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Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

Un fond de vérité

Zygmunt Miloszewski

Pocket

2016

Thriller

Chronique

4 mars 2018

Deuxième tome de la trilogie consacrée au procureur Teodore Szacki

Nous retrouvons donc Teo en avril 2009, muté à Sandomierz, charmante ville de province, véritable carte postale qui derrière ses façades cache pourtant des secrets monstrueux dont il vaut mieux ne pas se souvenir. Mais malheureusement, ce ne sera pas le cas et la boue va se répandre dans les rues et les sous-sols de la cité.

« Dans toute légende, il y a un fond de vérité » dit un dicton populaire polonais. Un proverbe juif rétorque qu'une demi-vérité, c'est un mensonge entier", et Teo ajouterait « Il est du devoir du procureur de chercher à établir la vérité ».


Bon, nous voici donc prévenus.

Comme dans le tome précédent, la nouvelle enquête durera 12 jours, entre le 15 avril et le 27 avril 2009 avec un épilogue le 8 mai suivant. Comme précédemment, l'auteur nous fait une revue de presse internationale et polonaise avant chaque jour.

Notre anti-héros ne s'est pas arrangé, faut-il le dire ? Mysogine, cynique, infidèle, bien que se jugeant en toute objectivité lui-même comme nul avec sa femme, sa fille, il a tout perdu, et paye la facture, qui évidemment, s'est présentée.


Divorce, mutation, dans cette jolie bourgade, son auto-dérision qui était un mode de protection plus jeune, est devenue un mode de fonctionnement. Disons-le, c'est vraiment un sacré con, une tête à claques, avec les femmes, ses réflexions in petto sur la gente féminine nous laissent à penser que monsieur devrait consulter ; son obsession des apparences, son snobisme et sa fatuité ne le rendent pas sympathique auprès de ses collègues et de sa hiérarchie. Tout ceci présenté avec beaucoup d'humour par l'auteur. Car on s'amuse de sa bêtise, et de ses pensées d'adolescent mal dégrossi à quarante ans bien sonnés, et Zygmunt Miloszewski aussi.


Cependant, Teodore Szacki a surtout un talent fou pour résoudre des affaires criminelles, c'est même un génie en la matière, il faut bien que cela serve enfin ; car à force de gérer des dossiers d'une rare banalité, il s'encroûte et devient encore plus inadapté à la vie en société.

Donc Hosanna ! enfin un meurtre, un bien sanglant, juteux, horrible, contenant toute une part de mystère et de référence aux légendes séculaires de la région, va sauver les cellules grises de notre détestable Sherlock Holmes polonais dont le docteur Watson serait sa collègue procureure, Barbara.


Devant l'ancienne synagogue de la vieille ville devenue Archives, le corps d'une femme nue , exangue, à la gorge méchamment tranchée, est retrouvé. Plus loin, on ramasse un couteau à la lame aussi tranchante qu'un rasoir utilisé lors de l'abattage des bêtes dans le culte juif. Déjà on murmure que ce serait certainement un meurtre sacrificiel dans une ville dont le passé est un exemple dans l'histoire haineuse ou passionnelle entre le peuple juif et les polonais.


Zygmunt Miloszewski, après avoir traité de la question du catholicisme, de l'homophobie, du post-communisme et du racisme dans son pays dans le premier opus de cette trilogie, s'attaque, par le biais de cette nouvelle enquête, à l'antisémitisme polonais. La multiplicité des personnages permet de présenter différents points de vue, d'avoir une vision d'ensemble, 65 ans après la Shoah, 63 ans après le dernier pogrom ! et 40 ans après avoir chassé les ultimes rescapés du pays en 1968 !!!!


Il semblerait donc qu'un petit malin, né à priori dans les années 70, puisse utiliser les superstitions et légendes, telles celles du rituel du sang que je vous laisse découvrir tant il est dingue et moyenâgeux, pour éliminer une femme puis d'autres victimes d'une manière toujours plus démonstrative et théâtrale.


Teo a l'impression d'avoir ouvert la porte d'un monde parallèle, un monde où une fausse réalité, " ensevelie sous les cadavres de vieux démons" est toujours d'actualité. Les démons ne sont qu'endormis, et dès leur réveil remuent leurs « queues démoniaques » heureux de pouvoir reprendre possession de Sandomierz et jouer avec notre Procureur.


Les bras m'en sont tombés, je dois dire, devant certains faits historiques, j'en reste chamboulée. C'est un très bon polar et thriller, le personnage de Teo si haïssable par bien des côtés mais aussi pathétique, est une figure intéressante par son mode de déduction et sa logique. Sur le plan historique, c'est un récit bouleversant et remarquable. Je continue avec le troisième et dernier épisode, « La Rage », tout un programme !

Quatrième de couverture

Dans toute légende, dit-on, il y a un fond de vérité. À Sandomierz, sage bourgade de la province polonaise, on ne croit plus depuis longtemps que les Juifs enlèvent les enfants catholiques pour les vider de leur sang. Quoique... La découverte d'une jeune notable devant l'ancienne synagogue, égorgée suivant le rituel de l'abattage casher, réveille anciennes croyances et vieux démons... À charge pour le procureur Teodore Szacki, fraîchement divorcé et exilé de la capitale, de trouver la vérité.

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