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Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

On m'appelle Demon Copperhead

Barbara Kinsolver

Albin Michel

Le 31 janvier 2024

624 pages traduites par Martine Aubert

roman

Chronique

18 août 2025

Roman couronné par le prestigieux prix Pulitzer et le Women's prize for fiction


Dédicace 

Pour les survivants 


" Il est inutile, Trot, de rappeler le passé, quand ces souvenirs ne peuvent servir de rien pour le présent. " Charles Dickens, David Copperfield 


Hommage de Barbara Kinsolver à cet auteur et surtout à son héros, David, super résilient, qui se sort de tout, on ne sait comment. 


Ce livre prouve que rappeler le passé est indispensable en certaines circonstances surtout quand, finalement, peu de choses ont changé : plus la crise économique est grande, plus l'ultra capitalisme commande le monde, plus les petits, les fragiles, les précaires, trinquent et payent une addition salée.


Ainsi, le Kentucky, fin du XXe siècle. Il faut l'écrire pour le croire car il n'est pas évident d'intégrer que ce récit que nous conte Demon se situe en une période si proche. État oublié, exécré par les pontes du pays, population sacrifiée sur l'autel du profit, conspuée, caricaturée jusqu'à l'insulte. Des sales péquenauds ! Comme tous ces états du Sud donc les deux activités étaient les mines et le tabac, dont les habitants vivaient repliés sur eux-mêmes, devenus une manne pour les laboratoires pharmaceutiques nécessitant des cobayes pour leurs saloperies d'oxycodon et autres opiacés et antidouleurs addictifs et mortels. 


Et au milieu du tableau, des gosses perdus, maltraités, abandonnés que l'on se refile de familles indignes en centres ou familles d'accueil, sans point de référence fixe. 

L'autrice réussit à décrire le sentiment de sa propre nullité, d'une solitude abyssale, de désespoir absolue alors qu'un gouffre s'ouvre à la place du cœur dans un bled où seul être footballeur apporte un vague espoir. 


C'est dans ce cadre idyllique que naît de 

" lui-même ", sa génitrice étant trop à l'ouest, Demon. Ce môme semble être voué au même destin que les autres, au même parcours merdique et puis ... En réalité, mystère des mystères, lui a une force, un regard éclairé sur ce monde, cette intelligence ironique que certains enfants d'une sagesse millénaire ont en eux, on ne sait pourquoi. De plus il a un don exceptionnel, salvateur : le dessin. 

Pendant près de 200 pages, il nous raconte l'horreur avec cette gouaille qui ne peut cacher sa douleur, son sentiment d'impuissance, son désir de sortir enfin de cette putain d'enfance. Brève éclaircie alors qu'il emménage chez un coach de football et sa fille Angus. Puis la descente à nouveau jusqu'à trouver, grâce à des anges tutélaires, le chemin vers la lumière. 


C'est l'histoire d'un sauvetage, d'une rédemption, d'une renaissance, d'un parcours initiatique où tous les coups sont permis. C'est l'histoire d'un petit garçon trop fragile pour porter la misère du monde sur son dos, pour sauver sa mère d'elle-même, persuadé d'être coupable de ne pas être à la hauteur. 


J'ai été foudroyée par ce roman de plus de 600 pages que j'ai lu avidement, touchée en plein coeur par un récit si universel en ce qu'il traite de la maltraitance enfantine aujourd'hui comme hier. Je reste sidérée par la justesse des descriptions des sentiments de ce gamin qui ont ravivé mes propres parts d'ombres de fillette désespérée avec un trou dans la poitrine.

Je suis aussi révoltée par ce que dénonce l'écrivaine dans cet essai politique et social au scalpel sans aucune concession, sans aucune dérive larmoyante. Car Demon Copperhead est digne, admirable, droit face à une société malade et viciée. 

Il réussit à détecter la beauté dans le tas d'immondices. 


C'est un roman puissant, pas fait pour les mauviettes, il vous faudra être aussi forts que ce gamin parce que lui, il a tenu le coup. 


Et toujours, le bruit lointain des vagues de l'océan parviennent à ses oreilles, tel un Graal à atteindre.

Quatrième de couverture

« Déjà, je me suis mis au monde tout seul. Ils étaient trois ou quatre à assister à l'événement, et ils m'ont toujours accordé une chose : c'est moi qui ai dû me taper le plus dur, vu que ma mère était, disons, hors du coup. » Demon Copperhead
Né à même le sol d'un mobil-home au fin fond des Appalaches d'une jeune toxicomane et d'un père trop tôt disparu, Demon Copperhead est le digne héritier d'un célèbre personnage de Charles Dickens. De services sociaux défaillants en familles d'accueil véreuses, de tribunaux pour mineurs au cercle infernal de l'addiction, le garçon va être confronté aux pires épreuves et au mépris de la société à l'égard des plus démunis. Pourtant, à chacune des étapes de sa tragique épopée, c'est son instinct de survie qui triomphe. Demon saura-t-il devenir le héros de sa propre existence ?

On en parle : 
«C'est là une magnifique démonstration de l'art de la narration. La voix de Demon sonne juste et ses péripéties aussi. » Stephen King

« Un David Copperfield des Appalaches ... Demon Copperhead réimagine le roman de Dickens dans une Amérique rurale moderne confrontée à la pauvreté et à la crise des opioïdes ... Le roman de Kingsolver vous emporte avec autant de force que l'original. » The New York Times

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