« Mémoires du dernier héros français du débarquement en Normandie. »

« Je repense à mes copains tombés à côté de moi pour que nous puissions vivre dans un monde libre et en paix. Avoir débarqué en ce 6 juin 1944 est un privilège. »

J'ai lu ce texte, Ô combien essentiel et bouleversant, en même temps que le cinquième opus de la Série Sadorski de Romain Slocombe consacré aux jours qui ont précédé le Débarquement puis la Libération de Paris. Ce moment très particulier d'entre deux où les collabos commencent à retourner leur veste, où les simples citoyens français dans leur majorité, ayant fait le dos rond et même acclamé Pétain, comprenaient que le vent tournait. La période qui s'annonce, après la joie indicible de la victoire, ne sera malheureusement pas glorieuse, la terreur s'installera, certaines victimes d'hier deviendront les bourreaux de demain.

On ne peut donc que saluer et rendre hommage à ces hommes souvent extrêmement jeunes qui vont coûte que coûte rester du côté de la France, la vraie, ne pas accepter la défaite et la collaboration avec le Reich, être réfractaires au STO, risquer leur vie et celle de leurs proches pour l'idée qu'ils se font de notre pays, de ses valeurs, de son honneur. Ils ne sont pas nombreux à avoir eu une telle prescience, un tel positionnement. Ils s'engagent dans une lutte à mort pour sauver une population qui bien souvent ne les remerciera pas, qui était pétainiste, qui s'était adaptée à l'inacceptable, qui appliquait les maximes "après moi le déluge", "sauve qui peut".

Mon père mort l'année dernière à 99 ans, a été un de ces jeunes qui a accepté d'obéir, qui a été envoyé en STO et qui pestait encore contre le général De Gaulle à 80 ans ! Né en 1922, il était un enfant du XIXème siècle éduqué par des parents âgés. Quand je compare le destin de ces deux gamins, je mesure l'abnégation, la maturité et le courage dont a fait preuve l'auteur, dernier survivant français du D-Day, et ses compagnons d'armes.

Il raconte, en collaboration avec Frédéric Leterreux, avec beaucoup de détails, de clarté, d'enthousiasme, d'humour, de cocasserie, d'émotion et d'humilité, ce que représentait réellement cet engagement dans les commandos du célèbre commandant Kieffer sous uniforme anglais. De la prise de conscience qu'il ne peut accepter la défaite, de son désir de lutter, de son passage de l'autre côté de la barrière donc condamné en tant que déserteur, des différentes missions antérieures au débarquement, des entraînements à la dure pour former une élite militaire, jusqu'aux fameux jours du retour en France par la Normandie conscient de vivre un moment charnière de l'Histoire

Le comportement de Léon Gautier, tout juste sorti de l'adolescence, est remarquable : sa foi en son pays, sa bravoure au cœur du cataclysme que fut ce champ de bataille, sa droiture, son élégance tout au long de sa vie et la mission qu'il s'est donnée de témoigner et de redonner vie à tous les héros disparus, font de lui un gentleman en effet, un de nos gentilshommes qui ont su se battre et mourir pour la Patrie, pour le peuple.

Un texte d'une importance capitale alors que le fascisme renaît de ses cendres, alors que les valeurs de la France sont aujourd'hui bafouées et galvaudées par ceux qui devraient en priorité les défendre. Immense respect !