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Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

Rêve d'indiennes

Colette Vlérick

Calmann-Lévy

Mai 2021

416 pages

Historique

Chronique

5 juillet 2021

« Le coton Connu depuis des siècles, il devient un enjeu dès le XVIIe siècle. L'étoffe, légère et fraîche en été, absorbait la transpiration, se lavait et séchait facilement, à l'inverse des étoffes de lin et de laine. Quant à la soie, travaillée à Lyon depuis François 1er, son prix la réservait aux riches.Bon marché, le coton connut un engouement immédiat, d'abord pour les tissages " en blanc" puis, dès qu'arrivèrent des Indes les premières toiles peintes, pour ces contonnades colorées qu'on appela "Indiennes". Les premiers comptes rendus de voyageurs occidentaux en Inde parlent d'un procédé qui justifie pleinement le nom de "toiles peintes" qu'elles reçurent également. À partir d'un pochoir, et armé de fins pinceaux de bambou, l'artisan peignait les motifs tracés sur la toile. Les traitements subis par l'étoffe fixaient si bien les couleurs qu'elles devenaient de plus en plus belles au fil des lavages. Les motifs de petites fleurs stylisés, importés, ainsi que la technique de fabrication, par des commerçants et artisans arméniens à Marseille au XVIIe siècle, ont donné naissance, par exemple, aux étoffes dites "provençales", toujours en usage. Une partie du coton, en fil ou déjà tissé, provenait de la côte orientale de la Méditerranée ou d'Afrique du Nord, via les ports et villes de l'Empire ottoman appelés Échelles du Levant, et ce dès le XVIe siècle.La présence du coton en Europe remonte ainsi à cinq siècles... C'est en grande partie pour sa culture aux Amériques et dans les iles des Caraïbes que se développa l'esclavage.


C'est ainsi qu'une plante a transformé le monde. »

Cette note en fin d'ouvrage me semblait importante afin de comprendre les enjeux réels qui motiveront les protagonistes de cette histoire. Pouvons-nous, lorsque nous enfilons le matin un simple t-shirt, imaginer le périple à travers les siècles que cette fibre a traversé, mesurons-nous combien de bataille, de ténacité, de courage, de talent il a fallu à tous les indienneurs, tisseurs, apprentis chimistes, coloristes, dessinateurs, voyageurs, explorateurs, navigateurs pour qu'aujourd'hui nous puissions simplement enfiler le vêtement le plus basique de nos placards ?

Cinq siècles de présence en Europe : ceci doit immédiatement nous faire envisager la bravoure des indienneurs pour maintenir le cap malgré les bouleversements politiques, économiques, les révolutions, les guerres, les embargos, sans parler des interdictions pures et simples de porter des Indiennes obtenus par les soyeux de Lyon auprès du Roi.


Ainsi porter un simple bout de ces cotonnades peut vous valoir d'être arrêté en ce règne de Louis XV si on n'a pas de chance ou si vous faites l'objet d'un complot d'une femme jalouse.


C'est ainsi que le destin de Louise sombre dans un cauchemar incompréhensible qui pourrait être long sans la protection du chevalier Philippe de La Gambais son maître à Brest. Comprenant que son épouse est à l'origine des mésaventures de la toute jeune fille, il mandate auprès d'elle, s'obstinant à ne pas vouloir revenir à l'hôtel particulier, un garçon débrouillard, Nicolas.


Les aventures d'une vie les attendent, bien des malheurs mais aussi des joies, et l'exaltation de participer à une aventure extraordinaire quant à la production d'Indiennes bientôt autorisées.De Brest à Lorient, Nantes, Genève, la Suisse et les Caraïbes, ce magnifique récit nous embarque immédiatement, réussissant à tisser des liens solides entre les personnages attachants et le lecteur.


Remarquablement bien écrit et mené, nous quittons Nicolas et Louise forts de tous les enseignements et anecdotes qui font des destinées particulières, les ruisseaux puis les rivières qui alimentent le puissant fleuve de l'Histoire.J'ai infiniment aimé ce roman, je ne peux que vous le conseiller.

Quatrième de couverture

Louise n’a pas encore treize ans quand la police du roi la déshabille en pleine rue de Brest. Son crime ? Elle porte une étoffe prohibée, une indienne. Toute l’Europe s’est prise de passion pour ces cotons tissés en Inde et peints de couleurs éclatantes. Mais la France les interdit toujours, en plein XVIIIe siècle !

La honte pousse Louise à s’enfuir de la maison de son tuteur, le chevalier Philippe de La Gambais. Envoyé à sa recherche, Nicolas, un autre protégé du chevalier à peine plus âgé qu’elle, choisit de l’accompagner. C’est le début d’un long périple semé d’obstacles et de drames mais aussi de rencontres lumineuses.

À Lorient, Louise trouve une place dans une bonne maison et Nicolas à la Compagnie des Indes. Il y découvre la beauté des indiennes, importées légalement pour être exportées dans les pays qui les autorisent. Dès lors, convaincu que la prohibition ne tiendra plus longtemps, il veut tout apprendre sur leur fabrication. Là sera son avenir ! Mais pas à Lorient : à Nantes !

Louise l’y retrouve et le succès leur semble promis quand, l’interdiction enfin levée, se créent les premières manufactures d’indiennes nantaises. Mais de lourds secrets pèsent sur eux...

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