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Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

Terricide Sagesse ancestrale pour un monde alterNATIF

Moira Millán

des femmes Antoinette Fouque

Le 22 mai 2025

200 pages traduites par Lucía Dorin

essai

Chronique

22 mai 2025

Prologue d’Arturo Escobar et postface de Pablo Franco.

 

" Mon peuple habite la région sud du continent américain depuis environ quatorze mille ans. Ici, nous sommes né.e.x.s et nous avons établi une relation sacrée avec l'espace historique, qui a donné une cohérence et un sens à notre organisation sociopolitique et culturelle.

[...]

Les différentes invasions subies dans le territoire Walljmapu ont entraîné une dispersion géographique et un rétrécissement du territoire. La première invasion expansionniste fut celle des Incas [...] 

Ensuite song arrivés les Espagnols, et beaucoup de Mapuches hommes et femmes, plein.e.s de courage et de sagesse, les ont combattus sur le champ de bataille [...]

L'invasion espagnole a été suivie d'une autonomie relative de près de trois cents ans, interrompue par les États chilien et argentin lors des campagnes connues respectivement sous le nom de Pacification de l'Araucanie (1861-1883) et de Conquête du Désert (1878-1885). " 

 

C'est l'histoire d'un peuple, c'est l'histoire d'une femme, c'est notre histoire. 

C'est le récit d'une dépossession, c'est le récit d'une tentative d'effacement, c'est le récit d'un asservissement, c'est le récit d'une colonisation, c'est le récit d'un génocide hier et aujourd'hui, c'est le récit de notre monde. 

 

C'est la vie de Moira Millán, c'est aussi notre vie, ne vous y trompez pas. 

Manifeste humaniste, politique, sociétal, il pourrait sembler ne concerner que les Mapuches mais ce serait une erreur revenant à jouer à l'autruche. Nous ne pouvons plus nous permettre ce luxe. Nous sommes tous concernés, en danger, nous devons tous réagir. 

 

J'étais très nerveuse, et je le suis encore, à l'idée de rédiger un avis sur cet ouvrage. Je suis encore hébétée par sa lecture. 

Écrire une chronique si courte sur un texte si dense, méritant d'être intégralement recopié, n'a aucun sens et mènerait forcément à des oublis, des non sens. Je suis une française d'outre-mer, élevée dans trois cultures, citoyenne du monde mais forcément "pervertie" par ma vie à l'occidentale artificielle bien que mon cœur soit ivoirien, donc attachée à l'essentiel. 

Je ressens profondément, intimement, l'importance et l'urgence de ce qu'explique, raconte et analyse l'autrice. Ce ne sont pas que des petits changements dans notre consommation ou notre mode de vie qu'il faut apporter, mais bien prendre des mesures au niveau mondial. Utopique ! Non vital, incontournable. Je crois dans les cycles de vie, je crois en la force de la Nature, de la Terre, je crois en l'énergie tellurique, des âmes passées, actuelles et futures. 

 

Moira Millán n'oublie aucun aspect de la vie quotidienne, rejoint, concernant la nourriture par exemple, les déclarations du Dr Catherine Kousmine, il y a plus de trente ans. Notre existence moderne est à long terme suicidaire, le recours au tout numérique mortifère car mal utilisé, mal pensé ; l'uniformisation, la mondialisation, telles que voulues par le Nouvel Ordre Mondial, certains organismes internationaux, certains grands groupes et entreprises, certains néo-colonialistes et impérialistes, certains fascistes, sont contre nature. Ne pas le ressentir au plus profond de soi est impossible. 

 

Moira Millán revient également sur ce qu'ont subi et subissent encore les Indigènes en Argentine, au Chili. Toutes les méthodes utilisées sont celles choisies depuis toujours par des génocidaires. Effroyables, monstrueux, inimaginables, indicibles et pourtant l'autrice trouve les mots, décrit et dénonce. Du monde entier, du fond des âges, encore et encore des voix s'élèvent et crient, appellent à l'aide, avertissent du danger pour l'humanité entière. 

Nous sommes tellement bombardées d'informations en permanence qu'il est absolument impossible de dire aujourd'hui, comme après la Seconde Guerre mondiale, " je ne savais pas " . 

Non ! C'est inacceptable. 

Alors agissons vraiment, hommes et femmes ensemble : si une seule bataille doit être menée et gagnée c'est celle que mène avec sagesse et bravoure Moira Millán et les siens. De cette réussite découlera la résolution de tous les maux de la Terre. 

 

Gratitude et respect.

Quatrième de couverture

Moira Millán dénonce le Terricide : l’extermination de toute forme de vie et de transmission.

Moira Millán, militante indigène mapuche d’Argentine, a vu ses terres pillées et son peuple violenté par les gouvernements chilien et argentin. Dans ce manifeste, elle écrit sur le Terricide, concept qu’elle a inventé et qui va au-delà de l’écocide puisqu’il inclut non seulement la destruction de la terre, mais également celle de tous les êtres vivants ainsi que toute possibilité de transmission des cultures autochtones. Leader du Mouvement des Femmes et des Diversités Indigènes pour le Bien Vivre, elle propose une pensée décoloniale d’avenir menant à la solidarité et à l’autonomie pour les peuples opprimés. S’appuyant sur sa propre expérience ainsi que sur des témoignages recueillis au long de ses voyages, l’autrice décrit la lutte et les revendications des communautés telluriques, mais aussi leurs traditions, en lien étroit avec la spiritualité et l’attachement à la terre.

Dans cet essai poignant, Moira Millán nous invite à une révolution de la pensée ainsi que de nos modèles sociaux, économiques et politiques, promouvant une nouvelle ontologie de l’humain fondée sur d’autres manières d’habiter la terre.

"Nous sommes les montagnes millénaires, les forêts enracinées dans les profondeurs, le courageux puma, le fier condor, nous sommes la Terre elle-même. Et ils ne pourront jamais éliminer l’esprit né du souffle de la Terre. Depuis plusieurs décennies, nous avons commencé à mettre en dialogue ce savoir, cet art d’habiter que notre peuple possède de façon ancestrale, afin de constituer une nouvelle manière de vivre, une alternative civilisatrice qui naît du consensus du Bien Vivre comme un droit, en comprenant qu’il implique le respect, la réciprocité et l’amour bienveillant avec toutes les vies et les forces vitales existantes.” M. M.
 

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