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- La Découronnée
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires La Découronnée Claude Amoz Payot & Rivages 2017 231 pages Thriller Chronique 4 mars 2019 Un roman tout en délicatesse, en tendresse, en bienveillance, en poésie. Le regard que porte l'auteure sur Maia et Isabelle, la vieille femme en recherche de son enfant perdu depuis près de 60 ans et l'adolescente en quête d'une mère trop tôt disparue, entourée de mystère et de silence est doux, compréhensif. Le silence ! C'est bien lui qui, assourdissant, réveille en quelque sorte la statue de la Découronnée au bas de la rue en pente à Viâtre, ville au bord du Rhône, où vécurent Maia et sa famille pendant les années de guerre, où ont résidé Isabelle et ses parents quand elle avait cinq ans, et où habite depuis peu Johan, professeur de sciences revenu du Québec pour prendre un nouveau poste. Son frère, Guy, doit pendant son séjour à Viâtre s'occuper de leur nounou âgée de 75 ans en ses heures caniculaires. Les deux frères ont été élevés par Maia quand leur maman était incapable de le faire. Elle est aujourd'hui à Viâtre profitant du récent emménagement de Johan pour trouver des réponses à la disparition de son fils alors âgé de neuf mois, dans cette ville même. Claude Amoz a ainsi imaginé une drôle de ronde autour de ce petit appartement, autour de cette statue énigmatique de la Découronnée. Une mère est découronnée lorsque ses enfants ne sont plus à ses côtés, car ce sont eux qui forment sa couronne. Maia a cru qu'en accueillant avec son mari Sol des enfants, ceux des autres, toute sa vie, elle remplirait le vide. Mais la rafle de ces années de guerre au marché, ses mains qui se détachent de la barre du landeau pendant que d'autres mains emportent son bébé, tout cela dans un brouillard généré par la terreur des nazis, rien n'est oublié au contraire, tout lui revient en détails, violemment, douloureusement. Quant à Guy, ayant échangé son appartement près de la montagne, avec celui de Johan désireux d'aller escalader, il s'installe en cet été caniculaire, après avoir réussi à grimper la Montée de la Découronnée puis la volée de marches jusqu'au dernier étage sous les toits. Cet appartement, il s'y sent tout de suite bien, allant jusqu'à changer la place du lit dans la chambre, pour le positionner naturellement dans une alcôve. Comme s'il connaissait déjà ces lieux, que ceux-ci lui racontaient une histoire. Lorsque les papiers officiels du notaire arrivent concernant l'achat par Johan du bien, il ne peut s'empêcher d'ouvrir l'enveloppe.....le voilà parti à vouloir savoir qui sont les anciens propriétaires de cet appartement....il fait des comptes, des recoupements, quelques détails le surprennent. Le voici à élaborer des suppositions, des scénarios macabres. Sur internet il trouve les coordonnées de la fille de seize ans, Isabelle Sanchez... Il l'appelle.... Que n'a t'il pas fait ? Quatrième de couverture À Viâtre au bord du Rhône, c'est l'été. La chaleur est étouffante. Johan Mesel, passionné d'escalade, passe ses vacances dans l'appartement de son frère Guy à la montagne, et Guy s'installe dans le logement que Johan vient d'acheter en ville, dans la montée de La Découronnée. Un lieu qui le met mal à l'aise, il a l'impression que la présence des anciens occupants s'y fait encore sentir. Camille, aujourd'hui adolescente, a habité cet endroit. A l'époque où sa mère était encore vivante. Et d'ailleurs, comment est- elle morte ? Les souvenirs de Camille sont flous, comme si elle avait cherché à oublier... quoi exactement ? Claude Amoz, lauréate du prix du Polar SNCF pour son roman «Etoiles cannibales» nous emmène dans un labyrinthe de mystère où passé et présent se télescopent, où les crimes de la grande Histoire viennent ruiner les vies parfois longtemps après avoir été commis. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Je suis innocent
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Je suis innocent Pierre-François Kettler Talents Hauts Les Héroïques 19 mars 2020 256 pages, 13 ans et + Jeunesse Chronique 16 octobre 2020 « Je suis Innocent, avec un I majuscule comme le nom du père de Jean, comme la candeur de cet enfant qui raconte son parcours lors des trois mois de génocide qui fit un million de morts, comme l'innocence de tous les Tutsi assassinés. J'ai voulu donner la parole à un enfant rwandais tutsi survivant du génocide de 1994, réfugié en France et interrogeant sa part française. Un enfant de sept ans qui, porté par la mémoire de sa famille, va survivre à l'atrocité humaine et rencontrer l'amitié, l'amour, la transmission... » Pierre-François Kettler C'est l'histoire de Jean, Munyangoma, celui qui frappe du tambour, l'aigle qui porte la parole de Dieu qui pardonne (p. 224). Un récit qui nous frappe évidemment en plein coeur, car l'indicible, l'indescriptible est dit avec des mots d'enfant qui ne peut comprendre ce qu'il voit, ce qu'il entend, ce qui se déroule sous ses yeux d'Innocent. L'effet de la confrontation entre la sauvagerie et la pureté est décuplé en raison de l'âge de cette victime de génocide, en raison de sa fragilité extrême face au mal absolu immense. Certaines scènes sont insoutenables sans jamais tomber dans le trash, nul besoin de le faire. Trois parties pour ce livre, la vie avant, la survie pendant les semaines de massacres, la fuite. Alors comme Jean n'a pas tout le vocabulaire bien qu'il soit très intelligent et vif, la fierté de sa famille, celui qui frappe du tambour, c'est nous adultes qui remplissons les vides, qui corrigeons les inexactitudes d'interprétation, les figures de style de ce petit homme qui trouve des échappatoires, qui crée des images poétiques, magiques, rassurantes pour raconter la barbarie qu'il affronte sans arme. L'esprit, l'inconscient, notre cerveau qui est une vraie merveille, vont prendre le relais pour bloquer une partie des émotions, pour débrancher les circuits lorsque les coups de machettes sont assénés, lorsque les viols sont perpétrés... Tout reviendra plus tard en flash lorsqu'il sera en sécurité, le fameux Syndrome Post Trauma... La force de résilience est incommensurable. Cette dernière peut être favorisée de différentes manières, et celle choisie par Jean, celui qui transmet la parole, l'histoire, celui qui frappe du tambour au même rythme que son cœur, que le nôtre, est l'écriture, pour lui-même, pour les siens, pour les français de son âge. Ainsi tout est gravé pour l'éternité... Jean reprend sa place parmi les Hommes, et peut continuer son chemin sans jamais oublier les murmures de sa maman qui l'exhorte à vivre, les conseils de son frère lorsqu'il dort. Le rêve dans un décor idyllique du Rwanda éternel, splendide, est une sauvegarde tout au long du chemin... Le sommeil irrépressible au pire des évènements est l'issue de secours. Tout est évoqué dans ce roman avec précision, respect, délicatesse, justesse, tant l'horreur qui s'abat sur les Tutsi est sans nom ; les raisons des coupables sont iniques, impardonnables : celles des tueurs, celles de ceux qui laissent faire. Et comme toujours existent des justes qui se dressent contre les ordres, contre l'inhumanité... Je me suis vraiment demandée si la mention "Niveau de lecture 13 ans et + " de l'éditeur était justifiée, tant certaines scènes de ce conte africain (et universel) désenchanté sont monstrueuses. Nos jeunes ont-ils le niveau émotionnel pour encaisser ? Et puis le massacre de ce professeur a été annoncé, je l'ai su que samedi midi.... J'ai donc lu ce texte en état complet de sidération, à voix haute. En cette fin de dimanche après avoir laissé le temps au temps, sachant que les enfants sont en prise directe avec la violence, la terreur, sans possibilité, pour nous adultes, de filtrer les informations, puisque nous ne pouvons les suivre 24 h/24, peut-être effectivement qu'un tel roman, dans toute sa terrible beauté, dont chaque mot est pesé par un écrivain conscient de ses responsabilités, peut en lecture accompagnée permettre la libération de la parole de nos enfants. Un petit garçon de six ans, que je vois régulièrement, m'a demandé de but en blanc : « Eva, est-ce que tu as été torturée ? Est-ce que quelqu'un de ta famille l'a été ? »: Évidemment je me suis arrêtée serrant encore plus fort sa menotte et lui demandant le plus impassiblement possible pourquoi il me posait cette question. On avait évoqué devant lui la seconde guerre mondiale et les camps. Donc il voulait savoir, ne pas être tenu à l'écart ! J'ai répondu à sa requête très simplement en lui disant que la guerre était finie maintenant. Mais l'est-elle ? Ne lui ai-je pas menti pour me protéger moi et non lui ? Quatrième de couverture Avril 1994, Rwanda. Jean vient de fêter son septième anniversaire quand des événements étranges se produisent : des hommes scandent des chants dans la rue, son frère Aristophane a disparu ainsi que tous les autres membres de sa famille, et son gentil voisin, Anatole, vole son argent dans sa tirelire. Heureusement pour Jean, son ami Donatien, même s'il le battait toujours à la course, est prêt à l'aider et à le protéger des « coupeurs ». À l'abri, Jean se demande quelle folie s'est emparée de ces hommes qui étaient ses « amis ». Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Les caprices d'un astre
