top of page
IMG20230707173456_edited.jpg

Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

Will le Magnifique

Stephen Greenblatt

Flammarion

17 septembre 2014

480 pages traduites par Marie-Anne de Beru

Historique

Chronique

8 novembre 2017

Difficile pour moi de trouver une biographie de William Shakespear qui me plaise. Celle-ci est le coup de coeur des bibliothécaires de la ville de Paris donc déjà un bon point, et je viens de lire le formidable "Quattrocento" du même auteur, donc j'étais en sécurité.

Il est ardu d'écrire sur l'intimité d'un homme qui n'a laissé que très peu de lettres ou témoignages. La grande chance est qu'en cette fin du XVIe siècle, les anglais étaient très procéduriers. Donc restent tous les actes notariés, judiciaires, municipaux etc... Ajoutons à cela les pièces et sonnets du poète dramaturge et Stephen Greenblatt peut alors, sous forme d'enquête presque policière et d'analyse psychologique fine, nous brosser le portrait de ce Will magnifique et incontournable de la culture universelle.


C'était un tel bonheur tous les dimanches, enfant, de voir ses pièces parfaitement traduites et interprétées à la télévision. Aujourd'hui comme chanteuse lyrique j'apprécie encore plus sa contribution inspiratrice aux oeuvres de Verdi, Haendel, Berlioz, Donizetti, dont j'incarne les héroïnes fabuleuses.

Une carrière courte et dense, une oeuvre incroyable après une enfance à Stratford-upon-Avon, dans une famille probablement catholique, ayant appris le latin à la grammar school où l'avait envoyé ses parents, John et Mary Shakespeare, eux-mêmes ne sachant pas écrire ; on suppose qu'il fut secrètement précepteur dans une famille catholique puis qu'il travailla avec son père gantier. Mais sa passion du théâtre naît vraisemblablement lors des représentations données par des troupes de comédiens itinérants dans son village, puis les grandes festivités organisées lors de la tournée d'Élisabeth 1ere dans toute l'Angleterre et non loin de chez lui. Ainsi a-t-il été certainement assuré de ses ambitions futures. De plus, édile et propriétaire, donc personnage important et notable, dont la femme Mary était un membre d'une riche lignée catholique, les Arden, John a fait de mauvaises affaires, et on suppose a eu également des problèmes d'alcool ; donc il est ruiné se terrant chez lui pour échapper à ses créanciers, son fils doit travailler. Entre temps à moins de dix neuf ans, William se marie à Anne Hathaway, bien plus âgée que lui, mais enceinte. Ce ne sera pas une alliance heureuse, loin s'en faut, comme le démontre les termes du testament de Will qui laisse tout à ses deux filles et rien à son épouse.

En attendant nous voici à l'aube du XVIIeme siècle, dans une société elisabethaine se relevant tout juste du court règne de bloody Mary la catholique, pour revenir à la religion anglicane, dans un climat de suspicion entre catholiques et protestants, bien que la reine n'exige de ses sujets que leur présence une fois par mois au culte et est, somme toute en son début de règne, assez tolérante ; un monde aussi menacé en permanence par cette peste bubonique qui se réveille soudain et décime la population. Donc nous nous apprêtons à suivre William à Londres, laissant derrière lui sa femme et ses trois enfants chez ses parents pour poursuivre son destin.


Je suis persuadée que des connaisseurs plus aguerris que moi de l'oeuvre de Shakespeare seront ravis de cette biographie. Je le fus aussi, heureuse également des illustrations et de la découverte de la vie intellectuelle et artistique de l'époque.


Stephen Greenblatt décrit parfaitement ce monde, ses us et coutumes, son rapport aux divertissement, à la mort, à l'amour, au mariage, à l'homosexualité, à la Reine, à la religion, à la justice.... par le biais du destin de William Shakespear.

Un très bon reportage ou enquête dans ce Londres de cette fin XVIe et début XVIIeme siècle. Will est vraiment le magnifique, tant par son talent incroyable, son humanité, son humour, son originalité, une énigme un peu dévoilée mais non totalement résolue.

Quatrième de couverture

Qui était Shakespeare ? De l’homme, rien ou presque n’a survécu. Seule l’œuvre a traversé les siècles. Se pourrait-il qu’elle éclaire une partie de ce mystère que le dramaturge semble avoir délibérément entretenu ? Stephen Greenblatt le croit. Et avec sa tranquille érudition nous en offre une lecture passionnante, la confrontant à l’histoire du XVIe siècle élisabéthain et aux plus récentes découvertes.
La voix de Shakespeare est alors si présente, l’Angleterre décrite si vivante qu’elles donnent à l’ouvrage une saveur d’autobiographie. Le monde dans lequel le dramaturge a grandi revit sous nos yeux, les rites et les traditions, les travaux des jours et des saisons, les expériences sensorielles et émotionnelles. On découvre avec étonnement comment s’est forgé l’imaginaire de l’artiste, de quels souvenirs son œuvre est pétrie, quelles associations d’idées sont à l’origine d’un vers ou d’une scène, comment cet homme, qui a fui sa province natale et le métier de gantier qui lui était promis, a transformé sa vie, sans appui ni héritage, en une incroyable success story.
Mais le portrait serait incomplet s’il n’avait pour toile de fond l’Angleterre elle-même, Londres et sa prodigieuse vitalité, cœur d’une nation déchirée par les persécutions religieuses et sur le point de basculer du Moyen Âge vers les Temps modernes, dans cette Renaissance foisonnante que Stephen Greenblatt - les lecteurs de Quattrocento le savent - raconte mieux que personne.

bottom of page