Éva a lu pour vous ..
Chroniques littéraires
Passager 23
Sebastian Fitzek
L'Archipel
2018
404 pages traduites par Céline Maurice
Thriller
Chronique
29 mai 2018
J'avoue que c'est un de mes fantasmes, une croisière sur un énorme paquebot parce-que je suis à chaque fois sans voix devant ces géants, véritables villes sur l'eau. Aussi pour une fois dans ma vie j'aimerais que mes yeux se posent sur l'immensité de l'océan. De l'eau à perte de vue, cela doit être incroyable.
Donc ce huis clos sur le Sultan des Mers où se déroulent des drames à l'insu des voyageurs m'a évidemment attirée. Le titre aussi intrigant : un « passager 23 », mais qu'est ce que c'est ? Je ne sais pas finalement si j'ai si envie d'une virée maritime ....
« Un paquebot de croisière est une petite ville. Sauf que [...] dans une ville, personne ne passe par-dessus bord pour disparaître sans laisser de trace. » Christopher Says, député américain dans le Londoner Guardian, 2010... Sympathique....
« Depuis l'an 2000, au moins deux cents passagers et membres d'équipage de paquebots de croisière et de ferrys sont passés par-dessus bord. » Der Tagesspiegel, 25 août 2013.... Gloups !
Marché juteux que celui des croisières donc, pour les armateurs c'est le jackpot. 20 millions de passagers en 2010, une croissance de 10%.
Alors évidemment quand certains disparaissent dans les eaux internationales, on parle de suicides, on noie le poisson, faudrait tout de même pas gâcher la fête. Pas de police à bord, tous se retrouvent, tout d'un coup sans l'imaginer, piégés dans une zone de danger où tout est possible, comme d'assassiner tranquillement en toute tranquillité et impunité.
Martin Schwartz, psychologue allemand pour la police est borderline depuis le suicide de sa femme, après avoir balancé leur fils de onze ans, Tim, du balcon du Sultan des mers voici cinq ans. Il prend tous les risques, il veut mourir. Donc on le découvre en pleine mission d'infiltration dans une micro société de pédophiles, un soir où un pauvre gamin est entre les mains de tarés de la pire espèce. Il va encore dépasser les limites mais cette fois il réussira à le sauver ; il a dû accepter de s'inoculer un virus, condition sinequanone d'acceptation au sein du groupes de pervers. Dès la fin de l'opération il commence à prendre des rétro virus avec effets secondaires des plus agréables.
Normalement il devrait se mettre au repos, avec suivi médical, mais il reçoit sur son portable très privé, un appel curieux d'une passagère du Sultan des mers, écrivaine de Thrillers, lui faisant part de bien curieuses disparitions, toujours une mère et son enfant, comme dans le cas de sa famille.
Le voilà qui réserve une suite avec toutes ses économies, l'appel sur place est plus fort que lui.... Un cauchemar va commencer, empiré par les effets du médicament. Il va manquer s'étrangler de douleur quand dans les bras d'une petite fille Anouk, soudainement retrouvée après des mois de disparition avec sa mère, il voit le nounours de son fils.
De plus, son sang ne fait qu'un tour lorsqu'il apprend que le capitaine est le même que celui qui était aux commandes du paquebot sur lequel était les siens. Il est hors de lui.
Cela sent très mauvais, il a peut être accepté un peu vite la version donnée alors, surtout si un Passager 23 comme Anouk peut réapparaître ainsi. Peut-il espérer comprendre ce qui s'est vraiment passé, retrouver la mère de la petite ?
« Un lieu rêvé pour des crimes parfaits » tant qu'un Martin Schwartz n'embarque pas. Les raisons de ces disparitions sont inimaginables, des dizaines depuis des années. A-t-il affaire à un serial-killer des croisières ?
Thriller original et très anxiogène de par le huis clos et le sentiment de claustrophobie. Tout est démesuré dans ce lieu, la visite m'a passionnée et impressionnée. Je voyais tout en image tant les descriptions sont saisissantes. On en apprend beaucoup sur le fonctionnement de ces mastodontes, sur les réglementations en cas de mort suspecte, sur cette réalité des disparus en mer lors de croisières. Glaçant....
Bien huilée est la machine de cet auteur à succès depuis dix ans. Tendue est l'atmosphère jusqu'au dénouement et la dernière ligne. Il ne nous lâche pas une minute, nous sommes nous aussi piégés en haute mer par cet esprit retors. J'ai vraiment aimé ce roman. Welcome ! La couverture est la même en version française...