Éva a lu pour vous ..
Chroniques littéraires
Selfies
Jussi Adler Olsen
Albin Michel
29 mars 2017
624 pages, traduites par Caroline Berg
Thriller et Policier
Chronique
14 avril 2017
Énorme coup de Coeur pour ce dernier opus de Jussi Adler Olsen" Selfies" qui m'a littéralement kidnappée. Ce thriller construit sur deux phénomènes de société bien banals est proprement remarquable. Les six livres de cette série précédant celui-ci étaient tous des réussites, des coups de maître incontestés. Il est admirable de pouvoir ainsi maintenir une cadence de coureur de marathon sur sept tomes et de tenir le lecteur en haleine pendant tant d'années. Ce qui est terrifiant dans ce récit c'est la bascule d'une femme du jour au lendemain, se transformant sous nos yeux en monstre dénué d'empathie, alors que celle-ci avait été la constituante principale de sa vie. Il y a comme souvent une dénonciation féroce : dans ce texte c'est le concept d'état providence poussé à son paroxysme, et cette jeunesse qui vit des aides sociales et ne rêve que de célébrité, d'argent facile et dont la vie ne tourne qu'autour des apparences, du bling bling, des mises-en-scène sous forme de selfies . La description de l'évolution psychologique des personnages glace le sang tant il est juste. Allons-nous vers une totale amoralité ? C'est aussi pour moi l'épisode des aventures de notre trio de choc Carl Morck, Assad et Rose, le plus émouvant et touchant. Beaucoup d'auteurs de sagas comme celle-ci réussissent à créer un lien presque sentimental entre le lecteur et les héros, mais je ne sais pas pourquoi Jussi Adler Olsen est particulièrement un magicien en la matière, et l'on est profondément touché par la mise en abîme de Rose, en plein syndrome posttrauma, qui déjà se devinait dans " Promesse " le sixième tome. Je pense aussi que l'humour, la drôlerie de certaines scènes et certains personnages cocasses nous attachent encore plus à cette série et ces héros, bien plus que le ferait un ton bien dramatique et larmoyant. Fan encore plus après cette lecture enfiévrée, imaginant déjà la suite puisque certaines pièces de la prochaine partie ont été habilement placées. Merci monsieur Adler Olsen.