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Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

Pourquoi toi ? Jaurès

Christophe Belser

De Borée

12 septembre 2019

232 pages

Historique

Chronique

2 octobre 2019

« Chronique d'un meurtre annoncé »


Mon texte sera court car la quatrième de couverture traduit parfaitement ce que je voulais écrire.

Donc je vais m'attacher à partager mes sentiments quant à ce livre paru dans la collection Histoire & Documents des Éditions de Borée, que je remercie d'ores et déjà.


J'ai été complétement conquise par ce qui, de prime abord, pourrait paraître faussement barbant... Pensez donc, Jaurès !!!!

Et vous revient en mémoire des heures interminables au lycée ou collège en cours d'histoire... soporifiques. J'ai eu la chance d'avoir un professeur en première tout à fait inspirée et passionnante, et une famille m'offrant l'accès à cette matière géniale par le biais des livres, des reportages télé, des revues spécialisées.


Cet ouvrage aurait pu effectivement s'intituler "chronique d'un meurtre annoncé" ou "autopsie d'un assassinat..." Je l'ai lu comme un thriller absolument incroyable, hallucinant, haletant. C'est vrai, la réalité dépasse toujours la fiction. Et me vient immédiatement à l'esprit la question : mais comment a-t-on pu relaxer le coupable du meurtre de Jean Jaurès, alors qu'il avait avoué son crime à plusieurs reprises lors de l'instruction et au procès ???? !!!! Dingue, complètement fou !


Je n'ose imaginer l'état des proches et de la famille du grand homme à l'annonce du jugement.


Comment en est-on arrivé là ?

Le titre en une des journaux " Ils ont assassiné Jaurès" , exclamation d'une des témoins de la scène reprise ensuite par la presse, est des plus justes. Car pour que Raoul Villain, le bien nommé, en arrive à appuyer sur la gâchette de son Smith & Wesson, lui le velléitaire, l'hésitant, le lâche, l'invisible, il a fallu un contexte politique et sociétal bien particulier.


Les appels au meurtre de Jaurès par voie journalistique ont été légion en cette période troublée et anxiogène, où le pacifisme et la volonté d'accord avec l'Allemagne de Jaurès apparaît comme de la traîtrise, de l'antipatriotisme. La perte de l'Alsace Lorraine ne passe toujours pas auprès d'une certaine partie de la population. Également l'engagement de Jaurès auprès des dreyfusards, son opposition à un service militaire de trois ans, son voeu d'une nouvelle armée réorganisée, et enfin son socialisme moderne au service des plus humbles et des ouvriers en particulier, font grincer bien des dents.


Les attaques, les menaces, les insultes, les caricatures ignobles de "Herr Jaurès", de la part d'opportunistes, de représentants d'une vieille garde, d'un ancien régime, tel Charles Péguy !!??!! sont d'une rare violence et vont servir à la défense imaginée par les avocats de Villain.


Ainsi Christophe Belser nous dresse clairement, précisément, les portraits de la victime et de son tueur, analyse le contexte, les buts poursuivis par chacun et surtout, les conséquences, jusqu'à aujourd'hui, de cet événement et de l'action de Jaurès.

Aurait-il pu empêcher la première guerre mondiale ? Rien n'est moins sûr.

Aurait-il été assassiné ou arrêté dans son action dès la déclaration de guerre ? Peut-être...


La récupération de son image, de ses propos, jusqu'à les déformer, son entrée au Panthéon, son nom omniprésent sur les plaques de rues, monuments, institutions, ont quoiqu'il en soit, fait entrer cet homme dans la lumière alors que son meurtrier reste à jamais dans les ténèbres. Un livre passionnant, essentiel en ces temps troublés : revenons aux fondamentaux de la pensée citoyenne et humaniste de la République française. Un vrai thriller politique et historique, sans aucun doute possible.

Quatrième de couverture

Le 31 juillet 1914, Raoul Villain assassine Jean Jaurès à Paris. L'abîme est immense entre Jaurès et son meurtrier.
Fondateur de l'Humanité et du socialisme moderne, Jaurès est un l'homme de tous les combats, défendant les ouvriers de Carmaux, Alfred Dreyfus ou le pacifisme. Il est également haï par une partie du pays et est certainement l'un des hommes les plus invectivés de son époque.
A contrario, Raoul Villain est un individu fragile qui trouve dans le patriotisme un échappatoire à ses tourments. C'est en son nom qu'il tue celui qu'il surnomme " le Grand traître ". Bien qu'il ait agi seul, il révèle durant l'instruction et son procès, au terme duquel il est acquitté (!), un profil plus calculateur et manipulateur. Il finit par mourir aux Baléares, sous les balles de républicains en 1936 dans un anonymat qui tranche avec la stature de sa victime, référence historique et politique toujours aussi actuelle. C'est ce cheminement croisé entre deux hommes qui n'ont rien en commun mais que le destin réunit tragiquement au café du Croissant que relate cet ouvrage.

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