
Éva a lu pour vous ..
Chroniques littéraires
Tous les rêves du monde
Theresa Révay
Belfond
2009
444 pages
Historique
Chronique
9 novembre 2018

« Des décombres de Berlin aux gratte-ciel de Manhattan, des ravages de l'après-guerre à l'euphorie des années 50, la trajectoire de quatre jeunes gens ambitieux. » Et un roman d'amour formidable entre Xenia Feodorovna Ossoline et Max bon Passau suite de « La louve Blanche ».
Il y a des livres qui vous deviennent précieux, que vous êtes heureux et fiers d'avoir dans votre bibliothèque. Ces deux tomes en font partie, et ont une place de choix sur mes étagères. Ils m'ont surprise, j'ai été étonnée de me retrouver soudainement la gorge nouée, les larmes aux yeux : je ne sais pas pourquoi mais en revanche je sais reconnaître la beauté des images créées par l'auteur lors d'événements émotionnellement forts, tournants de l'Histoire ; tel ce 17 juin 1953 où les berlinois à bout de souffrance vont se soulever contre le gouvernement de Ulbricht, Grotewohl et les communistes, peu après la mort de Staline, ou cette scène finale magnifique digne du meilleur film choral de Lelouch dans une galerie d'art à New-York en janvier 1955.
Rarement je me suis sentie si concernée par des personnages, rarement je me suis souvenue avec autant de détails d'un premier tome lu il y a des mois, rarement j'ai eu si hâte de reprendre le fil de ce récit que j'avais trouvé trop vite conclu. Restée sur ma faim, ce soir je suis repue, comblée par ce que j'ai lu, et je précise, à haute voix de bout en bout.Pourquoi ? En raison de la musique propre au style et à l'écriture de Theresa Révay. Beau, tout simplement.
Une construction fabuleuse entre Paris puis Berlin jusqu'à Munich et New-York, de octobre 1944 à janvier 1955. Une fresque fabuleuse donc depuis le premier tome débutant à St Petersbourg en 1917 pour finir 38 ans plus tard.J'ai lu beaucoup de thrillers ou romans historiques ces dernières semaines ayant trait à la seconde guerre mondiale sans oublier le témoignage bouleversant de Marceline Loridan-Ivens " Et tu n'es pas revenu".Sans le savoir avec " Tous les rêves du monde" je clos ce cycle logiquement par l'après guerre à Berlin.
Que fut le destin des allemands de cette ville au destin incroyable, écartelée, partagée en quatre sections, enjeu de toutes les convoitises, de toutes les tractations, de toutes les aberrations ?La seconde guerre mondiale terminée, il faut faire payer ce peuple et surtout, utiliser cette plaque tournante berlinoise pour obtenir une place prépondérante dans ce Monde et imposer son pouvoir absolu. La guerre froide a déjà débutée, hors de question pour Staline de laisser les puissances occidentales régner. Rattraper vite le retard dans la course à l'armement après Hiroshima et Nagasaki.
Quel meilleur moyen que de prendre les berlinois en otage, d'imposer un blocus immonde à une population exsangue, après des mois de viols, vengeances dignes des crimes contre l'humanité des nazis. Le secours organisé par les alliés pour venir en aide aux berlinois au péril de la vie des pilotes de ce pont aérien formidable a fait basculer l'opinion international face au courage de ces allemands.
Bien sûr la responsabilité de certains est plus qu'évidente, rien n'est éludé ici, cependant l'acharnement à faire payer le perdant, contraire même aux intérêts internationaux pour construire le futur de tous, est allé beaucoup trop loin. Le Traité de Versailles avait déjà été à l'origine en partie du succès de Hitler et de la propagande nazie sur une population bafouée, déshonorée, et là encore cela recommençait.
Cette bascule chez les occidentaux d'une terreur du national-socialisme au danger du communisme totalitaire dans l'esprit de tous est parfaitement décrite. Le grand ennemi est maintenant l'URSS.Ce que je trouve remarquable également dans ce deuxième tome est de nous faire suivre plusieurs personnages emblématiques des allemands ou alliés en cette après guerre, de façon originale.
Particulièrement l'allemand de confession juive dont la famille est morte en camps et qui revient dans son pays, sa ville pour récupérer ses biens spoliés par les nazis, car il se définit comme allemand et veut obtenir justice, du jeune homme ayant grandi dans l'ombre d'un père puissant sympathisant SS dans les jeunesses Hitlériennes et qui va devoir tout remettre en question, de l'allemand aristocrate, célèbre photographe, amoureux de sa culture qui s'engagera dans la résistance à Berlin et finira en camps, en sortira et y sera renvoyé par les russes ou Ivans, situation totalement aberrante mais réelle. Je pourrais continuer longtemps ainsi mais je vais finir là et vous conseiller vraiment de lire ces deux romans prodigieux réussissant à créer la lumière au milieu des ténèbres." 1945. Berlin dévasté est livré aux armées victorieuses. Malgré la présence des soviétiques, Xenia Feodorovna Ossoline rejoint la capitale allemande déterminée à retrouver Max bon Passau, l'homme de sa vie. Mais le célèbre photographe n'est plus que l'ombre de lui-même. Rescapé d'un camp de concentration, ce résistant de la première heure au nazisme est hanté par les démons de la guerre.
Désormais, une nouvelle génération cherche sa voie parmi les ruines d'un monde perdu. Lorsqu'on a été élevé dans l'adulation du Führer, comment admettre que son père est un criminel nazi ? Et que peuvent espérer deux jeunes juifs dont les parents ont été assassinés par les SS ? Si Félix lutte pour récupérer la maison Lindner, le grand magasin berlinois aryanisé par les nazis, sa sœur rebelle ne songe qu'à la vengeance. Quant à Natacha, la fille de l'énigmatique Xenia Ossoline, elle découvre que sa mère lui ment depuis toujours.Liés par le destin enchevêtré de leurs familles, ces adolescents partent en quête de vérité, au coeur des traîtrises et des égarements de leurs aînés. En cette époque troublée, le bonheur est un défi à relever pour les uns et les autres. C'est pourtant du chaos que viendra la renaissance, et du désordre que naîtra l'espoir."