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Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

Prendre corps Et si on parlait de la mort ?

Sarah Najjar

Slatkine

Le 11 avril 2025

184 pages illustrées

témoignage

Chronique

22 avril 2025

" À mon arrière-grand-mère, 

qui préparait les défunts 

dans son petit village d'Autriche. " SN

 

Vous souvenez-vous de la première fois où vous avez vu un mort ? 

Moi, oui : mon arrière-grand-mère maternelle, dans le sous-sol de la maison de retraite sur une table en métal de la chambre froide. J'ai été choquée par le manque de soin, par le côté glacial. 

Vous souvenez-vous du premier enterrement auquel vous avez assisté ? 

Moi, oui : ma grand-mère paternelle. Et surtout de l'odeur des lys déposés sur son cercueil dans le salon. Je ne supporte plus le parfum de ces fleurs. 

 

Puis en juin 2021, j'ai appris par une notaire que ma mère était morte et incinérée depuis trois semaines et qu'aucun membre de ma fratrie n'avait jugé utile de m'en avertir. Cette fratrie renouvellera cet "oubli", cette fois de six jours, pour mon père neuf mois plus tard. Ceci pour vider les logements respectifs de nos parents. Je n'ai donc assisté à aucune cérémonie et eu le strict minimum en héritage prévu par la loi. 

 

Alors j'étais particulièrement intéressée de découvrir le texte illustré si joliment de Sarah Najjar sur ce sujet. Issue d'une lignée lointaine de paysans, ayant grandi en Côte d'Ivoire, j'ai un rapport pragmatique à la mort, elle ne me fait pas peur, particulièrement. C'est plutôt la façon de mourir, la souffrance, l'acharnement thérapeutique, qui m'effraient puisque j'habite en France. 

 

Le tour d'horizon de certaines professions liées à l'accompagnement des personnes en fin de vies ou des familles avant et après décès, proposé ici, concerne la Suisse. Cela ouvre pour la française que je suis, des perspectives très intéressantes quant aux améliorations à apporter à la conception même de la mort dans nos sociétés où on tente d'oublier malheureusement notre finitude. 

 

Je pense que nous vivrions mieux si nous gardions à l'esprit que nous pouvons disparaître demain. J'ai été passionnée, interpellée et étonnée par les informations et précisions apportées par les dix professionnels témoignant ici de leur quotidien et des raisons qui les ont amenés à choisir de tels métiers :

- Sybille, chargée d'un cimetière 

- Matthias, célébrant laïc en funérailles 

- Marie et Gianni, fondateurs d'une entreprise dédiée à la production de contenus pré-mortem

- Natacha, gestionnaire administrative au Bureau des décès d'un hôpital 

- Sarah, entrepreneuse de pompes funèbres 

- Vincent, taphonomiste 

- Anne, doula de fin de vie 

- Nathalie, responsable des chambres mortuaires d'un hôpital 

- Carole, responsable d'une agence d'arts funéraires

- Morgann, sage-femme spécialisée dans le deuil périnatal 

 

Tous les sujets les plus tabous, les plus crus, les plus douloureux sont traités par ces témoins et l'autrice avec infiniment de délicatesse, de simplicité, d'humanité, sans pathos inutile, dans le plus grand respect de la sensibilité et des croyances de chacun. De plus, la mise en page soignée et la joliesse des illustrations apportent un plaisir réel et un supplément d'âme à cette lecture qui, autrement, aurait pu paraître sombre et difficile. 

Très bel ouvrage possiblement à mettre entre les mains également des jeunes sous contrôle des parents ou référents. 

 

J'ai été charmée par ce livre et suis reconnaissante pour les éclaircissements qui m'ont été offerts par le biais de cette lecture puisqu'en quelque sorte, la mort de mes parents m'a été enlevée dans un désir de me rejeter d'une famille de toute façon toxique. Une partie de ma peine est ainsi amoindrie, indirectement. 

Livre essentiel sur un thème central de nos vies, traitée avec poésie, souci de transparence , humour et sérieux. 

 

Merci aux Éditions Slatkine Genève pour leur confiance et la qualité de cette parution. Merci à l'autrice pour sa délicatesse

Quatrième de couverture

Durant deux années, Sarah Najjar est partie à la rencontre de personnes qui côtoient la mort au quotidien par le biais de leur profession. De l'hôpital au cimetière, en passant par la morgue, l'université ou les pompes funèbres...qu'ont-elles à nous raconter?

Sous la forme d'une BD-reportage colorée, l'autrice rassemble le puzzle de la fin de vie et nous livre dix témoignages captivants d'humanité.

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