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Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

Ret Samadhi - Au-delà de la frontière

Geetanjali Shree

Editions des Femmes Antoinette Fouque

2020

336 pages traduites par Annie Montaut

Historique

Chronique

19 mars 2020

Enchantement !

Vous devrez être extrêmement courageux pour venir à bout de ce livre, oui, vous devrez faire preuve de bravoure pour accepter de vous laisser aller à d'autres règles du jeu, d'autres rythmes internes, d'autres dimensions sensorielles et philosophiques, d'autres parfums, saveurs, pour vous plonger avec grâce et appétence dans un décor saturé de couleurs, de bruits, de fureur, d'amour immense, de plaisir. Vous devrez être, en un mot, digne de l'héroïne de ce récit poétique, tendre, terrible, inspiré, férocement drôle, extraordinaire, presque surnaturel, qui peut au premier abord faire peur, vous donner l'impression d'être totalement perdu, pas à la hauteur, pas apte à comprendre.


Sauf que l'enchanteresse qu'est Geetanjali Shree ne vous demande pas d'utiliser votre cerveau mais votre coeur. Elle vous offre l'occasion unique de vous transformer, de vous oublier dans la magie de ses mots, de sa folie, de sa métrique. J'ai eu un moment, au début, où je me suis sentie incapable de continuer... La petitesse de la police choisie n'aidant pas au confort de la lecture.


Oui, tant que je ne laissais pas ce qu'il y a de plus organique, essentiel, incontournable, pur, en moi lire ce texte, ces lignes, j'étais paumée. C'était moi, l'individu redevenu enfant, qui devait reprendre la main et se laisser baigner dans la musique ensorcelante de ce roman d'aventures, d'amour, universel, intemporel, leçon de tolérance et d'humanité.

J'ai grandi et en même temps je me suis re- noyautée autour de moi-même, fondamentalement.


Lire à haute voix chaque mot m'a permis de trouver le flow, d'être dans une forme de transe, je me suis fondue dans cette histoire d'une femme de quatre-vingts ans qui n'a "strictement rien à voir avec moi", me disais-je ! Et pourtant...


La ponctuation est présente mais pas là où on l'attend, les " deux points ouvrez les guillemets" ne vous borneront pas le texte pour vous aider ; c'est vous, qui lirez ce récit avec votre âme, votre souffle, votre interprétation, et bien plus que pour un autre livre, celui-ci deviendra réellement, totalement, vôtre. Et puis, la magie, l'inconcevable, viendront se mêler au tissage de ce conte que l'on dirait tout droit issu de la tradition orale millénaire bien que se déroulant en partie dans l'Hindoustan d'aujourd'hui. La nature, les papillons, les oiseaux, une pintade, un corbeau particulièrement, sont présents tout au long de ces lignes, témoins et acteurs, amis ou juges de nous autres humains, qui nous évertuons à détruire la planète, notre maison, eux.


Vous aurez l'impression d'être saoulé, d'être enivré d'un trop plein d'images, de voix, de couleurs, de bruits ; vous aurez tellement envie de crier " Stop !" à l'instar de notre mamie qui ne veut plus bouger, ni se lever, ni manger, ni vivre après le décès de son mari. Et puis telle une gamine elle ne cessera de dire "Non nonon nnoonnnnnnnn ". À vous aussi, elle présentera son dos ; soyez patient, attendez, cette vieille femme, Amma, a tant de secrets à vous chuchoter.


Tenez bon, plongez-vous entièrement dans cette merveille de livre, unique, laissant son empreinte en vous bien après l'avoir refermé. Ne passez pas à côté de ces moments féeriques, d'une telle beauté, qu'on n'en reste pétrifié, stupéfié. C'est cela, ce livre est une drogue douce, que l'on prend et reprend inlassablement et avec bonheur.


Je vais garder au fond de mon cœur les images de cet arbre aux saris, de la tempête de sable et surtout, oh oui, surtout, le monologue extraordinaire, primordial sur ce qu'est réellement une frontière.


Merci infiniment aux Éditions des femmes Antoinette Fouque pour leur confiance, leur travail, leur passion. Merci à l'auteure et l'incroyable traductrice de ce chef d'œuvre, Annie Montaut, et merci à cette héroïne d'avoir été là pour me remontrer le chemin.


A vous mes amis, osez lire ce roman, allez au-delà de la frontière, de vos limites réelles ou imaginaires.

Quatrième de couverture

Ret samadhi est l’histoire d’Amma, mère, grand-mère et veuve de 80 ans, qui sans un mot abandonne un beau jour la maisonnée de son fils aîné, où elle habitait selon la tradition. Hébergée par sa fille, une écrivaine très indépendante, elle découvre une nouvelle forme de liberté et d’amour. Amma s’ouvre alors au monde et à elle-même, aidée dans sa métamorphose par une curieuse aide-soignante, Rosy, une transgenre qu’elle semble connaître depuis toujours. Lorsque cette profonde amitié est brutalement interrompue, l’octogénaire aussi fantasque qu’attachante part pour le Pakistan sur les traces d’un mystérieux passé, entraînant sa fille dans cette folle aventure.
Ce roman hors du commun, qui offre un portrait foisonnant de la culture indienne et s’inscrit dans la grande histoire de la Partition, fait vaciller les frontières : celles entre normalité et étrangeté, rêve et réalité, passé et présent, corps et esprit, et bien d’autres encore.

Dans l’écriture de Geetanjali Shree, monologue intérieur, dialogue et narration polyphonique s’entremêlent sans couture apparente. Humour, tragique et poésie se superposent, jouant sur les sonorités et les rythmes d’une façon parfois vertigineuse, que la remarquable traduction d’Annie Montaut a su restituer. Un très grand livre. »

« Une histoire va se raconter. Ce sera une histoire en même temps complète et incomplète, comme il en va des histoires. C’est une histoire intéressante. Il y a une frontière, et des femmes, qui viennent, s’en vont, traversent, tout du long. Une frontière et des femmes, et l’histoire se fabrique toute seule. Même, il suffit de la femme. C’est une histoire. Un déclic. Après, l’histoire s’envole au vent qui souffle. À l’herbe qui pousse, poussant le corps à prendre le vent, et le soleil aussi quand il se couche, il allume les myriades de bougies de l’histoire, à foison, pour les piquer contre les nuages, et tous ils se joignent à la balade. » G.S.

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