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Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

Profession Profileuse - sur la piste des criminels sexuels

Carine Hutsebaut

Cherche Midi

2000

214 pages

Autobiographie

Chronique

15 octobre 2019

Ce témoignage, vieux de dix neuf ans, nous permet de mesurer les progrès de la police scientifique, des protocoles mis en place en cas de viols, de pédophilie, de crimes en série, du niveau actuel de connaissance et d'information du public, encore celui-ci souhaite-t-il vraiment être averti...


Ce livre est un long cri d'impuissance, de terreur et de colère d'une femme qui a consacré sa vie à la recherche de la vérité, à vouloir comprendre quelle est l'origine du Mal.


Ce texte est écrit également à l'époque où l'affaire Dutroux était d'actualité, où le scandale du traitement lamentable du dossier par la gendarmerie et la police belges a éclaté, où les ralentissements à l'élucidation de cette horreur semblent avoir été décidés en haut lieu, où une marche de 300 000 personnes a rassemblé une foule immense déclenchant la démission du ministre de la justice. Les pédophiles étaient parmi nous, invisibles.

Carine Hutsebaut avait tracé le portrait exact du coupable, paru dans la presse belge néerlandaise dès 1995... La police niera que la criminologue ait pu, grâce à ses méthodes logiques, mêlant théorie, intuition et inventivité, débusqué Dutroux... Et pourtant... Ils ne sont en 2000 que deux profileurs pour toute l'Europe...

C'est dire si ce livre est sur le plan historique irremplaçable.


Cependant, si certains faits relatés ici, sont dépassés, force est malheureusement de constater que ce livre est toujours d'actualité sur l'essentiel, d'où sa réédition récente.

Tout ce que Carine Hutsebaut pressent alors avec peur s'est réalisé... Le développement de réseaux de pédocriminels, de trafics d'enfants facilités par l'utilisation d'internet, du darkweb, de l'argent de certains coupables pervers richissimes. Et toujours, les associations, (nombre d'entre elles créées par d'anciennes victimes depuis vingt ans), les professionnels de la santé, de la lutte contre la pédophilie, sont en butte à des gouvernements qui ne font pas avancer la loi dans le bon sens, (pourquoi ?) ; comme la loi Schiappa en août 2018 ne fixant pas d'âge minimum du consentement à un rapport sexuel en dessous duquel, la qualification de viol soit évidente (15 ans et dix huit ans dans le cas d'un inceste)... du coup des enfants se voient obligés de justifier de leur non consentement à des viols. Ne parlons même pas de l'imprescriptibilité de ce type de crimes, surtout dans le cas d'une amnésie post traumatique. La parole de l'enfant n'est pas écoutée, pas respectée.


Comme écrit Grégoire Delacourt dans son roman « Mon père », un enfant ne vote pas, n'est donc pas intéressant à court ou moyen terme pour les politiques. Faute de moyens, ou pour d'autres raisons plus obscures et inexcusables, des viols sont aujourd'hui jugés comme des délits et non des crimes... Gravissime symptôme d'une société qui perd ses repères moraux.


Les mots de Carine Hutsebaut sont choisis avec soin, par exemple : empathie non sympathie lors de ses thérapies avec les criminels, « être profileur, c'est fournir un plan précis et détaillé de la maison, en allant jusqu'à la couleur de la tapisserie ». Se détourner des « monstres » ne les fera pas disparaître, leur parler, les obliger à ne plus mentir, déterminer s'ils peuvent vivre ou non dans la société, voilà la mission que s'est donné la profileuse sans que rien, dans son enfance et sa jeunesse heureuses et normales, ne laisse présager cette carrière. Son travail est étrange, difficile, certainement passionnant, indispensable....


Je pourrais continuer longtemps sur le sujet, sur la profonde admiration que j'éprouve pour cette femme, ma reconnaissance, mais je finis là en recopiant un extrait qui m'a interpellée :


« Le crime, et en particulier le crime pédophile, dégoûte à un degré tel que les gens s'en détournent. J'ai pris l'habitude d'employer une expression choc : " le pédocide" .

De la même façon qu'en Allemagne nazie la quasi-totalité de la population a fermé les yeux sur le génocide des juifs, nous traversons une période où les faits divers affluent avec des « tout le monde le savait ». [....] Il faut se méfier de la rumeur ou du soupçon, mais plus encore de l'indifférence qui règne en la matière. »


Avons- nous tant évolué ? J'en doute compte tenu du dernier traitement de l'affaire Epstein en France par la presse, et la lenteur de la justice à ouvrir des instructions ici, quant au trafic d'enfants organisé par le milliardaire...

Nous sommes là au coeur de la vérité, sans trash ou buzz...

Quatrième de couverture

Carine Hutsebaut est une jeune femme pas tout à fait ordinaire. Elle est profileuse de criminels. Tueurs en série, violeurs surtout pédophiles, tous ceux que la société condamne sans appel l'intéressent, et ce n'est ni pour les défendre, ni pour les absoudre, mais pour comprendre leur psychologie et par conséquent aider à élucider des crimes qui répondent tous à certains rituels.
Plus que son diplôme de criminologue, Carine Hutsebaut revendique celui qui n'existe pas : victimologue. Car à tout coupable correspond un profil de victime, et c'est aussi dans le récit des parents de victimes que, après ses heures dans les parloirs des prisons ou à son cabinet de thérapeute, elle cherche la clef des affaires.
Van Geloven fut son premier sujet examiné. L'assassin qui poussa le président du tribunal à ordonner le huis-clos par égard pour la sensibilité de l'assistance.
Lors de l'affaire Dutroux, elle a établi dans la presse un profil précis du coupable mais personne n'en tint compte. Car c'est aussi le système qu'elle dénonce, ses mécanismes rigides qui freinent les enquêtes ; la formation de la police, trop classique, nombre d'enquêteurs considérant qu'un "monstre" doit avoir le physique de l'emploi !
À la demande des familles de victimes ou de coupables, de la justice, de la police, et jusqu'au FBI, Carine Hutsebaut cherche, réfléchit et compare. Sa méthode est simple : écouter, sans frémir ni juger.
Il y a quinze ans qu'elle a dit non à la fatalité. C'est une passionnée de l'âme humaine, autant qu'une femme exerçant un étrange métier, qui s'adresse aujourd'hui à nous.

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