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Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

Mon père

Grégoire Delacourt

JC.Lattès

Février 2019

221 pages

Roman

Chronique

30 septembre 2019

Plusieurs phrases m'ont interpellée :

- « Ce monde ne sera guéri que lorsque les victimes seront nos rois.

- Mais la justice n'est pas faite pour les victimes. La justice n'est pas ce qui est juste. Elle ne répare pas. Elle n'a pas d'enfants. Elle ne sait pas pourquoi soudain l'un d'eux souffre d'anisme, de vomissements d'encoprésie ou de maux de gorge ; la justice ne sait pas que les scarifications qu'un fils trace sur son pubis sont les mots indicibles. Elle est là, le visage bandé, sa balance à la main, qui décide de condamner à trente ans de réclusion criminelle un faux-monnayeur et à seulement dix ans l'abuseur d'enfants - ce qui n'arrive jamais-, contre une peine d'enfermement à vie dans un corps effracté pour l'enfant.


Il est vrai que le législateur ne s'embarrasse guère des enfants.

Ils ne votent pas. »


Un livre courageux qui pose des questions essentielles, maniant une plume inspirée si belle et harmonieuse, soudain enlaidie de cris de haines et d'injures, pour illustrer le combat qui se livre dans ce père fracturé, Édouard, catholique fervent de tradition familiale, dont le fils Benjamin a été violé par un des prêtres qui lui enseignait le catéchisme.


Édouard, dont la connaissance des écritures est grande, élevé par une mère à la croyance presque superstitieuse, d'un autre siècle, cite des extraits de la bible, de l'ancien et du nouveau testaments qui disent tout et son contraire : pardon, absolution des péchés mais aussi Loi du Talion .... Lui reviennent à l'esprit des souvenirs d'enfance : a-t-il été en danger lui aussi en fréquentant, en approchant les curés dans les camps de vacances, à la catéchèse, à l'église ? Finalement, n'a-t-il pas toujours su ce qui se passait réellement pour certains de ses copains ? N'aurait-il pas pu sauver et protéger son propre fils ?


Un père brisé mais hors de lui qui ne supporte pas qu'un autre fils puisse, tel celui d'Abraham, être mis sur l'autel du sacrifice.... Il se sent frère, puis père, de ce fils sauvé in extremis par Dieu dont on ignore presque tout, ensuite...


Alors Édouard veut la confrontation, il se rend dans l'église où doit officier encore le bourreau de son garçon....

S'engage un dialogue incroyable, brutal, violent, insupportable. Édouard veut tout savoir du calvaire de Benjamin... Rien ne lui sera caché sauf peut-être l'essentiel, que vous découvrirez avec stupeur en toute fin de ce texte éprouvant... Un thriller psychologique sans recours au trash, au sensationnel injurieux pour toutes les victimes passées et présentes.


D'une grande justesse, les mots claquent, éclairent les ténèbres d'un être perverti....

L'absolution des péchés vécue comme un blanc seing par certains de ces criminels, le silence des collègues et de toute la communauté catholique, le voeu de célibat qui n'est en aucune manière un voeu de chasteté.... Tout est là, tout est dit....


La question reste posée en ces temps d'obscurité où la loi Schiappa a failli en ne décidant pas d'un âge légal de consentement à un acte sexuel, où l'imprescriptibilité du crime de viol n'est toujours pas mise en place, où la parole de l'enfant n'est pas écoutée, où des violeurs notoires d'enfants de 4-5 ans, directeur d'école, sont remis en liberté sur la décision du juge Pomier.


Pouvons-nous vraiment protéger nos enfants ?

Difficile de répondre, mais ce que je sais, moi fille d'un homme qui reçut l'absolution pour ses crimes, c'est que se voiler la face, jouer à l'autruche, serait coupable. Ce livre passe le témoin.... À lire absolument.

Quatrième de couverture

« Mon Père c’est, d’une certaine manière, l’éternelle histoire du père et du fils et donc du bien et du mal. Souvenons-nous d’Abraham.
Je voulais depuis longtemps écrire le mal qu’on fait à un enfant, qui oblige le père à s’interroger sur sa propre éducation.
Ainsi, lorsque Édouard découvre celui qui a violenté son fils et le retrouve, a-t-il le droit de franchir les frontières de cette justice qui fait peu de cas des enfants fracassés ? Et quand on sait que le violenteur est un prêtre et que nous sommes dans la tourmente de ces effroyables affaires, dans le silence coupable de l’Église, peut-on continuer de se taire ?
Pardonner à un coupable peut-il réparer sa victime ?
Mon Père est un huis clos où s’affrontent un prêtre et un père. Le premier a violé le fils du second. Un face à face qui dure presque trois jours, pendant lesquels les mensonges, les lâchetés et la violence s’affrontent. Où l’on remonte le temps d’avant, le couple des parents qui se délite, le gamin écartelé dont la solitude en fait une proie parfaite pour ces ogres-là. Où l’on assiste à l’histoire millénaire des Fils sacrifiés, qui commence avec celui d’Abraham.
Mon Père est un roman de colère. Et donc d’amour. »

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