top of page
IMG20230707173456_edited.jpg

Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

Moi, Europe Femme, déesse, continent

Lenka Horňáková-Civade

Reconnaissance

Le 11 mars 2025

123 pages

Essai théâtral

Chronique

20 mars 2025

Dans la collection Mythes au féminin. Illustré par Stéphane Rozenwajc. 


Création 2024 - Théâtre de l'Imprévu - Projet soutenu par la Région Centre -Val de Loire, l'État (Drac Centre -Val de Loire), le CNL et Ciclic Centre -Val de Loire, dans le cadre du dispositif Auteur associé. 


Collection Mythes au féminin : 

Notre imaginaire collectif repose sur des mythes qui structurent en profondeur notre vivre ensemble. D'Ulysse à Hamlet, en passant par Pygmalion et bien sûr Œdipe, ces mythes restent jusqu'à aujourd'hui essentiellement masculins. Alors que nos sociétés ne sont plus structurées exclusivement par les hommes, il est temps que les femmes disent, écrivent et ancrent leurs mythes. 


Lorsque l'on prononce "EUROPE", divers sentiments nous traversent, diverses images, mythes, légendes et connaissances. Défilent devant nos yeux des tableaux, des œuvres, des représentations cartographiques et poétiques diverses. 

L'autrice choisit d'ouvrir son propos par l'évocation de la carte d'Opicinus de Canistris, dessinée par ce prêtre italien vers 1337. On y voit un lion mordre l'épaule d'une femme, Europe. 


Ça commence mal : la pauvre ! Mais qui est cette Europe ? D'où vient-elle ? Quelles sont ses origines, sa vie ? Quels mythes et légendes se cachent derrière ce nom tantôt admiré, aimé, tantôt honni, haï, tantôt condamné, tantôt digne de tous les sacrifices, tantôt rejeté, aujourd'hui sur toutes les lèvres alors qu'un nouvel équilibre mondial est recherché, que des va-t-en-guerre souhaitent la faire replonger dans le chaos et le sang ?

À quoi ressemble-t-elle vraiment aujourd'hui ? Quelles sont ses limites, ses frontières ? Comment la jugeons-nous ? Sommes-nous prêts à nous battre pour elle ? Nous définissons-nous comme ses enfants, comme européens ? 


Et avant tout, prendre le nom d'Europe, cette déesse en particulier, énième victime de Zeus, prétendument violée, kidnappée, n'était-ce pas une très mauvaise idée ? 

Et si nous laissions la parole à Europe elle-même, incarnée en une femme à la terrasse d'un café de gare, sa valise à ses pieds. Dans ce lieu, carrefour de vies, elle aborde ses voisins de table, les passants et raconte... 

Je suis Europe, Europa, Youourope, Evropa, Öeiropa, Evvvropa, Ééuroopa...


Elle ouvre les horizons, raconte son épopée, analyse sa trajectoire... Lui revient à l'esprit pour notre édification le poème Europa lamentans, complainte adressée en son temps à Charles Quint et Ferdinand 1er : 


" Quel sera mon destin, quel sort mettra fin à l'immense détresse,

aux cruelles vicissitudes et aux forces de la Providence ?

Quelle ordonnance divine redonnera enfin une première lueur d'espoir à notre planète déchue ?

Que d'attentats et de guerres j'ai subis,

que de combats sanglants j'ai vus,

les batailles d'Énée, les combats de Turnus,

les massacres des Goths, les hordes des Gaulois dévastateurs, 

des Daces meurtriers, des Marcomans féroces.

J'ai été choquée par la colère de César contre sa propre patrie.

Dans mon malheur, je redoutais les violentes colères d'Attila le furieux, 

après avoir subi les combats armés des Souabes et les blessures infligées à trois reprises par les Ottoniens.

Combien d'ennuis Rôle ne m'a-t-elle pas causés, en subissant ses débauches ? 

Mais ces affaires ne sont pas encore terminées, car nous sommes maintenant menacés par d'autres actions sur le champ de bataille, à combattre par l'épée. 

Des rois insensés, dans leur folie, 

lancent de nouvelles guerres et rompent la paix... " 


Stupéfaction ! Les siècles passent mais aucune leçon de l'histoire n'est comprise ; une amnésie mortifère s'empare de certains condamnant indéfiniment Europe à souffrir... 


Combien de douleurs encore ? Peut-on espérer ? Texte d'une beauté stylistique indéniable, formé de strates multiples, parfois crépusculaire, parfois lyrique, incantatoire, souvent ironique, percutant, drôlissime, engagé, profond, diablement intelligent, édifiant et nous interrogeant sur notre place en tant qu'européens et nos sentiments pour ce continent.

Quatrième de couverture

Café de la gare. Une femme commande un café. Regard à la fois curieux et distant, comportement empreint d’une certaine retenue. Elle s’appelle Europe. Ce prénom n’est pas qu’un hasard ou une coquetterie : c’est toute une histoire. C’est son histoire.
Dans Moi, Europe. Femme, déesse, continent, Lenka Horňáková-Civade imagine une Europe à la fois femme et allégorie, narratrice d’une histoire où le mythe dialogue avec les réalités d’hier et d’aujourd’hui, et où se croisent littérature, mythologie, géographie et philosophie.
Sur un ton tantôt introspectif, tantôt acéré, Europe nous emmène dans son voyage intime et universel. Elle nous raconte son enlèvement par Zeus, revisite les cartes énigmatiques qu’ont fait d’elle la Renaissance, et questionne son identité au travers des regards posés sur elle au fil des siècles... et des passants de la gare qui l’apostrophent ou à qui elle parle dans toutes les langues.
Personnage complexe, traversé par les questions du pouvoir, de l’appartenance et du devenir, Europe n’est plus un symbole ou un territoire, mais une femme à part entière !

bottom of page