McCourt réchauffe le cœur aussi facilement qu'il le brise. Superbement écrit, Les Cendres d'Angela a été salué comme un véritable phénomène littéraire. » Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Les femmes de Heart Spring Mountain
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Les femmes de Heart Spring Mountain Robin MacArthur Albin Michel 2019 353 pages traduites par France Camus-Pichon Historique Chronique 31 décembre 2019 Dans la veine des romans de Peter Heller, ce premier roman est une merveille de délicatesse, de tendresse, d'intelligence, qui trouve ses sources dans l'amour de l'écrivaine pour la nature, la forêt, l'organique, l'authenticité des sentiments et des personnages. Robin MacArthur, sur une très belle playlist Jazz, Motown, grâce à ce récit émouvant, tout en impressions et petites touches, qui en France serait classé dans la littérature de terroir, signe un texte sur la mémoire transmise incomplètement de génération en génération, et les conséquences désastreuses sur la vie des membres d'une même famille. C'est aussi un roman louant la force, la ténacité des femmes à travers le temps, ayant grandement contribué à la construction des Etats-Unis. Cependant, l'auteure trace aussi de très beaux portraits d'hommes, victimes des mensonges, fragiles, complémentaires de Vale, Deb, Hazel, Bonnie, Lena et sa chouette Dotie, et à l'origine Marie indienne, ou la mère de Deb, venue de sa Biélorussie natale. Ce qui réunit tous ces êtres, la Terre, les bois, la faune, la flore. En un mot, la nature qui se manifeste violemment, rappelant sa place à l'homme. Donc Bonnie, décide après avoir pris de la cocaïne, d'aller se mélanger au vent, au souffle, à l'eau.... Elle disparaît après avoir emprunter un pont. Deb, veuve de son cousin Stephen, appelle Vale, la fille de Bonnie, danseuse dans un bar de la Nouvelle-Orléans. Celle-ci s'était pourtant jurée à 18 ans de ne jamais retourner sur les lieux de son enfance cahotique. Huit ans après, la voilà qui débarque chez Deb.... L'occasion pour elle d'essayer de mener une reconquête de l'histoire familiale, de comprendre d'où elle vient et de savoir enfin d'où est née la fracture qui a cassé sa mère irrémédiablement. Chaque chapitre est consacré à un personnage, à une époque différente de cette fresque intime et historique. Je dois dire qu'au début de ma lecture, outre la beauté de l'écriture et de la traduction, ainsi que des descriptions des paysages, sans parler du profond humanisme qui imprègne tout ce texte, j'étais perdue dans l'arbre généalogique de Vale. J'ai donc dû le tracer sur un papier, et je vous conseille de faire de même, pour ainsi vous laisser emporter plus facilement par le vent qui souffle sur ce roman miraculeux. Quatrième de couverture Août 2011. L'ouragan Irene s'abat sur le Vermont, laissant derrière lui le chaos et la désolation. Loin de là, à la Nouvelle-Orléans, Vale que sa mère a disparu lors du passage de la tempête. Cela fait longtemps que la jeune femme a tourné le dos à sa famille, mais cette nouvelle ne lui laisse d'autre choix que de rentrer chez elle, à Heart Spring Mountain. Elle y retrouve celles qui ont bercé son enfance : la vieille Hazel qui, seule dans sa ferme, perd la mémoire, et Deb, restée fidèle à ses idéaux hippies. Mais si elle est venue là dans le seul but de retrouver sa mère, c'est aux secrets des générations de femmes qui l'ont précédée que Vale va se confronter, réveillant son attachement féroce à cette terre qu'elle a tant voulu fuir. Après « Le Cœur sauvage », un recueil de nouvelles unanimement salué par la critique et les libraires, Robin MacArthur signe, d'une écriture pure et inspirée par la nature sauvage du Vermont, un émouvant premier roman sur le lien à la terre natale, et offre une réflexion lumineuse sur l'avenir de notre planète. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- La trilogie Steampunk
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires La trilogie Steampunk Paul Di Filippo Bragelonne 15 février 2017 335 pages, traduites par Monique Lebailly Historique Fantastique Chronique 11 juillet 2017 « Avec ce superbe ouvrage, Di Filippo se pose en maître suprême du Steampunk. Un brillant mélange de style victorien authentique, d'intrigues baroques et d'art de la narration inventif. Unique. »Voilà ce qu'on lit en début de 4ème de couverture. Je complète un peu : Paul Di Filippo est écrivain et critique de Science-fiction et l'un des initiateurs du mouvement Steampunk. Cette trilogie est en fait trois nouvelles dans un magnifique livre aux tranches or et à la composition du texte et police du XIXE siècle. Immédiatement évidemment par le côté