top of page
IMG20230707173456_edited.jpg

Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

Un souffle une ombre

Christian Carayon

Fleuve Noir

2016

540 pages

Thriller

Chronique

12 février 2018

« La guerre, c'est la nuit. Même quand elle s'achève. On s'y égare. On ne sait plus reconnaître des gens et des lieux familiers. On n'entend plus les mêmes sons. Et il y a la peur, le plus grand de tous les silences. Permettez-moi de conclure avec une phrase extraite du Petit Poucet.... : La nuit vint et il s'éleva un grand vent qui leur faisait des peurs épouvantables. »


La peur ! Au centre de tout, omniprésente, qui vous broie les entrailles, vous liquéfie, vous réveille la nuit dans un cri, qui vous reprend soudainement quand vous pensiez aller bien et qu'un événement de rien, des paroles de chanson, un signe nouveau de décadence de notre société, réveillent. La bête est de retour et se nomme terreur.


Il y a des livres qui resteront longtemps dans votre mémoire de par leur qualité et en raison du contexte dans lequel vous le lisez. Ce thriller est un de ces livres pour moi.


Récit heureusement lent et progressif, je n'aurais pas supporté d'être bousculée en ce moment, abordant cette Peur qui reste après un drame, en l'espèce un triple meurtre et une victime détruite à vie sur une petite île au large de la base nautique des Crozes. Une belle journée d'été, un rendez-vous annuel des membres d'un club de loisirs se mêlant pour une fois aux habitants de la commune d'à côté, et l'horreur au petit jour.

Le narrateur trente cinq ans après, prend conscience que cette tragédie dont il a été indirectement le témoin, a définitivement changé sa vie, l'a orientée, ainsi que l'existence des familles, des habitants, de la vallée, de la région. Un effet boule de neige.

Une seule rescapée à la mémoire cassée ne peut révéler la vérité. Plusieurs coupables ont été désignés à tort, l'un d'entre eux emprisonné, mais un goût d'inachevé perdure.


L'imaginaire du narrateur va être squatté par ce qui s'est déroulé au bord du lac de Basse- Misère. Il va en bon historien et chercheur mener minutieusement l'enquête, extrapoler puis prouver ce qu'il imagine être la réalité. Il va tout faire pour se libérer de cette histoire et de sa propre peur.


La progression du récit volontairement ralentie, à la première personne " je", nous offre l'opportunité de nous laisser porter, hypnotiser, par ce mystère. L'ombre de Justine violée, brisée passe et vous souffle son histoire au creux de l'oreille. Certaines scènes entre autres de viols sont effectivement très réelles, difficiles à lire, mais elles sont nécessaires, et s'inscrivent dans un contexte de temps et de lieu, une narration, où le rôle de chacun est clairement définie. Le bien et le mal sont à leurs places . Tout est limpide. Le lecteur n'est pas pris à froid, il est préparé, le travail de documentation de l'auteur pour coller à la réalité de ce type de crime est perceptible, le respect aux victimes évident. Ce n'est pas du sensationnalisme.

Là est la grande différence avec une chanson et son auteur qui font polémique aujourd'hui, et dont je tairai volontairement le titre et le nom.


Ce thriller est une œuvre de fiction basée sur le réel, les lieux existent sous d'autres noms, je ne me suis pas sentie agressée en le lisant.


Je garderai longtemps en mémoire le bruit du vent dans les branches de cette forêt sous la neige où court notre héros poursuivi par ses terreurs, par son monstre. Un beau livre à l'ambiance très particulière.

Quatrième de couverture

Été 1980. Le lac de Basse-Misère, dans le sud du Massif central. Un groupe d’adolescents de bonne famille est massacré sur l’îlot où il était parti camper, en marge de la fête du club nautique local. Dans toute la région, l’onde est sismique.
Comme un point de bascule irréversible, qui signe la fin d’une époque d’insouciance, et le début du déclin de la vallée.
À Valdérieu, principale agglomération du pays, quelque chose s’est brisé pour toujours.
Trente-quatre ans plus tard, le meurtrier supposé croupit derrière les barreaux. Mais à l’université de Toulouse, le chercheur en histoire Marc-Édouard Peiresoles ne croit pas en sa culpabilité.
Originaire de Valdérieu, et témoin impuissant du cataclysme alors qu’il n’était que collégien, il décide de retourner sur place, et de reprendre toute l’enquête. Comme on replonge dans ses propres traumatismes. Comme on lève le voile sur trois décennies de non-dits, en grattant le vernis d’une communauté beaucoup moins lisse qu’il n’y paraît. Derrière les fantômes des adolescents disparus, c’est bientôt le lac de Basse-Misère qui se réveille, tel un prédateur endormi. Déjà prêt à engloutir ses prochaines victimes..

bottom of page