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Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

Marina

Carlos Ruiz Zafón

Pocket Jeunesse

2012

312 pages traduites par François Maspero

Roman

Chronique

3 juillet 2020

Extraits significatifs : « La silhouette du Grand Théâtre du Liceo se dressa devant nous. C'était soir d'opéra et le diadème de lumières des marquises brillait de tous ses feux. De l'autre côté du Paseo, nous reconnumes le dragon vert de la

photographie au coin d'une façade, contemplant les passants. En le voyant, je me dis que l'histoire avait réservé les autels et les images pieuses à Saint Georges, mais que le dragon, lui, avait hérité de la ville de Barcelone ad vitam aeternam. »


« J'étais toujours derrière lui quand il entra dans le Quartier gothique. Soudain, sa silhouette se perdit sous les arches tendues entre les édifices. Des arcades impossibles projetaient des ombres dansantes sur les murs. Nous étions arrivés dans la Barcelone en magique, le labyrinthe des esprits, où les rues avaient des noms de légende et où les farfadets du temps marchaient dans notre dos »


L'auteur disait que ce roman, vraisemblablement destiné à la jeunesse mais convenant à tous les âges, était son préféré parmi tous ceux qu'il avait écrits. Il nous laisse en héritage une oeuvre unique s'inscrivant dans une passation d'écrivains mythiques à romanciers d'aujourd'hui. On peut imaginer que Carlos adolescent a découvert le roman gothique si réussi de Mary Shelley, Frankenstein ou le Prométhée moderne, d'autant plus marquant et avant-gardiste qu' avec cette femme, l'extraordinaire s'ancre dans une réalité très pragmatique.


Cette « Marina » est un très bel hommage donc à l'autrice passée à la postérité grâce à ce monstre créé de toutes pièces, littéralement, par un médecin fou, thème repris et remanié ici avec brio et humour, allant même jusqu'à baptiser un de ses personnages du nom de Maria Shelley.


L'autre élément qui rend cette oeuvre particulièrement attachante tout en nous terrifiant, c'est de faire renaître en nous les sensations fortes de notre adolescence grâce aux deux personnages principaux Oscar et Marina.


Le troisième point qui rend ces lignes fabuleuses, déjà évoqué en ouverture de cette chronique, est évidemment la ville crépusculaire de Barcelone qui apparaît comme une actrice active de ce récit et non plus comme un simple décor. On ne peut imaginer cette aventure baroque, périlleuse, ce parcours initiatique ailleurs que dans les rues, cimetières, villas, sous- terrains, théâtres de cette cité parcourue dans un brouillard luminescent, dans des nuages de papillons noirs les Teufel, dans des brumes de poussière de charbon, dans une aura de lumières émanant de chandelles et autres cierges. Et pourtant, nous évoluons dans les années 80 mais le passé se superpose au présent, créant des poches intemporelles où tout n'est qu'un éternel recommencement.


Un roman où plane l'ombre d'un fantôme de l'opéra en ruine jamais achevé.... Une oeuvre très touchante et prodigieuse dont la grande scène quasi finale au milieu des flammes d'un immense incendie perchée sur l'ossature restante d'une coupole nous laisse pantelants, scotchés, admiratifs.


Pour clore cet avis, je préfère laisser la parole à Carlos Ruiz Zafon. Note de l'auteur :

« Cher lecteur,

Le premier roman que j'ai publié, El Principe de la Niebla, marque le début de ma carrière d'écrivain en 1992. À l'origine, le livre était présenté comme un roman " pour la jeunesse". Les années ont passé, et j'éprouve toujours la même difficulté à comprendre ce que ce terme signifie exactement. Je considère que j'écris pour des gens qui aiment lire, et je ne demande jamais une photo d'identité pour vérifier leur âge, leur race ou leur sexe.

Pour être honnête, j'avais tendance, quand j'étais adolescent, à éviter les livres qui portaient la mention " pour la jeunesse". L'idée que je me faisais d'un livre destiné à des jeunes gens était exactement la même que celle d'un livre destiné à n'importe quel type de lecteurs : on s'immerge totalement dedans.Dans le cas de Marina, comme dans celui du Principe de la Niebla, j'ai essayé d'écrire le genre de livre que j'aimais lire dans mes années d'adolescence, mais aussi un livre qui puisse continuer à m'intéresser quel que soit mon âge, vingt trois, quarante ou quatre-vingt-trois ans. J'ai eu la chance, depuis la publication de mon premier roman en Espagne en 1993, que mes livres soient bien reçus, par des jeunes autant que par des moins jeunes. J'espère que ceux de mes lecteurs qui ont apprécié ma dernière oeuvre, Le Jeu de l'ange, auront envie d'explorer ces histoires de mystère et d'aventure. Et, à tous mes nouveaux lecteurs, je souhaite d'y prendre autant de plaisir que s'ils commençaient eux-mêmes leurs propres aventures dans le monde des livres !

Bons voyages ! » Carlos Ruiz Zafon Décembre 2009."


Bon voyage à vous, cher Carlos...

Quatrième de couverture

« Pour une raison bizarre, sans qu'on sache se l'expliquer, on se sent parfois plus proche d'un de ses enfants. De tous les livres que j'ai écrits, Marina est l'un de mes favoris. Au fur et à mesure que j'avançais dans l'écriture, tout dans cette histoire prenait peu à peu le goût des adieux, et quand je l'eus terminée, j'eus l'impression que quelque chose était resté au fond de moi, quelque chose qu'aujourd'hui encore je ne peux définir mais qui me manque chaque jour. »
Carlos Ruiz Zafén
Dans la Barcelone des années 1980, Ôscar, quinze ans, a l'habitude de fuir le pensionnat où il est interne. Au cours de l'une de ses escapades, il fait la connaissance de Marina. Fascinée par l'énigme d'une tombe anonyme, Marina entraîne son jeune compagnon dans un cimetière oublié de tous. Qui est la femme venant s'y recueillir ? Et que signifie le papillon noir qui surplombe la pierre tombale ? S'égarant dans les entrailles d'une terrifiante cité souterraine, s'enfonçant dans les coulisses d'un inquiétant théâtre désaffecté. Oscar et Marina réveillent les protagonistes d'une tragédie vieille de plusieurs décennies.

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