Éva a lu pour vous ..
Chroniques littéraires
Toi Ma mère
Parlement des Ecrivaines Francophones
Des femmes Antoinette Fouque
Le 11 avril 2024
192 pages
Essai
Chronique
29 mai 2024
aux Éditions des femmes Antoinette Fouque, 192 pages.
En fait je n'avais pas sélectionné cet ouvrage dans le programme du trimestre à venir envoyé par l'éditeur. Le sujet était trop délicat pour moi. Je ne me sentais en aucun cas légitime à lire ces textes de 24 écrivaines francophones car moi, je n'ai pas eu une mère, j'ai eu une génitrice. Alors j'avais déjà le cœur lourd avant même d'ouvrir ce livre, évidemment.
Mais il est arrivé tout de même chez moi, comme un oiseau qui frappe de son bec à la fenêtre. Ce n'est pas une chronique que je partage avec vous, c'est une larme.
Certaines phrases m'ont interpellée, comme quoi j'étais peut-être, finalement, concernée...
Merci à Anissa Bellefqih d'avoir choisi cette citation :
" Vos enfants ne sont pas vos enfants
Ils sont les filles et les fils
De l'appel de la vie à elle-même. "
Gibran Khalil Gibran
Si tous les futurs parents pouvaient intégrer cette vérité avant l'arrivée de l'enfant ce serait un grand pas en avant.
Jeanne, ma mère ayant été au-delà de l'indignité, accepter notre lien de chair, son héritage, ses gènes, notre ressemblance physique, fut et est toujours difficile.
Ainsi le passage suivant m'a fait sourire, moi la chanteuse d'opéra aux multiples facettes :
" Elle s'interrogeait. La filiation était-elle de facto, qu'elle que fût sa qualité ? Ou alors constituait-elle un lien qu'il fallait soigner et construire ? Aurait-elle le droit de se revendiquer comme la fille spirituelle des héroïnes de romans qui l'avaient fait vibrer [...]?
Pouvait-on choisir sa mère comme on désignerait un mentor, une figure féminine inspirante, un phare dans l'existence ? Si oui, pourquoi s'en tenir à une seule ? Elle avait envie d'écrire À vous mes mères, mais elle ignorait si ce lien impliquait, comme l'amitié, une réciprocité. " Merci Laure Mi Hyun Croset.
Ou encore plus loin....
"C'est un autre cri, un pleur d'une adulte qui s'est éloignée de son enfant intérieur, la mémoire s'est estompée mais pas effacée, la retrouver serait une immense joie, car on retrouverait ce côté enfantin magique et insouciant qui manque terriblement à l'humanité, quelle tragédie !" Merci à Mariem Garaali Hadoussa.
Je suis à nouveau Dany, j'ai deux ans et demi, et je la regarde approcher, le cœur au bord de l'explosion et je me dis : " Elle est méchante ! "
Toute ma vie et aujourd'hui encore je tiens la main de cette petite fille et je fais tout pour ne jamais trahir ses rêves, sa droiture et sa sagesse innée.
Georgia Makhlouf a parfaitement tracer le portrait de sa mère qui par certains aspects m'ont rappelé Jeanne. Merci à elle pour avoir réussi à transcrire avec autant de finesse et de générosité son analyse de sa relation mère-fille et avec sa fratrie.
Enfin merci à Gaël Octavia
En effet, comment devenir mère à son tour lorsque l'on ne sait pas ce qu'est une vraie maman, lorsqu'on ne veut pas reproduire, lorsqu'on ne veut pas faire souffrir les enfants potentiels que nous pourrions avoir, lorsqu'on ne veut pas être enfermée dans un rôle imposé par la société, par la nature, comme une obligation à procréer pour avoir le droit d'être nommée "femme" ? Comment ?
"Je crois que devenir mère la terrifiait, elle qui voyait en sa propre mère une femme entravée, diminuée, devenue l'ombre d'elle-même dès lors qu'elle avait endossé ce statut. Peut-être ne s'agit-il pas tant de souhaiter sa mort ou la mienne, mais la mort de "la mère" en tant que condition, en tant que fonction, en tant que label."