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Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

Les Méditerranéennes

Emmanuel Ruben

Stock

17 août 2022

416 pages

Historique

Chronique

14 novembre 2022

Pour ce roman, l'auteur est lauréat du Prix du Roman Historique et est en première Sélection du Prix Goncourt 2022.


« Toutes les familles heureuses le sont chacune à leur façon, mais toutes les familles malheureuses se ressemblent. »

Vladimir Nabokov ( revisitant Léon Tolstoï)


9 bougies de la menorah, un chandelier étonnamment à 9 branches qui selon la légende familiale serait celui de la Kahina, cette figure légendaire de Reine juive des tribus berbères. Sous le pied sont gravés un croissant de lune, une étoile et un cryptogramme de 4 signes.


9 noms, 9 silhouettes féminines pour 9 parties :

I Baba Reine Constantine, novembre 1836

II Déborah Constantine, novembre 1870

III Rose Constantine, août 1914

IV Myriam, Constantine, août 1934

V Djamila, Guelma, mai 1945 Paris, janvier-novembre 2015

VI Élisabeth Guelma, juillet 1957

VII Raphaëlle, Algérie, France, avril 1962

IX Solange, sur les bords de la Loire, août 1994 Banlieue lyonnaise, décembre 1997


Donc 9 femmes d'hier et d'aujourd'hui pour neuf bougies éclairant les ténèbres qui règnent sur l'esprit de Samuel Vidouble, le bien-nommé, traversant jusqu'à ses trente trois ans l'existence en état second, tiraillé entre ses origines juives et non juives. Mais d'ailleurs, que signifie être juif ? Être juif oblige-t-il à être sioniste ? Être juif est-ce rêver de s'installer en Israël ?


Lui ne se sent pas concerné ; en revanche, il fixe des yeux cette menorah mystérieuse rapportée en avril 1962 d'Algérie par Baba Reine, l'aïeule, veuve inconsolable, qui depuis son exil forcé est restée sans domicile passant de maison en maison, dans toute la France, traînant inlassablement sa valise en carton bouilli renfermant le précieux trésor familial.


Samuel, lui, rêve plutôt de remettre ses pas dans ceux de toutes les femmes qui l'ont précédé le plus loin possible dans le passé, au temps où tous, quelque soit la religion ou l'origine ethnique, vivaient en bonne intelligence, où tous se sentaient Algériens de la ville de Constantine, la ville au sept ponts.


Mais ceci, c'était avant le Décret Crémieux qui sonna le glas pour la population juive, distinguée par les Français colonisateurs divisant pour mieux régner et ruinant ainsi la paix entre les communautés. Le début de la fin, l'origine du mal préfigurant l'exil moins de cent ans après.


N° 136. - Décret qui déclare citoyens français - les israélites indigènes de l'Algérie

Du 24 Octobre 1870

Le Gouvernement de la Défense nationale décrète :


Les israélites indigènes des départements de l'Algérie sont déclarés citoyens français ; en conséquence, leur statut réel et leur statut personnel seront, à compter de la promulgation du présent décret, réglés par la loi française, tous droits acquis jusqu'à ce jour restant inviolables.

Toutes dispositions législatives, tout sénatus-consulte, décret, règlement ou ordonnance contraires, sont abolis.

Fait à Tours, le 24 Octobre 1870.

Signé Ad. Crémieux, L. Gambetta, Al. Glais -Bizoin, L. Fourichon.


Ces mêmes français qui en 1941 destitueront les juifs de leur nationalité française !En nous racontant le destin tragique, dramatique, extraordinaire de ces femmes en Algérie puis en France, Emmanuel Ruben nous emporte dans une fresque historique bouleversante en ce qu'elle s'attache à l'intime pour nous narrer l'universel. Somptueuse saga familiale, réflexion délicate et certainement en partie douloureuse sur la question de l'appartenance au peuple juif hier et aujourd'hui.Un récit d'une densité folle ouvrant de multiples pistes à nos pensées, à nos réflexions, rendant hommage aux femmes de cette longue lignée qui toutes, à l'instar des hommes, ont traîné leurs vies entières des séquelles de cet exil, de cette perte ineffaçable, ne réussissant pas à s'installer vraiment, toujours à rêver d'une terre promise, comme coincées en zone d'attente dans un aéroport, espérant indéfiniment embarquer pour le paradis. Israël ou Constantine ? Samuel ne sait plus.


Roman puissant, drôle et tragique, profond et léger, quoiqu'il en soit inoubliable et splendide de par la beauté du texte et le procédé narratif. À découvrir absolument !

Dans ce grand livre de rires et de larmes qui tient à la fois de la quête initiatique, du récit des origines, de la saga familiale et du roman d’amour, Emmanuel Ruben réinvente et magnifie son pays des ancêtres."

Quatrième de couverture

« Décembre 2017, banlieue de Lyon. Samuel Vidouble retrouve sa famille maternelle le temps d’un dîner de Hanoukkah haut en tohu-bohu et récits bariolés de leur Algérie, de la prise de Constantine en 1837 à l’exode de 1962. En regardant se consumer les bougies du chandelier, seul objet casé dans la petite valise de Mamie Baya à son arrivée en France et sujet de nombreux fantasmes du roman familial – il aurait appartenu à la Kahina, une reine juive berbère –, il décide de faire le voyage, et s’envole pour Constantine. Il espère aussi retrouver Djamila, qu’il a connue à Paris, la nuit des attentats, et qui est partie faire la Révolution pour en finir avec l’Algérie de Bouteflika.

Passé et présent s’entrelacent au long de ses errances dans les rues de Constantine, aussi bien qu’à Guelma et Annaba, retrouvant les lieux où sa grand-mère s’est mariée, où son grand-père s’est suicidé, où sa mère est née, où sa tante s’est embarquée pour Marseille. De retour en France, il ne cesse d’interroger les femmes de sa famille, celles à qui revient d’allumer les neuf bougies, pour élucider le mystère du chandelier.

Au fil de leurs souvenirs, il comprend ce qui le lie à l’Algérie et ce qui lie toutes ces générations de femmes que l’histoire aurait effacées s’il n’y avait des romans pour les venger. Derrière les identités multiples, légendaires, réelles ou revendiquées – passé berbère, religion juive, langue arabe, citoyenneté française –, c’est l’appartenance à une communauté géographique qui se dessine : le vrai pays de ces Orientales, c’est la Méditerranée, la Méditerranée des exilés d’hier et d’aujourd’hui, la Méditerranée d’Homère et d’Albert Cohen, d’Ibn Khaldun et d’Albert Camus. »

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