
Éva a lu pour vous ..
Chroniques littéraires
Pour ne rien regretter
Henri Lœvenbruck
XO Éditions
Le 24 octobre 2024
330 pages
roman
Chronique
7 février 2025

" Ami, entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines?
Ami, entends-tu les cris sourds du pays qu'on enchaîne?
Ohé partisans, ouvriers et paysans, c'est l'alarme!
Ce soir l'ennemi connaîtra le prix du sang et des larmes
Montez de la mine, descendez des collines, camarades
Sortez de la paille les fusils, la mitraille, les grenades
Ohé franc tueurs, à la balle et au couteau tuez vite!
Ohé saboteur, attention à ton fardeau, dynamite!
C'est nous qui brisons les barreaux des prisons, pour nos frères
La haine à nos trousses, et la faim qui nous pousse, la misère
Il y a des pays où les gens au creux des lits font des rêves
Ici, nous vois-tu, nous on marche et nous on tue, nous on crève
Ici chacun sait ce qu'il veut, ce qu'il fait, quand il passe
Ami, si tu tombes, un ami sort de l'ombre à ta place
Demain du sang noir séchera au grand soleil sur les routes
Sifflez, compagnons, dans la nuit la liberté nous écoute
Ami, entends-tu les cris sourds du pays qu'on enchaîne?
Ami, entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines? "
Paroliers : Marly Kessel
Paroles de Le Chant des partisans
Le moins que l'on puisse dire c'est que Henri Lœvenbruck n'est pas une mauviette pour oser commettre un tel roman. Fichûment bien tourné et construit, voilà un très beau texte, bouleversant tant émotionnellement qu'intellectuellement, d'une pertinence et d'une importance évidentes. Que cela m'a fait du bien de constater que cet auteur, que j'affectionne depuis si longtemps, était resté droit dans ses bottes, la tête claire et le cœur pur à l'instar de son personnage principal, Véra la bien nommée, être exceptionnel, singulier, résistante, à l'écriture attachante et particulière, réinventant les mots et les expressions avec poésie et à propos, une de ces personnes considérées comme handicapée et qui en réalité vivent selon des principes de vérité absolue.
Une transparence des idées et des sentiments dans une époque de censure, de cynisme, d'injustice insupportable, de cruauté et de brutalité comme mode de pouvoirs exercé par les grandes sociétés et multinationales, les gouvernements de plus en plus totalitaires.
Un seul nom simple et hautement symbolique est ici choisi par l'auteur pour désigner ces ennemis du bonheur universel : Goliath. Qui seront les David ?
Voici les mémoires de Véra, un conte atemporel ou une plutôt une fable d'abord désenchantée qui peu à peu, en devenant uchronie, se pare de nouvelles couleurs, regonfle nos cœurs d'espoir ; après nous avoir remis en mémoire, grâce au pouvoir de la fiction et de l'imagination, des moments dramatiques vécus ces dernières années, elle nous donne la possibilité à nouveau de respirer amplement. Vous savez, comme lors du premier confinement en ville, et que, peu à peu, la nature a repris rapidement ses droits, que l'air était plus pur, que le chants des oiseaux nous ravissaient, que cette pause forcée des humains nous donnait à voir ce que le monde serait si enfin nous arrêtions de tout détruire sous couvert de croissance et de progrès, si nous résistions.
Dans la droite ligne de "Nous rêvions juste de liberté", cette merveille de livre met en scène des personnages extrêmement attachants en lutte pour sauver le Monde et les Hommes assujettis à des fous ivres de pouvoir, à un système totalement suicidaire.
Et l'on se met à rêver, à espérer, à se dire qu'il ne faut souvent qu'un individu pour changer le destin de la planète, qu'une goutte pour former une rivière....
Gratitude Mr Lœvenbruck !