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Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

Pourvu que la nuit s'achève

Nadia Hashimi

Milady-Bragelonne

2017

540 pages traduites par Emmanuelle Ghez

Roman

Chronique

6 mai 2019

Thriller Afghan.

« J'avais imaginé un million de morts pour mon mari : il aurait pu mourir frappé par la foudre. Ça aurait été tellement plus simple pour tout le monde : un éclair tombé du ciel. Une fin douloureuse mais brève. Hélas, les orages ne sont jamais là quand on a besoin d'eux. »


En ces heures troublées où il semble que l'impensable puisse advenir au pays des droits de l'homme et de l'égalité des chances, où la femme perd tous les jours les acquis chèrement obtenus, où l'innocence des enfants est bafouée, par une justice, par des lois iniques favorisant les criminels pédophiles, lire ce roman puissant et terrible de Nadia Hashimi ayant pour toile de fond l'Afghanistan d'aujourd'hui, entre Moyen-Âge et XXI ème siècle, nous permet de ne pas nous aveugler quant à la possibilité toujours d'un basculement dans l'horreur, dans le Mal absolu, même chez nous. Les premières victimes des extrémismes religieux ou politiques ou des gouvernements et des grandes entreprises criminels seront toujours les plus fragiles, les enfants, les femmes, les personnes âgées, les minorités, l'étranger... Etc... Sommes-nous différents des Afghans ? Non, seulement encore en retard sur le chemin d'une certaine barbarie.


Pourtant avant les années 70, ce pays était "en marche" comme l'Iran par exemple. On ne peut être que soufflés par les photographies de l'époque si joyeuses et modernes. Mais voilà, la guerre, la volonté de conquérir, d'être toujours plus riches, plus puissants génèrent une soif que l'on ne peut étancher, et si cela détruit toute une population, sa culture, sa civilisation, ses valeurs fondamentales, quelle importance ! Soyons vigilants à ce qu'aucune dictature ne puisse s'installer en France, faisons en sorte que le premier clivage, celui entre les sexes, tombe définitivement, pour que tous les autres disparaissent à leur tour dans un magnifique Strike.


L'auteure est partie d'Afghanistan en 1970 avant l'invasion soviétique, pour rejoindre les USA. Avec ses parents, elle y est retournée en 2002, pour redécouvrir l'histoire et la culture afghanes. Le personnage de l'avocat, Yusuf, mandaté sur place par une ONG juridique est son double. Cette question de l'exil est un des thèmes forts de ce livre.

Au cours du récit, nous le suivons dans un village retiré où le temps semble s'être arrêté, où des règles et des coutumes hallucinantes sont appliquées et respectées, ayant toutes pour but de contrôler les femmes, dès leur plus jeune âge, présumées coupables de tout par leur nature même, simple marchandise pour les hommes.


Mieux, Nadia Hashimi nous entraîne au coeur d'une prison pour femmes où chacune va raconter son histoire tragique, ubuesque, à peine croyable au XXI ème siècle, ou revenir sur des évènements dramatiques de condamnation de femmes à Kaboul par des fous de Dieu, par une foule en délire. Tout est vrai comme l'assassinat d'une ex-journaliste il y a peu de temps dénoncé sur les réseaux sociaux.


Un obscurantisme puissant qu'il faut combattre pour sauver ce peuple, voilà la mission de Yusuf et ses collègues de l'ONG. Mais sa cliente ne va pas lui faciliter les choses, loin de là, car elle obéit à un code de l'honneur bien particulier, que cet occidental ne peut pas comprendre, non seulement parce qu'il a été éduqué aux USA, mais aussi, parce qu'il est un homme. Zeba est en état d'urgence permanent de par sa féminité, elle doit faire preuve au quotidien d'un incommensurable courage pour survivre et protéger ses quatre enfants de la violence du monde et de son mari, Kamal.

Même sa mère, possédant des dons de " magicienne", crainte par la société et les hommes, n'a pu mettre son pouvoir à son service, alors que les signes avant coureurs de la tragédie étaient bien visibles.


De très beaux portraits de femmes mais aussi d'hommes tout autant pris au piège de l'absurdité de cette société afghane qu'il faut absolument faire évoluer. Un roman, un thriller inoubliable, sans concession, usant de l'humour et de l'ironie pour ne pas pleurer, de très belles scènes marquantes et bouleversantes, un récit qui serait formidable de transformer en film.


L'obscurantisme guette tout le monde, toutes les sociétés, et la nôtre également. Ce roman est aussi le vôtre, ne vous leurrez pas

Quatrième de couverture

Lorsque Zeba est retrouvée devant chez elle, le cadavre de son mari est à ses pieds, il paraît évident aux yeux de tous qu'elle l'a tué. Depuis son retour de guerre, Kamal était devenu un autre homme, alcoolique et violent. Mais cette mère de famille dévouée est-elle capable d'un tel crime ? Présumée coupable, Zeba est incarcérée dans la prison pour femmes de Chil Mahtab, laissant derrière elle ses quatre enfants.
C'est à Yusuf, revenu des États-Unis pour régler une dette symbolique envers son pays d'origine, l'Afghanistan, que revient la défense de ce cas désespéré. Mais la prisonnière garde obstinément le silence. Qui cherche-t-elle à protéger en acceptant de jouer le rôle du suspect idéal ? Et dans ces conditions, comment faire innocenter celle qu'on voit déjà pendue haut et court ?

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