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Les caprices d'un astre Antoine Laurain Flammarion 12 janvier 2021 288 pages Divers Chronique 11 janvier 2022 « Ce livre est dédié à Guillaume Le Gentil (1725-1792) Astronome infortuné, honnête homme. Héros véritable. » C'est curieux comme le portrait photographique de l'auteur est presque sévère, et comme toujours ses écrits sont réconfortants, poétiques, tendres, romantiques, fantaisistes, mélancoliques tout en provoquant le sourire. Encore une fois, Antoine Laurain nous charme par ce très beau texte à l'écriture travaillée, ciselée, nous emportant bien loin de notre actualité, nous sauvant de sa trivialité. Il choisit de nous faire basculer entre deux époques, deux siècles, le nôtre en 2012 exactement et le XVIIIe entre 1761 et 1769. Deux hommes, Xavier notre contemporain et Guillaume Le Gentil personnage historique réel. Ce qui les relie : un télescope ancien oublié dans le placard d'un appartement et... une déesse devenue Astre, Vénus, qui se cache, se mérite, fait des caprices ; elle exige tous les sacrifices, tous les courages, toutes les folies pour accepter de se montrer, de se dévoiler. Un roman sur la quête de l'absolu, de l'Amour unique, du bonheur. La reconstitution historique des voyages de l'astronome sur ordre de Louis XV vers les Indes afin d'assister au passage de Vénus devant le soleil, événement des plus rares qu'il ne faut surtout pas rater, est fabuleuse, palpitante, dépaysante, salvatrice. À vous les voiles qui claquent, la nature luxuriante, les eaux turquoises, la découverte de peuples, de paysages, de coutumes, à vous l'émerveillement, à vous aussi les tempêtes, les moussons, les déconvenues, le désespoir. Guillaume Le Gentil est un homme hors norme, un rêveur, un absolutiste, un personnage à la Jules Verne.... De l'autre côté du temps, à l'autre bout du télescope, Xavier mène une vie des plus banales, se traîne un sentiment d'échec. Il est divorcé, a un fils qu'il voit un weekend sur deux, une agence immobilière à Paris. Le merveilleux va s'inviter enfin dans son existence par le biais d'une caisse oubliée dans un appartement par son ancien propriétaire. Quand il ouvre l'étui, il ne sait pas que déjà il pose le pied sur une autre planète, celle de tous les possibles. Mais il faudra être brave, gonflé, ne plus se mettre de limite.... pour vivre pleinement, pour respirer. Et ce livre nous permet effectivement de retrouver notre rythme interne, de nous reconnecter à l'essentiel. Une porte est entrebâillée pour vous, franchissez-la sans peur.... Les quatre dernières lignes sont d'une grande beauté. Tout le livre est d'une grande beauté. Quatrième de couverture Xavier Lemercier, agent immobilier, trouve au hasard d'une visite d'appartement un mystérieux télescope ayant appartenu à un célèbre astronome. Voilà bientôt qu'il cadre dans l'instrument, depuis son balcon, une femme derrière une fenêtre, sans oser, bien sûr, l'aborder. Divorcé et esseulé, avec pour seules joies ses week-ends avec son jeune fils, il commence à tomber amoureux de l'inconnue. Un jour, Alice, la femme observée, pousse la porte de l'agence immobilière pour lui demander d'expertiser son appartement. Deux cent cinquante ans plus tôt, Guillaume Le Gentil de la Galaisière, astronome de Louis XV - personnage qui a réellement existé -, partait vers les Indes pour observer l'exceptionnel passage de Vénus devant le Soleil. Il revint onze ans plus tard, déclaré mort et sans avoir pu observer l'éclipse. "Tu ne cherches pas une étoile, tu cherches l'amour, tu le trouveras à la fin du voyage", lui dit un vieux sage durant son étonnant périple dans les mers de l'Inde. Du XXIᵉ au XVIIIᵉ siècle, les trajectoires de ces deux hommes romantiques s'entrecroisent et se répondent. Entre le récit d'aventures et le conte philosophique sur la quête de soi, Antoine Laurain signe un roman qui répond au besoin d'évasion et de merveilleux qui sommeille en chacun de nous. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- La famille Han
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires La famille Han Min Jin Lee Charleston 14 février 2023 832 pages traduites par Laura Bourgeois Historique Chronique 3 juin 2023 « Le prix de nos couronnes est déjà acquitté. Il ne nous reste plus qu'à les porter » James Baldwin « UN PREMIER ROMAN AMBITIEUX ET REMARQUABLE. » The New York Times Un premier grand roman pour Min Jin Lee, paru en 2007, écrit à la façon de Jane Austen, situé cependant dans la communauté coréenne chrétienne pratiquante de New York, fin des années 1990, les années toc, fric, sexe. Un scénario bâti autour de la famille Han avec des ramifications vers leurs proches. Plusieurs thèmes traités : Des relations parents-enfants, lorsque les premiers obéissent encore à des règles de leur pays d'origine et que les seconds cherchent leur place dans une société américaine capitaliste et matérialiste aux antipodes des valeurs coréennes ancestrales ; Des relations amoureuses et de l'incapacité à communiquer réellement, ( l'apparition du portable vers 1998-2000 n'y changera rien ) ; Du patriarcat tout puissant quelque soit le côté de la barrière ; De l'importance affolante donnée à l'argent et aux apparences, de la success-culture, de la sur-consommation immédiate et indigeste de tout et n'importe quoi, de cette course effrénée vers toujours plus de pouvoir, plus de dollars. Le poids de la responsabilité que portent sur leurs frêles épaules l'inclassable et indomptable Casey et sa petite sœur Tina est bien lourd. Comment contenter leurs parents conservateurs qui ne voient et jugent le monde que par le prisme de leur religion et de leur culture asiatique ? Comment trouver leur place, comment se forger leur avenir et savoir ce que qu'elles veulent faire lorsque les deux univers où elles se meuvent, coréen et américain, s'affrontent et se télescopent en permanence dans leurs têtes ? Où se situer ? Tout le monde a un avis sur la question, tous se mêlent de la vie de Casey, en particulier, si semblable à son père et donc fatalement en conflit avec ce dernier sous les yeux de sa mère soumise et apeurée. Le brouhaha des voix autour d'elle est tellement fort qu'elle ne s'entend plus penser. Elle veut plaire à tous mais se perd elle-même. Entrer dans le moule américain, ou respecter les codes coréens... et si la solution était ailleurs. La métamorphose qui s'opère dans la société américaine et plus généralement dans le monde, se répercute évidemment sur la vie personnelle de chacun. Fin d'un système ultra capitaliste, on revoit sa copie, on revient à des valeurs plus essentielles et authentiques. Et l'on peut peut-être devenir qui l'on doit être... Le chemin est semé d'embûches, de pièges, d'impasses pour la jeune fille mais également pour sa mère effacée à la voix de soprano exceptionnelle, pour sa sœur si conventionnelle et consensuelle, pour son père qui se révélera étonnant, pour son petit ami blanc puis son compagnon Unu génie de la bourse, pour Ella si douce et obéissante et son horrible époux Ted, pour David l'amoureux silencieux, pour Virginia l'adoptée, pour Sabine la mentor inquisitrice.... Les 832 pages se lisent très vite. La découverte de ce microcosme coréen au cœur de New York est passionnante et sidérante. L'importance de la religion dans chaque acte de la vie, le carcan cultuel et culturel incroyables, les ressources que doivent trouver ces enfants d'immigrés pour être à leur juste place énormes. Quelques soient les origines ethniques, ce qui définit les humains sur le papier, ( genre, religion, langues, etc, etc... ) la société tente toujours et par tous les moyens de hiérarchiser les individus, de les mettre dans des cases, de leur imposer une discrimination dégradante et injuste. À nous de trouver le moyen et la force de nous y opposer, d'ouvrir d'autres chemins vers la liberté de vivre et de penser, de revenir à l'essence de notre être. Très beau roman, bouleversant, universel et intemporel. Les notes d'introduction de l'autrice sur son propre parcours d'écrivaine sont très touchantes. Quatrième de couverture Fille aînée d’immigrés coréens, Casey Han a été élevée dans le Queens dans le respect des traditions et des valeurs de ses parents. Ils ont travaillé dur toute leur vie pour assurer à leurs enfants un bel avenir, mais à vingt-deux ans, Casey, tout juste diplômée de Princeton, n’a aucune véritable ambition professionnelle et ne rêve que d’une chose : faire partie de la haute société new-yorkaise. Au grand désespoir de son père, elle refuse son admission en droit à Columbia et se retrouve sans travail ni argent à Manhattan. Casey est prête à tous les sacrifices pour pénétrer dans ce monde étincelant de privilèges, de pouvoir et de richesse, mais à quel prix ? S’inspirant des grands romans victoriens, Min Jin Lee offre le portrait saisissant d’une jeune femme cherchant à s’affranchir de sa communauté, miroir d’une génération tiraillée entre le désir d’intégration et le poids des traditions. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- L'Abbaye blanche
