Edifiant ! Formidable biographie que j'ai lue comme un thriller historique et surtout psychologique : analyse des éléments menant à l'apparition d'un « monstre », tri entre le grain et l'ivraie en matière d'informations réelles ou inventées au cours des siècles (surtout concernant l'incendie de Rome, par pitié !) , plongeon dans la psyché d'un homme compliqué qui fut lui aussi un enfant sensible, artiste, érudit, curieux, imaginatif et créatif, précipité dans un destin imposé par une mère ambitieuse, borderline, vaniteuse, criminelle, incestueuse, malsaine. Le tout dans un décor reconstitué quasiment en 3D, où ressuscitent tout un monde antique, ses us et ses coutumes. Passionnant et percutant ! J'ai dévoré ce récit.

Je pense que la bascule de Néron vers la folie se situe au moment où il commet le matricide : plus que tout, c'est le tabou qu'il ne fallait pas transgresser.C'est un ouvrage qui se lit très facilement, fort bien écrit, d'une grande clarté et honnêteté, revenant sur tous les aspects positifs et négatifs du règne de cet empereur romain, dernier de sa lignée, qui n'aurait jamais dû être à ce poste trop lourd et stressant pour lui ; il aurait dû pouvoir choisir sa destinée, certainement dans les domaines artistiques.

Sa mère a été à l'origine de ce qu'il est devenu, un meurtrier paranoïaque, qui fut et resta un enfant seul sans ses parents ou sans réels tuteurs qui ne soient ni des domestiques, ni des précepteurs... Sa crise d'adolescence a duré toute la seconde partie de son règne, la première époque ayant été finalement positive sur tous les plans.Un homme avec des qualités indéniables qui s'est perdu, et se faisant a fait souffrir son peuple et ses proches. Sa fin à 30 ans après 15 ans de règne, est misérable, une sortie de scène grotesque pour ce chanteur, comédien et musicien pourtant formé à la dramaturgie.

Une mort qui ressemble à un réveil après des années en état second à avoir obéi à la volonté maternelle, puis après l'éviction d'Agrippine, joué un rôle trop pesant pour lui. La partie d'échecs s'est mal terminée, pas de game over. Ne reste de lui que des ruines, des écrits forcément déformés selon le parti pris de l'auteur ( Suétone, Tacite....), un opéra magnifique et terrible de Monteverdi que j'ai interprété " L'incoronazione du Poppea", ainsi que de multiples biographies. Ne zappez surtout pas les annexes, sources de précisions précieuses et étonnantes. Un très bel ouvrage !