aventure, les connotations scientifiques et le type de personnages, on pense à Jules Verne. Mais alors irrévérencieux, très sexuel, et politiquement incorrect. Beaucoup d'imagination dans les descriptions d'êtres hybrides, les machineries, etc....mais solidement bâti sur une érudition savante et historique de la période victorienne. Bien sûr on peut au premier degré ne voir là qu'un beau délire prodigieux mais le propos est bien plus profond et engagé. Première nouvelle : la jeune Victoria a quelques jours de son couronnement disparaît, le premier ministre est désespéré et demande que Victoria un être hybride de triton et d'humain prenne sa place pour quelques jours. Celle-ci se nourrit de mouches vivantes et est une obsédée du sexe. Cosmo Cowperthwait le créateur de ce sosie donne son accord et se met à la recherche de la future reine. Celle-ci est dans un lieu improbable ou elle parfait sa connaissance du monde et des hommes si je peux dire, avant d'accepter le sceptre et la couronne. Premier récit qui pose donc le décor et l'époque prévictorienne, colorée de digressions imaginaires avec ces êtres mutants. Évidemment ce sont les expériences sur les animaux, les recherches génétiques non morales et l'eugénisme qui sont visés. La deuxième nouvelle est bien plus violente: Sous prétexte de la recherche d'un fétiche ( de caractère sexuel évidemment ) un couple de sud-africains, un blanc avec sa femme noire Dottie, hottentote, se présente chez le scientifique célèbre et reconnu le suisse Agassiz installé à Boston pour poursuivre ses recherches. C'est là matière à dénoncer le racisme, la supériorité supposée des blancs sur les sauvages, à l'heure où bientôt la théorie de l'espèce de Darwin va être connue de tous. Les prémisses de la pensée nazie son racontées, les réalités d'un métissage de tous les peuples sont effleurées. Toujours présents, ces hybrides hommes-animaux, cette fois poissons, insistance aussi sur l'importance des croyances ancestrales sur la science..... Une nouvelle donc transgressive et fort peu légère même si le ton est humoristique, à la Jules Verne. La troisième m'a profondément touchée mettant Emily Dickinson et Walt Whitman en présence l'un de l'autre. Leurs poèmes sous-tendent toute cette très belle partie poétique et onirique concernant la mort et la survivance de l'âme après la mort. Les décors sont ceux créés par les deux poètes. Pour Emily dont j'ai interprété plusieurs fois douze poèmes mis en musique par Aaron Copland, j'ai reconnu Sleep is supposed to be et The Chariot, celui qui nous emmène vers la mort à l'est de l'éternité. Pour se faire l'auteure fait référence aux séances de spiritisme très à la mode à l'époque. Très étonnant livre donc qui m'a un peu perdue lors de la deuxième nouvelle en raison de la difficulté de compréhension du galimatias du sud-africain à peine intelligible et qui nuit à la fluidité de l'écriture, mais m'a conquise par la troisième partie. Je comprends que ce style hybride de science-fiction victorienne puisse séduire. La beauté aussi de l'objet apporte un plaisir supplémentaire. Je dirais que me concernant l'intérêt de ce média est aussi de faire passer des messages pour le futur en s'appuyant sur le passé. A découvrir donc. Quatrième de couverture À Londres, la jeune reine Victoria a disparu alors qu'elle s'apprêtait à monter sur le trône. Seule solution pour éviter le scandale : la remplacer provisoirement par une étrange créature mi-femme mi-salamandre qui lui ressemble étrangement, fruit des recherches biologiques de Cosmo Cowperwaith. Une créature aux formidables appétits sexuels, qui n'ont pourtant rien à envier à ceux de la vraie Victoria... Ailleurs, dans le Massachusetts, le grand savant Agassiz compte bien prouver scientifiquement et définitivement la supériorité de la race blanche. Sa théorie fumeuse va pourtant être mise à mal par l'arrivée inopinée d'un marin et de sa compagne Hottentote (une aborigène d'Afrique du sud) qui ont besoin de lui pour retrouver les parties génitales de la mère de cette dernière, devenues depuis un dangereux talisman. Quand à la poétesse Emily Dickinson, il fallait qu'elle tombe amoureuse de Walt Whitman pour oser s'aventurer dans le royaume des morts, où elle va rencontrer le jeune Allen Ginsberg. Le courant Steampunk (de steam : vapeur, et punk en référence au mouvement cyberpunk) est un genre bien à part de la SF qui propose une relecture iconoclaste et franchement déjantée du XIXe siècle. Ces trois récits en sont un exemple parfait, à la fois captivants, drôlissimes et riches de références littéraires. --Georges Louhans Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs