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires L'Abbaye blanche Laurent Malot Bragelonne Thriller 14 septembre 2016 334 pages Thriller Chronique 25 août 2017 Nantua, ville du Jura. Le lieutenant Mathieu Gange faisant équipe avec Etienne Marec et le capitaine Michelet est appelé sur la scène d'une mort suspecte dans un hôtel huppé de la région. La victime a été noyée dans sa baignoire. Tout laisse à penser que l'homme était en galante compagnie avant son décès. Une jeune femme blonde et mince aurait été remarquée. Des traces ADN sont relevées ; il faut attendre les résultats des analyses et de l'autopsie. Donc Gange souhaite rentrer chez lui immédiatement pour retrouver sa petite fille Marine. En effet, elle n'a plus que lui depuis que Gaëlle, sa mère, a disparu tout d'un coup en laissant un court message. Le père célibataire se débrouille depuis lors avec l'aide de Emma une étudiante baby-sitter, et sa soeur Claire. Mais il est alpagué à la sortie de l'établissement par la journaliste Helena Medj. Elle émet des doutes quant au caractère accidentel de la mort de l'analyste financier André Quesnel. Le moins que l'on puisse dire, c'est que ces deux fortes personnalités s'opposent dès le début. Devant la surdité de Gange, elle lui apprend que deux cyclistes se sont plaints que leurs vélos leur aient été volés par deux moines se disant poursuivis par un 4x4, au même moment. Le policier traite tout cela par le mépris. Cependant les événements à venir, l'assassinat de deux autres hommes reliés a la première mort et l'attaque violente d'un des membres de son équipe vont l'obliger à devenir le partenaire de la journaliste. Traumatisé par l'absence de sa femme, il la voit même comme une suspecte potentielle. La paranoïa, le dégoût, mais aussi une volonté féroce de mener sa mission le gagnent. Le monde entier semble vicié que ce soit la justice, l'état, la police. La grosse difficulté sera de choisir ses alliés, de repérer les justes, ceux pour qui les notions de bien et de mal sont encore réelles et à défendre jusqu'au bout. Va-t-il se sortir indemne de cette situation de crise extrême tant au plan personnel que humain ? Ses valeurs vont elles résister, va-t-il surnager au tsunami qui va s'abattre sur lui ? C'est un polar très sombre, avec des moments lumineux, très bien mené, au suspense soutenu jusqu'au bout, avec juste ce qu'il faut de mystérieux concernant la troublante Abbaye blanche et ses moines. Que se passe-t-il derrière ces hauts murs ? Même si la construction virtuose trahit le scénariste chevronné, c'est d'abord et avant tout un roman et une œuvre littéraire. Quelques fois d'autres scénaristes passant à l'écriture d'un livre, ne savent pas ménager la surprise et donnent trop d'informations visuelles aux lecteurs, tel qu'ils le feraient pour un scénario destiné à être filmé. Heureusement ce n'est pas le cas ici. Les dialogues majoritaires sont épicés, inventifs, percutants et drôles quand il faut relâcher la pression. La psychologie des personnages, qui vont être bien malmenés par les divers retournements de situations de plus en plus dramatiques, est ciselée et réaliste. Plus vous avancerez dans ce récit, plus vous serez emportés dans un grand huit. J'ai aimé donc ce thriller sur fond de mystère, de politique, d'attente de l'absente, d'amour entre un père et sa fille ; c'est pour elle et son avenir que Gange va se battre jusqu'aux extrêmes limites de l'insoutenable. Quatrième de couverture Amour, meurtres et conspiration : une recette de la manipulation. À Nantua, dans le Jura, le lieutenant Gange élève seul sa fille de six ans. Gaëlle, sa femme, les a quittés sans donner de raison. Quand deux meurtres se produisent la même semaine dans ce coin du Jura où il ne se passe « jamais rien », Gange est entraîné dans une enquête explosive. Il s’oriente peu à peu vers l’Abbaye blanche, une secte particulièrement dangereuse, en cheville avec des notables locaux. Entre trafic d’art, âmes perdues et intervenants haut placés dans l’appareil d’État, il démêle peu à peu les fils et prend la mesure de l’iceberg qui se dresse devant lui. Les enjeux le dépassent, mais sa femme est peut-être victime de l’Abbaye blanche... L’Abbaye blanche est un polar rural, écrit comme un film d’action et d’aventure. Visuel, sonore et bourré d’humour noir, il met en scène des personnages réalistes et touchants, victimes de l’onde de choc, au niveau local, d’affaires qui les dépassent amplement. Soucieux d’explorer les dimensions sociale et politique, Laurent Malot développe les thèmes de la manipulation, du mensonge, de l’amour et de la mort. La secte manipule ses adeptes, l’appareil d’État manipule la secte, et Gange, ce montagnard qui est un modèle d’intégrité mais a aussi ses failles, ment à sa fille, à son entourage et à lui-même en prétendant ignorer pourquoi sa femme est partie. La part belle est faite à une galerie de femmes autour de lui, qui ne s’en laissent pas compter : la journaliste, la baby-sitter, la juge, etc. Au cœur du Jura, un des personnages clé du livre, dont les magnifiques paysages offrent des horizons plus larges qu’en ville et permettent l’émergence de la sagesse et de la vérité. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- La femme qui a tué les poissons et autres contes
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires La femme qui a tué les poissons et autres contes Clarice Lispector Editions des Femmes Antoinette Fouque 2 décembre 2021 96 pages traduites par Izabella Borges, Jacques et Teresa Thiériot, illustré par Julia Chausson Divers Chronique 13 décembre 2021 La version audio est paru en mai 2022 lue par Lio réalisation Francesca Isidori, 1h40mn. « Clarice Lispector construit une œuvre singulière et polyphonique, traversée par un questionnement sur l'étrangeté du monde sous l'apparente banalité des choses. » Lio est la lectrice idéale pour ces textes à destination des enfants, évidemment en raison de l'amour du portugais partagé avec l'autrice, mais également sa totale sincérité, sa capacité à l'émerveillement, n'hésitant pas à jouer totalement le jeu, interprétant toutes les voix avec drôlerie, n'ayant pas oublié la fillette coquine, malicieuse et intelligente qu'elle fut, s'adressant ici aux enfants avec le cœur, à l'instar de Clarice Lispector. Avec ces textes pleins d'humour, poétiques, tendres, cette dernière s'inscrit dans une tradition, reprend le flambeau d'un Ésope ou d'un Jean de la Fontaine. Les morales ou leçons ne sont pas assenées de la même façon en fin d'histoire mais en filigrane, peu à peu, l'air de rien... Tout est dans la subtilité. D'ailleurs le terme de contes est employé pour le titre, mais ces contes sont « fabuleux », tant pour les enfants que pour les adultes. À prendre et reprendre indéfiniment : les sens cachés par l'autrice ou que nous y voyons par le prisme de notre expérience, apparaissent lentement, à notre insu, ou dans les heures suivant la lecture. Ces animaux-là sont nos reflets évidents, par leur courage, leurs comportements, leur violence, leur faiblesse, leur bassesse, leurs sentiments. L'autrice rend hommage à tous ces compagnons loyaux, ces animaux « domestiques » qui nous aident à supporter cette vie, à croire encore en la loyauté et l'amour. Clarice Lispector est aussi une mère laissant une vibrante et délicate déclaration d'affection éternelle à ses fils. Chacun trouvera dans ces bijoux finement ciselés ce qu'il cherche, une histoire à raconter aux enfants d'aujourd'hui, à ceux que nous fûmes, ou une fine mise en évidence de certains comportements humains que nous préférerions garder cachés sous de fausses apparences. Quatrième de couverture « Rappelant les légendes traditionnelles et les contes initiatiques, Clarice Lispector mêle le monde de l’enfance aux destins d’animaux. Ces derniers se voient pris dans un tourbillon d’évènements aussi anodins que mystérieux, inspirés de la vie quotidienne. Ainsi, le titre éponyme de ce recueil revient sur la mort de deux poissons rouges que son fils Paulo lui avait demandé de garder en son absence. Dans Comme si c’était vrai, on croise le chien Ulysse au regard humain, fidèle compagnon de Clarice Lispector, qu’elle ne remplaça jamais après sa mort. C’est avec un mélange exquis d’humour et de simplicité, de douce ironie et d’amour maternel, que C. Lispector déploie l’appréhension sensible et émotionnelle du monde, la recherche du sens ou le renoncement à le trouver. La maternité et l’enfance sont au centre de son œuvre : chez cette autrice incomparable, nulle opposition entre son rôle de mère et son travail d’écrivain. En témoigne son fils cadet, Paulo Gurgel Valente, qui se souvient de sa mère « avec une machine à écrire sur les genoux, tapant avec application au milieu de la pièce principale de la maison, au milieu des bruits des enfants […] ». Après avoir publié en 2004 La vie intime de Laura suivi du Mystère du lapin pensant, les Editions des Femmes-Antoinette Fouque présentent une nouvelle édition de ces deux contes, réunis en un volume auquel viennent s’ajouter deux titres : une nouvelle traduction de La femme qui a tué les poissons (Ramsay, 1990 et Seuil, 1997) et un conte inédit en français et publié pour la première fois, Comme si c’était vrai. Ce recueil est illustré par l’artiste graveuse Julia Chausson. « Parce qu’au début et au milieu je vais vous raconter des histoires sur les animaux que j’ai eus, pour vous montrer que je ne pourrais pas avoir tué les poissons autrement que sans le faire exprès. J’ai bon espoir qu’à la fin de ce livre vous me connaissiez mieux et que vous m’accordiez le pardon que je demande pour la mort de deux “tyrougets” – c’est comme ça qu’on les appelait à la maison, « tyrougets ». » CL Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- À bout de nerfs
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires À bout de nerfs James Barnaby De Borée Marge Noire 10 octobre 2019 408 pages Thriller Chronique 19 octobre 2019 Un roman dangereux pour le sommeil.... " Trop n'est jamais assez." Réplique dans Le Loup de Wall Street de Martin Scorsese... J'ai posté sur ma page une Interview de cet auteur qui explique qu'écrire sous pseudonyme lui permet de repartir de zéro, de se réinitialiser... Lui offrant une plus grande liberté de création..; ses mots exacts sont "Écrire sous pseudo est une forme de virginité littéraire." Un excellent thriller fabuleusement construit, écrit, où l'auteur a toujours une longueur d'avance, nous épuisant à force de retournements et de révélations. On retrouve avec plaisir le personnage de l'agent spécial du FBI, Joseph Sleuth, déjà croisé dans le précédent roman, très loin de l'image d'Épinal des hommes en noir. Cette fois-ci, c'est sa nièce de 25 ans, Angelica, fille au pair à Londres, qu'il va devoir aider. Celle-ci est mêlée, bien malgré elle, à une tragédie familiale, un carnage, puis comble de malchance, après avoir répondu à une petite annonce miraculeuse lui permettant de fuir la capitale anglaise, à un rapt d'enfants en Ecosse. Les enquêteurs vont la harceler, l'accuser... Elle n'a plus le choix, elle doit appeler à la rescousse son oncle Joseph. Celui-ci est à ce moment précis sur une enquête internationale concernant une fraude informatique à grande échelle liée aux options binaires, ayant des ramifications jusqu'à Tel Aviv ; un trafic organisé par la société TradeOption, l'amenant à collaborer avec Zoharit Chimrit, agent du LAHAV 433, FBI israélien. J'avais énormément aimé l'opus précédent, me restant en mémoire de par son originalité, ses surprises et la références aux contes de fées et dessins animés de Walt Disney... À nouveau, je suis bluffée par ce thriller politico-financier, de Tel Aviv à Londres jusqu'à un château en Ecosse. Un récit solidement construit sur une documentation dense... Quand la réalité dépasse la fiction... L'auteur s'est inspiré de l'histoire amusante d'une annonce passée le 29 mai 2017 de proposition de travail de nounou, rémunéré très généreusement en raison du fait que la demeure des futurs employeurs était soit disant hantée... À partir de là, tout pouvait être imaginé, déformé, développé... Par exemple, mettre à l'origine de toute l'histoire incroyable qui va nous être racontée, l'affaire scandaleuse du trafic financier frauduleux des options binaires concentré en Israël, qui fut au centre d'une série d'articles du magazine The Times of Israël intitulée " Les loups de Tel Aviv" en référence certainement au film de Martin Scorsese " Le Loup de Wall Street". De plus, le fait absolument hallucinant que l'Écosse est devenue, malgré elle, un paradis fiscal pour toutes ces sociétés véreuses, apporte le troisième élément au plan de l'écrivain pour concocter un récit bien tordu, passionnant, terrifiant, se basant sur une réalité inacceptable. Car évidemment, des milliers de vies ont été sacrifiées sur l'autel du profit facile, du toujours plus de fric, plus de pouvoir. Un livre divertissement qui dénonce aussi un système corrompu, une dérive mondiale de l'ultralibéralisme et de la finance. L'argent est virtuel, les dettes également, mais à un moment le fictif devient réalité, et le couperet tombe sur les têtes de tous ceux qui ont cru au profit rapide, presque magique... À nouveau, James Barnaby a choisi de nous piéger dans un conte de fées tournant au cauchemar. Je vous rassure, les explications quant aux montages financiers, aux fraudes, sont d'une grande clarté, vous ne serez pas perdus. Formidable thriller ... Quatrième de couverture Après un terrible drame, Angelica, une jeune nurse américaine est embauchée dans un château écossais grâce à son ami Jim. Tous les deux sont reçus par un couple excentrique et leurs deux enfants. Pendant un violent orage, la demeure se retrouve plongé dans l'obscurité. Quand la lumière revient, Jim et les deux enfants ont disparu. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Ça ne coûte rien de demander
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Ça ne coûte rien de demander Sara Lövestam Robert Laffont La Bête Noire 2018 380 pages traduites par Esther Sermage Polar Chronique 21 octobre 2018 Le premier volet de cette tétralogie sous le titre « Chacun sa vérité » a reçu le prix de l'Académie suédoise des auteurs de polars 2015 et le Grand Prix de la littérature policière 2017. « Née en 1980, considérée comme l'une des nouvelles voix littéraires suédoises, Sara Lovestam est l'auteur de trois romans parus aux éditions Actes Sud : Différente (2013), Dans les eaux profondes (2015) et en route vers toi (2016). Grâce à des personnages souvent en marge ou en quête d'identité, elle réussit à mettre subtilement en lumière les enjeux actuels de notre société, et amène ses lecteurs à questionner l'ordre établi. « J'ajoute car cela est tout de même central dans ce policier, que Sara Lovestam est très engagée dans la cause LGBT, et prête sa voix et sa notoriété à la lutte contre l'exclusion et l'homophobie. Donc certes ce livre décrit la société suédoise mais s'attache aussi à mettre en scène principalement des lesbiennes et un trans. Ne pas le mentionner me semble bien dommage d'autant plus que ces éléments sont centraux afin de comprendre les tenants et enjeux de ce récit. « Si la police ne peut rien pour vous, n'hésitez pas à faire appel à moi » Annonce de Kouplan, détective sans-papiers. Une sacrée trouvaille que ce héros borderline, à Stockholm, se cachant de la police sa demande d'asile de réfugié iranien en danger chez lui ayant été refusée. Ancien journaliste, il est au début de ce roman au bout du bout, rendu à récolter des canettes vides pour se faire quelques argent. Un jour, il entend alors qu'il fouille dans une poubelle du quartier chic de Lidingo la conversation téléphonique d'une femme, riche vraisemblablement et autoritaire, en rage de s'être faite arnaquée. Kouplan n'ayant rien à perdre, ose le coup de bluff et se présente à elle comme détective privé. Il lui propose ses services. D'abord méfiante et réticente, Jenny Svard, conseillère municipale ambitieuse, fuyant toute forme de mauvaise publicité, l'engage. Son amante depuis dix mois a disparu, lui escroquant au passage 200 000 couronnes. Je dois dire que j'ai trouvé le montage du scénario très intelligent et futé, la découverte de la vie des immigrés clandestins ou non en Suède frappante, l'analyse psychologique de chacun et particulièrement de Kouplan très fine et pertinente. Enquêter tout en devant se cacher des forces de l'ordre, et faire un travail considérable sur soi-même quant à sa propre vérité n'est certes pas commun. Tous dans ce roman mentent, présentent un certain visage, sauf un finalement notre héros touchant, honnête, en quête d'authenticité. Je suis en revanche déçue de la fin, j'attendais une conclusion plus « remarquable » à l'image de ce polar atypique tout du long. Je ne sais plus du coup si j'ai lu un policier ou un roman sociétal. Un peu des deux certainement, mais j'aurais souhaité un peu plus de frissons. C'est dommage, il aurait vraiment fallu un coup d'éclat pour couronner un livre par ailleurs brillant et passionnant sur bien des plans. Quatrième de couverture « Si la police ne peut rien pour vous, n’hésitez pas à faire appel à moi. » Kouplan, détective sans-papiers. Ça y est, l’autoproclamé « détective » Kouplan, immigré iranien à Stockholm, n’a plus un rond. Il en est réduit à collecter des cannettes vides pour les revendre contre quelques pièces. En fouillant dans les poubelles du quartier huppé de Lidingö, il croise le chemin de Jenny Svärd, conseillère municipale aux dents longues, dont il surprend la conversation : Jenny vient de se faire escroquer par son amante, qui a disparu dans la nature avec deux cent mille couronnes. Puisque ça ne coûte rien de demander, Kouplan saute sur l’occasion pour lui proposer ses services d’enquêteur… Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- L'Abbaye blanche
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires L'Abbaye blanche Laurent Malot Bragelonne Thriller 14 septembre 2016 334 pages Thriller Chronique 25 août 2017 Nantua, ville du Jura. Le lieutenant Mathieu Gange faisant équipe avec Etienne Marec et le capitaine Michelet est appelé sur la scène d'une mort suspecte dans un hôtel huppé de la région. La victime a été noyée dans sa baignoire. Tout laisse à penser que l'homme était en galante compagnie avant son décès. Une jeune femme blonde et mince aurait été remarquée. Des traces ADN sont relevées ; il faut attendre les résultats des analyses et de l'autopsie. Donc Gange souhaite rentrer chez lui immédiatement pour retrouver sa petite fille Marine. En effet, elle n'a plus que lui depuis que Gaëlle, sa mère, a disparu tout d'un coup en laissant un court message. Le père célibataire se débrouille depuis lors avec l'aide de Emma une étudiante baby-sitter, et sa soeur Claire. Mais il est alpagué à la sortie de l'établissement par la journaliste Helena Medj. Elle émet des doutes quant au caractère accidentel de la mort de l'analyste financier André Quesnel. Le moins que l'on puisse dire, c'est que ces deux fortes personnalités s'opposent dès le début. Devant la surdité de Gange, elle lui apprend que deux cyclistes se sont plaints que leurs vélos leur aient été volés par deux moines se disant poursuivis par un 4x4, au même moment. Le policier traite tout cela par le mépris. Cependant les événements à venir, l'assassinat de deux autres hommes reliés a la première mort et l'attaque violente d'un des membres de son équipe vont l'obliger à devenir le partenaire de la journaliste. Traumatisé par l'absence de sa femme, il la voit même comme une suspecte potentielle. La paranoïa, le dégoût, mais aussi une volonté féroce de mener sa mission le gagnent. Le monde entier semble vicié que ce soit la justice, l'état, la police. La grosse difficulté sera de choisir ses alliés, de repérer les justes, ceux pour qui les notions de bien et de mal sont encore réelles et à défendre jusqu'au bout. Va-t-il se sortir indemne de cette situation de crise extrême tant au plan personnel que humain ? Ses valeurs vont elles résister, va-t-il surnager au tsunami qui va s'abattre sur lui ? C'est un polar très sombre, avec des moments lumineux, très bien mené, au suspense soutenu jusqu'au bout, avec juste ce qu'il faut de mystérieux concernant la troublante Abbaye blanche et ses moines. Que se passe-t-il derrière ces hauts murs ? Même si la construction virtuose trahit le scénariste chevronné, c'est d'abord et avant tout un roman et une œuvre littéraire. Quelques fois d'autres scénaristes passant à l'écriture d'un livre, ne savent pas ménager la surprise et donnent trop d'informations visuelles aux lecteurs, tel qu'ils le feraient pour un scénario destiné à être filmé. Heureusement ce n'est pas le cas ici. Les dialogues majoritaires sont épicés, inventifs, percutants et drôles quand il faut relâcher la pression. La psychologie des personnages, qui vont être bien malmenés par les divers retournements de situations de plus en plus dramatiques, est ciselée et réaliste. Plus vous avancerez dans ce récit, plus vous serez emportés dans un grand huit. J'ai aimé donc ce thriller sur fond de mystère, de politique, d'attente de l'absente, d'amour entre un père et sa fille ; c'est pour elle et son avenir que Gange va se battre jusqu'aux extrêmes limites de l'insoutenable. Quatrième de couverture Amour, meurtres et conspiration : une recette de la manipulation. À Nantua, dans le Jura, le lieutenant Gange élève seul sa fille de six ans. Gaëlle, sa femme, les a quittés sans donner de raison. Quand deux meurtres se produisent la même semaine dans ce coin du Jura où il ne se passe « jamais rien », Gange est entraîné dans une enquête explosive. Il s’oriente peu à peu vers l’Abbaye blanche, une secte particulièrement dangereuse, en cheville avec des notables locaux. Entre trafic d’art, âmes perdues et intervenants haut placés dans l’appareil d’État, il démêle peu à peu les fils et prend la mesure de l’iceberg qui se dresse devant lui. Les enjeux le dépassent, mais sa femme est peut-être victime de l’Abbaye blanche... L’Abbaye blanche est un polar rural, écrit comme un film d’action et d’aventure. Visuel, sonore et bourré d’humour noir, il met en scène des personnages réalistes et touchants, victimes de l’onde de choc, au niveau local, d’affaires qui les dépassent amplement. Soucieux d’explorer les dimensions sociale et politique, Laurent Malot développe les thèmes de la manipulation, du mensonge, de l’amour et de la mort. La secte manipule ses adeptes, l’appareil d’État manipule la secte, et Gange, ce montagnard qui est un modèle d’intégrité mais a aussi ses failles, ment à sa fille, à son entourage et à lui-même en prétendant ignorer pourquoi sa femme est partie. La part belle est faite à une galerie de femmes autour de lui, qui ne s’en laissent pas compter : la journaliste, la baby-sitter, la juge, etc. Au cœur du Jura, un des personnages clé du livre, dont les magnifiques paysages offrent des horizons plus larges qu’en ville et permettent l’émergence de la sagesse et de la vérité. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- À un cheveu
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires À un cheveu Maëlle Desard Slalom 28 avril 2022 317 pages Roman Jeunesse Chronique 12 décembre 2022 Âge minimum recommandé par le fabricant : 13 ans. Lecture du début de ce roman enregistrée en vidéo sur Eva Impressions littéraires et Eva Résonances littéraires : « Anis trop honnête ; Christophe trop présent ; père trop comique ; mère trop coincée ; Jacob trop craquant. Ma vie est un enchaînement d'hyperlatifs. » Dédicace : " À toi, qui doutes face au miroir : tu es magnifique. " Une phrase qui s'adresse à tout le monde quelque soit le genre ou l'âge. Un roman réjouissant, très drôle, bouleversant, émouvant, créatif littérairement, traitant de sujets graves : le harcèlement sexuel ou moral, la discrimination sous toutes ses formes, la différence rejetée par une société normative, la maladie et ses conséquences sur la cellule familiale, l'exposition des jeunes à la violence, à la sexualisation outrancière permanente, à l'américanisation caricaturale des modes de vie... L'héroïne, Emma, ancienne championne de natation, une battante, a pourtant eu bien du mal à se relever des deux dernières années cauchemardesques qu'elle vient de traverser. Ses parents et son frère Christophe ont eux aussi beaucoup souffert. Afin d'offrir un second souffle à leur petite tribu, un déménagement loin de Orange et du Sud est organisé. Direction Strasbourg. Emma a un secret : elle a perdu tous ses cheveux comme l'épouse de Will Smith. Une alopécie difficile à encaisser pour une fille. Alors, puisqu'elle peut repartir de zéro dans cette nouvelle ville, dans ce nouveau lycée, elle décide d'avoir recours à un objet magique, sa Précieuse, une perruque. Cette tête « Velcro » implique la fin de la natation et des compétitions, l'évitement de toute situation épineuse, la dispense de sport... Un sacrifice qui aux yeux d'Emma, si traumatisée