top of page
IMG20230707173456_edited.jpg

Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

Perspective(s)

Laurent Binet

Grasset

16 août 2023

303 pages

Uchronie historique

Chronique

24 septembre 2023

« Essayez donc de découvrir qui je suis d'après mes mots et mes couleurs. »

Orhan Pamuk, Mon nom est rouge


« Les temps sont durs pour l'art. »

Michel-Ange, Lettre à son père


Fabuleux roman policier historique sous forme épistolaire, rien de moins ! Ainsi l'auteur multiplie les perspectives et points de vue.

Un sacré challenge totalement relevé.


J'ai découvert Laurent Binet grâce à son roman extraordinaire « Civilizations ». J'avais été conquise par l'écriture magnifique, l'originalité du thème, l'érudition stupéfiante. Je n'ai donc pas pu résister lorsque j'ai lu la quatrième de couverture de ce dernier opus. En juillet , je retrouvais Michel-Ange grâce à une biographie signée Nadine Sautel et la fiction « Pietra viva » de Léonor Récondo. L'une d'une précision factuelle formidable, l'autre réincarnant avec brio ce personnage mystérieux et secret, jaloux de sa vie privée.


Ainsi, que Michel-Ange soit un des acteurs principaux de ce polar historique était irrésistible.

Oui, les temps sont très durs pour les artistes en cette année 1557 à Florence alors que l'Inquisition est omnipotente, que la chair et la nudité sont rejetées, que l'intimité des êtres est violée, jugée, condamnée, que le sort des créateurs (peintres, sculpteurs, architectes...) est lié au bon vouloir de leurs mécènes.


Censure hypocrite des mœurs, de la pensée, alors que l'ambitieux Cosimo de Médicis, Duc de Florence, poursuit le rêve d'obtenir plus de pouvoir, plus de territoire. Ils caresse dans le sens du poil le Pape Paul IV élu en 1555 et imagine de nouvelles alliances en mariant sa fille ainée, Maria, au fils du duc de Ferrare, Alfonso d'Este, à la triste réputation. Les femmes ne sont que des monnaies d'échange...


Catherine de Médicis, tante de la jeune fille, est bien placée pour le savoir. Littéralement vendue au roi de France gamine, elle n'a aucune pitié pour ses consœurs et fomente des complots contre le Duc de Florence qu'elle hait car elle est l'héritière légitime du duché de Florence. Utiliser la naïveté de sa nièce ne la gène aucunement, avoir recours à des criminels et aventuriers tel Benvenuto Cellini, non plus, aidée en cela par son cousin Piero Strozzi, maréchal de France.


Le décor est planté.

La mort du peintre Pontormo dans ce contexte doit donc être rapidement expliquée. Celui-ci achevait la fresque de San Lorenzo. Il aurait été également l'auteur d'un tableau impudique et scandaleux , "Vénus et Cupidon", où le visage de la déesse serait celui de Maria de Médicis. Impensable, inacceptable.

Meurtre ou suicide de Pontormo... ? Cosimo de Médicis charge son homme de confiance, Vasari, d'élucider ce mystère. De multiples pistes se présentent à ce dernier qui perdu, en appelle à Michel-Ange, romain depuis plus de vingt ans, vieillard épuisé par l'achèvement de la Chapelle Sixtine alors que le nouveau Pape condamne la nudité des figures déjà peintes par le grand homme.


Thriller, polar, fresque historique, roman de cape et d'épée, reconstitution somptueuse, analyse fine des turpitudes morales et politiques de l'époque, réflexion profonde sur la place de l'artiste dans la société et sa mission finale, cette fiction est tout cela et plus encore. Je suis totalement bluffée à nouveau en refermant cet ouvrage en bonne place dans ma bibliothèque.

Gratitude profonde pour ces heures de beauté, d'intelligence, d'humour, d'aventure..... Je le recommande vivement.


Quatrième de couverture

Florence, 1557. Le peintre Pontormo est retrouvé assassiné au pied des fresques auxquelles il travaillait depuis onze ans.
Un tableau a été maquillé. Un crime de lèse-majesté a été commis. Vasari, l’homme à tout faire du duc de Florence, est chargé de l’enquête. Pour l’assister à distance, il se tourne vers le vieux Michel-Ange exilé à Rome.
La situation exige discrétion, loyauté, sensibilité artistique et sens politique. L’Europe est une poudrière. Cosimo de Médicis doit faire face aux convoitises de sa cousine Catherine, reine de France, alliée à son vieil ennemi, le républicain Piero Strozzi. Les couvents de la ville pullulent de nostalgiques de Savonarole tandis qu'à Rome, le pape condamne les nudités de la chapelle Sixtine.
Perspective(s) est un polar historique épistolaire. Du broyeur de couleurs à la reine de France en passant par les meilleurs peintres, sculpteurs et architectes, chacun des correspondants joue sa carte. Tout le monde est suspect.

bottom of page