Éva a lu pour vous ..
Chroniques littéraires
MÖR
Johana Gustawsson
Bragelonne Thriller
2017
312 pages
Thriller
Chronique
23 avril 2017
« Ils te bousillent, ton papa et ta maman. Ils ne le font peut-être pas exprès, mais ils le font quand même. Ils te remplissent de leurs défauts. Et en rajoutent quelques-uns en plus, rien que pour toi. » Philip Larkin.
« L'important ce n'est pas ce qu'on fait de nous, mais ce que nous faisons nous-mêmes de ce qu'on a fait de nous. » JeanPaul Sartre.
Toute oeuvre d'art ou de création comme un tableau, une sculpture, une interprétation inspirée d'un acteur, musicien ou chanteur, ou enfin un livre, a le pouvoir de transporter chacun de nous dans une autre dimension, un autre univers, et étonnamment ce voyage hors du quotidien ou de notre vie nous permet de nous retrouver, de nous "renoyauter". Le miracle a eu lieu ces dernières heures pour moi par la lecture de MÖR de Johana Gustawsson .
L'enthousiasme qui a grandi au fur et à mesure que cette horrifique histoire se déroulait m'a fait un bien fou. Et c'est le rôle de la littérature.
Ce que j'aime dans ce thriller, qui pourtant est monstrueux et sanglant, comme dans le premier livre de cette auteure, c'est l'humanité toujours présente, c'est la lumière toujours là dans l'obscurité.
La question fondamentale de la transmission du mal de génération en génération est centrale encore une fois, encore plus pour Alexis Castells, l'écrivaine, et Emily Roy, la profileuse, qui vont à nouveau former un tandem inégalable. On retrouve les personnages du premier opus avec joie, ainsi que l'alternance entre Londres et la Suède , entre aujourd'hui et le passé, et surprise... l'évocation du célèbre mystère de Jack l'Éventreur.
16 juillet 2015, le corps dépecé d'une femme est découvert sur les rives d'un lac suédois. Des kilos de chair (seins, fesses, cuisses et hanches) ont disparu. Le lendemain à Londres l'actrice Julianne Bell est enlevée à l'aube. Ses chaussures sont retrouvés dans un sac de congélation près de chez elle. Le modus operandi rappelle celui de Richard Hemfield, le tueur de Tower Hamlets dix ans plus tôt, meurtrier du compagnon de Alexis. Elle va devoir supporter la confrontation avec le serialkiller enfermé en quartier de haute sécurité pour connaître la vérité et clore définitivement ce chapitre de sa vie. Emily ne lui laisse pas le choix et l'entraîne avec elle au bout de cette histoire sans fond, qui comme une poupée russe géante s'ouvre à l'infini .
Diabolique, addictif, virtuose. Mör signifie « tendre » ;..
À glacer les sangs. ( Évidemment pensée pour Michel Moatti et son fabuleux « Retour à White Chapel » ).