par la cruauté de ses anciens « camarades » de lycée, paraît léger. Mais son frère si protecteur et empathique, sa nouvelle amie Anis du genre inclassable et cash et surtout le séduisant Jacob, vont changer la donne. On a beau tout prévoir, tout contrôler, la vie se charge de brouiller les pistes. Pour peu que l'on soit intuitive, intelligente, et mature même si inexpérimentée, de belles surprises pourraient surgir sur le chemin tout tracé forçant à emprunter de jolies déviations. L'autrice décrit parfaitement le mélange de force et de vulnérabilité qui anime ces futurs adultes quelques fois totalement perdus et paniqués par les épreuves de l'existence et par certains éléments symptomatiques d'une société décadente sur bien des points. Ils surfent sur internet, maîtrisent les nouvelles technologies mais sont toujours des gosses en quête de repères et de sécurité affective. Les personnages sont particulièrement attachants, l'histoire très bien menée, le texte à la fois hilarant, cocasse et tout en délicatesse. C'est un roman que je mettrai dans toutes les mains, parfait en cadeau de Noël tant il est enthousiasmant et positif sans être mièvre. Quatrième de couverture Un grand bain d'humour et d'empowerment À 17 ans, Emma aime la natation, son frère presque jumeau, le chocolat et dessiner dans les marges de ses cahiers. Elle serait à un cheveu de la belle vie si elle n'avait pas perdu les siens, de cheveux, deux ans plus tôt (tandis que le reste de ses poils a continué à pousser, merci bien !). Affublée d'une perruque avec laquelle elle entretient une relation d'amour-haine quasi mystique, Emma décide de profiter du déménagement de sa famille pour repartir de zéro. Nouvelle vie, nouveaux amis... et peut-être un premier amour ! Un roman lumineux sur l'acceptation de soi et de son corps, résolument féministe et universel ! Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Écoutez nos défaites
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Écoutez nos défaites Laurent Gaudé Actes Sud 2016 256 pages Roman Chronique Toujours aussi difficile de rédiger un texte après avoir terminé un des livres de Laurent Gaudé... Trop peur évidemment de ne pas être à la hauteur. Je prends mon courage à deux mains après l'émission de La Grande Librairie de ce soir du 24 avril 2019 consacrée à la beauté et à l'art. Il n'y a pas de hasard... Beauté en effet du verbe, des images, du thème traité si délicat, si émotionnellement difficile, de la tragédie non antique mais simplement humaine, de l'aptitude que nous avons depuis toujours à créer la magnificence, la perfection, la magie, la vie, comme la destruction, la douleur, la mort. Cri d'extase ou d'horreur, lumière ou ténèbre, paix ou guerre, voilà ce qu'est pour moi ce roman fabuleux. Et puis un formidable rappel que l'art, la beauté sont des armes pacifiques d'une grande puissance. Espoir ! Vous rappelez-vous les images de la destruction des hauts lieux historiques du Moyen-Orient par Daesh en 2015, la stupeur, l'incompréhension face à ce geste barbare d'anéantissement de monuments, de la grandeur, de l'histoire, la nôtre et la leur... de toute trace de civilisation... La violence extrémiste ne peut croître que sur l'ignorance, l'amnésie.... Face à cela a été organisé depuis toujours le sauvetage de ce patrimoine mondial, la récupération des œuvres, des objets pillés, par les équipes de spécialistes mandatées par Interpol, l'UNESCO etc... Des archéologues vont alors sur ces zones de guerres passées ou présentes pour pister, enquêter, reprendre. Les archéologues cette fois ne pillent pas les lieux de fouilles pour remplir les musées mais pour rendre légitimement à un peuple, à une terre son histoire, ses origines. Un drôle de métier tout de même que celui d'archéologue, qui m'a toujours fascinée, mais qui effectivement induit l'idée d'ouvrir des tombes, des lieux cachés, pour les désacraliser...et qui cependant permet également d'avoir un recul sur l'histoire de l'humanité, peut-être d'en tirer des enseignements, des leçons, pour ne pas indéfiniment reproduire les mêmes crimes, les mêmes coupables erreurs. Espoir ! En ces heures où nous sommes tellement informés de toutes les catastrophes sur notre planète, où chaque monstruosité est photographiée, filmée, où nous avons conscience, au contraire de nos aïeux, que la paix ne règne nulle part, que la guerre ouverte ou larvée est gagnante toujours, ou la fureur gronde, où nous sommes terrorisés face à l'irresponsabilité ou l'inhumanité de certains condamnant tous les autres au drame, où je l'avoue je pense qu'en finir serait préférable, tout d'un coup un texte tel que celui-ci remet en exergue ce qui est fondamental et nous replace, nous insignifiant, dans la perspective des siècles et des millénaires, face à ce qui nous dépasse, nous survivra, nous fait réentendre les voix du passé... Il n'y a pas de défaites, il n'y a qu'un long apprentissage de l'essentiel. Espoir ! La construction chorale de ce roman favorise notre essoufflement, notre envie d'aller au bout de la démonstration, de savoir ce que ces échos entre hier et aujourd'hui vont provoquer dans la vie des deux héros. Magnifique texte qui nous renoyaute, nous retisse les uns par rapport aux autres. Je me sens pleine de gratitude pour l'auteur, heureuse de pouvoir simplement voir la couverture de ce roman dans ma bibliothèque. Quatrième de couverture " Il a mené des opérations pour les renseignements français de Bamako à Genève, de Beyrouth à Tanger. Il a vu des régimes tomber, des peuples se relever, des hommes mourir. Aujourd'hui, Assem Graïeb est fatigué. La mission qu'il accepte est peut-être la dernière : retrouver un ancien membre des commandos d'élite américains soupçonné de trafics. À Zurich, Assem croise Mariam, une archéologue irakienne qui tente de sauver des œuvres d'art dans la zone dévastée du Moyen-Orient. En une nuit, tous deux partagent bien plus que quelques heures d'amour. En contrepoint de cette rencontre, le récit fait retentir le chant de trois héros glorieux : le général Grant écrasant les confédérés, Hannibal marchant sur Rome, Hailé Sélassié se dressant contre l'envahisseur fasciste. Mais quand une bataille se gagne au prix de vies fauchées, de corps suppliciés, de terres éventrées, comment prétendre qu'il s'agit d'une victoire ? Évocation tremblée d'un monde contemporain insondable, « Écoutez nos défaites » compose une épopée mélancolique et inquiète qui constate la folie des hommes et célèbre l'émotion, l'art, la beauté- seuls remèdes à la tentation de la capitulation face au temps qui passe. " Espoir ! Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- À fleur de peau
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires À fleur de peau James Barnaby De Borée Marge Noire 18 octobre 2018 443 pages Thriller Chronique 30 décembre 2017 Grand thriller psychologique, aux limites de l’inconscience, peuplé de Reine de cœur sanglante et de sorcières cruelles, réactivant nos cauchemars enfantins, et nous obligeant à suivre l'héroïne dans ses fugues entre plusieurs mondes. Du Walt Disney terrifiant à ne pas mettre entre des mains innocentes. 2 juillet, Jane McLeone, brillante étudiante à Madison, au comportement asocial et autistique, se prépare à rejoindre sa mère Janine et son beau père Richard Holstein, en campagne pour le poste de sénateur, pour les vacances d’été, dans leur maison près du lac Mendota dans le Wisconsin. Avant de partir, elle prend un rdv avec son thérapeuthe le Dr Sapirstein, pour un dernier entretien. Il la suit depuis ses huit ans, après qu’elle ait disparu un mois entier, et soit revenue soudain un matin avec des traces de bleus aux poignets et chevilles, et de viols répétés. Il l'a aidée à reprendre le contrôle de sa vie, de ses cauchemars tous liés à certains films d’animation de Walt Disney, Alice au pays des merveilles, Blanche neige, La belle au bois dormant, le magicien d’Oz, entre autres. Elle est très inquiète car le phénomène de fugue inconsciente s’est reproduit la veille, alors que tout était rentré dans l’ordre. Il la rassure, conscient que depuis un an, il aurait dû passer le flambeau de son suivi psy à un confrère, puisqu’il est pédopsychiatre. Jane revient chez elle dans le 3 pièces qu’elle partage avec son amie Mei, prépare ses bagages. Le lendemain sa mère Janine vient la chercher à 9 h, mais en chemin fait un détour par sa galerie de peinture de Madison en laissant sa fille pour un court moment dans la voiture. A son retour, Jane a disparu, elle la retrouve dans le parc pour enfants plus loin, en état second, ignorante quant à la façon dont elle est arrivée là. Elle se souvient juste que dans la vitrine d’un magasin de