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Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

Les vies multiples d'Amory Clay

William Boyd

Seuil

Octobre 2015

517 pages traduites par Isabelle Perrin

Biographie

Chronique

28 décembre 2017

Cette biographie romancée de la photographe Amory Clay s'intitule " Sweet Caress. The many lives of Amory Clay" se référant à la citation : "

Quelle que soit la durée de votre séjour sur cette planète, et quoi qu'il vous advienne, le plus important c'est que vous puissiez de temps en temps, sentir la caresse exquise de la vie".


Et concernant Amory, sentir les caresses sur sa joue de son père, son frère et son mari, tous trois enlevés par les deux guerres mondiales est vital. Raison certaine du choix de cette anglaise de se jeter dans le reportage de guerre, une des toutes premières en 1944 dans les Vosges. Elle repartira à 49 ans au Vietnam pour comprendre son époux traumatisé par une bataille en 1945, suicidé à coup d'alcool et de cigarettes. Une des plus âgées sur le terrain, mais pas la moindre : elle n'aime pas la guerre, elle n'aime pas être au milieu du conflit, et peut-être pour cela, elle fait des photos uniques qui feront le tour du monde .


Mais reprenons du début, Beverley et Wilfreda ont une fille le 7 mars 1908. C'est Beverley qui nomme sa fille Amory, et l'annonce de l'événement mentionne un fils. C'est bien parti donc pour notre héroïne.

Son père est Nouvelliste sous le nom de B.V Clay en ce début du XXE siècle dans le style histoires surnaturelles en majorité, romancier raté et homme de lettre polyvalent. Il reviendra de la drôle de guerre transformé pour toujours, cassé. Naîtront ensuite Peggy qui se rebaptisera elle-même Dido, célèbre pianiste concertiste, et Alexander ou XAN, poète à ses heures et bientôt pilote disparu de la RAF.

L'oncle Gréville, photographe mondain offre à la petite Amory un appareil photo : le sort est joué. La fillette se prend de passion pour l'image, et cela ne s'arrêtera qu'avec son dernier souffle.


Nous allons ainsi la suivre de Londres où elle débute difficilement, puis sur les conseils de l'oncle, en quête d'un sujet scandaleux qui la fasse connaître, à Berlin en pleine montée du nazisme. Premier contact bref avec cette folie, elle rapporte des clichés des bordels allemands qui feront effectivement d'elle une paria célèbre. Lors du vernissage de sa première exposition, elle rencontrera Cleveland Finzi rédacteur d'un célèbre magazine de photos à New-York.... Les dés sont jetés..... amoureusement et professionnellement. De la mode où elle s'ennuie ferme, elle passera enfin au reportage revenue à Londres pour couvrir entre autres une des premières manifestations de fascistes.


Son destin bascule violemment ce jour là, elle est frappée au plus profond de son identité, sa vie balayée comme le seront des millions de victimes de guerre.


Amory change radicalement, son personnage usant d'une fausse légèreté ironique jusque là, comme tous les jeunes ayant vécu les années folles désespérées de l'entre deux guerres, s'étoffe et devient passionnant et admirable. On la suivra à Paris, sur le front en France en Allemagne, puis en Écosse, au Vietnam, aux USA au gré de ses amours, sa carrière, ses obligations familiales.


Elle restera marquée à vie par un acte incompréhensible de son père à découvrir, par la disparition de XAN, la déchéance de son amour Sholto Farr, son époux, lord écossais, rencontré sur un champ de bataille en 45.


Une existence incroyable composées de multiples vies, de multiples visages, que l'auteur replace pour ne former qu'un seul puzzle, terminé le 23 juin 1983 de la propre main de la photographe. Elle contrôlera jusqu'à sa mort le récit de ses aventures en écrivant un journal de bord en 1977 à l'adresse de ses jumelles adorées.

Elle est la narratrice réelle de cette biographie rédigé par William Boyd, replongeant dans ses souvenirs et y apportant des notes complémentaires dans son texte de 1977. Et nous la suivons aisément entre tous ces fragments temporels illustrés de certains de ses clichés privés ou mondialement connus.


Un destin hors du commun pour cette femme libre, généreuse, téméraire, qui va poursuivre toute sa vie ses rêves et combattre inlassablement ses démons. Nous découvrons le monde à travers son objectif, le cadrage est quelques fois déroutant, mais toujours original.

Quatrième de couverture

Au lendemain de la Première Guerre mondiale, la très jeune Amory Clay se voit offrir par son oncle Greville un appareil photo et quelques conseils rudimentaires pour s'en servir. Elle ignore alors que c'est le déclencheur d'une passion qui façonnera irrévocablement sa vie future.
Un bref apprentissage dans un studio et des portraits de la bonne société laissent Amory sur sa faim. Sa quête de vie, d'amour et d'expression artistique l'emporte bientôt dans un parcours audacieux et trépidant, du Berlin interlope des années vingt au New York des années trente, de Londres secoué par les émeutes des Chemises noires à la France occupée et au théâtre des opérations militaires, où elle devient l'une des premières femmes photoreporters de guerre.
Sa soif d'expériences entraîne Amory vers d'autres conflits, des amants, un mari, des enfants, tandis qu'elle continue à poursuivre ses rêves, à combattre ses démons.
À travers le destin singulier et l'objectif téméraire d'une femme indépendante et généreuse, William Boyd nous promène au gré des événements les plus marquants de l'histoire contemporaine.
Une ode magnifique à la liberté des femmes !

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