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Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

Les Roses fauves

Carole Martinez

Gallimard

20 août 2020

352 pages

Historique

Chronique

27 décembre 2021

« L'Hyacinthe, le myrte à l'adorable éclair

Et, pareille à la chair de la femme, la rose

Cruelle, Hérodiade en fleur du jardin clair,

Celle qu'un sang farouche et radieux arrose ! » Mallarmé


Roman surprenant, charnel, torride, gonflé du sang du désir, de ce désir qu'allument les parfums lourds, capiteux, des roses fauves ; tels des phéromones, ils enserrent les femmes issues de la lignée de Lucia la joueuse d'accordéon, d'Inès la chanteuse, de Carmen Dolorès la danseuse, de Rosa jusqu'à atteindre Lola.


« Dans la sierra andalouse, il existe une vieille coutume : quand une femme sent la mort venir, elle brodé un coussin en forme de cœur qu'elle bourre de bouts de papier sur lesquels sont écrits ses secrets. »


Dans celui d'Inès, Le blanc, découvert décousu dans l'armoire de la chambre de la jeune femme après un orage, outre les messages du passé sont cachées des graines du rosier faramineux aux fleurs rouge sang. Un rosier qui réclame sa part de mort, qui appelle à la jouissance des corps, à la chute, à la combustion des amants. Irrésistible, envoûtant, ensorcelant, venimeux....


Lola est postière dans un petit village breton. Sa vie est cadrée, régulée, tout est sous contrôle, elle n'a pas de passion à part les biographies de femmes célèbres et surtout son jardin où rien ne dépasse. Boiteuse, elle se protège de tous, des hommes en particulier qui pourraient se révéler aussi cruels que son père. Lola est l'héritière des quatre cœurs brodés remisés dans l'armoire à trois vantaux face à son lit. La tradition espagnole met en garde celles qui voudraient ouvrir un de ces coeurs pour découvrir son contenu. Le malheur s'abatterait immédiatement.


Une romancière en mal d'inspiration tombe par hasard sur une photo d'un village perdu de Bretagne où figure une silhouette de femme qu'elle imagine immédiatement boiteuse.

C'est un signe pense-t-elle, et la voici laissant à Paris son compagnon et leurs enfants pour un mois d'immersion dans un passé mystérieux.

À peine arrivée, le choc de la rencontre avec Lola double troublant de cette ancienne habitante du patelin, vraisemblablement du début du XXe siècle, est immense.


Lola se montre très intéressée par le travail de l'écrivaine. Bien que toujours sur la réserve, elle partage avec elle la légende familiale. Elle lui montre les cœurs ; voyant que l'un d'entre eux est ouvert, la visiteuse curieuse, reniflant une histoire possible pour son prochain roman, insiste pour lire les billets rédigés par Inès.


Lola accepte, de toute façon ce n'est pas elle qui a ouvert le cœur, c'est lui qui a éclaté peut-être de trop de silence. Ou sont-ce les graines qu'il contient qui réclament leur part de mort ? Les roses fauves vont être à nouveau relâchées dans le jardin, qu'adviendrait-il de Lola ?


Roman superbement écrit, à la violence contenue, à la sensualité venimeuse, une transe à l'onirisme indéniable, qui peu à peu bascule jusqu'à devenir un thriller fantastique, nous plongeant dans une atmosphère surnaturelle aux frontières du réel et de l'invisible, du présent et du passé, où les protagonistes se transforment en personnages virtuels, imaginaires sortis de l'esprit de plus en plus tourmenté et apeuré de l'écrivaine.

Elle ne mène plus le jeu, ce sont les roses fauves carnivores qui commandent, qui réclament leur part de chair. Ce sont les fantômes qui murmurent à l'oreille des amants.

Attention danger ! Stupéfiant ....

Quatrième de couverture

« Peu après la sortie de mon premier roman, Le cœur cousu, une lectrice m'a raconté une coutume espagnole dont j'ignorais l'existence : dans la sierra andalouse où étaient nées ses aïeules, quand une femme sentait la mort venir, elle brodait un coussin en forme de cœur qu'elle bourrait de bouts de papier sur lesquels étaient écrits ses secrets. A sa mort, sa fille aînée en héritait avec l'interdiction absolue de l'ouvrir. J'ai métamorphosé cette lectrice en personnage. Lola vit seule au-dessus du bureau de poste où elle travaille, elle se dit comblée par son jardin. Dans son portefeuille, on ne trouve que des photos de ses fleurs et, dans sa chambre, trône une armoire de noces pleine des cœurs en tissu des femmes de sa lignée espagnole. Lola se demande si elle est faite de l'histoire familiale que ces cœurs interdits contiennent et dont elle ne sait rien. Sommes-nous écrits par ceux qui nous ont précédés ? Il faudrait déchirer ces coeurs pour le savoir... ».
Carole Martinez, formidable conteuse, libère ses personnages morts et vivants et nous embarque à leur suite dans un monde épineux où le merveilleux côtoie le réel et où poussent des roses fauves.

Dans la sierra andalouse, il existe une vieille coutume : quand une femme sent la mort venir, elle brodé un coussin en forme de cœur qu'elle bourre de bouts de papier sur lesquels sont écrits ses secrets.
Lola vit seule au-dessus du bureau de poste où elle travaille, elle se dit comblée par son jardin. Dans sa chambre, trône une armoire de noces pleine des cœurs en tissu des femmes de sa lignée. Lola se demande si elle est faite de l'histoire familiale que ces cœurs interdits contiennent et dont elle ne sait rien. Sommes-nous écrits par ceux qui nous ont précédés ?
Comme un conte, ce roman nous embarque dans un monde épineux où le merveilleux côtoie le réel et où poussent des roses fauves.

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