HIFI, sur l’écran de télévision mis en exposition, un dessin animé de Walt Disney passait. Puis le trou noir. Elle se réveille à la cabane, son beau père Richard Holstein est là, mais sa mère est repartie pour régler un problème de dernière minute à sa galerie de Chicago. Tous les deux s’entendent à merveille, Richard ayant endossé le rôle de père que Georges McLeone a été incapable d’assurer après le divorce d’avec Janine, suite à la disparition de leur fille. Le lendemain, Jane retrouve ses 3 « Frangines » du lac, amies d’enfance pour la journée. Au retour d'une partie de pêche, le soir, Jane et Richard entament une partie d’échecs, Janine appelle pour dire qu’elle reviendra le lendemain matin et qu’elle dort à l’hôtel à Chicago. Ils vont se coucher. Mais au réveil, Jane trouve le corps de son beau père égorgé à côté d’elle, presque décapité, avec le couteau utilisé pour vider les brochets, elle a du sang sur elle et se trouve dans la chambre parentale. Paniquée elle appelle la police en s’accusant du meurtre et en criant « coupez-lui la tête »... C'est un thriller psychologique et d’action au rythme rapide et très efficace, original, anxiogène et terrorisant pour les enfants que nous sommes encore, utilisant le caractère terrifiant des contes et dessins animés pour nous faire tomber avec Jane dans une spirale vertigineuse, avec des flashbacks vieux de huit ans, afin de bien comprendre les événements du passé et leur conséquence aujourd’hui. Les notions de conscience/inconscience, et le ressenti d’un amnésique sont parfaitement analysés. L'ouverture de ce récit d'abord intime débouchant sur une question historique plus vaste est également une des grandes réussites de ce livre, nous somme ainsi directement concernés. En dire plus risquerait de vous donner une piste trop évidente. Très bonne lecture ! Quatrième de couverture Brillante étudiante de 19 ans à l'université du Wisconsin à Madison, Jane souffre de « fugues temporelles » depuis l'enlèvement dont elle a été victime huit ans plus tôt, dans des circonstances gui n'ont jamais été élucidées et dont elle ne garde aucun souvenir. En vacances comme chaque été dans le chalet familial au bord du lac Mendota, elle est seule avec son beau-père, sa mère ayant dû repartir précipitamment à Chicago pour son travail. Dans la nuit, la jeune fille se réveille avec les mains ensanglantées, un couteau à ses pieds. Richard gît à ses côtés, égorgé... Jane le sait, elle a tout de la coupable idéale. Pour le procureur du comté et la police de Madison, l'affaire est claire : l'étudiante a commis cet acte odieux dans une crise de folie. Ce n'est pourtant pas l'avis de Joseph Sleuth, l'agent local du FBI, gui penche pour un assassinat politique maquillé en crime familial. Leader du parti écologiste, Richard briguait le poste de sénateur et comptait de nombreux ennemis à la Bourse des valeurs agricoles de Chicago, le puissant et influent lobby des céréaliers. Libérée sous caution dans l'attente de son procès, Jane est prise en charge par un spécialiste de l'hypnose. Au fil des séances elle retrouve peu à peu la mémoire. La réalité se dessine, effroyable... Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Écorchures
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Écorchures Tess Gerritsen Presses de la Cité et Libra Diffusio 2017 349 et 400 pages traduites par Valérie Malfoy Thriller Chronique Titre original étant « Die Again ». Grâce à cette auteure, j'ai toujours la chance de profiter de quelques heures de lecture intelligente, futée, pleine de suspense, toute à la joie de retrouver l'inspecteur Jane Rizzoli et le docteur Maura Isles, médecin légiste, à Boston. Version bien plus sombre et dense que la série télévisée fun et glamour. Cependant on reconnaît certains éléments caractéristiques de chacune présents dans les écrits. L'originalité de ce dernier opus est de débuter bien loin des USA, au Botswana en pleine brousse, lors d'un safari découverte auquel se sont inscrits Millie libraire, la narratrice, et son compagnon Richard, célèbre écrivain de thrillers d'action en Angleterre, un couple de japonnais typique, deux blondes sud-africaines et Eliott, jeune homme timide qui les a suivies. Un guide Johnny et un pisteur Clarence complètent ce groupe hétéroclite. Millie déchante, son couple est au bord de la rupture, Richard étant de plus en plus insupportable, prétentieux narcissique juste intéressé par le décolleté d'une des 2 jeunes femmes et toujours à vouloir prouver qu'il est un mâle Alpha. Johnny, tranquille, serein, impose son autorité pour éviter toute erreur qui pourrait dans ce contexte devenir fatale. Des animaux sauvages les cernent, le danger est réel. Soudain tout bascule dans l'horreur, la mort a frappé ... Boston. Un chasseur et taxidermiste célèbre, Leon Gott est retrouvé égorgé, attaché par les pieds et éventré dans son garage. Dans sa maison trônent des trophées plus macabres les uns que les autres. Des griffures très régulières sont visibles sur le cadavre. Peu de temps après, un autre corps est découvert présentant les mêmes griffures. Rizzoli et Isles pensent que les meurtres sont liés, mais faut-il le prouver. Elles vont devoir fouiller dans la vie de Gott et de la nouvelle victime pour y trouver un point commun.... Des preuves dans les poubelles du garage orientent bientôt leur pas vers le zoo.... Elles ne savent pas encore que l'Afrique les attend avec ses mystères. Un très bon thriller, où Maura se bat contre ses propres parts d'ombre, où Jane doit lui témoigner toute sa confiance même si ses théories lui semblent incroyables. Leur amitié est forte, elles doivent la préserver à tout prix, quelques soient les horreurs et les monstres à affronter. Un tandem féminin particulier transformé en chasseresses traquant un monstres. La survie d'une femme terrorisée et hantée par le passé est entre leurs mains Quatrième de couverture La chasse est ouverte ! Le taxidermiste et amateur de chasse Leon Gott est retrouvé sauvagement assassiné, son cadavre pendu par les pieds parmi les trophées d'animaux sauvages ornant sa maison de Boston. Quelques jours plus tard, les restes d'une deuxième victime portant des griffures similaires sont découverts. L'inspecteur Jane Rizzoli et le Dr Maura Isles, médecin légiste, comprennent que les meurtres sont liés. Pour débusquer le prédateur qui hante la ville, Jane et Maura devront reprendre une partie de chasse commencée six ans plus tôt : au Bostwana, des touristes participant à un safari avaient tragiquement disparu les uns après les autres. Parmi eux, le fils de Leon Gott... Et si la traque avait repris à Boston ? Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- La vie rêvée de Virginia Fly
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires La vie rêvée de Virginia Fly Angela Huth Quai Voltaire / La Table Ronde Février 2017 218 pages traduites par Anouk Neuhoff Roman Chronique 13 avril 2018 Le titre original est « Virginia Fly is drowning » paru en 1972. En premier lieu l'auteure « est née à Londres en 1938 et vit aujourd'hui dans le Warwickshire. Journaliste réputée, elle a publié de nombreux romans à succès, deux recueils de nouvelles, etc..... Elle a aussi écrit des pièces pour la radio et la télévision et réalisé des documentaires. Dix romans ont paru chez Quai Voltaire, ....dont « Mentir n'est pas trahir » en 2015. » Ce récit tendrement caustique, furieusement drôle, doucement cruel, nous raconte la vie tumultueuse et fantasmée de Virginia, qui nous apparaît dès le départ tout de même bien atteinte : on ouvre sur son rêve de viol par un moustachu, rêve qu'elle fait dans son lit ou réveillée devant sa classe d'art plastique. Elle en frissonne. Voilà bien le problème, Virginia rêve son existence, elle ne la vit pas réellement. Elle attend la grande passion, le tsunami, et la voilà coincée à 31 ans, célibataire chez ses parents, à supporter une mère à étrangler, à partager une belle complicité avec son père vieillissant, au lieu d'être avec un mari, chez elle, ou même mère comme toutes ses anciennes copines, comme Caroline. Enfin la maternité ce serait de toute façon difficile car Virginia est VIERGE. Alors même si ce livre date de 1972, même à l'époque c'est un peu dur à croire, sauf si elle se destine à la vie monacale. Mais non, elle analyse parfaitement sa situation avec un pragmatisme sidérant, elle accepte même d'en parler dans une émission de téléréalité. Là, on vacille de honte pour elle, mais elle non ! Et on rit tant la description du tournage chez les Fly est savoureuse. C'est de l'humour anglais qui fonctionne parfaitement. Pourtant il y a de l'espoir, car le correspondant américain de Virginia depuis