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Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

Marcher dans tes pas

Léonor de Récondo

L'iconoclaste

Le 21 août 2025

242 pages

biographique et historique

Chronique

20 octobre 2025

"Pero deja tu recuerdo,

Déjalo solo en mi pécho 


Mais laisse ton souvenir,

Laissez-le seul en mon cœur.


Federico García Lorca 

VII. Gacela del recuerdo de amor 


Texte court d'une splendeur crépusculaire ou lumineuse, hommage à une femme qui dut affronter les affres de la guerre, la pire qu'il soit puisque civile. Dix minutes pour se sauver avant que les troupes franquistes ne tracassent la porte, le jour de l'anniversaire de son fils pleurant le gâteau au riz laissé sur la table, emporter ce que l'on peut et vite traverser le pont, donc la frontière, entre l'Espagne conquise par la noirceur et la France, terre d'accueil. Adieu Irun, adieu la maison, les voisins, le pays basque... la terreur et la douleur quotidiennes s'installent. Il faut résister pour les enfants, pour la famille, pour le mari au loin, en pleine tourmente. 


Perte d'un pays, d'une nationalité, alors la grand-mère de l'autrice se love sur sa douleur, se fait acier pour survivre. Elle ne doit pas lâcher. La langue basque bien aimée est peu à peu mise de côté au profit du français.


Qu'en est-il des générations suivantes ? Portent-elles en elles le poids de la souffrance des anciens ou sont-elles indifférentes ? Connaissent-elles même le passé de leurs proches ? Ceux-ci ont-ils pu mettre des mots sur l'impensable, l'atroce, ou ont-ils, comme maintes victimes de la barbarie humaine, préféré ne rien dire et regarder vers l'avenir ? 


Léonor de Récondo porte en elle un héritage lourd, pesant, qu'elle ne peut nier. Elle ressent une curiosité sans borne pour sa grand-mère, Enriqueta, prise dans la tourmente de la guerre civile espagnole. Les basques, hommes et femmes, ont été nombreux à payer un lourd tribut dans la lutte contre le fascisme. Cela rejaillit forcément sur les générations suivantes surtout depuis la fin du franquisme, la libération de la parole, la découverte des charniers. 

Quand l'Espagne propose aux descendants des exilés politiques de déposer une demande de double nationalité, un chaos émotionnel envahit la jeune femme. Des quantités de questions sont soulevées, des zones d'ombre éclairées. Contituer le dossier administratif la met dans tous ses états car soudain tout devient tangible, réel, imagé ou écrit noir sur blanc. Combler un tel gouffre de silence, retrouver ses racines, se redéfinir en tant que basque espagnole autant d'étapes à accomplir pour elle-même mais peut-être aussi pour son enfant. 

Alors que certains aimeraient tant nous replonger dans l'horreur, l'écrivaine nous offre une partition littéraire et poétique tout en délicatesse, à la fois factuelle et impressionniste. 


Nous portons tous en nous les âmes et les voix de nos prédécesseurs, nous sommes leurs prolongements, peut-être aussi la dernière chance d'obtenir pour eux justice ou réparation.

Quatrième de couverture

" Je suis sur ta clavicule, sur ton poignet, dans tes mains. Je suis dans tes cheveux, sur ton sein, dans tes yeux. Je regarde ta bouche, tes mouvements, ta robe. Je te connais sans te connaître, Enriqueta. "
La vie d'Enriqueta bascule le 18 août 1936, quand, en quelques minutes, elle doit fuir la maison familiale d'Irun menacée par les franquistes. Ce jour-là, elle perd tout.
Quarante ans plus tard, sa petite-fille, Léonor, naît française. Pourtant, lorsqu'une loi espagnole permet aux descendants d'exilés politiques d'obtenir la nationalité perdue, elle décide de la demander. Pourquoi tourner et retourner une terre emplie de fantômes ? Et qui était au juste Enriqueta ?
Tissant souvenirs d'enfance, imaginaire romanesque et regard poétique, Léonor de Récondo se fraie un chemin vers celles et ceux que la guerre civile a voulu effacer. Un livre pour dire l'amour. Et ne jamais oublier.

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