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Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

TOUFAH La femme qui inspira un #MeToo africain

Toufah Jallow avec Kim Pittaway 

des femmes Antoinette Fouque

Le 14 septembre 2023

190 pages traduites par Anna Gibson

témoignage

Chronique

23 octobre 2023

Publié avec la participation du CNL, Centre National du Livre

"À toutes les victimes dont les violeurs ne sont pas présidents. À tout.e.s les survivant.e.s qui ont payé leur survie de leur silence. Que les murmures de nos mères, des mères de nos mères et de celle qui sont venues avant elles enflent dans nos gorges. J'espère que nous trouverons la sécurité en parlant. Ensemble." Toufah Jallow 

Un immense merci à Toufah Jallow ! 

Qu'il est bouleversant, réconfortant et en même temps douloureux de voir écrits des mots que l'on utilise soi-même depuis des années ! Réconfortant car la solitude est ainsi brisée, douloureux car cela implique que le Mal est partout et frappe de la même façon, utilisant les mêmes modes opératoires. 

Toufah ne veut plus se taire, ne veut plus se cacher, ne veut plus être INVISIBLE. Elle a le droit de crier la vérité, elle a le droit de lever la tête et de renvoyer au violeur son crime à la figure, elle se sent le devoir, en étant la première à élever la voix, de permettre à toutes ses sœurs dans la souffrance de témoigner, de briser un silence assourdissant, insupportable.

Comment parler de viol si dans sa propre langue le mot n'existe pas, comme si depuis la nuit des temps cette réalité des violences faites aux femmes étaient niée, effacée ? Un nouveau vocabulaire en wolof, etc... doit être créé, une prise de conscience et un changement des mentalités mis en action. Tout est à inventer en respectant cependant les traditions, la culture et les anciens, car une vraie révolution de la société sera un travail de longue haleine à mener ensemble toutes générations et genres confondus dans le pays et à l'international. 

Le violeur de Toufah est l'ancien dictateur de Gambie, la célébrité du criminel met de fait Toufah dans la lumière. 

Ce témoignage édifiant d'une grande clarté et maturité se lit comme un thriller psychologique puis judiciaire, une course poursuite, un roman d'action digne des meilleurs John Grisham ou John Le Carré. 

Il n'est ni larmoyant, ni dans l'auto apitoiement. La posture de Toufah n'est pas victimaire mais combattante, une guerrière comme le furent ses aïeules et les femmes d'Afrique de tous temps représentatives d'un matriarcat réel ancestral. 

L'Histoire officielle a toujours été écrite par les hommes, tronquée de la moitié du récit, oubliant volontairement toutes celles qui ont oeuvré à rédiger cette Histoire, condamnées à rester dans l'ombre. Mais c'est terminé. 

Des mouvements, des organisations internationales, des associations et fondations, des maisons d'édition, des représentant-e-s d'un féminisme actif et éclairé œuvrent pour l'avènement d'une société égalitaire, pour la rédaction d'une Histoire de l'humanité complète : éduquer les enfants, les jeunes femmes et hommes est vital, incontournable. 

J'ai beaucoup pleuré en lisant ce récit intime, singulier, qui par bien des aspects, aurait pu être le mien. Que ces hommes et leurs complices sont minables, lâches et d'une banalité lamentable ! Qu'ils retournent dans les ténèbres. 

Oui, œuvrons ensemble et disons "NON" haut et fort ! 

Merci à l'autrice, à Kim Pittaway, à la traductrice Anna Gibson et, évidemment et toujours, aux Éditions des femmes Antoinette Fouque pour leur confiance renouvelée.  


Biographie de Kim Pittaway : 

Kim Pittaway est journaliste et professeure à l’université de King’s College à Halifax, en Nouvelle-Ecosse. Elle collabore régulièrement à des projets de littérature de témoignage, aidant les victimes survivantes d’événements traumatiques à raconter leur histoire.


Quatrième de couverture

Un combat victorieux contre la domination et le viol en Gambie

Jusqu’en 2017 en Gambie, un concours national était organisé dans le but de récompenser une jeune femme talentueuse et de soutenir son projet professionnel. En 2015, à l’âge de 19 ans, Toufah Jallow l’emporte. Elle reçoit alors de nombreux cadeaux et la promesse de réaliser son rêve d’études à l’étranger. Mais la victoire est amère.
Yahya Jammeh, dictateur au pouvoir en Gambie, loin de l’image protectrice qu’il véhicule auprès de sa population, est un prédateur tout-puissant. Irrité par l’indépendance de Toufah, il l’attire dans un piège et la viole. Craignant pour sa propre sécurité, mais aussi pour celle de sa famille, Toufah prend la fuite en direction du Sénégal, usant de divers stratagèmes afin d’échapper à la surveillance omniprésente des sbires du président.

Son parcours vers le Canada est jalonné d’embûches et la vie de réfugiée est loin d’être facile. Un an et demi après la destitution de Jammeh en 2017, Toufah Jallow est la première à accuser frontalement l’ancien dictateur de viol. Dès lors, un élan de solidarité inédit s’engage, notamment sur les réseaux sociaux, porté par le slogan #IAmToufah. Un espoir pour toutes les survivantes de violences sexuelles, en Afrique de l’Ouest et à travers le monde.
En juin 2015, Yahya Jammeh m’a violée. Il était à l’époque président de Gambie. Il n’a jamais été accusé. Jamais condamné. Pour cette raison, le monde estime que je dois parler au conditionnel.
Je ne le ferai pas.
Il pensait agir en toute impunité. Il a cru m’avoir effacée. Il a cru que je n’en parlerais jamais, que je resterais invisible.
Nous nous trompions tous les deux, car me voici, et je brille comme le lever du soleil sur la côte atlantique de la Gambie.
Je suis Toufah Jallow. Ceci est mon histoire. T. J.
« Passionnant… déchirant et propulsif. »  The New York Times Book Review

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