douze ans arrive enfin à Londres. Évidemment notre institutrice s'imagine déjà mariée à Charles. Hum ! Là une scène d'anthologie vous attend entre ses deux spécimens exceptionnels. Toutes les femmes se retrouveront dans certains détails évoqués. Ah, ah ! Et puis, il y a également son ami Hans mélomane, distingué et prévenant, veuf, beaucoup plus âgé, qui l'entoure d'attentions délicates, sans qu'elle percute, hum ! Imaginez donc sa tête quand il voit cette jeune femme qu'il apprécie tant, avouer sa virginité à la face du monde. Il lui adresse immédiatement un courrier pour lui proposer un rdv, il veut lui apporter son assistance. Une certaine Mrs Thompson aussi, veuve, ancienne prostituée, écrit à cette cause perdue, proposant ses services de professionnelle de la séduction. Toute une galerie de personnages à peine caricaturés et irrésistibles, quelques fois grotesques ou pitoyables, le plus souvent charmants car improbables et attendrissants. Attention cela peut être une fable absurde, c'est en fait une description psychologique tout en sourdine et finesse de certains oubliés, perdus de la vie, bouffons, qui n'ont pas reçu le mode d'emploi. Des inadaptés, mais nous, le sommes-nous vraiment en toute circonstance ? Alors que va-t-il enfin arriver à Virginia dans la réalité, va-t-elle réussir à s'en contenter, à comprendre où est son bonheur, le vrai....? Très bien observé, ce roman n'a pas pris une ride, malicieux et humoristique, et étonnant d'à propos dans une époque où la solitude est le mal de l'époque, où la communication n'est quelques fois que virtuelle. À méditer en souriant, et surtout « carpe diem ». Quatrième de couverture Souvent, debout face à ses élèves ou allongée sur son lit, Virginia Fly a la vision merveilleuse d’une main d’homme caressant son corps, déclenchant un frisson le long de son épine dorsale. Que ferait-elle si un inconnu apparaissait à la fenêtre, pénétrait dans la pièce et la séduisait ? Car à trente et un ans, Virginia, toujours vierge, vit sagement chez ses parents, dans la banlieue de Londres. Il y a bien son ami Hans, un professeur mélomane, mais ce n’est pas lui qui assouvira ses fantasmes. Non, celui qu’elle attend, c’est Charlie, son correspondant américain, dont la visite s’annonce enfin après douze années d’échanges épistolaires. Seulement cette arrivée coïncide aussi avec la diffusion d’un reportage télévisé sur Virginia, qui se prend à rêver que, parmi les opportunités tout à coup florissantes, il en est une – peut-être le charmant Ulick Brand ? – qui saura combler ses attentes. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Le jardin des papillons
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Le jardin des papillons Dot Hutchison City Editions 2 septembre 2020 352 pages traduites par Nordine Haddad Thriller Chronique « Haletant et machiavélique : un époustouflant best-seller par une nouvelle voix du polar mondial. » Quel thriller ! La version originale THE BUTTERFLY GARDEN est parue en 2016 aux Etats-Unis, premier opus d'une série.... Donc réjouissons-nous qu'il soit enfin édité en France dans une très bonne traduction, qui plus est. J'ai toujours été fascinée par les romans, biographies concernant Soliman le Magnifique, le Harem de Topkapi, Constantinople.... effrayée et en même temps passionnée par ce mode de vie, cette civilisation, ce faste.... Cependant quelques décennies après, informée par les différents témoignages écrits de profilers européens ou américains, par certaines fictions policières proches du reportage sur le terrain, mon regard sur Soliman et ses "collègues" d'hier et d'aujourd'hui a diablement changé. Pourquoi parler de ceci ? Simplement parce que l'auteure fait plusieurs fois référence aux harems, à la traite d'êtres humains et à l'esclavage. Un thriller tel que celui-ci, à l'atmosphère aussi vénéneuse, malsaine, terrifiante, sorti de l'imagination tortueuse de l'auteure, a l'immense utilité de renommer par leurs pathologies, très justement, ces criminels, afin de les étiqueter et les ranger ensuite dans le " catalogue des psychopathes violeurs multirécidivistes et serial killers " ; On revoit notre Histoire mondiale et certaines de ses figures les plus illustres avec d'autres yeux à la fin de cette lecture. Et ils sont nombreux les pervers narcissiques et autres monstres dans nos livres d'enfants, sans que jamais un jugement moral ne nous aient réellement été transmis sur leur comportement déviant lors de nos années d'apprentissage. C'est le premier des grands mérites de ce thriller phénoménal.... le second est tout aussi exceptionnel : Nous voici plongés dans un récit mêlant deux huis clos. En écrire un est déjà un tour de force, le rendre captivant, hypnotisant en est un autre, mais deux ! Complimenti : - Le premier huis clos est d'entrée de jeu situé dans la salle d'interrogatoire du FBI après l'assaut donné sur une propriété privée où étaient enfermées, violées, torturées, tuées, des jeunes filles de plus de 15 ans depuis plus de trente ans. Les protagonistes en présence sont Maya, l'une des victimes, face à Victor et Eddison, deux agents spécialistes des crimes sexuels sur mineurs. - Le deuxième huis clos se déroule sur les lieux des crimes, dans cette immense serre abritant les kidnappées. C'est le récit sous forme de flashbacks de Maya répondant, à sa façon très particulière, aux agents. Elle leur raconte alors ce qui pourrait être un opéra, tel Butterfly ou plutôt Turandot, ou un conte pour adultes, ténébreux, où peu à peu l'âme des plus pures sombre dans un désespoir sans fond. La serre luxuriante avec sa grotte, sa falaise, son plan d'eau, ses lieux d'habitation du Harem se nomme le Jardin des papillons. Évidemment son propriétaire est le Jardinier et les incarcérées, ses Papillons. Ces appellations si poétiques, rassurantes, cachent une réalité monstrueuse : les filles, dont le dos est tatoué d'ailes de papillons tous différents, forment la collection privée de ce dément, qui tel un dictateur érige les règles de cette micro- société et décide de l'exécution de certains spécimens trop vieux, déficients, imparfaits. Soit ils sont éliminés et disparaissent, soit ils ont l'insigne honneur d'être mis en exposition.... Ce Jardinier est un esthète, n'est-il pas ? Cependant il commet des erreurs..... Comme introduire le ver dans le fruit.... Quel sera-t-il ? Un de ses fils ? Une des kidnappées ? Quel événement insupportable mettra le feu aux poudres ? Quant à Victor, réussira-t-il à établir le profil de Maya, et se persuadera-t-il de son innocence, elle qui semble être le centre de tout, elle que réclament les rescapées comme leur protectrice, leur meneuse ? La jeune femme ne leur facilite pas la tâche, habituée, bien avant son rapt, à la cruauté de la vie. Est-elle le bon petit soldat du Jardinier ou une guerrière qui a usé de duplicité et de ruse pour sauver la communauté des Papillons ? Pourquoi ne pleure-t-elle pas ? Pourquoi ne se comporte-t-elle pas en victime ? Est-elle aussi vénéneuse que ce Jardin ? Est-elle devenue la chose, la complice du Jardinier ? Les battements d'ailes vont s'accélérer essoufflant notre cœur et nos cellules grises. Ce livre est un poison que l'on boit jusqu'à la lie avec plaisir masochiste et passion. Une œuvre tout à fait unique, diablement réjouissante et réussie. Comment a-t-on pu attendre autant de temps avant de l'éditer en France ? Un souffle nouveau re-oxygène le monde du thriller psychologique avec ce double huis clos prodigieux. Le dénouement vous réserve également des surprises étonnantes quant à l'articulation des évènements en amont et les raisons motivant l'attitude de Maya. J'attends avec une immense impatience la suite. Quatrième de couverture Un immense jardin luxuriant, débordant de fleurs et de plantes rares. Cet endroit pourrait être un véritable paradis s’il n’y avait ces dizaines de cadavres découverts par le FBI. Des jeunes femmes dont le dos a été tatoué pour ressembler à des ailes de papillons. Celui qui règne sur ce monde fascinant et effrayant est un homme aussi cruel que délicat que ses victimes ont baptisé « Le Jardinier ». Son obsession : capturer, apprivoiser et immortaliser les plus beaux spécimens avant que leur beauté se fane. Parmi les rares survivantes, il y a Maya, une étrange jeune femme. Plus l’enquête avance, plus elle se révèle être une énigme. Quels secrets dissimule-t-elle ? Au fur et à mesure que la jeune femme se confie, les enquêteurs sont emmenés loin, très loin, aux confins de la noirceur de l’âme humaine. « Ici, la beauté, le désespoir ou la peur étaient aussi communs que le fait de respirer. » Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs














