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Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

Toutes ces grandes questions sans réponse

Douglas Kennedy

Belfond

2016

362 pages traduites par Bernard Cohen

Essai

Chronique

7 juin 2018

« On dit des cicatrices qu'elles se referment, en les comparant plus ou moins aux comportements de la peau. Il ne se passe rien de tel dans la vie affective d'un humain. Les blessures sont toujours ouvertes. Elles peuvent diminuer, jusqu'à n'être plus qu'une pointe d'épingle. Elles demeurent toujours des blessures. Il faudrait plutôt comparer la trace des souffrances à la perte d'un doigt, ou à celle d'un oeil. Peut-être au cours d'une vie entière, ne vous manqueront-ils vraiment qu'une seule minute. Mais quand cette minute arrive, il n'y a plus aucun recours. »

Extrait de « Tendre est la nuit » de Francis Scott Fitzgerald.


Livre à part , témoignage d'un auteur à succès de soixante ans, plusieurs fois mariés, père, primé, récompensé, en questionnement existentiel constant en raison de son intranquillité.

Les origines de cette mélancolie, de ce manque de bonheur jusqu'à un certain âge, sont peut-être à aller chercher dans l'enfance, le comportement d'un père fuyant, irascible, entêté, incapable de décider enfin de se séparer d'une femme exaspérante.


Il sera beaucoup question de séparation, de divorce, de responsabilité vis à vis des enfants, des autres, et par dessus tout de l'amour des livres, des mots, de la littérature, de la France un peu, qui déteint sur lui tout doucement, à prendre les choses avec un peu plus d'ironie. Américain de la middle class, puis journaliste et écrivain à Londres, puis à Paris, son rapport avec les USA et sa pensée est particulier, pas évident.


Concernant le divorce, un de ses amis après des années de tergiversations et d'hésitations lui dit :" n'empêche ça été la meilleure des décisions épouvantables que j'aie jamais prises dans ma vie. Et tout compte fait, c'est une libération après trop de souffrances accumulées."


Et il est vrai que dans une vie nous avons souvent cette impression d'avoir pris la meilleure des décisions épouvantables.... Restons philosophes donc.

Les questions :

"1/ le bonheur n'est-il qu'un instant fugace ?" Triste de constater que jusqu'à tardivement, il ne comptait que quelques instants de pur bonheur dans sa vie vite balayés par de mauvaises nouvelles ou la routine. De la fameuse propension à voir le verre plein.

"2/ sommes-nous les victimes ou les artisans de notre infortune ? " À méditer sérieusement avec énormément d'auto dérision et d'honnêteté. Le but étant de ne pas renouveler les mêmes faux pas.

"3/ réécrivons-nous toujours l'histoire pour la rendre supportable ? " Et accessoirement ne donnons-nous pas le mauvais rôle aux autres un peu trop souvent ?

"4/ la tragédie est-elle le prix à payer pour être de ce monde ? " Ma réponse est non en général dans un contexte de normalité quotidienne, sauf sur scène ou pour lui dans les livres. Mais celle-ci s'invite effroyablement parfois comme lors des attentats de 2015 par exemple. Des millions de gens sont englués dans le drame qui leur est imposé. Certains se relèvent, tête haute, " Vous n'aurez pas ma haine" , car la notion de victimisation varie entre les cultures, les religions, d'un individu à un autre.

"5/ la spiritualité se trouve-t-elle entre les mains du Tout-Puissant.... Ou juste au coin de la rue ? " Ah! Ah! No comment

"6/ pourquoi le pardon est-il (hélas) l'unique solution ?" Je rajoute pardon dans quel contexte ? Et celui ou celle à qui on devrait accorder le pardon, le réclament-ils ? Sont ils dans cette démarche ? Espèrent-t-ils la rédemption ? N'ont-ils pas eux aussi réécrit l'histoire ? "Pardon" est-il le bon mot ? Ne devrions-nous pas seulement déjà chercher à simplement évacuer la haine ou la colère Inutiles au long cours pour atteindre une saine indifférence ?

"7/ s'initier au patin à glace à quarante ans passés : une métaphore acceptable de la hasardeuse poursuite d'un équilibre ? "

Le fameux équilibre, ça me fait rire, tout n'est que déséquilibre et imperfection, en cela réside la beauté en général. Quand on le sait, tout va mieux....


Donc un texte touchant d'un homme drôle, érudit, curieux, dans son monde à lui, qui confronté soudain à une grande difficulté lorsque son fils est diagnostiqué autiste, s'oblige alors à se poser les bonnes questions, à revenir à l'essentiel. La tragédie malheureusement est toujours possible, il faut savoir y faire face en préservant un certain équilibre imparfait, supportable, afin de continuer à avancer.


Une lecture qui vous re-noyaute mine de rien même si vous n'êtes ni un écrivain anglo-saxon, ni divorcé....

Quatrième de couverture

Le bonheur n'est-il fait que de moments ? Le piège le plus hermétique n'est-il pas celui dans lequel nous nous enfermons nous-mêmes ? Réécrire notre histoire la rend-elle plus supportable ? La tragédie est-elle le prix à payer pour notre existence ? Pourquoi le pardon est-il malheureusement la seule et unique option ? Dans la vie comme dans le patinage, tout n'est-il pas toujours qu'une question d'équilibre ?

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