Éva a lu pour vous ..
Chroniques littéraires
Les femmes de Heart Spring Mountain
Robin MacArthur
Albin Michel
2019
353 pages traduites par France Camus-Pichon
Historique
Chronique
31 décembre 2019
Dans la veine des romans de Peter Heller, ce premier roman est une merveille de délicatesse, de tendresse, d'intelligence, qui trouve ses sources dans l'amour de l'écrivaine pour la nature, la forêt, l'organique, l'authenticité des sentiments et des personnages. Robin MacArthur, sur une très belle playlist Jazz, Motown, grâce à ce récit émouvant, tout en impressions et petites touches, qui en France serait classé dans la littérature de terroir, signe un texte sur la mémoire transmise incomplètement de génération en génération, et les conséquences désastreuses sur la vie des membres d'une même famille.
C'est aussi un roman louant la force, la ténacité des femmes à travers le temps, ayant grandement contribué à la construction des Etats-Unis. Cependant, l'auteure trace aussi de très beaux portraits d'hommes, victimes des mensonges, fragiles, complémentaires de Vale, Deb, Hazel, Bonnie, Lena et sa chouette Dotie, et à l'origine Marie indienne, ou la mère de Deb, venue de sa Biélorussie natale. Ce qui réunit tous ces êtres, la Terre, les bois, la faune, la flore. En un mot, la nature qui se manifeste violemment, rappelant sa place à l'homme.
Donc Bonnie, décide après avoir pris de la cocaïne, d'aller se mélanger au vent, au souffle, à l'eau.... Elle disparaît après avoir emprunter un pont. Deb, veuve de son cousin Stephen, appelle Vale, la fille de Bonnie, danseuse dans un bar de la Nouvelle-Orléans. Celle-ci s'était pourtant jurée à 18 ans de ne jamais retourner sur les lieux de son enfance cahotique. Huit ans après, la voilà qui débarque chez Deb.... L'occasion pour elle d'essayer de mener une reconquête de l'histoire familiale, de comprendre d'où elle vient et de savoir enfin d'où est née la fracture qui a cassé sa mère irrémédiablement. Chaque chapitre est consacré à un personnage, à une époque différente de cette fresque intime et historique.
Je dois dire qu'au début de ma lecture, outre la beauté de l'écriture et de la traduction, ainsi que des descriptions des paysages, sans parler du profond humanisme qui imprègne tout ce texte, j'étais perdue dans l'arbre généalogique de Vale. J'ai donc dû le tracer sur un papier, et je vous conseille de faire de même, pour ainsi vous laisser emporter plus facilement par le vent qui souffle sur ce roman miraculeux.