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Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

Un monde nouveau 

Jess Row

Albin Michel

Le 20 août 2025

608 pages traduites par Stéphane Roques

roman

Chronique

25 octobre 2025

Paru dans la collection Terres d'Amérique dirigée par Francis Geffard


Prix Transfuge du meilleur roman américain

1ère sélection prix Fémina étranger 2025

1ère sélection du Grand prix de littérature américaine

1ère sélection du Prix du Meilleur livre étranger


" Ce livre est pour les rêveurs : les militants, les universitaires, les chercheurs, les avocats, les journalistes, les artistes et les simples citoyens qui œuvrent chaque jour contre le cynisme du monde contre l'apparente impossibilité de construire un avenir juste, libre et pacifique, en Palestine et en Israël. " J. R.


"Un livre-monde qui entend embrasser l'intégralité des tumultes de notre temps. ...d'une ambition folle. " Isabelle Lesniak, Les Échos 


Ambitieux et tout à fait réussi, un sacré challenge que de raconter, sous la forme d'un récit choral, la trajectoire des différents membres d'une famille américaine et de son entourage des années 1970 à plus ou moins aujourd'hui. 


Il y a du Woody Allen et du Philip Roth dans ce roman : névroses, mensonges, mal-être, traumatismes, questions existentielles, nombrilisme, génie de l'intelligence et immaturité émotionnelle.... 


Sandy est marié à Naomi depuis les années peace and love. Ils en sont les purs produits, étant allés jusqu'à fonder une communauté Zen. Sandy a eu une enfance triste auprès d'une mère alcoolique. Trouver Naomi a été sa planche de salut : enfin une famille, enfin une identité juive à laquelle se rattacher. Il est intelligent, elle est géniale, brillante. Elle est cependant si cérébrale et si peu empathique que certaines choses lui échappent. Au moindre grain dans la mécanique bien huilée qu'elle impose à tous, et elle perd sacrément les pédales, emportant dans sa chute ses proches. Elle aime mais ne sait ni exprimer ses sentiments ni communiquer. Sandy, face à ses mensonges, ses tromperies, subit, reste tétanisé, tout en ruant quelques fois dans les brancards. S'ils étaient seuls ce ne serait pas grave mais ils ont trois enfants qui vont sacrément morfler de la mésentente parentale, des mensonges, des silences ou crises d'hystérie.  


Ainsi la découverte de l'identité du père biologique de Naomi, un scientifique noir, John Downs, rebat les cartes. Dans cette Amérique raciste des années 1980-90, ils ne sont plus des blancs juifs membres de la bonne société et d'une certaine élite mais le fruit d'un métissage ! Une bombe est lâchée, Naomi n'assume rien, ne relativise rien, demande à son mari de garder le secret et lorsque celui-ci est enfin dévoilé un Noël, l'effet tsunami est décuplé. 


Car si les parents s'arrangent plus ou moins bien des métamorphoses de la société américaine, de sa décadence, des conséquences de sa politique internationale et impérialiste entre autres dans le conflit israélo-palestinien, de son irresponsabilité notoire en terme d'écologie et de pollution, de ses décisions inacceptables et hypocrites quant aux émigrants venus d'Amérique du Sud, leurs enfants eux prennent position, s'engagent, refusent de laisser le monde dont ils héritent dans un tel état. Alors qu'un crépuscule s'étend sur tous, la mort brutale de la cadette, Bering, en Cisjordanie abattue par un sniper israélien, est le coup de tonnerre qui va déchirer le ciel de cette famille déjà dysfonctionnelle, obligeant chacun de ses membres à se regarder dans le miroir, à faire un bilan. Celui-ci prendra plusieurs années. Les Wilcox, à l'instar du pays et de la planète, vont être sacrément secoués par les tempêtes de l'Histoire et par un syndrome post trauma qui ne leur laissera aucun répit. 


Grande fresque portant sur ces cinquante dernières années ouvrant sur les questionnements que nous avons tous en cette fin d'un système capitaliste, extractiviste et impérialiste en bout de course face au vertige que représente la construction d'un nouveau monde. Mais lequel ? 


Somptueux et d'une grande justesse, ce roman foisonnant et très américain, touche donc à des interrogations universelles. Il est déstabilisant, paniquant parfois, mais aussi rassurant dans le fait que nous ne sommes pas seuls face au malaise provoqué par les évènements actuels. Dire ou écrire les choses sans tergiverser est toujours bienfaisant, maintenant mettons-nous au travail.

Quatrième de couverture

Des névroses d’une famille moderne au tumulte du monde, un grand roman américain.
Issue de la bourgeoisie juive new-yorkaise, la famille Wilcox n’a plus guère en partage que son nom. Membre d’un cabinet d’avocats huppé, Sandy, qui ne s’est jamais remis de son divorce, est la proie de pensées suicidaires. Son ex-femme, Naomi, géophysicienne de renom, vit recluse dans un laboratoire avec sa compagne. Patrick, le fils aîné, s’est installé au Népal où il est devenu moine bouddhiste. Sa sœur, Winter, avocate qui défend les sans-papiers, en veut à leur mère de leur avoir longtemps caché l’identité de son père biologique. Tous sont hantés par la disparition tragique de Bering, la cadette, militante pacifiste morte à vingt et un ans en Cisjordanie sous les balles d’un soldat israélien.
Comment les Wilcox ont-ils bien pu en arriver là ? Cette fracture entre eux tous est-elle irrémédiable ?
À travers ces personnages, Jess Row dresse la cartographie d’un monde éclaté et d’une Amérique en crise. De New York à la Cisjordanie en passant par l’Himalaya et Berlin, il déploie des sujets d’une actualité brûlante – l’identité raciale et religieuse, le conflit israélo-palestinien, la crise climatique, l’immigration – au moment où les repères du passé cèdent à la violence d’un présent sans lendemain.

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