"Dans le chaos de la guerre

Il ne leur reste que l'espoir...

et leur amitié."

"Elle s'appuya contre lui, rassurée par ses épaules carrées et la chaleur de son manteau contre sa joue, un nouvel espoir et une nouvelle vie..." 

Deux orphelines dans un train les menant en 1939 jusqu'à Budapest, deux orphelines dans un train prêt à partir pour les camps de la mort en 1944, deux orphelines dont l'une est toujours Kirsty McClean. 

Sa mère décédée alors qu'elle avait quatre ans, son père mort dans la mine dix ans plus tard, Kirsty se retrouve seule au monde sans argent, dans une bourgade en Écosse avec heureusement une amie qui la prend sous son aile, Maggie. Celle-ci, pour l'aider à surmonter son chagrin, lui apprend des rudiments de cuisine et cette nouvelle aptitude va permettre à la toute jeune fille d'accepter une proposition de travail extraordinaire : devenir fille de cuisine dans une école pour filles basée à Budapest. Des échos de future guerre se font de plus en plus puissants mais la Hongrie étant neutre, Kirsty et Jean, sa nouvelle employeuse, entreprennent le voyage.

Toutes deux orphelines, elle montent dans différents trains lors de ce périple cauchemardesque et éreintant et arrivent à temps pour se réfugier enfin dans  l'établissement où sont éduquées des enfants de 6 à 16 ans pour la plupart juives. 

Les évènements se sont précipités pendant qu'elles traversaient l'Europe, la guerre est une réalité. Les accords entre le gouvernement hongrois et Hitler protègent pour le moment l'école, enclave écossaise, mais pour combien de temps. 

Kirsty prend bien vite son service sous les ordres de Mária, la cuisinière désagréable et hostile, et tisse des liens de plus en plus forts avec Jean, appelée Matrone par les élèves. Notre héroïne fait peu à peu l'apprentissage du hongrois et trouve ses marques. Une nouvelle famille en quelque sorte qui s'agrandit d'une amie, Anna, avec laquelle elle communique au début par geste. 

Anna est juive, ses parents ont une bijouterie en ville et elle a un grand frère, Endre. Kirsty et ce dernier tombent peu à peu amoureux évidemment, mais leur relation doit rester secrète car interdite entre juifs et "gentils". 

Tout serait parfait sans la violence antisémite qui ne fait que croître à Budapest où des gangs de jeunes terrorisent la population. Dasco, le fils de Mária logé également à l'école en fait partie et constitue une menace réelle pour la jeune fille. Heureusement, elle peut aller nager quelquefois dans le Danube ou au lac Bolotan l'été. La natation est sa passion, transmise par son père, mineur et maître nageur.

Un héritage qui va lui être très utile dans les années de cauchemar qui vont suivre.... 

La guerre se rapproche, les nazis sont à la porte, Endre est enrôlé comme juif dans un service de travail obligatoire et envoyé sur la ligne de front. Rien ne va plus, la terreur s'installe, le temps se suspend pour l'école et ses occupants... Jean, Kirsty et Anna sont prises dans la tempête. 

Un très beau roman de guerre, d'amitié et d'amour dans un contexte que nous connaissons peu, celui de la Seconde Guerre mondiale en Hongrie. De rebondissement en rebondissement, d'épreuves en sauvetages in-extremis, nous suivons les duos Jean-Kirsty puis Anna-Kirsty, avec passion et terreur. Impossible de lâcher ce récit inspiré par des femmes héroïques ayant réellement existé.

Une très belle plume, une reconstitution historique parfaite, une grande clarté quant à la succession des évènements, des figures incroyables de courage et de ténacité, un hommage vibrant et bouleversant à tous ceux qui ont lutté contre la barbarie fasciste allemande ou hongroise et à toutes les victimes rescapées ou assassinées lors de ce monstrueux conflit mondial. J'ai lu ce roman en une journée tant il est réussi et palpitant.