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Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

Les Pentes

Sioux Berger

De Borée

3 février 2022

235 pages

Roman anticipation

Chronique

3 février 2022

Toute ressemblance avec des personnages ou un monde réel, ayant existé, ou en passe de l'être, n'est pas fortuite. Rien n'est un hasard.


Roman de science-fiction ou plutôt d'anticipation dans lequel l'autrice, dont c'est le premier opus, s'offre un luxe incroyable sous licence de fiction, de pousser un peu plus loin le curseur social, économique, politique de notre époque pour nous projeter en 2050-51.

Bienvenus, chers lecteurs, non à Gattaca mais en France où ce qu'il en reste, société en fin de course pratiquant le crédit social, le puçage, le numérique à outrance, le contrôle de toute vie, faune, flore, humain, pratiquant une écologie de façade polluante symbolisée par ces éoliennes assourdissantes, ces graines modifiées, ces brevets déposés sur les plantes, etc, etc ... Où seules les villes peuvent être habitées par les derniers humains qui vivent avec des tablettes et des portables greffés à leurs mains, heureux de faire leur petit jogging dans des espaces réservés, de réceptionner leurs repas dans des boîtes prévues à cet effet, d'obéir à tous les ordres de leur hiérarchie, d'utiliser de l'argent fictif, de prendre toutes les vitamines obligatoires et d'accepter toutes les injections, lobotomisés jusqu'à ne plus concevoir des enfants qu'artificiellement.


Le désir d'héritier est un marché très porteur, d'avenir. La fertilité est le talon d'Achille de l'humanité. Antoine, jeune bien intégré dans cet univers artificiel, est donc très heureux de travailler pour la Société de Fertilité. Il ne connaîtra pas la crise...

Hum, hum !


Bien plus loin, au delà des banlieues, des zones de stockages, des parcs d'éoliennes et de production électrique, commence un no man's land où plus rien ne pousse, où les arbres ont disparu. Les plaines et les villages ou hameaux désertés se succèdent jusqu'à arriver enfin devant une pente, jusqu'à atteindre une aire de liberté, en altitude, où la roche empêche tout enfouissement de déchets, où les nuisances sonores des pales sont indétectables, où l'on ne peut construire des aérogénérateurs, où il n'y a ni onde, ni vibration, ni pollution, ni électricité, ni antenne relais et où vivent des irréductibles, effacés des fichiers, ayant fait le choix de rejeter l'existence que le gouvernement leur avait imposé en 2020. Nul ne sait qu'ils existent !


Sofia la parisienne, jeune femme à la tête bien faite, jusqu'au-boutiste, entêtée, décide de rejoindre Les Pentes et ses grands parents. Avant de se lancer dans l'aventure, car rejoindre leur village exige des précautions, elle prévient sa mamie Suzanne par lettre manuscrite, à l'ancienne, transmise par des voies dignes de la résistance des années de Seconde Guerre mondiale. Elle laisse derrière elle ses parents et un mode de vie artificiel qui l'insupporte, elle qui a encore le souvenir de vacances idylliques au village Le Pompidou.


En alternant échanges de lettres, missives, messages, poèmes de Guillaume Apollinaire et narration classique, Sioux Berger nous permet d'appréhender aisément la situation catastrophique de l'humanité et les différents points de vue des protagonistes, avec beaucoup de talent, d'humour, de pertinence, de fluidité. J'ai été bluffée, amusée, apeurée et confortée dans mon ressenti actuel.


Ce roman est optimiste, joyeux, pourtant construit sur des constats et un postulat qui n'ont rien de réjouissant. L'écrivaine est une terrienne qui ne vit pas dans un monde déconnecté de la modernité ni de la technologie, qui en reconnaît donc les avantages, les limites et les dangers.

À force de mépriser notre Terre, les règles de la Nature, de se croire Dieu, de s'imaginer supérieur au reste du monde vivant, l'être humain se perd, s'enferme dans un univers aseptisé où même la reproduction devient un enjeu.... Mais à force de jouer à l'apprenti sorcier n'appelle-t-il pas sur lui la foudre ?


Ce premier opus est une réussite, sujet gonflé genre grenade dégoupillée, parfaitement traité avec précision, ironie, passion, engagement. Relever le gant d'être drôle tout en étant d'une pertinence effroyable n'est pas donné à tout le monde.


" Entre espoir et désespoir, alors que l'avenir semble si sombre, la joie de vivre va peu à peu se frayer un passage."

Souhaitons-le, dès aujourd'hui, sans attendre trente ans.

Quatrième de couverture

Septembre 2050. À Paris, une jeune fille ose encore écrire des lettres avec de l'encre et des feuilles. Sans trop éveiller les soupçons, elle a pu constituer un stock de papier. Un discret réseau se charge de transporter les missives à travers les plaines, là où les usines électriques ont remplacé les forêts. Pourquoi et à qui écrit-elle, puisqu'il n'y a plus âme qui vive en dehors des villes ? Un employé du gouvernement s'en étonne. Il décide de mener l'enquête et fait alors une découverte étonnante. Sur les Pentes, bien au-delà des usines électriques, aux confins des décharges et des champs de maïs, se cache un secret qui pourrait bien sauver les habitants des villes. Entre espoir et désespoir, alors que l'avenir semble si sombre, la joie de vivre va peu à peu se frayer un passage.

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