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Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

Sidérations

Richard Powers

Actes Sud

22 septembre 2021

400 pages traduites par Serge Chauvin

Roman

Chronique

28 octobre 2021

Dans la lignée de « L'Arbre Monde », l'opus précédent de Richard Powers.

Comme toujours, avec ou grâce à cet homme, j'ai pleuré à la lecture de ce roman d'une extrême beauté, crépusculaire, résonnant comme un cri désespéré d'avertissement.

Le titre est d'une justesse folle : Sidérations face à tout ce que nous devons affronter depuis trois ans et en fait, depuis bien plus longtemps.


Je suis soulagée... et catastrophée en même temps, que cet auteur en particulier, celui qui est mon "écrivain totem" depuis des années, doué d'une telle faculté d'analyse, d'une telle intelligence émotionnelle et conceptuelle, puisse partager une vision de notre monde proche de la mienne. Richard Powers prend sa plume pour jouer son rôle d'humain, de citoyen de la Terre, par le biais de cette fiction mêlant éléments réels et Fantastique.


Les Sidérations sont effectivement multiples :

- Celle de nous tous comme statufiés par l'énormité des derniers événements, de ce qui nous attend... si on ne bouge pas très vite.

- Celle du père, Theo, le narrateur, conscient des transformations sociales, écologiques, économiques, morales, partout sur la Terre, alors que son métier est d'imaginer à quoi ressembleraient d'autres planètes, refuges d'une humanité en errance, peut-être.

- Celle surtout d'un enfant encore choqué par la mort de sa mère, une activiste engagée pour la protection de la Nature...

Hypersensible, ressentant au centuple, comme un membre super empathique de la famille animale, la souffrance de chaque espèce en voie de disparition. Un enfant hurlant, terrifié par ce qu'il entrevoit de l'avenir, un enfant criant pour nous alerter, une Cassandre pas suffisamment armée pour supporter notre inaction, ou notre indifférence, ou notre coupable aveuglement.


C'est l'histoire d'un père qui doit sauver son fils trop pur, surdoué du cœur et intellectuellement, un enfant que le système veut broyer, écraser pour le faire rentrer dans les cases, pour qu'il se taise....

Quoi de mieux qu'une surmédication, quoi de mieux que de la chimie pour tuer le naturel...?

Les balades que le tandem père-fils fait dans la Nature, réel personnage de ce roman dans les Great Smoky Mountains, ou sur l'écran d'un ordinateur à la découverte de planètes potentielles bases de repli, ne suffisent pas à calmer le garçon....


Bifurcation de l'auteur alors vers la science fiction onirique..... Une solution miracle est proposée à ce père désespéré de ne pouvoir protéger son fils, de le rassurer... Et pendant qu'un nouveau voyage commence dans d'autres sphères de la conscience, le monde explose, des virus apparaissent, des régimes politiques deviennent totalitaires, la surveillance des citoyens oppressante.... Plus on bascule en enfer, plus l'enfant, grâce à un programme fabuleux expérimental, renaît, trouve le bonheur et la force de se battre pour la faune et la flore, grâce à une simulation, une nouvelle utilisation de son cerveau...sans chimie, sans médicaments ; son père est cette fois dans son sillage, suiveur, élève de sa progéniture... Plus

Robin devient le digne héritier de sa mère, plus il se retrouve émotionnellement dans les bras de la disparue, plus le danger en dehors de cette bulle se rapproche....


J'ai mis beaucoup de temps pour écrire ce texte, car je suis bouleversée par l'œuvre et suis terrifiée par la justesse du propos. La beauté formelle du roman est incroyable, décuplée par la grande élégance et le respect de l'écrivain et de l'homme, laissant à son lecteur suffisamment d'espace pour pouvoir s'approprier ces mots, ces visions. Il n'impose rien, il nous fait voir et comprendre.


Au centre de tout, l'enfance sacrifiée sur l'autel du profit, du pouvoir, de toutes ces absurdités, à l'instar de ces animaux, de ces végétaux, de cette Nature que nous laissons détruire.

Référence est faite à tous les évènements d'hier et actuels et puis... à un virus passant de la faune à l'homme comme une malédiction inéluctable.... Un digne retour des choses ? Et les enfants, nos enfants, qu'allons-nous leur dire ? Avons-nous même un avenir ensemble ?


Un roman comme une voix puissante, faite de tous les cris de chaque espèce qui s'efface, de chaque arbre qui tombe, de chaque humain qui devient ombre. WAKE UP !

Quatrième de couverture

Dans une Amérique au bord du chaos politique et climatique, un père embarque son jeune fils souffrant de troubles du comportement dans une sidérante expérience neuroscientifique. Richard Powers signe un nouveau grand roman questionnant notre place dans le monde et nous amenant à reconsidérer nos liens avec le vivant

Depuis la mort de sa femme, Theo Byrne, un astrobiologiste, élève seul Robin, leur enfant de neuf ans. Attachant et sensible, le jeune garçon se passionne pour les animaux qu’il peut dessiner des heures durant. Mais il est aussi sujet à des crises de rage qui laissent son père démuni.
Pour l’apaiser, ce dernier l’emmène camper dans la nature ou visiter le cosmos. Chaque soir, père et fils explorent ensemble une exoplanète et tentent de percer le mystère de l’origine de la vie.
Le retour à la “réalité” est souvent brutal. Quand Robin est exclu de l’école à la suite d’une nouvelle crise, son père est mis en demeure de le faire soigner.
Au mal-être et à la singularité de l’enfant, les médecins ne répondent que par la médication. Refusant cette option, Theo se tourne vers un neurologue conduisant une thérapie expérimentale digne d’un roman de science-fiction. Par le biais de l’intelligence artificielle, Robin va s’entraîner à développer son empathie et à contrôler ses émotions.
Après quelques séances, les résultats sont stupéfiants. Mettant en scène un père et son fils dans une Amérique au bord du chaos politique et climatique, Richard Powers signe un roman magistral, brillant d’intelligence et d’une rare force émotionnelle, questionnant notre place dans l’univers et nous amenant à reconsidérer nos liens avec le vivant.

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