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Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

Les ombres blanches

Dominique Fortier

Grasset

11 janvier 2023

256 pages

Historique

Chronique

27 mars 2023

« The absence of the Witch does not

Invadidate the Spell » Emily Dickinson


Merveille des merveilles que ce texte d'une beauté, d'une poésie ineffables sur l'absence, le deuil, l'héritage.

Je suis tombée en amitié pour Emily Dickinson lorsqu'en 1998 j'ai été invitée à interpréter huit des "Twelve poems of Emily Dickinson" par Aaron Copland avec orchestre à la Cité de la Musique de Paris. Depuis lors, elle m'accompagne. Il semble que vivante ou disparue, cette femme réussisse à imprégner nos vies d'onirisme, à nous aider à regarder le monde qui nous entoure avec des yeux d'enfant, d'un regard neuf et émerveillé.


Ce roman raconte comment ses poèmes et réflexions laissés sur des bouts de papier, des cahiers modestes, sont devenus une œuvre à part entière, majeure, pour toutes les générations à venir. L'édition d'un livre fut pour les soeur, amie et admiratrice que furent Lavinia, Susan et Mabel, un sacré challenge, une grande aventure et un parcours initiatique.

Comment, dans une société encore si corsetée dans ses convictions, si patriarcale, si soumise à l'autorité des hommes, faire passer le message d'une Femme si singulière, puissante et vibrante, à la vision et à l'expression libres et originales ?

Comment faire accepter, respecter les Majuscules et les tirets omniprésents par un éditeur confit dans ses règles grammaticales, orthographiques et d'écriture ?


Emily est un être sans âge, sans époque, libre, indépendant, un esprit qui vole dans d'autres cieux ; comment un homme si terre à terre pourrait-il comprendre la subtilité et la novation des écrits de cette artiste multiforme, de cette collectionneuse de beauté, de riens où réside tout, de cette rêveuse si pragmatique, si attachée aux détails, de cette exploratrice du monde à travers sa simple fenêtre ?


Mais heureusement un autre être de lumière est présent : une petite fille, Millicent, qui traduira pour les adultes qui ne savent plus voir, les pensées et désirs de Mademoiselle Emily...


Oui, un roman de toute beauté à découvrir absolument.


« Née le 10 décembre 1830 à Amherst, au Massachusetts, Emily Dickinson est morte le 15 mai 1886 dans la maison où elle vit le jour, après avoir passé les dernières années de sa vie cloîtrée dans sa chambre, à entretenir une volumineuse correspondance et à écrire des centaines de poèmes qu'elle s'est toujours refusée à publier de son vivant.

J'ai voulu imaginer son existence dans "Les Villes de papier". Puis un an plus tard, j'ai eu besoin d'écrire l'histoire des femmes qui lui ont survécu et qui lui ont en quelque sorte redonné vie : sa sœur Lavinia ; sa meilleure amie et belle sœur, Susan, épouse d'Austin Dickinson ; Mabel, la maîtresse de celui-ci ; Millicent, fille de Mabel, enfant à l'époque de ce récit. » D. F.


Extrait à propos du titre :


« Millicent se retourne encore une fois vers le mur, où nulle flamme ne danse.

- Le feu, souffle-t-elle. Le feu n'a pas d'ombre.

Elle fixe, enchantée, cette petite flamme qui est doublement lumière : par la clarté qu'elle produit, par l'obscurité qui lui manque.

Ce soir-là, en s'endormant, elle trouve une autre réponse à la question de son père : les poèmes de Mademoiselle Emily non plus n'ont pas d'ombre. Ces poèmes sont des ombres blanches, des textes tissés à même les silences entre les mots, une maison faite de fenêtres. «

Quatrième de couverture

Emily Dickinson aurait pu ne jamais être pour nous qu’un nom étranger. Celui d’une femme, américaine, moins connue pour son talent littéraire que pour avoir passé la majeure partie de sa vie confinée chez elle. Puisqu’elle s’était toujours farouchement refusée à voir ses écrits publiés, rares sont ceux qui savaient, de son vivant (1830-1886), qu’Emily était aussi une formidable poète. Peu avant son décès, elle demande à sa sœur Lavinia de brûler tous ses papiers personnels. Mais lorsque cette dernière découvre dans sa chambre des centaines de poèmes renversant de beauté, griffonnés sur des morceaux d’enveloppes ou d’emballages, elle est à la fois sidérée et incapable de lui obéir. Jusqu’où la volonté des morts peut-elle changer l’existence des vivants ? Ne pas les suivre, est-ce les trahir ? Et si les mots pouvaient faire revivre les disparus – et celles et ceux qui leur survivent ? Lavinia choisit la vie. Et décide de confier ces poèmes à deux femmes autrement endeuillées, d’abord sa belle-sœur, Susan, épouse de son frère, puis Mabel, maîtresse de ce dernier, pour qu’elles l’aident à les faire publier. Une ultime complice leur prêtera main-forte : Millicent, fille de Mabel, qui grâce à sa malice se révélera la plus juste lectrice de la « dame en blanc ». Tour à tour on les suit, Lavinia, Susan, Mabel et Millicent, dans une narration où surgit par endroits le je de l’auteure se joignant à elle pour les accompagner.
Dans ce roman profond et envoûtant, Dominique Fortier prolonge la vie d’Emily Dickinson en racontant la grande aventure qui mènera ces héroïnes anonymes à faire paraître ses poèmes pour la première fois. Texte lumineux sur le deuil, l’absence, la poésie, le pouvoir des mots et l’importance de la littérature, Les ombres blanches nous fait assister à la naissance d’une œuvre qui aurait pu ne jamais voir le jour, et à la renaissance de trois femmes. On le lit comme on observe, au printemps, le retour de la vie. Ou comme on lit la poésie d’Emily Dickinson : avec bonheur et ravissement.

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