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Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

Peines perdues

Nicolas Lebel

Le Masque

Le 6 mars 2024

350 pages

Thriller

Chronique

26 octobre 2024

"C'est propre, la tragédie. C'est reposant, c'est sûr... Dans le drame, avec ces traîtres, avec ces méchants acharnés, cette innocence persécutée, ces vengeurs, ces terre-neuve, ces lueurs d'espoir, cela devient épouvantable de mourir, comme un accident. On aurait peut-être pu se sauver, le bon jeune homme aurait peut-être pu arriver à temps avec les gendarmes. Dans la tragédie, on est tranquille. D'abord, on est entre soi. On est tous innocents, en somme ! Ce n'est pas parce qu'il y en a un qui tue et l'autre qui est tué. C'est une question de distribution. Et puis, surtout, c'est reposant, la tragédie, parce qu'on sait qu'il n'y a plus d'espoir, le sale espoir; qu'on est pris, qu'on est enfin pris comme un rat, avec tout le ciel sur son dos, et qu'on na plus qu'à crier, pas à gémir, non, pas à se plaindre, à gueuler à pleine voix ..."

Jean Anouilh, Antigone 


Prodigieux tour de force que réussit là Nicolas Lebel avec ce thriller en milieu carcéral sous forme de pièce de théâtre en cinq actes, contemporaine mais également atemporelle comme le sont les grands textes de la Tragédie depuis la Grèce antique. 


Alternant les rythmes, jouant des ruptures conventionnelles de style, 

des codes de langage, maîtrisant le vocabulaire et le phrasé urbains ou/et de certaines communautés, inspiré comme toujours par des chefs-d'œuvre cinématographiques français, ( Ô fans de l'inénarrable capitaine Mehrlicht, vous savez de quoi je parle), l'auteur continue avec une joie non dissimulée et un plaisir gustatif réjouissant à pousser toujours plus loin le curseur des possibles.


Mélange de genres, pourriez-vous penser ? Non, désir de nous faire comprendre que les sentiments restent les mêmes à travers les siècles quelques soient les mots empruntés pour les exprimer. 

Ainsi, peu à peu, plongeons-nous dans un texte de toute beauté, d'une poésie ténébreuse, d'un impact violent, hypnotisant, transcendant,  parsemé d'alexandrins.... 


L'auteur lui-même applique parfaitement la recette transmise par une de ses amies n'oubliant aucun ingrédient indispensable au concoctage d'une bonne tragédie : 

" Ironie dramatique, ironie tragique, fatalité, mimêsis, catharsis, péripéties, pathos, agôn, catastrophe, reconnaissance, kommos et hyporchème, le tout au shaker. Servir glacé avec une olive." 


Cela aurait pu paraître artificiel, anecdotique, il n'en est rien. Nicolas Lebel est un grand auteur, un artisan aux aptitudes de caméléon, il passe allègrement de la lumière au crépuscule, de l'éclat de rire au drame sans âge : humour et intelligence face au "Schicksal" que nous pourrions appeler destin ou volonté des Dieux s'acharnant sur les humains. 

Terrible et terrifiant ! 


Quatrième de couverture

Théo Pereira purge sa peine pour homicide involontaire au pénitencier Pieter Brueghel : par une nuit pluvieuse, deux ans plus tôt, il a perdu le contrôle de son véhicule et percuté un abribus où une femme s’était réfugiée. Chaque mois, le mari de la victime, Pierre Moulins, rend visite à Théo pour qu’il raconte, encore et encore, les derniers instants de son épouse, en échange d’un témoignage en sa faveur devant la commission de libération anticipée. Chaque mois, Moulins constate le délabrement de Théo dans cet univers qui le dévore et où une brute, Marco Minotti, a fait de lui son souffre-douleur. Ce que Théo ignore, c’est que, chaque mois, Moulins paye Minotti pour lui faire vivre l’enfer.
Face à ce triangle tragique formé de trois hommes qui se haïssent, trois femmes qui les aiment verront vaciller leur destin à l’heure du funeste dénouement.

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